Châteaux et manoirs du Confolentais

France > Nouvelle-Aquitaine

Défensives ou principalement résidentielles, les demeures seigneuriales jalonnent le Confolentais. Elles sont des lieux privilégiés où se lit l´évolution du territoire au fil du temps, des donjons romans de Confolens et Saint-Germain au château d´inspiration néo-médiévale de la Grollière à Pleuville.

Lors de l´organisation de l´Empire carolingien, Champagne-Mouton constitue la localité du vaste pagus Briocensis (aujourd´hui Brioux-sur-Boutonne) la plus éloignée du chef-lieu. Les limites des vigueries carolingiennes sont mal établies dans ce secteur.

Le Confolentais connut une grande instabilité politique aux Xe et XIe siècles, en raison de longues rivalités entre les comtes de Poitiers et de la Marche, le vicomte de Limoges et quelques seigneurs locaux, tel celui de Confolens, dépendant de la principauté de Chabanais, constituée aux dépens du comté de la Marche et de la vicomté de Rochechouart.

Les ambitions des différents protagonistes se cristallisèrent longtemps autour de la position stratégique de Confolens, sur la Vienne : vers 1020, le comte de la Marche Bernard y assiégea Audéarde de Chabanais, épouse d´Hugues IV de Lusignan et proche parente de Jourdain III, seigneur de Chabanais et Confolens.

A la fin du XIe siècle, les conflits entre seigneurs pour la maîtrise de Confolens se poursuivaient : le comte de la Marche Boson III mourut en 1091 au pied du donjon de Confolens qu´il assiégeait. Selon les sources, le donjon de Confolens, tel qu´il nous est parvenu, aurait été construit au XIe siècle, par le seigneur Jourdain Ier sous le contrôle d´Aimard de Chabanais, ou au XIIe siècle, à la suite de nombreux assauts des comtes de la Marche contre le premier château.

A ce moment, le château de Saint-Germain, autre site stratégique dominant la Vienne, formait l´une des sept baronnies de la Basse-Marche. Les premiers seigneurs de Saint-Germain, Hélie et Conis, étaient quant à eux en relation avec les moines de Saint-Cyprien de Poitiers, dont le cartulaire mentionne les noms respectivement en 1073 et 1087.

Des premiers temps de la féodalité, aux XIe et XIIe siècles, les mottes castrales situées près de Chez-Ferroux au Vieux-Cérier et celle, mal datée, de Marcillac à Abzac, formant enclave dans la commune d´Oradour-Fanais, sont deux rares exemples encore bien visibles aujourd´hui.

La guerre de Cent Ans et ses revirements d´alliances affectent le Confolentais, à l´instar de l´ensemble des provinces voisines.

Dans les années 1350, le château de Champagne-Mouton est détruit, de même que l´église Saint-Martin, située dans l´enceinte castrale. Le château de Saint-Germain-de-Confolens, à cause de sa position stratégique sur la Vienne, est plusieurs fois pillé.

Les congés royaux ordonnant de fortifier les châteaux des campagnes poitevines et les domaines appartenant aux grands établissements ecclésiastiques de Poitiers se multiplient à partir de 1427 et jusqu´à 1500. A Champagne-Mouton, la famille écossaise de La Chambre, titulaire de la châtellenie transformée en baronnie vers 1429, rebâtit alors le château avec de nombreux éléments en remploi. Des châteaux sont édifiés sur des fiefs moins importants : Gorce à Pleuville, Massignac à Alloue, la Voularnerie au Bouchage, la Villatte à Ansac-sur-Vienne, le Mas-Marteau à Confolens, le Marousse à Saint-Christophe, etc. Le château de Saint-Germain est en grande partie reconstruit et prend, à la fin du XVe ou au début du XVIe siècle, l´aspect qu´on lui connaît aujourd´hui, avec trois tours supplémentaires, un logis et des courtines.

A la fin du XVe siècle, une certaine prospérité semble revenir dans le Confolentais, comme alentour.

Le Confolentais pâtit des guerres de Religion et des répressions particulièrement violentes qui les accompagnèrent. En 1568, les protestants s´emparèrent du château de Confolens, en ruine et hors d´état de soutenir un siège, et y installèrent une garnison de trois cents hommes sous le commandement du sire de Puy-Vidal, gentilhomme du pays.

En avril 1570, Saint-Germain et son château furent pris par une bande de protestants chassés ensuite par Jean Descarts.

Au cours des XVIe et XVIIe siècles, la construction de manoirs, sièges de petits fiefs, s´intensifie. Pour une large part, ce sont des édifices assez modestes, où réside le seigneur. Ils ne se distinguent des simples maisons que par la présence de pigeonniers et une ornementation architecturale plus riche quoique limitée : blasons muets sur des linteaux, couvertures de baies en accolade, fenêtres à mouluration, plus rarement escaliers de distribution extérieurs, qu´il s´agisse d´escaliers droits couverts par un auvent ou « balet », ou de tours d´escaliers hors-oeuvre ou demi-hors-oeuvre.

Périodes

Principale : Moyen Age

Principale : Temps modernes

Les deux principaux donjons du Confolentais sont situés sur des promontoires dominant la Vienne.

Le donjon de Confolens a été construit vers le sommet du promontoire rocheux qui sépare la Vienne de la vallée encaissée du Goire. Encore aujourd'hui, en dépit de son arasement, il domine la ville.

Sur un éperon rocheux au confluent de la Vienne et de l´Issoire, le château de Saint-Germain-de-Confolens occupe un site parfaitement adapté à la défense et à un emplacement stratégique contrôlant l´un des rares ponts permettant de traverser la Vienne probablement dès le XIIe siècle. S´il date principalement du XVe siècle, le château de Saint-Germain-de-Confolens conserve néanmoins des vestiges d´éléments plus anciens : un donjon carré roman, dont le grand appareil de granite est parfaitement repérable, et une tour du XIIIe siècle.

Le château de Champagne-Mouton, détruit au XVe siècle, est reconstruit par la famille de La Chambre, d´origine écossaise, qui acquit la seigneurie après 1427. Il est implanté à proximité d´une dérivation du ruisseau l´Argent qui alimentait les douves. La rue du Lavoir, la place et la rue du Château en suivent aujourd'hui le tracé. Le périmètre de l´enceinte polygonale atteignait 280 mètres et en faisait l´une des plus vastes de la région.

De l´ensemble des châteaux et manoirs des XVe et XVIe siècle, on peut signaler plusieurs cas exceptionnels ou des caractéristiques récurrentes.

Au château de Gorce à Pleuville, un châtelet d´entrée est relié du logis par une passerelle. Le même dispositif se trouve au château d´Ordières à Benest.

Le château de la Villatte à Ansac-sur-Vienne a une importance particulière pour le Confolentais puisque c´est pour l´un de ses propriétaires, Joachim de Châteauvieux, que la baronnie de Confolens fut érigée en comté en 1604. Ce château était ceint de douves dont il subsiste quelques traces. D´autres éléments des fortifications du XVe siècle nous sont parvenus, notamment des tours avec archères et archères-canonnières et les vestiges d´une probable bretèche.

Des bretèches défendent également les portes d´entrée de plusieurs manoirs plus modestes : le Marousse à Saint-Christophe, Chez-Rangeon à Confolens, la Pouyade à Esse.

Plusieurs petits manoirs présentent des caractéristiques proches : les logis, de plan rectangulaire, se distinguent des logements de fermes par leur plus grande taille et la présence fréquente d´un étage et d´éléments décoratifs, tels que des linteaux sculptés en accolade, des appuis saillants moulurés ou des blasons, comme de nombreux manoirs autour de Champagne-Mouton, par exemple Chez-Mérigeaud, Biarge à Chassiecq, Vérina à Lesterps, le Chiron à Esse, les Picardies à Lesterps, Sainte-Terre à Benest, etc. Leurs ouvertures ne sont généralement pas ordonnancées.

Dix châteaux et manoirs du Confolentais possèdent une cage d´escalier hors-oeuvre ou demi-hors-oeuvre disposée sur la façade principale (l´Age à Alloue, la Belle-Maison à Ansac-sur-Vienne, Fayolle à Abzac, le Petit-Pressac à Saint-Maurice-des-Lions, Châteauguyon à Esse, etc.). Plus rarement, dans quatre autres cas, la cage d´escalier est située sur la façade postérieure et, dans trois cas, dans l´angle formé par les ailes du château (château de Serre à Abzac par exemple). Le corps de logis est parfois flanqué de tours aux angles sur l´une ou sur les deux façades : Massignac, Beauchêne et l´Age à Alloue.

Les châteaux et manoirs de la fin du XVIe, du XVIIe et du XVIIIe siècles ont souvent été construits à l´emplacement d´édifices existant antérieurement. Il s´agit souvent d´édifices plus grands que les précédents. Les ouvertures sont organisées en travées. Citons par exemple les châteaux de Praisnaud à Ambernac, du Mas-du-Puy à Hiesse, du Bost ou du Beau à Esse, de Juyers à Champagne-Mouton ou encore de Puybautier à Saint-Coutant.

Enfin, au XIXe siècle, quelques châteaux anciens sont détruits et remplacés par des édifices d´inspiration médiévale, par exemple le château de Bois-Buchet à Lessac, reconstruit à partir de 1845, ou celui de la Grollière à Pleuville, de la seconde moitié du XIXe siècle.

Symboles du pouvoir seigneurial, les pigeonniers sont présents dans la plupart des châteaux et manoirs. L´élevage des pigeons permettait un apport complémentaire en viande et leurs fientes, parfois appelées « colombine », étaient récoltées pour amender les terres agricoles. Le plus souvent, ils sont installés dans un bâtiment isolé, de plan quadrangulaire (22 cas) ou circulaire (10 cas). Parfois le pigeonnier occupe la partie haute du logis ou d´une dépendance dont l´élévation est alors percée d´une rangée de trous de boulin.

La plupart de ces châteaux présente également des dépendances agricoles à proximité immédiate du domaine.

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