- AC Pauillac, Registre de délibérations 1799-1822, Vente du mobilier du domaine de Lafite, 23 messidor an 4 (11 juillet 1796).
Bibliothèque, tableaux, objets d'art.
- AC Pauillac, Registre de délibérations 1799-1822, Fontaine de Lafite, 14 octobre 1815.
La fontaine qui arrose les prairies de ce domaine a son bassin sur la route de Pauillac à St Estèphe et forme une empiétation (sic) sur la voie publique ; la route passait autrefois dans la cour de Lafite qui étant actuellement fermée oblige les voyageurs à passer dans un long bourbier.
- RIBADIEU, Henry. Les châteaux de la Gironde [...]. Paris : Dentu libraire, 1856.
Mention de Gombaud de Lafite, abbé de Verteuil en 1234.
Propriétaires cités : Ségur puis à la Révolution une compagnie hollandaise, de 1803 à 1825 M. Vandemere, en 1825 M. Scott.
- DANFLOU, Alfred. Les grands crus bordelais. Bordeaux, s.d. [1867], t. 1.p. 2-14
En sortant de Pauillac par la route de Lesparre, on aperçoit, au bas de plusieurs coteaux couverts de pampres, un château de forme bizarre et pittoresque, avec trois petites tours rondes et une terrasse qui domine une prairie entourée de beaux arbres. Les constructions sont propres, élégantes, et d'une blancheur qui les signale de loin. Des masses de verdure encadrent ce luxuriant paysage. Aux tourelles surmontées des girouettes traditionnelles, aux nombreuses fenêtres qui s'ouvrent sur la vallée d'un côté, et de l'autre sur le vignoble, il est facile de reconnaître un château girondin ; mais dans l'ensemble, rien qui frappe ou qui étonne. L'aspect général est toutefois d'une rare élégance. Et pourtant ce petit château, cette habitation d'apparence presque modeste, sont aussi connus dans le monde entier que les palais des Tuileries et de Versailles. Nous sommes devant Château-Lafitte ! Salut donc, et trois fois salut au roi des vignes ! Au plus célèbre des vignobles du Médoc ! (...) M. Goudal, régisseur, ou plutôt vice-roi de ce coin de terre vénéré de tous les buveurs de distinction, reste fidèle aux traditions des maîtres, et sait mettre heureusement à profit les ressources de la viticulture et de l’œnologie modernes (...). Sir Samuel Scott, admirablement secondé par son gérant, M. Goudal, un maître en viticulture et en œnologie, tient religieusement sa belle propriété à la hauteur de son grand renom".
- COCKS, Charles, FERET, Edouard. Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite. Bordeaux : 2e éd. Féret, 1868.
p.136, avec illustration.
- BERTALL, Charles-Albert d'Arnould, connu sous le nom de. La Vigne, voyage autour des vins de France, étude physiologique, anecdotique, historique, humoristique et même scientifique. Paris : E. Plon, 1878.
p. 218-229
(...) Nous entrons dans une large et longue avenue bordée de grands arbres, et nous nous arrêtons devant la grille, à droite. Nous sommes au Château-Laffitte, c'est le moment de la vendange : tout est empressement, mouvement fiévreux, dans les vastes bâtiments accolés au château ou bâtis dans les terrains placés sur la gauche ; c'est là que sont placés les cuviers, les presses, les cuves où fermente le jus nouveau, les celliers qui ont reçu le vin de l'an dernier, puis les chais où se conservent les récoltes vendues ou à vendre.
A chaque instant quelque char traîné par des bœufs apporte la vendange ; on voit s'approcher à reculons le char d'une de ces larges baies qui s'ouvrent sur les cuviers et les presses ; les travailleurs, les jambes nues, s'emparent du précieux butin, versent dans le cuvier les raisins qui composent la charge, et bientôt les chariots reprennent à vide le chemin du quartier où se fait la récolte.
Les maîtres du château sont là.
C'est une véritable bonne fortune de les trouver et d'être reçu.
C'est le baron et la baronne Gustave de Rothschild qui sont venus cette fois au moment des vendanges donner le coup d’œil du maître à cette terre si affectionnée jadis par le vieux baron, une de ses dernières conquêtes.
Tout Paris connaît cette grâce aimable et spirituelle, cette beauté élégante et fine qui distingue la jeune baronne. Je n'insisterai pas davantage (...).
Le château Lafitte n'a, du reste, rien de princier. C'est une vieille bâtisse qui date de trois siècles environ, d'une architecture douteuse et composite, avec des ajoutures de styles différents, suivant le temps où elles ont été rapportées et les nécessités du moment (...).
Il existe une dynastie d'administrateurs et de curateurs exercés de père en fils à l'heureuse exploitation de ce vignoble exceptionnel.
M. Goudal, le directeur actuel, est le dépositaire intelligent de toutes ces heureuses traditions qui ont mis hors pair ce vin célèbre.
- Pourquoi changer ? dit-il en voyant passer certaines innovations qu'il redoute ; le mieux n'est-il pas plus ennemi du très-bien qu'il ne l'est du bien ? Et il redouble de surveillance et de soins en conservant les errements si glorieux du passé (...).
Château-Lafitte n'est pas une chaumière. de la grande terrasse que borde le jardin potager, on découvre un ensemble des plus intéressants : les vignobles renommés de Saint-Estèphe (....).
A gauche du jardin potager, le parc s'étend derrière le château, vers le nord ; il est planté de vieux arbres séculaires, d'autant plus respectés qu'ils sont plus rares en ces pays où chaque centimètre de terre a sa valeur éminemment productive.
Le salon dans lequel on est reçu est de plain-pied avec le jardin. Quelques vieux tableaux de l'école italienne et espagnole sont accrochés aux murailles, et des meubles riches du style Louis XV garnissent les panneaux. A côté, un petit salon d'un ton doux et délicat, décoré de peintures françaises et garni de meubles les plus fins du style Louis XVI ; c'est un nid aimable et charmant, affectionné principalement par la vieille baronne, qui aimait jadis à y passer tranquillement quelques semaines, lors de la belle saison (...).
En huit ou dix jours la vendange est faite. Chaque escouade de douze ou quinze personnes est commandée par un piqueur qui dirige le mouvement et veille à ce que l'on ne consomme pas trop de raisin, trop de château-Lafitte en pilules, comme disait Brillat-Savarin.
Chacun va vider son panier dans les hottes des porteurs, qui vont eux-mêmes à leur tour porter la vendange dans les tonnes, chargées sur les chars à bœufs sans cesse renouvelés.
Pendant ce temps, les presseurs et fouleurs font leur affaire ; le vin qui coule dans les bannes est porté successivement dans les cuves, où il est appelé à fermenter avec le moût de la grappe aux trois quarts écrasée (...).
M. Goudal, l'habile ministre de ce petit royaume, nous promena partout dans le domaine confié à ses soins. Nous avons vu ces grands celliers où s'agite autour des cuviers et des vastes cuves un monde affairé de travailleurs.
Ici le raisin est égrappé avec soin, comme dans tout le Médoc, et il est foulé aux pieds. On a bien essayé le foulage mécanique, mais, dit-on, le foulage aux pieds est encore reconnu le meilleur ; le pied n'est pas résistant, il n'a pas l'inflexibilité du fer ou du bois, qui écrasent non seulement la pulpe, mais broient aussi le pépin, dont le contenu recèle une sorte d'huile empyreumatique de nature à altérer quelque peu le goût et le bouquet du vin (...).
Quand le vin est fait, il est mis premièrement en bouteilles dans le chai même, bouché avec religion de bouchons marqués et estampés, avec le nom et le dessin de château Lafitte.
- RICAUD, Théodore. Le château Lafite sous la Révolution. Bulletin de la Société Historique et Archéologique du Périgord, 1913, tome 40.
Mention du cahier des charges dressé lors de la Révolution avec un état des lieux (document original aux Archives départementales de la Gironde, Q 700, non consulté) : Domaine de Lafite, situé dans la commune de Pauillac, ayant appartenu aux héritiers émigrés de Pichard, consistant en une vaste maison - sans autres meubles qu'un seul lit de maître, une armoire et quelques chaises - et des dépendances (d'une superficie de 14 journaux) ; un petit bois d'agrément, sis derrière la maison (12 journaux environ) ; une pièce de vignes, de la contenance de seize journaux dans la commune de St-Estèphe ; cent cinquante journaux de vignes, dans la commune de Pauillac, dont les 2/3 à peu près produisent les grands vins ; quarante-cinq journaux de prairie de rivière ; soixante-six journaux de vimière ; cinq journaux de terres labourables ; soit un ensemble de trois cent dix-huit journaux, auquel il y a lieu d'ajouter le moulin du Champ de St Vincent et ses dépendances ainsi que le domaine de Lorte, situé dans la commune de St-Laurent.
- COCKS, Charles, FERET, Edouard. Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite. Bordeaux : Féret et Fils, 1929 (10e édition).
p. 245(...) les soins les plus assidus sont donnés à ces vignes précieuses par M. Mortier, qui l'administre depuis 1886. On peut y voir la magnifique terrasse et les grandes caves voûtées destinées à recevoir les vins en barriques avant leur mise en bouteilles. Elles contiennent également une collection unique au monde des vins mis en bouteilles depuis l'année 1797 jusqu'à nos jours.
- COCKS, Charles, FERET, Edouard. Bordeaux et ses vins classés par ordre de mérite. Bordeaux : Féret et Fils, 1949 (11e édition).
p. 192-193 (...) Les seigneurs de Lafite furent pendant tout le Moyen Age, et jusqu'en 1789, les Hauts Justiciers de la contrée (...). Le Lafite fut à la mode sous Louis XV, à la table du Roi. Il se trouva à la place d'honneur dans les festins du maréchal Richelieu et Mme de Pompadour le faisait toujours figurer dans ses petits soupers.Après avoir été possédé par la famille de Ségur, il appartenait, à la fin du XVIIIe siècle, à M. de Pichard, président au Parlement de Guyenne. Très populaire en Médoc, il fut désigné par les populations comme délégué au tiers état. Malheureusement, il n'échappa pas à la tourmente révolutionnaire et fut guillotiné à Paris le 12 messidor de l'an II (30 juin 1794). Après être devenu propriété nationale, le domaine de Lafite fut acquis par le hollandais Vanlerbergues, puis par un banquier anglais, sir Samuel Scott. Il fut acheté en 1867 par le baron James de Rothschild, dont les héritiers le possèdent encore.
- BUTEL, Paul. Grands propriétaires et production des vins du Médoc au XVIIIe siècle. In Fédération Historique du Sud-Ouest, XVIe congrès. Le Médoc. 1964.
p.137
Biens du marquis Nicolas-Alexandre de Ségur, mort le 24 mars 1755 :
-domaine de Lafitte : autour de la maison noble, il comprend des parterres et des terrasses ainsi que des jardins ; les terres sont réparties en vignes, en terres labourables, en vimières, des marais, un moulin à vent, des prairies et des bois de haute futaie ; la maison noble et tout ce que renferme la pré-clôture sont évalués à 50 000 livres. Tous les autres fonds sont estimés à 657 100 livres.
(...) Un inventaire dressé le 1er juillet 1755 par Me Duprat, notaire à Bordeaux, nous permet de nous faire aussi une idée plus précise de l'économie du domaine (AD33, Notaires, III, E 5451, non consulté). Il indique un parc à bœufs avec 6 paires de bœufs estimés à 1320 livres. Les attelages semblent donc à cette époque dans le Médoc utiliser les bœufs et non les chevaux ; 12 courbes ou outils aratoires à 72 livres ; 6 charrettes pour 360 livres ; l'écurie ne se composerait que d'un vieux cheval âgé de vingt ans et estimé juste 20 livres. Le reste de l'inventaire montre bien la place qu'occupe la production des vins dans le domaine. La description du contenu du chai est faite, avec 50 barriques de vidange, 100 barriques pour le breuvage des valets, 40 bastes, 6 comportes à porter le vin, 4 entonnoirs, 6 tains à presser le vin. Le cuvier contient 19 cuves écoulant, l'une 12 tonneaux, si l'on admet que le tonneau faisait déjà 4 barriques, on voit l'importance, les autres de 9 à 3 tonneaux, toutes estimées à 2580 livres ; 3 pressoirs et 20 douilles de charge sont également mentionnés.
-métairie de Lhorte dans la paroisse de Saint-Laurent du Médoc.
L'inventaire de 1755 permet de comprendre l'orientation de ce domaine de polyculture et d'élevage. Il n'y a qu'une paire de bœufs servant à la charrue et estimés à 180 livres, mais un troupeau d'élevage bovin assez important : 14 vaches, 8 velles, 4 veaux estimés au total à 880 livres ; des chevaux aussi, 10 juments, 6 poulains, 1 étalon, estimés 420 livres.
- GARDELLES, Jacques. Châteaux de la Gironde. Paris : Nouvelles éd. Latines, 1968.
"Lafite-Rothschild : ce nom évoque avant tout un grand vin. C'est aussi celui d'une ancienne maison noble : le chapitre cathédral de Bordeaux, suzerain du lieu, autorisa son seigneur à la munir de fossés et d'un pont-levis en 1662".