Maison, dite châtelet d'entrée du pont de La Terrade (rive droite)

France > Nouvelle-Aquitaine > Creuse > Aubusson

Cette maison, dont les cartes postales du début du 20e siècle permettent de restituer l'aspect, s'élevait à l'entrée du pont de La Terrade, sur la rive droite de la Creuse. Sa datation est incertaine. La modénature des baies de ses élévations sud et ouest (encadrement à moulurations croisées et bases prismatiques), ainsi que la tourelle en surplomb de son angle nord, plaident en faveur d'une édification dans le dernier quart du 15e siècle, ou au 16e siècle. Néanmoins, les murs soigneusement appareillés de son étage de soubassement, du côté de la rivière, paraissent faire corps avec la culée du pont. La maison pourrait donc avoir été bâtie, ou partiellement reconstruite, en même temps que le pont de La Terrade, entre 1638 et 1641 (voir notice IA23000468). Certaines de ses caractéristiques, et en particulier son aspect fortifié (présence d'une bretèche sur l'élévation ouest) et son appellation de "châtelet", s'expliquent par la position stratégique qu'elle occupait au sein de la ville d'Aubusson. Jusqu'à la seconde moitié du 18e siècle, le pont de La Terrade constitua un point de passage majeur dans la vie commerciale de la cité. Il supportait alors la route de Clermont à Limoges - avant que celle-ci, reconstruite sur ordre de l'intendant d'Auvergne Trudaine à partir de 1731, ne changeât d'itinéraire pour emprunter le pont des Récollets, situé plus en amont. Toutes sortes de marchandises transitaient par ce lieu de franchissement, et notamment le sel, denrée précieuse. Or, depuis 1553, la Marche comptait parmi les provinces rédimées du royaume (c'est-à-dire exemptées du paiement de la gabelle). Ce privilège était à l'origine d'un trafic avec les provinces frappées par l'impôt, et d'une forme de contrebande appelée le faux-saunage (circulation du sel sans acquittement de la taxe). Cette fraude était particulièrement active aux points de passage des convois de sel que représentaient les ponts. Aussi étaient-ils surveillés par des escouades d'archers. Peut-être cette maison, qui commandait l'entrée du pont de La Terrade du côté de la ville, leur servait-elle de poste de garde. La maison a vraisemblablement connu de nombreuses modifications au cours des siècles. En 1812, elle était divisée en deux corps de logis. Le plus au sud appartenait à Gabriel Bellat, marchand et également propriétaire du châtelet de la rive gauche (voir notice IA23000727) ; celui du nord était la propriété des héritiers de Joseph Lachapelle. A la fin du 19e siècle, le trafic routier étant toujours important et le quai Vaveix représentant une portion de la route nationale 142, la maison constituait un obstacle à la circulation. Un plan d'alignement des routes fut alors établi, en 1876, par les Ponts-et-Chaussées pour l'ensemble du département. L'ingénieur en chef signifia à la commune d'Aubusson, en 1899, que l'Etat aurait intérêt à ce que la maison soit démolie, conformément aux alignements décidés. Il s'en suivit de nombreuses délibérations du conseil municipal. C'est dans ce contexte qu'en 1901, Jules Tixier publia dans le Grand Annuaire-Almanach de la Creuse un vibrant plaidoyer destiné à sauver la maison, qualifiée "immeuble Beauvinon-Bellat", mais sans succès. La maison fut finalement détruite en 1903, et à son emplacement fut édifiée une rampe conduisant du pont au quai.

Périodes

Principale : limite 15e siècle 16e siècle, 1ère moitié 17e siècle (incertitude)

Secondaire : 18e siècle

Secondaire : 19e siècle

Le cadastre napoléonien (1812), ainsi que les cartes postales du début du 20e siècle, restituent partiellement l'aspect de cette maison. De plan rectangulaire régulier, elle était établie sur la rive droite du pont de La Terrade, à l'aplomb du lit de la rivière. Du côté est, elle était alignée le long de la rue Vaveix. Son toit à longs pans, recouvert de tuiles plates, était percé de nombreuses lucarnes à croupe débordante. Son élévation sud, du côté de l'entrée du pont, comportait trois fenêtres avec encadrement à moulurations entrecroisées et bases prismatiques. Le rez-de-chaussée était percé d'une porte centrale en plein cintre à clef passante, et, de part et d'autre, de deux baies de boutique à arc en anse de panier avec étal en saillie. L'élévation est, sur rue, était marquée par une tour dans-œuvre, dont le toit en poivrière, couvert de bardeaux de châtaignier taillés en pointe à l'égout, émergeait de la façade. Au nord, contre le pignon découvert, était accolée, sur l'angle, une tourelle en surplomb en pierre de taille, avec un cul-de-lampe mouluré. L'élévation ouest, à l'aplomb du lit de la rivière et orientée vers le pont, se signalait par une bretèche soigneusement appareillée. L'escalier en vis, en pierre, desservant les différents niveaux, était vraisemblablement positionné en milieu de bâti, dans la tour dans-œuvre de l'élévation orientale.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : granite

  2. Revêtement : enduit partiel

  3. Mise en oeuvre : moellon

  4. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile plate
Plans

plan rectangulaire régulier

Étages

étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit conique

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

État de conservation
  1. détruit

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , rue Alfred-Assolant

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1812 (A 218, 219)

Localiser ce document

Chargement des enrichissements...