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Ancienne église de Saint-Palais-sur-Mer
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Palais-sur-Mer
Historique
Une église amputée par les guerres
L'église de Saint-Palais est mentionnée pour la première fois en 1070 dans une charte qui en porte donation à l'abbaye de Vaux-sur-Mer. Vers 1098-1104, une autre donation concerne l'étang de Bernezac, "au pied du chevet de l'église". Lié à l'église et dépendant également de l'abbaye de Vaux, un prieuré comprend pendant tout le Moyen Age un prieur, curé de la paroisse, et quelques moines. Les parties les plus anciennes de l'édifice remontent probablement à la seconde moitié du 12e siècle, en particulier l'abside, le choeur et la base du clocher, d'architecture romane.
A l'époque médiévale, l'église devait être entourée par un bourg dont l'époque de la disparition n'est pas déterminée.
Cette disparition a pu se produire dès la guerre de Cent ans, à moins qu'elle ne soit en rapport avec les guerres de Religion et le déplacement du centre de gravité économique de la paroisse vers les hameaux protestants au nord (notamment Courlay). Toujours est-il que, durant les combats des années 1560-1570, la vieille église n'échappe pas aux destructions : elle perd sa nef à bas-côtés, qui devait dater de la fin du 15e siècle, ainsi que les bras de son transept, mais conserve son clocher, point haut essentiel pour la surveillance des environs ; le choeur aussi est préservé, sans doute parce qu'il assure la stabilité du clocher.
Aux 17e et 18e siècles, bien qu'ainsi amputée, l'église continue à recevoir le culte catholique, le seul toléré après la révocation de l'édit de Nantes en 1685. La plupart du temps, le curé de Saint-Palais est aussi celui de Vaux. Le titre et les bénéfices financiers de prieur de Saint-Palais perdurent jusqu'à la Révolution. C'est aussi à l'église que se tient régulièrement l'assemblée des habitants de la paroisse, notamment pour organiser la collecte de l'impôt ; ces assemblées se déroulent sous un abri ouvert, constitué d'un toit soutenu par des poteaux en bois appuyés sur des socles circulaires en pierre (un de ces socles est encore visible devant l'entrée actuelle de l'église). Au début du 18e siècle, les cartes de la région établies par l'ingénieur Claude Masse, montrent l'église seule, au bord du chemin qui descend vers la conche de Saint-Palais et son petit port, avec des champs labourés autour, des vignes à l'ouest et une dune de sable au sud, sur la pointe de Trez-la-Chasse. Dès la fin du 17e siècle au moins, il existe déjà un cimetière autour de l'église, dans lequel on enterre les habitants de la paroisse mais aussi les naufragés trouvés sur la côte.
Un repère pour la navigation
A la même époque, le clocher joue un nouveau rôle très important, celui d'amer utilisé comme repère visuel pour la navigation par les navires qui transitent à travers les dangereux bancs de sable de la Gironde. Dès le 17e siècle, le vieux clocher octogonal est surélevé de plusieurs mètres, en deux étapes : d'abord (première moitié du 17e siècle) un premier niveau, d'environ 2 mètres de haut, percé de petites baies carrées sur chacune de ses faces (seules quatre existent encore aujourd'hui) ; puis un second niveau (milieu ou fin du 17e siècle), bien plus élevé, presque aveugle sauf dans sa partie haute, et couvert d'une flèche basse en ardoise. La nouvelle tour vient coiffer l'ancien clocher roman dont les murs et les baies en plein cintre sont masqués par des contreforts destinés à soutenir la nouvelle élévation, en pierre de taille. L'ensemble mesure dès lors 20 mètres de haut. Sous le clocher, la voûte d'origine de la croisée du transept est remplacée par une voûte d'arêtes. Les précautions prises pour assurer la solidité de l'ensemble n'évitent pas un effondrement, en janvier 1729, du mur nord-ouest du clocher. sa reconstruction ne prendra fin qu'en 1756.
En 1768, la foudre détruit en partie la nouvelle tour. A la demande des pilotes de la Gironde, chargée de guider les navires dans la traversée de l'estuaire, sa reconstruction est comprise dans un vaste projet d'amélioration de la navigation sur la Gironde, qui prévoit aussi, entre autres, la surélévation du clocher de Saint-Pierre de Royan ou encore la construction des phares de Terre-Nègre et du Chay, et l'acquisition du Bois du Roi. Les travaux sont confiés à Claude Tardy, architecte à Bordeaux, intervenu par ailleurs sur le phare de Cordouan. Au cours de l'été 1771, la tour de Saint-Palais est non seulement reconstruite mais encore affublée d'une flèche en charpente haute de 16 mètres. Le tout atteint une hauteur de 58 mètres au-dessus du niveau de la mer. Pour soutenir l'ensemble, trois nouveaux contreforts sont ajoutés contre la base de l'ancien clocher. Un drapeau rouge sera hissé au sommet de la tour pour indiquer aux pilotes l'arrivée d'un navire par l'aval, et un drapeau bleu si le navire arrive par l'amont.
En 1804, la foudre détruit à nouveau la charpente et la partie haute de la tour. On projette dans un premier temps de reconstruire la tour suivant un plan carré. En 1823 et 1824, le conducteur des Ponts et chaussée Bourignon, puis l'ingénieur Alexandre Potel proposent une reconstruction à l'identique de la tour, sans toutefois rétablir la flèche en charpente. La tour est rapidement reconstruite, telle qu'on peut encore en voir le résultat de nos jours. Peu après, elle sera peinte en noir et blanc de manière à être encore davantage visible.
Dès le 18e siècle, la dune qui se trouvait au sud de l'église, à Trez-la-Chasse, s'est déplacée rapidement vers le nord et a envahi les alentours de l'église (jusqu'aux actuelles rue de l'Eglise et rue Germaine). Cet envahissement se poursuit au début du 19e siècle. L'ancienne église apparaît ainsi menacée par la dune sur le plan cadastral de 1839. Le phénomène est enfin contenu au milieu du 19e siècle grâce à la plantation d'arbres, créant le Bois du Clocher. En plus de sauvegarder la vieille église, cette action permet d'étendre le cimetière autour d'elle.
Une église désaffectée
Pour autant, l'église ne reçoit déjà plus le service du culte : fermée en 1793, elle n'a pas rouvert en 1801, le Concordat fusionnant les paroisses de Vaux, Saint-Palais et Saint-Augustin, avec service en l'église de Vaux. Ce n'est qu'en 1861 qu'après signature d'une pétition, l'église de Saint-Palais est rouverte au culte. Une sacristie est construite en 1866 contre le mur sud du choeur (elle sera démolie en 1935). La paroisse de Saint-Palais sera définitivement séparée de celle de Vaux en 1906.
Pendant ce temps, le clocher continue à servir d'amer pour la navigation, géré par l'administration des Ponts et chaussées. Des cartes postales du début du 20e siècle le montrent encore peint en noir et en blanc, bien visible depuis l'estuaire de la Gironde. Il ne sera déclassé qu'en 1914.
A la fin du 19e siècle et au début du 20e, le développement de la nouvelle station balnéaire du Bureau se traduit par la mise en lotissement du Bois du Clocher, au sud de l'église. Le nombre croissant d'habitants et de visiteurs en été nécessite aussi de bénéficier d'un lieu de culte catholique suffisant, ce que ne permet pas la vieille église, petite et en mauvais état. C'est la raison pour laquelle, à partir de 1909, après avoir renoncé à agrandir la vieille église, une nouvelle église est construite à l'ouest de l'ancienne et du cimetière. L'ancienne église est dès lors désaffectée. Inscrite au titre des monuments historiques en 1973, elle est restaurée en 1994-1997 et sert aujourd'hui de lieu d'expositions.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 2e moitié 12e siècle, 17e siècle, 3e quart 18e siècle, 1er quart 19e siècle |
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Description
L'ancienne église est située sur une hauteur qui surplombe au sud-ouest le quartier balnéaire du Bureau, et à l'est les anciens marais de Bernezac. Elle est compris dans le clos de murs qui entoure le cimetière. Désaffectée, l'église ne conserve que son abside, son choeur et son clocher.
Le clocher, dont la base est romane et les parties hautes des 17e-18e siècles, est de plan octogonal. Il occupait à l'origine le centre de l'église, au-dessus de la croisée du transept (comme on peut le voir par exemple encore aujourd'hui à Arces-sur-Gironde). Chacune des huit faces de sa base était percée d'une baie en plein cintre dont la plupart ont été murées ou masquées par les contreforts établis au 17e siècle. Il en demeure toutefois deux intactes, au sud-ouest et au sud-est, au-dessus du choeur. Chacune de ces baies est encadrée par deux groupes de trois colonnettes à chapiteaux sculptés, sur lesquelles retombent des rouleaux. La partie supérieure du clocher, qui servait d'amer à la navigation depuis le 17e siècle, est bien plus sobre : les murs en pierre de taille, sur deux niveaux, ne sont percés que de rares petites fenêtres carrées (il en existait une sur chaque face, au premier niveau).
Au sud-est, le choeur et l'abside, également romans, sont percés d'étroites baies en plein cintre. Ils sont réunis par une corniche à modillons nus, soutenue sur l'abside par des contreforts plats entre lesquels se sont intercalés deux gros contreforts plus récents. Cette sobriété contraste avec le décor habituellement riche des églises romanes de Saintonge.
A la base du clocher, l'élévation sud de l'église présente un grand arc brisé, muré, qui devait constituer un passage entre la croisée du transept et un bras sud disparu. Un arc identique mais seulement en partie muré est percé dans ce qui devait constituer un mur de séparation entre la nef et un bas-côté. De ce mur, il ne reste que quelques mètres de longueur ; ce mur et l'ensemble de la nef et des bas-côtés se prolongeaient vers le nord-ouest, jusque vers l'entrée actuelle du cimetière. Au sommet de ce vestige de mur, demeurent cinq modillons dont le décor sculpté est très altéré.
La sobriété, voire la sévérité, observée sur l'extérieur de l'église se confirme à l'intérieur. L'abside romane est d'une grande élégance malgré cette absence de décor. Harmonieuse dans ses proportions, elle présente une voûte en pierre en cul-de-four, prolongeant la voûte légèrement brisée du choeur. Le mur de l'abside est marqué par cinq arcades en plein cintre dont deux aveugles, toutes retombant sur des colonnes engagées à chapiteaux nus. Les demi-colonnes engagées qui marquent l'entrée de l'abside encadrent un pilier de profil octogonal, très original. D'autres demi-colonnes engagées encadrent le passage entre le choeur et la croisée du transept, couverte d'une voûte d'arêtes. Dans ce qui reste du bras sud du transept, un escalier en vis conduit à une tribune puis aux différents niveaux du clocher-amer d'où la vue embrasse les environs et l'estuaire de la Gironde.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan en croix latine |
Couvrements |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17046780 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Ancienne église de Saint-Palais-sur-Mer, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/019f3ded-99ea-4ca6-8710-286276b7cbf2 |
Titre courant |
Ancienne église de Saint-Palais-sur-Mer |
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Dénomination |
église |
Statut |
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Protection |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Palais-sur-Mer , rue de l'Eglise
Milieu d'implantation: en ville
Lieu-dit/quartier: le Bureau
Cadastre: 1839 D 231, 2009 AB 394