Écart et carrières du Mugron

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Gauriac

De nombreuses découvertes de matériel néolithique ont été faites dans ce secteur dit du plateau de Thau, recensées par Didier Coquillas. Un niveau néolithique en place, épargné par les carriers et les fortifications allemandes de la dernière guerre, a notamment pu être observé en 1946 : c'était une couche d'environ 0,40 m d'épaisseur sur 6 m de long, "recouverte par 3 mètres de terre et déblais de carrière". Des relevés ont permis d'observer des silex, des ossements et des tessons de céramique en place. Le mobilier recueilli depuis les premiers travaux de François Daleau comprend principalement de l'outillage lithique : lames, grattoirs, haches polies entières ou cassées en silex ou autres roches. Cet ensemble se complète par quelques pointes de flèches tranchantes et de nombreux éclats. De la céramique fut également signalée. Bien que le plateau de Thau soit en grande partie détruit par les carrières, la position du site, établi sur les falaises baignées par l'estuaire, laisse envisager un habitat de hauteur naturellement fortifié.

Des vestiges gallo-romains sont également attestés mentionnés dans une description du site laissée par le curé de Gauriac à la fin du 18e siècle : "à la suite des terrasses de Tau est une vigne où l'on trouve quantité de morceaux de brique ainsi que des vestiges d'ancienne muraille bâtie sur le bord du rocher appelé le Mugron. Un peu à côté se trouve le chenal ou port de Roque de Tau". En plus de débris antiques, F.-V. Jouannet signale "des sépultures du même temps".

Un "cimetière de Thau" situé au Mugron est indiqué dans divers textes. Les carrières ont probablement détruit l'essentiel du site. Cette nécropole était peut être liée à un petit édifice religieux ou à un prieuré établi sur le plateau dominant l'estuaire. Une charte de 1098 révèle que l'abbaye Saint-Étienne de Vaux-sur-Mer possédait divers biens à cet endroit (Mons Mugronis). Un ermitage dit de Thau est encore signalé dans ce secteur dans la seconde moitié du 15e siècle et au 16e siècle.

Les cartes du 18e siècle n'indiquent pas le toponyme Mugron, compris dans le secteur de Roque de Thau. Le lieu-dit "le Mégron" apparaît sur le plan cadastral de 1820. Les états de section du cadastre ne mentionnent aucune carrière, les parcelles en surface étant occupées par de la vigne.

Au 19e siècle, les carrières de Mugron sont exploitées par la famille Viaud. Vers 1860, Jean Viaud, propriétaire et exploitant de carrières, se trouve contraint de faire démolir une maison (parcelles 142 et 142 bis) qui allait être inévitablement détruite par la chute d'une carrière par tombée (parcelle B 107). En 1878, un charpentier de navire meurt dans l'effondrement d'une carrière au Mugron dans laquelle il travaillait pour le compte de Clément Viaud.

Le rocher de Mugron et les carrières constituaient un obstacle à l'établissement d'une route reliant les hameaux de Marmisson et de Roque de Thau. Un passage était possible le long de l'estuaire "au rocher de la Platusse" mais réputé périlleux car souvent recouvert par les eaux. Un accident y est d'ailleurs mentionné, deux bouviers ayant été emportés par les eaux dans ce secteur. En 1850, est étudiée la possibilité de rejoindre Roque de Thau non par le bord du fleuve mais par le haut de la falaise de Mugron. Des démarches sont engagées par la commune auprès du propriétaire des carrières M. Viaud (voir lettre envoyée en 1850 par le maire M. Chambor à M. Viaud, publiée dans le journal l'Espérance). En janvier 1883, il est indiqué que le chemin n° 2 de la Reuille à Roque de Thau est terminé jusqu'à un chai appartenant à M. Pastoureau (Poyanne) et qu'il reste 260 m de travaux à réaliser (registre délibérations 1882-1912). En juillet, la portion entre la fontaine de M. Pastoureau et le château de M. Coudin, est achevée. Il faut attendre toutefois la fin du 19e siècle pour que la route atteigne Roque de Thau soit finalement établie : les travaux sont achevés en 1902.

Durant la Seconde Guerre mondiale, les anciennes carrières de pierres de Mugron servirent au stockage de munitions et de mines allemandes. Un monte-charge facilitait l'acheminement du matériel de guerre, entre l'estuaire et les hauteurs du Mugron. Après guerre, les galeries ont été en partie ensablées, avant que l’État, le service de déminage et le Département de la Gironde décident le déminage du site en 1990 (132 mines sous-marines rondes dites à "orin", près de 40 grenades sous-marines et 17 mines flottantes). L'une de ces mines a été conservée sur les bords de l'estuaire comme monument commémoratif.

En 1993, le site est acquis par la commune auprès des habitants qui possédaient des parcelles sur ce terrain. Il constitue une Zone naturelle d'intérêt écologique floristique et faunistique (ZNIEFF) et fait partie depuis 1930 sur site classé de la Corniche girondine.

Périodes

Secondaire : Néolithique

Secondaire : Gallo-romain

Principale : Moyen Age (détruit)

Principale : Temps modernes

Principale : 19e siècle

Principale : 2e quart 20e siècle

Le plateau de Thau ou rocher de Mugron constitue un ensemble d'une vingtaine d'hectares au sud du hameau de Roque de Thau et à l'est du château de Thau. Il s'agit d'une butte argilo-calcaire et d'un espace boisé, site naturel protégé, aménagé avec chemins de randonnée et parcours VTT. Le site comprend notamment de nombreuses espèces végétales méridionales, voire méditerranéennes, relativement rares en Aquitaine

Des vestiges de l'occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale sont conservés : une guérite (abri énergie) ainsi qu'une mine exposée au pied du site sur la route de Marmisson.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Gauriac

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: le Mugron

Cadastre: 1820 B1 75-77, 97, 2020 AB 267-274, 533

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