Bac (passage d'eau) de Jouhet et Pindray, puis lavoir et abreuvoir de Jouhet, aujourd'hui jardin public

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Jouhet

Un bac est mentionné au niveau du bourg de Jouhet sur la carte de Cassini ; il devait donc exister dans la deuxième moitié du 18e siècle, probablement sous le contrôle du meunier du moulin de Jouhet, qui appartenait alors au seigneur de la Contour. Il est mentionné dans la description du grand hiver 1788-1789 par Charles de Moussy (voir annexe).

Le bac de Jouhet figure dans la liste des bacs du département de la Vienne du 17 thermidor an XII (5 août 1805).

Un rapport de visite de 1840 fait état d'un bac et un bateau en mauvais état. En 1842, le registre municipal de Pindray indique que « le service des Postes aux lettres étant assuré par un seul piéton pour les communes de Jouhet et Pindray, il est arrivé que faute de bateau pour traverser la rivière, ce piéton ait été plusieurs fois 4 jours sans se rendre à Pindray ».

Il n'a pas été retrouvé de document pour la décennie suivante. Le passage d'eau est assuré, semble-t-il, par le propriétaire du château de la Contour.

En mai 1852, le conseil municipal de Jouhet expose au préfet les besoins d'un bac public : " un bateau serait d'une grande utilité tant pour cette commune que pour celle de Pindray vu qu'il n'y a point d'instituteur à Pindray et que les enfants pourraient venir à l'école à notre instituteur et que ce bac public pourrait éviter bien des accidents tel que dernièrement il s'est noyé un homme peut-être faute de passage public ". Le préfet demande alors l'avis de l'ingénieur en chef en vue de l'établissement d'un bac à Jouhet. Le conseil municipal inscrit la même année la dépense extraordinaire de 405 francs pour l'achat d'un bateau et demande au préfet en janvier 1853 la levée d'un impôt spécial pour couvrir cette dépense car " Madame Blanquois de la Contour n'accordait que jusqu'au mois de mars prochain la permission de passer à son bateau et qu'après cette époque le public se trouverait privé de bateau. Sur quoi le conseil municipal voyant cet exposé et voyant le besoin d'avoir un bateau public prie monsieur le préfet de vouloir bien faire confectionner un rôle à ce sujet pour en faire faire le recouvrement le plus tôt possible "..

Des rapports sont établis en 1853-1855, avec des plans d'accès à l'eau en amont du gué, des projets de tarifs et d'appels à la concurrence pour la mise en fermage (voir annexe).

Le matériel (un bateau dit batard, 1 batelet, 1 cadenas, 5 perches ferrées, 2 pontons d’abordage, 2 poteaux d'amarrage) est acheté par l’État en janvier 1857 et remis en juin à Félix Vallée, fermier du passage d'eau. Des rampes d'accès sont sommairement aménagées (voir plans). Le grand bateau mesure 8m30 de longueur et 1m65 de largeur au milieu, sans sièges, et équipé de deux pontons de 2m30 de long sur 1m30 de large, d'un cadenas et de deux perches. Il doit être manœuvré par deux mariniers et peut transporter 30 personnes y compris les mariniers ou 3 chevaux, mulets, bœufs, vaches etc. Le batelet est sommairement décrit dans les rapports postérieurs : il mesure 6m de long pour 1m20 de large, il est équipé de sièges et de deux perches ferrées et doit être manœuvré par deux mariniers et ne peut transporter que 5 personnes.

Après enchères, le fermage du 1er janvier 1859 au 31 décembre 1867 est attribué à Joseph Suire pour une redevance annuelle de 70 francs. Félix Vallée doit payer une moins-value de 9 francs pour diminution de la valeur du bac. Le matériel remis au nouveau fermier est celui décrit en 1857.

De 1859 à 1863, le fermier du bac et le maire signalent l'urgence de réaliser des travaux sur le chemin de moyenne communication n° 80 de Chauvigny à La Trimouille, sur la rive gauche (côté Pindray), aux abords du bac. L'ingénieur Delafons en avait déjà pris note dans son rapport de 1858.

En 1861, le fermier du bac, M. Suire, se plaint de la concurrence déloyale des usiniers du moulin de Pruniers et du moulin de la Roche qui assurent des passages sur des bateaux privés, sans perception du droit de passage. Le grand bac et le batelet sont en assez bon état et ont été goudronnés à la suite de l'arrêté préfectoral du 12 février, qui exigeait également de munir les bateaux de sièges ; les pontons et les cales sont assez bien entretenus.

En avril 1862, le rapport de visite note que " la réparation de l'abordage de gauche laisse encore beaucoup à désirer pour être praticable ; vu que la réparation qui a été faite est jusqu'ici restée incomplète ". La traille destinée au bac de Jouhet, achetée par l’État en septembre 1861, est encore au magasin de Montmorillon.

Lors de la visite du mois de mai 1863, le conducteur de travaux note que " le grand bac a trois courbes à remplacer, le reste du bateau paraît en assez bon état, le batelet est en bon état, le goudronnage est nécessaire. Les pontons n'ont pas reçu les réparations prescrites par l'arrêté de mise en demeure du 26 septembre 1862 qui exigeait une réparation sous dix jours. Le fermier promet de s'en occuper de suite, il a le bois nécessaire tant pour les pontons que pour le grand bac ". En conséquence, l'arrêté préfectoral du 7 juillet 1863 demande au fermier, Joseph Suire, de mettre en état et de goudronner le bac ainsi que de réparer les rampes d'accès sous deux mois. Par ailleurs, quelques pierres doivent être repositionnées dans les cales et " le chemin à la suite de la cale de la rive gauche est réparé à la satisfaction générale ".

Lors de la visite du 22 octobre 1863, la traille est arrivée à Jouhet mais n'a pas été mise en service, le fermier arguant que cela entraînerait trop de dépenses par rapport aux produits générés par le passage.

Par arrêté préfectoral du 30 novembre 1863, faisant suite à la visite du 22 octobre, le fermier, Joseph Suire, est mis en demeure de réaliser les travaux aux pontons déjà prescrits en 1862, de réparer les rampes prescrits par arrêtés du 7 juillet 1863 avant le 1er avril 1864, d'indiquer avant le 1er février 1864 les limites de surtaxe et d'interdiction de traversée et de fournir pour la même date ses certificats de capacité. Par ailleurs, des réparations des bateaux sont également prescrites. Promis dès que les beaux jours seraient revenus lors de la visite du 30 avril 1864, les travaux n'ont commencé à être exécutés que quelques jours avant la nouvelle visite du 20 octobre 1864. En conséquence, par arrêté préfectoral du 13 décembre 1864, le fermier est mis en demeure d'achever les réparations du bateau et son goudronnage avant le 15 avril 1865.

Le procès-verbal de la visite du 12 mai 1865 signale que les réparations prescrites au bac et au batelet ont été exécutées soigneusement et que le grand bac a été goudronné. Les pontons sont en assez bon état.

Par arrêté préfectoral du 29 novembre 1865 (suite à la visite du 30 octobre 1865), le fermier, Joseph Suire, est mis en demeure de goudronner le batelet et d'équiper le grand bac de sièges avant le 1er avril 1866.

Par arrêté préfectoral du 14 juin 1866 faisant suite à la visite du 27 avril 1866, le fermier, Joseph Suire, est mis en demeure de goudronner le bac et le batelet, de remplacer le ponton sur la rive gauche et d'y installer le poteau avec les hauteurs d'eau règlementaires (minimum, supplément exigible et maximum), avant le 31 juillet 1866.

Suite à la visite annuelle d'octobre 1866, le fermier, Joseph Suire, est mis en demeure, par arrêté préfectoral du 15 janvier 1867, de remplacer une courbe au grand bac et de l'équiper de sièges avant le 1er février 1867. Le batelet est déjà équipé de sièges.

D'après le procès-verbal de visite du 27 avril 1867, le fermier du bac est Joseph Suire avec Pierre Pain comme sous-fermier. Le grand bac acheté en 1857 est toujours en activité ; la description du batelet, équipé de sièges et desservi par deux mariniers, ne permet pas de s'assurer qu'il s'agit de la même embarcation. Le 16 décembre 1867, le préfet prescrit, par arrêté, le remplacement d'une courbe au grand bac. Les rampes d'accès ont besoin d'être mieux aménagées. " Les cales d'abordage construites par l'administration n'ont pas assez de pente, ce qui fait que le grand bac n'arrive pas facilement au bord de l'eau " (novembre 1869, rapport du conducteur de travaux)

Des documents concernant le passage d'eau de Nalliers et celui de Busserais montrent qu'un nouveau bac a été dessiné par l'ingénieur ordinaire Férand vers 1870/1871 et construit par Pierre Jouteau, charpentier à Chauvigny. Le 20 juin 1870, l'ingénieur ordinaire Lecompte, dans un rapport adressé à l'ingénieur en chef concernant plusieurs bacs, précise que pour le remplacement du batelet par un passe-cheval, il a pris modèle sur le passe-cheval d'Antigny.

Par arrêté du 28 décembre 1868, le préfet demande au fermier, Pierre Pain, de remplacer un courbe au grand bac avant le 1er février 1869. En novembre 1868 puis en avril 1869, le conducteur de travaux note que le passage de Jouhet est très fréquenté " par suite de la construction du chemin d'intérêt départemental n° 80 de Chauvigny à La Trimouille, qui traverse la Gartempe à ce point " et que les rampes d'abordage doivent impérativement être réparées. Le batelet est en très mauvais état mais semble toujours assurer le passage.

L'arrêté préfectoral du 2 juillet 1870 exige que le fermier, Pierre Pain, achève les réparations des rampes d'abordage avant le 15 novembre 1870. Si le grand bac est en bon état, le conducteur de travaux note, en novembre 1870, que " la commune aura prochainement un passe-cheval neuf pour remplacer le batelet qui ne peut plus être réparé ".

En mai 1873, les rampes d'abordage ont besoin d'être réparées.

En 1874, le batelet est remplacé par un passe-cheval dont le plancher aurait besoin de réparations en juin 1876.

Alors que le pont est mis en service le 1er janvier 1877 (utilisé à partir de novembre 1876 alors qu'il est encore en construction), un arrêté préfectoral exige en 1876 de Pierre Pain, fermier du bac, de réparer le plancher du grand bac (déjà signalé dans un rapport de mai 1875 et demandé sous un délai d'un mois par arrêté préfectoral du 7 juin 1875) et du passe-cheval.

La mise en service du pont entraîne une indemnisation en 1877-1878 de l'ancien fermier du bac, Pierre Pain. Le service du passage d'eau est officiellement supprimé par arrêté du 15 juin 1878.

En 1877-1880, le mur de terrasse et l'escalier sont réaménagés par A. Couillaud entrepreneur. Ce mur est surélevé en 1902 selon les plans de l'architecte Alexandre Jouillat.

Le plan d'adduction en eau potable de la commune, en 1972, prévoit l'alimentation d'un lavoir de 12 places construit en parpaing et visible sur une vue des années 1970.

Périodes

Principale : Temps modernes

Principale : 4e quart 19e siècle (daté par source)

Auteurs Auteur : Couillaud A., entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Jouillat Alexandre

Entrepreneur de travaux publics puis architecte-entrepreneur à Montmorillon.

, architecte (attribution par source)
Auteur : Delafont

Ingénieur ordinaire des ponts et chaussées. département de la Vienne, arrondissement du Sud. Intervient en 1857 à Jouhet, en 1858 à Montmorillon, en 1860 à Antigny, et sur contresigne les rapports de visite des bacs de la Gartempe, arrondissement de Montmorillon, à la fin des années 1850 et au début des années 1860.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Favre-Rollin

Ingénieur ordinaire des Ponts-et-Chaussées en 1841 (bac de Busserais)

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Jouteau Pierre

Charpentier à Chauvigny dans les années 1870 ; il a réalisé les bacs de Nalliers et Jouhet.

, charpentier (attribution par source)

Un bac est mentionné sur la Gartempe au niveau du bourg de Jouhet sur la carte de Cassini (milieu du 18e siècle).

Sur le plan de 1853 (voir dossier illustrations), la maison du fermier est figurée à côté de l'église de Jouhet, sur la rive droite de la Gartempe. L'île aujourd'hui remblayée est figurée schématiquement, avec la mention, sur la rive gauche, d'un " remblai fait par la commune de Pindray ", qui relie cette île au chemin de moyenne communication de Chauvigny à La Trimouille (actuel chemin dans le prolongement du pont). Deux embarcations de dimensions différentes (un batelet et un passe-cheval d'après les documents associés) sont figurées à l'amarrage sur la rive droite.

Un profil en travers de 1857 donne les hauteurs d'eau suivantes pour la Gartempe : étiage à 6,80 m, eaux ordinaires à 6,30 m, crues ordinaires à 4,80 m, plus grandes eaux connues à 3,50 m.

Le plan de 1857 pour les travaux des rampes du bac permet de voir une île aujourd'hui disparue en rive gauche, sur la commune de Pindray. Vers l'amont de cette île se trouve l'ancien barrage du moulin, vers l'aval est tracé le cheminement d'un gué, et le passage du bac, symbolisé par un bateau à fond plat et un batelet pour les passagers, au centre. Un autre plan, non daté mais correspondant probablement au plan signalé en 1853 sur le bordereau du bac de Jouhet (3 S 70, Archives départementales de la Vienne, Poitiers), signale le moulin en ruine et donne la position de la maison du fermier.

Le procès-verbal de remise du matériel au fermier du bac, Félix Vallée, le 18 juillet 1857, permet de préciser les bateaux mis à disposition par l’État: " un bateau dit batard de huit mètres trente centimètres de longueur d'un chevet à l'autre, d'une largeur de fond à l'intérieur et au milieu de deux mètres trente centimètres et d'une hauteur [de] bordage mesurée au milieu et à l'extérieur de soixante-cinq centimètres [...] ; un batelet de six mètres de longueur d'un chevet à l'autre, d'une largeur de fond au milieu et à l'extérieur de un mètre vingt centimètres et de quarante cinq centimètres de bordage, y compris les ferrures ". Le grand bac est toujours en service en 1867.

Par arrêté préfectoral du 15 janvier 1867, le fermier, Joseph Suire, est mis en demeure de remplacer une courbe du grand bac et d'y installer des sièges avant le 1er février 1867.

Lors de la suppression du bac, le matériel est très restreint et la vente du matériel ne comprend, comme matériel navigable, qu'un bateau passe-cheval.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Jouhet

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 2016 H3 453

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Pindray

Milieu d'implantation: isolé

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