Fermes et domaines

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Plus de la moitié des hameaux de la commune d´Aubusson (13 sur 21) figure sur la carte de Cassini et existait donc au milieu du 18e siècle. Le territoire communal apparaît aujourd´hui dans une configuration assez proche de celle du 18e siècle.

L´étude de l´architecture rurale d´Aubusson, définie comme un axe secondaire dans le Cahier des Clauses Scientifiques et Techniques (CCST) de l´opération, n´a concerné que 19 fermes et domaines. Au sein de ce corpus, 10 ont été repérés et 9 étudiés.

Aucun témoignage, autre que celui des sources historiques, ne subsiste sur le bâti rural de l´époque médiévale autour de la ville d´Aubusson. Les deux fermes les plus anciennes remontent vraisemblablement au 17e siècle ; elles se trouvent au hameau de La Haute-Lune (voir notices IA23000753 et IA23000754). Le cadastre napoléonien de 1812 (fig. 1) atteste de la présence, parmi les 19 éléments retenus, de 10 fermes antérieures à cette date, mais elles ont toutes été remaniées entre la seconde moitié du 19e siècle et la première moitié du 20e siècle. Ces modifications ont été de différentes natures : élargissement ou reprise des ouvertures, surélévation, recrépissage, agrandissement. En masquant les éléments permettant une datation (et notamment la modénature des baies), elles ont rendu difficile la lecture des dispositions initiales de ces édifices.

Si donc plus de la moitié des constructions peuvent avoir des fondements antérieurs à 1812, le reste d´entre elles est datable du 19e siècle ou du début du 20e siècle. Ces fermes témoignent des évolutions rencontrées par la vie paysanne à partir de 1850. Dès cette date, en effet, l´émigration endémique, saisonnière ou définitive, des maçons creusois vers Paris ou vers Lyon, stimulée par le désenclavement routier et ferroviaire, est renforcée par l´exode rural. Le morcellement des exploitations faiblit et leur taille augmente. C´est à cette époque que commencent à se constituer de vastes domaines, comme celui de Frongier (fig. 2 - voir notice IA23000749). L´urbanisation accroît la demande en blé et en viande, si bien que de nombreuses fermes se convertissent à la culture des céréales et à l´élevage des bovins d´engrais. Cette mutation, profonde, se traduit par le succès du modèle des granges-étables de type auvergnat - de plus en plus vastes et souvent édifiées isolément (fig. 3) - et la multiplication des dépendances.

Les dates portées sur les bâtiments sont rares ; seules trois ont été relevées : 1764 et 1893 (fig. 4), sur le linteau de la porte d´entrée du logis d´une ferme de la Haute-Lune ; et 1899, sur le linteau en pierre d´une grange-étable à La Chassagne (fig. 5).

Périodes

Principale : 17e siècle

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

IMPLANTATION ET ORGANISATION

Les fermes et les domaines qui font l´objet de ce dossier collectif se définissent comme des unités d´exploitation agricole, comprenant un logis principal (ou une maison de maître) et une ou plusieurs granges-étables, complétées par des dépendances (toit à porcs, poulailler, bergerie) et des édicules tels que des fours à pain. L´ensemble de ces bâtiments est le plus souvent regroupé autour d´une cour ou d´un airage ouvert de forme irrégulière, à proximité d´une voie de circulation (route ou chemin communal).

Les fermes et les domaines formant le corpus de cette enquête sont tous implantés en écart, à l´extérieur du territoire de la ville, à l´exception d´une unité isolée, située dans le faubourg Saint-Jean et intégrée au tissu urbain (voir notice IA23000735) (fig. 6).

L´organisation des fermes, sur la commune d´Aubusson, demeure celle, traditionnelle, des fermes limousines et marchoises : 13 fermes sont organisées en bloc-à-terre, avec toujours au moins une grange-étable jointive au logis (fig. 7) et 2 sont à éléments dissociés (fig. 8). Quant à la dernière ferme (voir notice IA23000761), la fonction inconnue de la dépendance accolée à son logis n´a pas permis de déduire avec certitude son organisation d´origine, au milieu du 19e siècle. Par ailleurs, ces deux typologies ont pu évoluer au cours de l´histoire - ainsi la ferme de La Seiglière (voir notice IA23000741) a été complétée, dans les années 1930, par un logis neuf, qui est venu renforcer sa disposition en bloc-à-terre, bien que tous ses bâtiments ne soient pas alignés sous une unique ligne faîtière.

MATERIAUX DE GROS OEUVRE ET COUVERTURE

Le gros œuvre est majoritairement constitué de moellons de granite, provenant des carrières locales (fig. 9). On ne constate pas de mise en œuvre appareillée ; néanmoins, les moellons sont souvent soigneusement assisés (fig. 10), et se combinent à des encadrements en pierre de taille.

5 logis sont totalement ou partiellement enduits - mais il devait en être ainsi pour bon nombre d´autres, à l´origine - comme le logis de la ferme de La Chassagne (voir notice IA23000736).

A la fin du 19e siècle et surtout au début du 20e siècle, l´emploi de la brique s´est développé, notamment pour exécuter les encadrements des baies (fig. 11) ou les arcs de décharge les surmontant.

La tuile mécanique est aujourd´hui le matériau de couverture principal, en remplacement de la tuile plate.

PARTIES CONSTITUANTES

Les parties constituantes les plus courantes des fermes et des domaines sont, avec le logis ou la maison de maître : - la grange-étable, quelque fois en double exemplaire - l´étable à porcs, souvent associée à un poulailler - le four à pain - le puits - le lavoir - un logement de fermier ou de journalier.

S´y ajoutent parfois une bergerie, une remise, un bûcher ou un hangar agricole.

Les logis les plus caractéristiques, notamment ceux construits à partir de 1850, présentent fréquemment deux ou trois travées régulières (fig. 12), sous des toits à forte pente. Ils se développent sur un rez-de-chaussée et un étage carré, avec comble, généralement à surcroît. Les lucarnes ont probablement été ajoutées au début du 20e siècle. Le décor relevé sur les élévations est quasiment inexistant. Il est limité à quelques éléments moulurés (corniche, vestiges de chanfrein). Certaines ouvertures montrent des éléments utilisés en remplois, provenant, selon les hypothèses émises par l´historien Cyprien Pérathon, de la destruction du château d´Aubusson (1632-1636), comme un linteau en double accolade (fig. 13) sur un logis de ferme au Marchedieu.

Les granges-étables constituent l´un des bâtiments les plus importants de la ferme. Il en existe deux types sur le territoire de la commune d´Aubusson : la grange-étable dite « limousine » (trois ont été identifiées) et la grange-étable dite « auvergnate » (c´est le cas de toutes les autres retenues dans le corpus).

Le type auvergnat, le plus représenté, est caractérisé par la superposition des étables et du fenil, qui sont dissociés car le fenil possède son propre accès. La grange est implantée sur un terrain à faible déclivité, afin de tirer parti de la dénivellation. L´étable ouvre au bas de la pente, tandis que le fenil, un étage plus haut, se trouve au niveau supérieur du versant. Une rampe aménagée en terre, et localement appelée « montade » (fig. 14), rattrape cet écart et offre un accès de plain-pied au fenil, par une porte charretière généralement percée dans le mur-gouttereau nord (fig. 15). Le mur-gouttereau opposé, au sud, est ouvert de plusieurs portes d´étable, qui sont fréquemment surmontées d´une baie faisant office de fausse porte donnant sur le vide, et destinée à la ventilation de l´aire charretière (fig. 16). A Aubusson, les granges de type auvergnat présentent parfois une spécificité : les ouvertures des étables se font du même côté que le fenil, de part et d´autre de la « montade » et en léger contrebas de cette dernière (fig. 17).

Dans le type limousin, tous les accès (pour le fourrage et les bovins) sont réunis sur le mur-gouttereau sud. Les étables sont disposées de part et d´autre de l´aire à battre, les granges ou « barges » étant situées au-dessus de chaque étable. Construits avec beaucoup de soin, ces deux modèles de grange-étable, de plan rectangulaire régulier, sont couverts de toits à longs pans ou à croupe.

Dix fours à pain ont été dénombrés, soit accolés au mur-pignon du logis et généralement en abside, comme à La Chassagne (fig. 18), soit isolés, comme à Randonnat (fig. 19).

Les étables à porcs, également dénommées toit à cochons, n´ont pas été dénombrées. Leur emplacement est variable au sein de la ferme. Elles sont souvent accolées au logis et couvertes en appentis (fig. 20). Elles peuvent également être isolées : elles se développent alors sur plusieurs travées, en petites batteries, avec deux ou trois compartiments alignés et clos, comme à Randonnat (fig. 21).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Matériau du gros oeuvre : granite

    Mise en oeuvre : pierre de taille

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