Maisons et anciennes fermes : l'habitat à Niort (bords de Sèvre et Saint-Liguaire)

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1. Maisons des bords de Sèvre à Niort

Bien que liés par une histoire commune, surtout depuis leur fusion en 1972, Niort, ville-port, et Saint-Liguaire, commune rurale devenue rurbaine, présentent un habitat à l’évolution et aux caractéristiques assez différentes.

Sur les 210 maisons et anciennes fermes relevées, 96 se trouvent sur les rives immédiates de la Sèvre dans la traversée de Niort (depuis le Pissot jusqu’à Telouze). Il s’agit exclusivement de maisons, à l’exception de l’ancienne métairie seigneuriale de Telouze. Celle-ci, aujourd’hui divisée en plusieurs propriétés, présente des éléments architecturaux remontant aux 17e-18e siècles (ouvertures en plein cintre ou à encadrement chanfreiné), à côté de l’ancien logis seigneurial (13e-15e siècles). Par ailleurs, une douzaine de constructions ont été supposées dater, voire précisément datées, de la première moitié du 19e siècle, le long des quais de Niort (notamment celui de la Regratterie), aménagés à cette époque. Il s’agit, soit de maisons de notables, véritables immeubles au décor soigné, soit d’habitations à l’architecture plus modeste, mais dont le rez-de-chaussée pouvait être occupé par un atelier de chamoiserie et le grenier par un séchoir à peaux.

Plus des deux tiers des maisons relevées ont été construites pendant la seconde moitié du 19e siècle, époque florissante pour l’économie et le développement urbain de la ville. Cette frénésie de construction s’est accélérée durant les premières décennies du 20e siècle. Durant ces deux périodes, les quais de la Sèvre en aval du nouveau port et le quartier de Belle-Île se sont couverts de nouvelles habitations. Les premières villas (presque des châteaux) situées sur les hauteurs entre Saint-Martin et Telouze ont fait leur apparition dès les années 1860. Ce même secteur a continué à s’urbaniser après 1945.

La densité urbaine influence l’architecture de ces habitations et leur emplacement dans la parcelle. Par manque de place, surtout vers le centre historique, la moitié des maisons recensées sont attenantes les unes aux autres, avec tout au plus une petite cour sur le côté ou à l’arrière. Plus de la moitié également sont situées en alignement sur la voie, constituant un front de pierre le long de la rue. Tel est le cas notamment le long des quais de la Regratterie, de Cronstadt et de la Préfecture.

Le nombre de maisons indépendantes, séparées les unes des autres par un espace (cour ou jardin), augmente à mesure que l’on s’éloigne du centre ancien, notamment le long des quais de Belle-Île et Maurice-Métayer. Même là, cependant, les habitations sont souvent rapprochées, traduisant la volonté de leurs commanditaires d’avoir tous « pignon sur Sèvre ». Quelques-unes n’étaient à l’origine qu’un belvédère permettant de bénéficier du panorama, ou une construction destinée à abriter le matériel de pêche au rez-de-chaussée (inondable) et les visiteurs du dimanche dans une petite pièce à l’étage.

C’est également dans les faubourgs des bords de Sèvre que l’on trouve la plupart des vingt villas relevées à Niort dans le cadre de l’enquête. Ces villas s’égrènent le long du fleuve ou en surplombent la vallée depuis les hauteurs de Comporté, de Saint-Martin ou de Telouze. Un jardin, voire un parc, descend alors le long du coteau, reliant la villa au fleuve. Parmi ces villas, le type du chalet, inspiré des constructions montagnardes, est le plus fréquent, juste devant le type du cottage : d’inspiration anglo-saxonne, celui-ci érige la dissymétrie en règle (plan en L ou en T, avant-corps latéral en façade…), prenant le contre-pied du chalet. Quelques exemples de castel sont aussi présents sur les bords de Sèvre, constructions qui s’inspirent des châteaux notamment par la présence d’une tour.

Dans tous les cas, les maisons recensées dans la traversée de Niort sont souvent des habitations assez grandes et confortables. Plus de la moitié d'entre elles possèdent un étage, avec parfois un grenier habitable. Un quart présente même deux étages, avec souvent là aussi un grenier habitable. Ces hautes maisons sont surtout alignées le long des quais du centre-ville. Le nombre d’ouvertures en façade est un autre indice de la dimension des logements : plus du tiers des habitations présentent ainsi trois travées (alignements verticaux) d’ouvertures. Signe de l’aisance des commanditaires des constructions, un tiers d’entre elles ont leur façade entièrement édifiées en pierre de taille, une mise en œuvre plus coûteuse que les simples moellons enduits.

3. Maisons de bourg et anciennes fermes à Saint-Liguaire

105 maisons et fermes ou anciennes fermes (une seule est encore en activité, à Sevreau) ont été relevées à Saint-Liguaire au cours de l’enquête. Une sur cinq semble avoir été édifiée au 18e siècle, voire avant comme le logis de ferme proche du pont de Sevreau (16e-17e siècles). Les trois quarts des habitations recensées remontent à la seconde moitié du 19e siècle, notamment aux années 1850-1880, époque de prospérité tant pour Niort et ses faubourgs que pour les Marais poitevin, aux portes de Saint-Liguaire.

La très grande majorité des habitations (plus de huit sur dix) sont des maisons, signe d’un habitat avant tout résidentiel, situé dans la périphérie de Niort, et d’une économie agricole malgré tout modeste, reposant sur de petites fermes familiales et non sur de grosses exploitations. 16 fermes ou anciennes fermes ont malgré tout été recensées, ainsi que 24 maisons dites rurales, c’est-à-dire disposant de petites dépendances (toits, grange, étable…). Toutes ces dépendances sont de taille modeste, exceptées celles de la métairie de Chey et la seule grange à façade en pignon recensée, à Sevreau, capable d’accueillir du matériel et des troupeaux importants. La majorité des fermes ont leur bâtiments jointifs, accolés les uns aux autres autour d’une cour, sans ordre particulier. Une seule ferme de plan en L a été relevée, à la Grande Moucherie, et deux fermes bloc en longueur (les dépendances sont situées dans le prolongement du logis et sous le même toit que lui), à la Tiffardière et à Tout-Vent.

Maisons ou anciennes fermes sont pour plus de la moitié regroupées dans le bourg de Saint-Liguaire. La Tiffardière et la Grande Moucherie rivalisent à peine, et rares sont les fermes isolées (Chey, la Petite Moucherie). Cette densité de l’habitat a, là encore, un impact sur l’architecture des habitations et leur répartition sur la parcelle. Les trois quarts des maisons sont des maisons attenantes, et plus des deux tiers sont soit en alignement sur la voie, avec juste une petite cour ou jardin à l’arrière, soit placées perpendiculairement à la rue, de façon à se partager le plus possible la place disponible. Cette densité rejaillit aussi sur la conception des logements : les trois quarts possèdent un étage, avec souvent un grenier. Les habitations en simple rez-de-chaussée et avec grenier, qui caractérisent pourtant généralement l’habitat rural, sont bien moins nombreuses. Les logements sont aussi moins grands qu’ils peuvent l’être sur les bords de Sèvre à Niort : la majorité des façades ne présentent que deux travées d’ouvertures, voire une seule.

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