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Église Saint-Michel à Saint-Michel
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente > Saint-Michel
Informations complémentaires
À quelques kilomètres d'Angoulême, l'église Saint-Michel est un monument religieux singulier. Elle a été édifiée selon un plan octogonal, peu utilisé à l'époque romane et le portail possède un des rares tympans de Poitou-Charentes. Il est orné d'une remarquable scène sculptée représentant le combat de l'archange Michel et du dragon.
L'église Saint-Michel est fondée en 1137 par l'abbaye de La Couronne dont l'abbé Lambert est également évêque d'Angoulême. Elle est construite à la limite de la paroisse Saint-Jean-de-la-Palud (aujourd'hui la commune de La Couronne), près de la ville d'Angoulême, entre la Charente et deux de ses affluents.
L'église est édifiée selon un plan peu utilisés par les architectes de l'époque romane. La nef est de plan octogonal, chacun des 8 pans étant dotée d'une chapelle rayonnante. En Poitou-Charentes, seul un autre édifice conserve un plan octogonal, la chapelle funéraire de la Maison-Dieu de Montmorillon (Vienne) mais elle est dépourvue d'absidioles. En Angoumois, le chœur polygonal de l'église de Puypéroux est doté de sept absidioles. Construit au 11e siècle, il a pu inspirer les constructeurs de Saint-Michel, selon l'historien d'art P. Dubourg-Noves.
L'édifice est situé près d'une voie secondaire du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle qui, au départ de Poitiers, dessert Charroux, Angoulême, Aubeterre et rejoint La Réole (Gironde), abbaye située sur le grand chemin de Tours à Saint-Jacques de Compostelle. Aussi certains historiens ont assimilé l'église Saint-Michel à une église de pèlerinage. Pour d'autres, il s'agirait d'une église funéraire.
Dépendante de l'église de Saint-Jean-de-la-Palud lors de sa fondation, Saint-Michel devient paroissiale au 13e ou au 15e siècle. Endommagée pendant les guerres de Religion, elle est réparée au début du 17e siècle. Quelques années plus tard, la voûte s'effondre et est remplacée par une simple charpente.
Au lendemain de la Révolution, en 1806, la paroisse Saint-Michel est annexée à la paroisse Saint-Ausonne d'Angoulême. Elle redevient indépendante en 1846.
L'église, classée sur la première liste des monuments historiques en 1840, est en mauvais état. Des travaux d'entretien sont menés dans les années 1840 mais c'est en 1848 que l'architecte Paul Abadie (fils) entreprend une importante restauration qui s'achève en 1853. Malgré l'absence d'indices historiques ou archéologiques, il décide de construite une coupole portée par huit nervures afin de remplacer la charpente du 17e siècle. Les murs des chapelles sont en partie repris extérieurement, ainsi qu'un certain nombre de chapiteaux et de modillons.
L'église actuelle s'élève sur deux niveaux : le premier relève de l'édifice roman, le second correspond à la surélévation des murs engendrée par la construction de la coupole entre 1848 et 1853.
Le plan de l'édifice est lisible à l'extérieur, le premier niveau étant formé des huit chapelles et le second les huit pans du deuxième niveau de la nef centrale. À l'exception de l'absidiole occidentale où a été aménagé le portail, chaque chapelle est éclairée par une baie qui est flanquée, à l'extérieur, de deux colonnettes aux chapiteaux ornés de feuillages. La chapelle orientale (qui abrite l'autel) est mise en valeur par un décor plus élaboré : la fenêtre, dépourvue de colonnettes, est encadrée de deux arcades aveugles. Les murs des absidioles sont couronnés par une corniche à modillons sculptés ; nombre d'entre eux ont été retaillés au 19e siècle. Les toits à croupe ronde en dalles de pierre datent également du 19e siècle.
L'élément le plus remarquable du rez-de-chaussée est le portail de l'église qui présente un des rares tympans réalisés à l'époque romane en Poitou-Charentes. Le portail est richement décoté. Il est couvert d'une voussure à deux rouleaux (arcs) en plein cintre qui reposent sur les colonnes aux chapiteaux à feuillage des piédroits. Les rouleaux sont également sculptés, pour l'arc externe, d'entrelacs et, pour l'arc interne, de rinceaux. Ils encadrent la pièce principale, un tympan sculpté qui représente la lutte de l'archange Michel et du dragon.
Extraite du livre de l'Apocalypse (dernier livre de la Bible), la scène symbolise la lutte du bien et du mal. La composition est majestueuse. Au centre, Michel, aux grandes ailes déployées, semble marcher sur le monstre ; la vivacité du mouvement est souligné par l'envol de son vêtement. Il est armé d'un écu frappé d'une croix et d'une lance qui transperce la tête du dragon dont le corps reptilien se déploie sur toute la largeur du tympan.
Les personnages, sculptés en haut-relief, se détachent nettement du fond. L'allure vive, presque dansante de l'archange, la forme longiligne du dragon rappellent le
style des œuvres sculptées de la façade de la cathédrale Saint-Pierre à Angoulême, construite entre 1110 environ et 1140 environ. Le visage de Michel a été en revanche restauré au 19e siècle.
Une inscription en latin entoure la scène : Factum est proelium in coelo Michael proeliabatur cum dragon (il y eut un combat dans le ciel, Michel combattit le
dragon). La citation est très proche du texte de l'Apocalypse (chapitre XII, verset 7) qu'illustre le tympan.
Ce tympan, inséré au-dessus du portail à une époque indéterminée, a retrouvé sa place originelle lors des travaux du 19e siècle.
La partie haute de l'édifice est une restauration de Paul Abadie. Elle est éclairée de huit baies en plein cintre. Les angles de l'octogone sont confortés par des contreforts ornés d'une colonnette dans l'angle. Une corniche à modillons sculptés court en haut des murs et soutient un toit polygonal couvert en dalles de pierre et sommé d'un lanternon.
À quelques mètres au nord de l'église, se dresse le clocher construit en 1898 par l'architecte Laboisne et l'entrepreneur Mien.
À l'intérieur, les huit absidioles ouvrent sur la nef par une arcade en plein cintre. Elles sont couvertes de voûtes en cul-de-four. Comme à l'extérieur, les baies des absidioles sont flanquées de 2 colonnettes. La chapelle orientale est animée par un décor architectural spécifique : le mur est rythmé par six colonnettes réparties trois par trois de chaque côté de la baie ; elles portent une corniche décorée de rubans plissés et de marguerites.
Des colonnes marquent la jonction entre chaque chapelle ; leurs chapiteaux sont ornés de feuillage qui ont été en partie repris au 19e siècle. Les feuillages des pièces romanes sont très proches par leur style et leurs motifs des chapiteaux romans de la cathédrale d'Angoulême.
Les colonnes sont surmontées de pilastres qui montent jusqu'à la naissances des huit nervures de la coupole qui couvre l'église. Les pilastres, la partie haute des murs ajourée de baies qui éclairent l'espace central et la coupole ont été refaits lors des travaux du 19e siècle.
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA16008651 |
Dossier réalisé par |
Dujardin Véronique
Chercheur, service Patrimoine et Inventaire Sarrazin Christine |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Poitou-Charentes |
Phase |
recensé |
Date d'enquête |
2014 |
Copyrights |
(c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Église Saint-Michel à Saint-Michel, Dossier réalisé par Dujardin Véronique, (c) Région Poitou-Charentes, Inventaire du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/3986b8dd-b656-46ae-86ba-7ecdec10c56c |
Titre courant |
Église Saint-Michel à Saint-Michel |
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Dénomination |
église paroissiale |
Vocable |
saint Michel |
Statut |
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Protection |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente , Saint-Michel , place Jean Noir de Chazournes
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1823 B 8 ? 1 ? (Le numéro de la parcelle de l'église Saint-Michel située dans la section B du plan du cadastre de 1823, est illisible.), 2012 AK 107