Communauté de communes du Confolentais : présentation du territoire

France > Nouvelle-Aquitaine

Les premiers témoins d´occupation humaine remontent à l´homme de Néandertal : sa présence est attestée par quelques sites ayant livré des outils taillés caractéristiques de la période moustérienne. Il y a 36 000 ans environ, l´homme anatomiquement moderne (" Homo sapiens ") a colonisé le territoire actuel de la région Poitou-Charentes, mais n´a guère laissé d´indices dans le Confolentais : un seul campement de chasseurs-cueilleurs du Paléolithique supérieur a été repéré à Hiesse ; les traces des premiers agriculteurs néolithiques sont rares dans la région et absents du Confolentais. En revanche, plusieurs dolmens et menhirs sont connus à l´est du territoire. La période protohistorique a également laissé peu de traces et l´Age du Bronze n´est documenté que par un petit habitat au Pouyet, commune d´Esse, et un dépôt d´objets en bronze à Biarge, commune de Chassiecq. Au premier Age du Fer (VIIIe - Ve siècle avant J.-C.) apparaissent de vastes camps fortifiés : le camp de Robadeau à Montrollet occupe une superficie d´un hectare et ses remparts en terre sont encore visibles en élévation. Au deuxième Age du Fer ou période gauloise, la frontière entre les Lémovices et les Pictons se situait approximativement sur la limite entre les terres calcaires et les terres granitiques.

Au cours de la période gallo-romaine, le territoire dépendait pour l´essentiel de la " civitas " de Lemonum (Poitiers). La voie d´Agrippa, qui reliait Lyon à Saintes via Limoges, le longe au sud. D´autres voies antiques traversaient le territoire : celle reliant Angoulême à Argenton-sur-Creuse passait par l´actuelle commune d´Ambernac où elle croisait le chemin de Périgueux à Poitiers. La voie de Limoges à Angoulins franchissait la Vienne à gué à Manot, alors que le tracé de la voie de Bourges à Saintes est incertain, sauf sur une portion à Esse.

Néanmoins, les sites antiques repérés à ce jour sont rares : quelques " villae " et sépultures, ainsi qu´une production de tuiles au Vieux-Cérier.

Après la chute de l´Empire romain, Ambernac connut une certaine prospérité liée à la présence d´un atelier monétaire mérovingien frappant des " triens " ou tiers de sou d´or. Une nécropole de cette période atteste de la prospérité de ce lieu. Des sarcophages mérovingiens ont également été trouvés près de l´église de Benest.

Dès le VIe siècle, les évêques établis à Poitiers, Angoulême, Saintes et Limoges jouent des rôles politiques importants, mais le territoire reste à l´écart de ces grands centres.

Cependant, dans le quatrième quart du VIIIe siècle, Roger, comte de Limoges, et sa femme Euphrasie fondent le monastère bénédictin de Charroux et le dotent de biens importants parmi lesquels la terre d´Alloue où, à une date indéterminée, les abbés de Charroux établissent un prieuré ; il ne reste aucune trace des bâtiments primitifs. Contrôlant la Charente, ils établissent en aval un autre prieuré à Benest. Lors de l´organisation de l´Empire carolingien, Champagne-Mouton constitue la localité du vaste pagus Briocensis (aujourd´hui Brioux-sur-Boutonne) la plus éloignée du chef-lieu. Les limites des vigueries carolingiennes sont mal établies dans ce secteur.

Le Confolentais connaît une grande instabilité politique aux Xe et XIe siècles, en raison de longues rivalités entre les comtes de Poitiers et de la Marche, le vicomte de Limoges et quelques seigneurs locaux, tel celui de Confolens, dépendant de la principauté de Chabanais, constituée aux dépens du comté de la Marche et de la vicomté de Rochechouart.

Les positions stratégiques sur la Vienne de Confolens et Saint-Germain-de-Confolens sont l´objet de nombreux conflits.

Des premiers temps de la féodalité, aux XIe et XIIe siècles, les mottes castrales situées près de Chez-Ferroux au Vieux-Cérier et celle de Marcillac à Abzac, formant enclave dans la commune d´Oradour-Fanais, sont deux rares exemples encore bien visibles aujourd´hui.

C´est à cette époque et jusqu´au XIIIe siècle que sont (re) construites la plupart des églises du Confolentais (pour plus de détails, voir le dossier de synthèse sur les abbaye, prieurés, églises, chapelles, en lien à partir de ce dossier).

La guerre de Cent Ans et ses revirements d´alliances affectent le Confolentais, à l´instar de l´ensemble des provinces voisines. Dans les années 1350, le château de Champagne-Mouton est détruit, de même que l´église Saint-Martin, située dans l´enceinte castrale, alors que le prieuré Saint-Michel subit des dommages. Le château de Saint-Germain-de-Confolens est plusieurs fois pillé, l´abbaye de Lesterps capitule devant le Prince Noir le 14 août 1356, le prieuré d´Alloue est dévasté au cours de la même campagne.

Les troubles de la guerre de Cent Ans et les pillages occasionnés par les bandes de routiers ont considérablement appauvri le territoire. Les abbayes et leurs dépendances sont en piètre état.

Les congés royaux ordonnant de fortifier les châteaux des campagnes poitevines et les domaines appartenant aux grands établissements ecclésiastiques de Poitiers se multiplient à partir de 1427 et jusqu´en 1500. A Champagne-Mouton, la famille écossaise de La Chambre, titulaire de la châtellenie transformée en baronnie vers 1429, rebâtit alors le château avec de nombreux éléments en remploi. Des châteaux sont édifiés sur des fiefs moins importants : Gorce, Massignac, la Voularnerie, la Villate, le Mas-Marteau, le Marousse, etc. (voir le dossier de synthèse sur les châteaux et les manoirs).

Après la guerre de Cent Ans, certaines églises sont de même réédifiées en grande partie : au Vieux-Cérier, au Bouchage, à Champagne-Mouton et, dans une moindre mesure, à Vieux-Ruffec (chevet seul). Pour assurer la défense des habitants, des éléments de fortification sont ajoutés aux églises.

A la fin du XVe siècle, une certaine prospérité semble revenir dans le Confolentais, comme alentour. Les principaux seigneurs font construire des chapelles latérales qui modifient le plan initial des églises de Benest, de Champagne-Mouton et surtout de Saint-Barthélemy à Confolens, où la construction des trois chapelles nord vient masquer le plan initial en croix latine.

Erigée en baronnie, Confolens devient indépendante de la principauté de Chabanais au XVIe siècle. Mais Manot, qui dépendait également de Chabanais, entre alors dans la mouvance de la baronnie de Loubert. A la création des généralités en 1542, l´élection d´Angoulême, qui comprend Vieux-Ruffec, Hiesse, Ambernac et Epenède, est d´abord rattachée à la généralité de Bordeaux avant de rejoindre en 1558 la généralité de Limoges. Les autres paroisses de l´ouest dépendent de l´élection de Niort dans la généralité de Poitiers, alors que l´élection de Confolens est rattachée à la généralité de Limoges.

Peu d´années après qu´un évêque de Limoges a donné aux ostensions un rythme septennal, la religion réformée connaît un certain succès dans le Confolentais, notamment à Benest et à Champagne-Mouton, où plusieurs familles nobles se convertissent à la suite de la famille de La Rochefoucault, propriétaire du château de Champagne-Mouton, dès les années 1535-1540. Un pasteur aurait vécu à Courteil et une maison de prière protestante se tenait Chez-Mailloux à Benest.

Le Confolentais pâtit alors des guerres de Religion et de leur répression particulièrement violente. C´est dans ces circonstances que l´église Saint-Martin de Champagne-Mouton aurait été définitivement détruite.

Au sortir de cette nouvelle période de troubles, Confolens est finalement érigée en comté en 1604 par le roi Henri IV.

Le XVIIe siècle voit un certain renouveau catholique, surtout à l´est du territoire. A Confolens, trois édifices importants sont fondés : le couvent des récollets en 1616, celui des clarisses en 1641 et l´hôpital des soeurs de la Charité en 1668, alors qu´en 1656 est créée une confrérie de pénitents blancs. L´abbaye de Lesterps, demeurée en ruine depuis le sac des protestants, est reconstruite sous l´impulsion de Charles-François de La Vieuville.

Suite à la révocation de l´édit de Nantes le 18 octobre 1685, une centaine d´abjurations de protestants est attestée à Champagne-Mouton ; plusieurs familles nobles sont contraintes d´abjurer publiquement à Vieux-Ruffec, d´autres choisissent l´émigration. Le protestantisme semble alors disparaître de Confolens.

En dépit de ces troubles politiques et religieux et d´épidémies, documentées par exemple à Lessac, le XVIIe siècle et surtout le XVIIIe semblent avoir constitué un temps de relative prospérité économique. En témoigne ainsi à Confolens la construction de plusieurs hôtels particuliers, notamment à l´initiative de familles enrichies par les tanneries, comme les différentes branches issues de la famille Babaud. A Champagne-Mouton, la charge de sénéchal revient au milieu du XVIIe siècle à Jean Dumas, qui appartient à une famille dont l´influence s´étend depuis le milieu du XVIe siècle sur de nombreux fiefs et domaines agricoles des environs.

Cette période est plus difficile à caractériser en milieu rural. Au cours des XVIe et XVIIe siècles, la construction de manoirs, sièges de petits fiefs, s´intensifie (voir le dossier de synthèse sur les châteaux et les manoirs).

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les maisons à escalier extérieur sont le plus souvent des maisons d´artisans avec atelier au rez-de-chaussée et habitation à l´étage.

En dehors des bourgs, très peu de maisons sont identifiables pour cette période. Pourtant, la très grande majorité des hameaux est figurée sur la carte de Cassini et existait donc au milieu du XVIIIe siècle. Les reconstructions des XIXe et XXe siècles ne permettent pas toujours de reconnaître le bâti le plus ancien lorsqu´il ne s´agit pas de maisons à pan de bois ou portant des décors spécifiques. Ces maisons sont plus facilement repérées à Confolens et dans les deux communes voisines de Lessac (Sainte-Radegonde) et Saint-Germain, qui concentrent la plupart des fenêtres à moulurations entrecroisées et accolades sur du bâti civil. Quarante-quatre dates du XVIIe siècle ont cependant pu être repérées, dont la moitié dans la vallée de la Marchadaine (communes de Saint-Christophe et Montrollet).

L´élection de Confolens revient en 1714 à la généralité de Poitiers, la baronnie de Champagne-Mouton quittant alors l´élection de Niort pour revenir à celle de Confolens.

La Révolution française entraîne une profonde réorganisation administrative du territoire.

La création du département de la Charente ne pouvait se faire sur la base du seul diocèse d´Angoulême, au territoire très restreint. De nombreuses discussions eurent donc lieu à l´Assemblée constituante entre les représentants des provinces de l´Angoumois et du Poitou, Pleuville étant un temps rattachée à la Vienne. Le tracé des nouvelles communes, qui ne recouvre pas celui des paroisses d´Ancien Régime, se stabilise après la suppression de la commune de Saint-Quentin, intégrée à Lesterps et à Saint-Christophe.

La Révolution a pour conséquence la vente de nombreux châteaux et manoirs comme biens nationaux ; les guerres napoléoniennes entraînent, elles, l´arrivée de prisonniers espagnols notamment à Lesterps et Confolens, dont certains font souche localement.

Confolens devient, comme Ruffec, sous-préfecture, et bénéficie des institutions publiques attachées à cette fonction : sous-préfecture, palais de justice et prison, d´abord logés dans des locaux existants puis dans des constructions neuves dans la seconde moitié du XIXe siècle.

En 1830, le tracé de la voie royale de Nevers à Angoulême entraîne des modifications dans le bourg de Saint-Germain puis, quelques années plus tard, la réorganisation de la traversée de Confolens.

Le XIXe siècle voit également la construction des mairies et des écoles (voir le dossier de synthèse sur les mairies et les écoles, en lien à partir de ce dossier) et le transfert des cimetières vers l´extérieur des zones habitées, sauf à Montrollet et à Saint-Germain-de-Confolens (voir le dossier de synthèse sur les cimetières). De nombreuses églises font l´objet de travaux de rénovation, et deux d´entre elles, Pleuville en 1865 et Ambernac dans les premières années du XXe siècle, sont entièrement reconstruites.

La production agricole augmentant, les foires se multiplient, des halles sont construites, des bascules publiques sont mises en place. Dans les années 1840, un abattoir municipal est édifié à Confolens.

La relative prospérité agricole du début du XIXe siècle se traduit également par une augmentation de 10 % de la population totale entre 1821 et 1851. Elle atteint alors un pic historique, avec plus de 27 500 habitants, soit deux fois plus qu´en 1999, ce qui entraîne la rénovation ou la reconstruction de nombreux logements et granges.

Le XIXe siècle est classiquement celui de l´industrie. Les principales activités industrielles du Confolentais sont liées à l´eau et naturellement tournées vers les débouchés agricoles. Au cours du siècle, les minoteries se sont ajoutées aux moulins à céréales et à huile qui parsèment le territoire depuis le Moyen Age, et aux tanneries de Confolens et ses environs. La force hydraulique est également utilisée pour la fabrication de papier (Puygrenier à Confolens après 1874), de draps et de lainages. Le vin et les spiritueux sont produits à l´échelle familiale, même si l´on trouve un fabricant de liqueur à Confolens. Les autres industries présentes anciennement sur le territoire concernent la transformation de l´argile, soit en briques et tuiles, soit en céramique, telles les ponnes de Benest.

La guerre de 1914-1918 a fait un nombre important de victimes et des monuments aux morts sont érigés entre 1921 et 1928 dans l´ensemble des communes (voir le dossier de synthèse sur les monuments aux morts).

Cette période est marquée par l´accentuation de la déprise démographique des communes, qui perdent en moyenne près de 13 % de leur population entre les recensements de 1911 et 1921, ce qui ne peut s´expliquer par les seuls dommages de la guerre et de l´épidémie de grippe espagnole qui suivit. Entre les deux guerres mondiales, la population continue de décroître progressivement. Seule Confolens se maintient et bénéficie de nouveaux équipements comme l´abattoir bâti en dehors de la ville en 1925.

De 1940 à novembre 1942, la ligne de démarcation partage les communes de Pleuville, Benest, Champagne-Mouton et Saint-Coutant. Plusieurs maquis se mettent en place. Le maquis Foch participe à de nombreux combats en juillet et août 1944, notamment le 25 juillet à Champagne-Mouton et le 27 juillet à Ambernac. En représailles, des fermes sont incendiées, de nombreux combattants et civils sont fusillés. Le bourg de Pleuville et son hameau des Ecures sont incendiés le 3 août 1944 alors que Champagne-Mouton est libéré le 13 août. Des stèles, croix et monuments commémoratifs témoignent de ces événements sur les communes d´Alloue, Ambernac, Champagne-Mouton, Hiesse, Pleuville et Confolens.

Dans les années 1950, 60 et 70 Confolens se dote d'équipements : un collège, une nouvelle gendarmerie (1958), un nouvel abattoir (1970/1978), un nouveau lycée (1973), une rocade de contournement de la ville (1976), la bibliothèque centrale de prêt (devenue annexe de la bibliothèque départementale de prêt de la Charente) et deux zones à vocation commerciales et industrielles en périphérie de la ville.

Un nouveau lotissement se met en place dans les années 1980.

En 1995 est créée la Communauté de communes du Confolentais, qui regroupe 26 communes qui ont choisi de se rassembler pour mener à bien des projets de développement d´importance pour l´avenir du territoire. Ces communes sont réparties en trois cantons, celui de Champagne-Mouton (Alloue, Benest, Le Bouchage, Champagne-Mouton, Chassiecq, Saint-Coutant, Turgon et Le Vieux-Cérier), celui de Confolens-Nord (Ambernac, Ansac-sur-Vienne, Confolens, qui est aussi le chef-lieu du canton de Confolens-Sud, Épenède, Hiesse, Lessac, Manot et Pleuville) et celui de Confolens-Sud (Abzac, Brigueuil, Brillac, Confolens, Esse, Lesterps, Montrollet, Saint-Christophe, Saint-Germain-de-Confolens, Saint-Maurice-des-Lions et Oradour-Fanais). A ces trois cantons s'ajoute la commune de Vieux-Ruffec, rattachée au canton de Ruffec.

La Communauté de communes est adhérente au syndicat mixte du pays de Charente-Limousine avec la Communauté de communes de Haute-Charente.

UN INVENTAIRE DU PATRIMOINE CULTUREL L´inventaire de la Communauté de communes du Confolentais a été conduit entre 2002 et 2006 conjointement par la Communauté de communes et le Service régional de l´inventaire. L´enquête a porté sur les édifices bâtis des vingt-six communes du territoire (fig. 1) jusqu´aux années 1950 incluses, ainsi que sur les objets mobiliers des édifices publics non gardés (églises, mairies, sous-préfecture de Confolens) et sur l´environnement paysager. Dès le début de l´enquête, l´étude des intérieurs des logements a été exclue. Le recueil de données ethnographiques et la comparaison avec le territoire voisin de Haute-Vienne, qui auraient pu être complémentaires de cette étude, n´ont pas été réalisés. Le protocole détaillé de l'enquête figure en annexe 1 de ce dossier et la grille d´enquête en figure 2.

CONTEXTE GEOGRAPHIQUE ET GEOLOGIQUE

Aux confins des anciennes provinces du Poitou, de l´Angoumois, de la Marche et du Limousin, la Communauté de communes du Confolentais couvre un territoire de 646 km², au sein du pays de Charente limousine. Le centre en est constitué par la ville de Confolens (3 000 habitants), sous-préfecture de la Charente, située à des distances sensiblement équivalentes de Poitiers (75 km), Angoulême (65 km) et Limoges (60 km). Les villes les plus proches s´en trouvent éloignées de 30 à 40 km : Ruffec et La Rochefoucauld à l´ouest, Saint-Junien, Rochechouart et Bellac à l´est.

Partagées entre la langue d´oc et la langue d´oil, rattachées anciennement aux diocèses d´Angoulême, de Limoges et de Poitiers, réparties entre les généralités de Limoges et Poitiers, les terres confolentaises ne se sont trouvées réunies, à la limite nord-est du département de la Charente, qu´à l´issue de nombreuses discussions entre les représentants du Poitou et de l´Angoumois à l´Assemblée constituante de 1790. De son histoire mouvementée, modelée par une géographie contrastée, le Confolentais a conservé une grande diversité, qui lui confère une originalité immédiatement perceptible de nos jours encore.

Le territoire de la Communauté de communes du Confolentais s´étend pour sa partie occidentale sur les terrains sédimentaires du nord du bassin Aquitain et pour sa partie orientale sur les terrains cristallins du massif Central (fig. 3). La limite entre ces deux types de terrains correspond à la ligne de partage des eaux entre les bassins versants de la Loire (vallée de la Vienne et ses affluents) et de la Charente (fig. 4).

A l´est, de part et d´autre de la vallée de la Vienne, le socle cristallin, composé de roches métamorphiques - principalement des gneiss - et magmatiques - granites, diorites et leurs apparentés -, forme une zone de collines ondulées dont l´altitude croît d´ouest en est, passant de 200 m dans la région de Hiesse à 368 m à Montrollet. C´est une zone privilégiée pour le développement des prairies dédiées à l´élevage (fig. 5).

A l´ouest, les terrains jurassiques du nord du bassin Aquitain affleurent et sont affectés d´une pente assez faible vers le sud-ouest. Ils forment des plateaux à dominante calcaire, d´une altitude moyenne d´environ 175 m, entaillés par des vallées moins encaissées que dans la zone orientale, et propices à la polyculture céréalière mais aussi à la création de prairies artificielles (fig. 6).

La dissolution en surface de ces calcaires, parfois sur plusieurs mètres d´épaisseur, a libéré des matériaux non calcifiés (argiles rouges, silex, galets, nodules ferrugineux, etc.), laissant de rares affleurements calcaires. L´érosion des granites peut aussi libérer de grands épandages d´argiles, comme à Abzac ou à Saint-Maurice-des-Lions. Cette diversité se reflète dans les matériaux de construction. Lorsque leur qualité le permet, les argiles peuvent être utilisées en construction soit crues (architecture en terre d´Oradour-Fanais), soit comme matériau transformé (briques, tuiles).

Seul le calcaire fin de Benest permet une production de pierres de taille. D´importantes carrières se trouvent sur la commune de Pressac (Vienne), limitrophe de Pleuville, Epenède et Hiesse. Leur calcaire jaune est utilisé dès le XVe siècle pour les éléments décoratifs (mouluration des encadrements, linteaux, chapiteaux, etc.), notamment dans l´est du Confolentais. Les falaises de calcaire dégagées par la vallée encaissée de l´Or à Champagne-Mouton ont également favorisé l´ouverture de carrières, tandis que des sables et graviers sont extraits des arènes granitiques et des terrasses alluvionnaires. Les affleurements calcaires dans la moitié occidentale du territoire ont été exploités pour la production de chaux au XIXe siècle : les rares fours à chaux conservés sont aujourd´hui en mauvais état.

Les roches métamorphiques et le granite de l´est du Confolentais, inaptes à la taille, sont quant à eux mis en œuvre sous la forme de moellons plus ou moins dégrossis.

CONTEXTE HYDROGRAPHIQUE

Dans le Confolentais, la Charente est un étroit cours d´eau dont les affluents, comme l´Or, l´Argent, le Transon ou la Lizonne, coulent dans des vallées assez évasées. Le Clain prend sa source à Hiesse et n´est encore ici qu´un modeste ruisseau. La Vienne, bien plus large et navigable, traverse le territoire du sud vers le nord sur environ 25 km. Ses crues ont été dévastatrices jusqu´au milieu du XXe siècle. Au Moyen Age, outre différents gués, seuls deux ponts fortifiés, à Confolens et entre Saint-Germain et Sainte-Radegonde, permettent son franchissement (fig. 7). Trois autres ponts ont été construits dans la seconde moitié du XIXe siècle : à Confolens, en ville et au sud de la commune pour relier Ansac-sur-Vienne, et enfin à Manot (fig. 8). Le chemin de fer ne l´a pas franchie et la longe sur sa rive gauche.

Les affluents de la Vienne, dont certains sont aurifères, incisent profondément le socle granitique.

A l´ouest, l´orientation des cours d´eau suit les fractures du sous-sol, en particulier les deux accidents tectoniques majeurs d´orientation nord-ouest / sud-est, celui de Champagne-Mouton - Saint-Claud et surtout celui d´Alloue - Ambernac. Sur ce dernier, plusieurs failles ont favorisé des minéralisations comme la galène à forte teneur en argent exploitée dès l´époque gauloise à Alloue et à l´époque romaine à Ambernac. L´exploitation des mines d´Alloue/Ambernac est attestée par des sources du XVIIIe siècle. A Alloue, une société minière est créée en 1821, avant l´abandon de la mine en 1829. Elle fait l´objet d´une dernière tentative d´exploitation vers 1930 avant d´être définitivement fermée pour cause de rentabilité insuffisante. Au XIXe siècle, ce sont 375 tonnes de plomb et 16 tonnes de zinc qui ont été produites, l´argent ne représentant que de faibles quantités.

Les nombreux autres cours d´eau présents sur le territoire ont nécessité la construction de ponts et ponceaux, avec des solutions techniques variées suivant la nature des obstacles.

Au XXe siècle apparaissent des préoccupations d´alimentation en eau potable. Les réseaux de distribution se mettent progressivement en place. Une dizaine de châteaux d´eau ont été construits sur des modèles variés. Ils forment des éléments verticaux très visibles dans le paysage. Des réservoirs semi-enterrés en sommet de buttes complètent le dispositif d´approvisionnement en eau potable, ainsi que des stations de pompage, de captage, de traitement et divers équipements d´épuration des eaux usées (voir le dossier de synthèse sur les châteaux d´eau et les réservoirs).

La mise en place des biefs et des barrages nécessaires au fonctionnement des moulins modifie la physionomie et le régime des rivières (voir le dossier de synthèse sur les moulins). Canaux et chaussées d´étang permettent de drainer les eaux de surface qui ruissellent sur le socle granitique imperméable (fig. 9).

Les sources et les fontaines parsèment le territoire. Certaines ont été des lieux de culte dès l´Antiquité (Vieux-Ruffec), d´autres font encore aujourd´hui l´objet de dévotions. Quelques sources ont été soigneusement aménagées. Les constructions de lavoirs communaux se sont multipliées au cours du XIXe siècle, voire au début du XXe siècle dans le cas de l´exceptionnel lavoir de la Réchaudie, surmonté d´une terrasse pour le séchage du linge (pour plus de détails, voir le dossier de synthèse sur les lavoirs et les fontaines).

Les puits, individuels ou communs à un hameau, sont abondants. Leurs formes varient : les margelles circulaires surmontées d´une structure métallique abondent à l´ouest, alors qu´à l´est se trouvent davantage de puits couverts d´abris en bois. Les tractions du rouleau se font par manivelle ou, comme souvent en Limousin, par leviers en bois (voir le dossier de synthèse sur les puits). Le puits à balancier de Montvallier est unique en son genre dans le Confolentais, de même que la construction qui protège la fontaine du bourg de Brillac. Au XIXe et au XXe siècles, les municipalités ont installé de nombreuses pompes, de marques variées, sur les puits communs.

L'EXPLOITATION DES SOLS

Les sources cadastrales des années 1830 précisent les modes d´exploitation des sols que laissait voir la carte de Cassini au milieu du XVIIIe siècle (fig. 10 à 15). Trois grands systèmes de mise en culture se distinguent alors. Sur les terres calcaires, à l´ouest, les bois, dont le tiers est constitué de châtaigneraies, occupent environ le quart de la superficie imposable de ces communes ; les landes exploitées pour les ajoncs et les bruyères sont moyennement développées alors que les prés et pâturages dédiés à l´élevage sont peu étendus. Les terres labourables forment la moitié des surfaces disponibles, localement les deux tiers comme à Chassiecq. Cela se traduit dans l´architecture par une nette prédominance des granges à façade sur le mur gouttereau, de dimensions relativement modestes, plutôt vouées au stockage des grains et de la paille (fig. 16).

Dans la zone centrale, où le sous-sol calcaire est acidifié par les apports de sables et arènes granitiques du socle cristallin, les landes représentent entre un quart et un tiers des superficies. Elles ne reculent au profit de l´élevage que vers 1850, sous l´influence du syndicalisme agricole. Les bois sont nettement moins présents qu´à l´ouest, occupant moins de 10 % des terres, notamment dans les vallées de la Vienne et du Transon. Les prés et pâturages qui représentent le quart de l´espace l´emportent ici sur les labours. Ce développement de l´élevage au détriment des cultures nécessite de plus grands espaces pour entreposer les fourrages et des étables pour les bovins et les ovicaprinés. De vastes granges-étables à façade en pignon permettent de répondre à ces besoins agricoles.

A l´est, les terres granitiques sont consacrées pour plus d´un tiers aux prairies et pâturages. A côté de l´élevage, les cultures représentent un peu plus de la moitié des superficies agricoles.

Partout, les vignes jouent alors un rôle non négligeable dans l´économie, occupant environ un vingtième des terres jusqu´à la crise du phylloxéra vers 1880. Confolens se distingue en raison des besoins liés à la ville. La vigne couvrait 181 ha en 1826, soit 10,1 % de la superficie communale. Entre les ceps étaient également cultivées des plantes à vocation maraîchère.

La deuxième moitié du XIXe et le XXe siècles ont vu l´élevage se développer, avec une augmentation de l´ouest vers l´est des prairies naturelles et surtout artificielles, allant de moins d´un quart des superficies à Chassiecq, Le Bouchage ou Vieux-Ruffec jusqu´à plus des deux tiers des terres à Brillac, Oradour-Fanais, Lesterps ou Saint-Maurice-des-Lions. Au gré des politiques agricoles, la part des bovins et ovins varie depuis une cinquantaine d´années (fig. 17). Les superficies boisées sont semblables à ce qu´elles étaient vers 1830, même si elles ont gagné du terrain sur les terres granitiques, passant ainsi de 16 % de la superficie communale de Montrollet en 1830 à 35 % en 2000 (fig. 18). Ces bois constituent des unités discontinues, généralement de petites dimensions. Ils ont presque totalement disparu dans les vallées de la Charente et du Transon comme sur les plateaux qui les dominent.

LES VOIES DE COMMUNICATION

Le Confolentais est éloigné des principaux réseaux routiers. Jusqu´au XVIIIe siècle, les sources ne permettent pas de reconstituer avec précision le réseau viaire. Sur la carte de Cassini, seule figure une route nord-sud plus ou moins parallèle à la Vienne. L´axe est-ouest, qui correspond à la voie Angoulême-Nevers (devenue RN 151bis puis RD 951), s´interrompt sur cette carte, à Alloue à l´ouest et à la limite de la paroisse de Saint-Maxime de Confolens et d´Esse à l´est.

Aujourd´hui, le Confolentais reste à l´écart des plus grandes voies de communication : la RN 10, principale voie nord-sud, de Paris à Bordeaux, passe à une quinzaine de kilomètres des communes les plus à l´ouest, alors que la RN 141, de Saintes à Lyon par Limoges, longe le territoire à moins d´une dizaine de kilomètres au sud. L´autoroute Nantes/Limoges permettrait de désenclaver le territoire si l´option de son passage par Confolens était retenue.

Au début du XXe siècle, lors de la plus grande extension du réseau ferroviaire, le Confolentais comptait trois lignes, toutes à l´ouest de la rivière Vienne : Roumazières - Confolens - Le Vigeant (1887 et 1901), Ruffec - Roumazières (1907) et Angoulême - Champagne-Mouton - Confolens (1912 et 1913) (fig. 19). Cette dernière ligne à voie étroite, empruntée par un tramway à vapeur, est due au conseiller général Mairat, dont elle tire son nom de « Petit-Mairat ». Elle desservait Alloue, Benest, Champagne-Mouton, Chassiecq-Turgon et Hiesse et fut fermée en 1938 (voir le dossier de synthèse sur les voies ferrées).

L'ARCHITECTURE

Les cadastres des années 1830 mentionnent pour l´ensemble du Confolentais 5 904 maisons, 73 moulins, 26 tuileries et une forge à fer à Montrollet. En 1826, le cadastre de Confolens fait état de 552 maisons et 11 moulins. En 1999, l´Insee dénombrait de son côté 7 524 logements, dont 1 388 à Confolens.

Sur plus de 5300 dossiers documentaires d´architecture établis au cours de l´opération d´inventaire (fig. 20), 80 % concernent des maisons et des fermes (voir le dossier de synthèse sur les maisons et les fermes), 3 % des croix et lavoirs. Les châteaux et manoirs (2,5 %, voir le dossier de synthèse sur les châteaux et les manoirs) et les établissements religieux - abbaye, prieurés, églises et chapelles - (moins de 1 %, voir le dossier de synthèse sur les abbaye, prieurés, églises, chapelles) sont minoritaires bien qu´ils aient conditionné une bonne part de l´implantation de l´habitat.

LA POPULATION ET L'EMPLOI

Aujourd´hui, le Confolentais compte 13 136 habitants. La densité moyenne est de 14,9 personnes par km² à l´ouest du territoire, avec d´importantes disparités : de 7,7 habitants par km² à Vieux-Ruffec à 43,6 à Champagne-Mouton (fig. 20). Ce sont les terres calcaires qui ont connu la baisse de population la plus forte depuis le milieu du XIXe siècle, perdant les deux tiers des habitants (fig. 21). Au centre, la commune de Confolens abrite 150 habitants par km². A l´est, la densité est de 17,5 habitants par km², avec 12 à 13 habitants par km² à Oradour-Fanais, Montrollet et Saint-Christophe, et autour de 28 à Ansac-sur-Vienne et Manot. Le Confolentais est bien dans la France des faibles densités de population, au point de rencontre de territoires régionaux eux-mêmes peu peuplés : 42 habitants au km² en Limousin, 64 en Poitou-Charentes, où 40 % de la population réside dans des communes de densité inférieure à 25 habitants au km². La population de la Communauté de communes comprend 33 % de personnes de plus de 60 ans (37 % pour les communes de l´ouest du Confolentais, 21 % au niveau national) et plus du tiers des foyers ne compte qu´une personne.

Dans cette zone essentiellement rurale, une seule entreprise emploie environ 200 personnes et moins de 10 % des autres entreprises comptent plus de 10 salariés.

L´agrandissement projeté de l´abattoir de Confolens, le plus grand de France pour les caprins, ainsi que le développement des filières de qualité agricole, notamment le mouton de Charentes-Poitou, devraient dynamiser l´économie rurale du Confolentais.

A l´heure du tourisme vert, ces espaces préservés attirent non seulement les amateurs de randonnée ou de pêche, mais aussi nombre de résidents secondaires (15 % des logements hors Confolens, où cette part n´est que de 2 % ; fig. 22). En 2001, 5,5 % des foyers, dont près de la moitié en résidence principale, sont occupés par des ressortissants étrangers ; plus des deux tiers sont des Britanniques, un sur huit est Néerlandais. L´arrivée d´étrangers entraîne par ailleurs la réhabilitation d´une partie du bâti ancien, en particulier les logements inoccupés, qui représentaient 15 % de l´ensemble des logements en 1999.

CULTURE ET TRADITIONS

Un important programme de restauration du « petit » patrimoine, des opérations d´amélioration de l´habitat et des commerces, ainsi que des mises en valeur ponctuelles mais exemplaires accentuent encore l´attrait qu´exerce un bâti rural de qualité. Ainsi, une ferme est-elle rénovée en bordure du bourg d´Esse pour y installer un restaurant, ou une maison à pan de bois à Lesterps restaurée et transformée en maison du patrimoine. Une étape majeure en matière de prise en compte du patrimoine avait été franchie en 1993, lorsque la ville de Confolens s´était dotée d´une ZPPAU (zone de protection du patrimoine architectural et urbain), outil qui garantit une évolution maîtrisée de l´urbanisation.

C´est dans ce cadre urbain privilégié que se tient la manifestation culturelle phare du Confolentais, depuis 1958 : le festival des « Arts et traditions du monde » de Confolens. Chaque année au mois d´août, des dizaines de milliers d´amateurs de danse folklorique affluent dans la ville, attirés par cet événement au rayonnement international.

Ces dernières années, le territoire a accentué son offre culturelle au travers de la « Maison du Comédien Maria Casarès ». Fuyant le franquisme, Maria Casarès quitta l´Espagne à l´âge de onze ans pour s´installer en France. Devenue une comédienne reconnue, elle acquit la demeure de la Vergne à Alloue, qui lui rappelait sa Galice natale. A sa mort, en 1995, elle céda son domaine à la commune d´Alloue, en reconnaissance à sa terre d´accueil. La commune, la Communauté de communes et une association portant le nom de la comédienne en ont fait un lieu dédié aux comédiens. Les communs, appartenant désormais à la Communauté de communes, ont été réhabilités en 2005 et 2006 et accueillent des hébergements et un espace scénique de création et de diffusion. Après avoir organisé, de 2000 à 2005, des « Rencontres d´été », la Maison du Comédien peut aujourd´hui recevoir comédiens et public toute l´année.

Cette ouverture culturelle ne se fait pas au détriment des traditions, dont la force demeure une particularité du Confolentais, au travers du phénomène des ostensions. Encore très vivantes dans certaines communes proches du Limousin (Saint-Junien, Rochechouart, etc.), et longtemps pratiquées à Brigueuil, Chabanais et Etagnac, ces fêtes d´origine cultuelle perdurent en effet, en Charente limousine, dans deux communes du Confolentais : Abzac et Esse (l'annexe 2 présente de manière plus détaillée les ostensions).

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