Château Poyanne

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Gauriac

Le toponyme est à rapprocher de la seigneurie de Poyanne à Bourg. L'érudit local Jacques Lisse a enquêté sur cette histoire complexe, dont sont restitués ici les principaux éléments : en 1603, Jacques François de Lazaro est écuyer, seigneur de Poyanne, La Libarde et Lafosse et autres lieux. Sa fille Jeanne Catherine de Lazaro épouse en 1616 François de Calmeilh, seigneur de Turtault ; d'un second mariage, Jacques a également un fils, Pierre de Lazaro, qui épouse Anne Robert : leur fille Jeanne de Lazaro épouse à Bordeaux le 24 février 1663 Gabriel de Nort.

Le site de Gauriac apparaît tantôt sous le nom de Poyanne (en référence à la seigneurie-mère de Poyanne) et Carmel ou Cameilh (en référence au propriétaire qui en bénéficie par alliance matrimoniale avec les Lazaro). A partir du 18e siècle, l'exploitation de carrières est attestée : un procès oppose ainsi François de Calmeilh aux pierriers en 1728 (AD Gironde, 3 E 25511, notaire Robert) ; un peyrat aménagé sur les bords de l'estuaire permet au propriétaire d'accéder à son île, qui porte également son nom. François de Calmeilh a aussi quelques démêlés avec ses voisins Jacques Furt, conseiller à la cour des Aides, marié à Madeleine Barriou : en 1732, ces derniers lui reprochent d'avoir fait un chemin à travers leur propriété, en comblant un fossé, et d'avoir empiété sur l'exploitation de leurs carrières (AD Gironde, 3 E 25513, notaire Robert).

A partir de 1742, la propriété de Poyanne est entre les mains de François II de Calmeilh (vers 1690-1766) qui épouse Madeleine Cadouin le 15 mai 1721 (AD Gironde, 3 E 24945). Selon un inventaire daté 1742, les bâtiments sont alors composés d'"une maison noble avec les biens en dépendant, comprenant un grand corps de logis composé de plusieurs chambres hautes et basses, d'un pavillon carré avec cuisine, chai, cuvier et bâtiments, cour, jardin, bosquet, carrier, un grand chai avec grenier sur le pavillon de tuiles plates" (cité dans l'ouvrage consacré à l'histoire de Gauriac). A sa mort en 1766, un inventaire des biens fournit de nouvelles indications concernant l'organisation des bâtiments.

François III (né vers 1722-1770) épouse le 21 septembre 1761 Louise Gaigneron des Vallons, créole de la Martinique (AD Gironde 3 E 17574, Me Perrens à Bordeaux). Il est inhumé dans l'église de Gauriac le 20 novembre 1770.

D'après Johel Coutura, la demeure qui "conserve de son ancienne structure le porche d'entrée carré et différents autres éléments", est reconstruite "à la moderne peu avant 1780". Toutefois, Jacques Lisse souligne les incohérences entre les différents inventaires dressés dans la 2e moitié du 18e siècle, ne correspondant pas aux bâtiments conservés aujourd'hui. Le domaine est mis sous séquestre le 14 mai 1792. Un inventaire du mobilier est dressé par Raymond Duthil juge de paix du canton de Saint-Ciers-de-Canesse (AD Gironde, Q 949).

Le 31 novembre 1792, on procède à l'adjudication de la ferme judiciaire de Poyanne et de sa carrière (limitée à 5 ouvriers) ; les experts ont fixé à 50 000 livres la valeur du château, de ses journaux et des 122 journaux de l’île Calmeilh. Les enchères partent à 2 400 livres et se terminent à 8 600 au profit d’un commerçant de Bordeaux, nommé Millian (AD Gironde, Q 1194) ; la durée du bail est de 3 ans.

Le 8 pluviôse an II (27 janvier 1794), la vente du domaine est annoncée et Pierre Leydet emporte l'adjudication pour 110 000 francs. Ce dernier, bourgeois de Bourg et courtier royal en grains, administre également d'autres propriétés, notamment le château de Mille-Secousses et le domaine de Rider. Sa fille, Marie Madeleine (née en 1785), épouse Daniel Théotime Pastoureau.

La demeure est sans doute remaniée à la fin du 18e siècle ou au début du 19e siècle pour Pierre Leydet, puis pour son gendre Pastoureau. Les bâtiments sont représentés sur le plan cadastral de 1820, au nom de Pastoureau : la demeure figure avec un avant-corps et une terrasse donnant sur des jardins (parcelle 319, verger en parcelle 330). Des bâtiments de dépendance disposés en L forment une cour à l'arrière de la maison. L'accès à cette cour s'effectue par une longue allée. Les parcelles alentours sont plantées en vigne (306, 318, 320, 322, 326, 327, 331, 332, 335-337), de "joualles" (323, 325, 334), d'une aubarède en bord de Gironde (310) et de bois (321, 338). La propriété comprend également plusieurs "ouvertures de carrière" (314, 315, 317), une "maison dans le roc" (316) et un lavoir (312). Enfin, une maison est indiquée en bordure de Garonne (309), accessible par un chemin aménagé dans la falaise depuis les jardins.

Selon le Traité des vins de W. Franck de 1824, le domaine, en possession de Pastoureau, procureur à Blaye, produit alors de 20 à 25 tonneaux. La propriété viticole est mentionnée par la suite dans les éditions successives de l'ouvrage Bordeaux et ses vins : en 1850, Pastoureau produit 50 tonneaux de vin. Selon le registre des augmentations et diminutions du cadastre, la "maison dans le roc" est démolie en 1870. En 1874, année du décès de Théodore Pastoureau, ancien préfet d'empire, sa veuve Marie-Louise Gérus de Laborie est mentionnée comme propriétaire et produit 25 tonneaux. Dans l'édition de 1893, le cru de Poyanne est associé à celui du Breuil à Bayon-sur-Gironde, toujours entre les mains de la famille Pastoureau. Après la faillite d'Arthur Pastoureau, la propriété d'environ 14 hectares, comprenant "une belle maison de maître avec terrasse et véranda du côté du fleuve", de nombreuses terres et vignes mais aussi "de grandes carrières de pierre" est mise en vente judiciaire en 1895. Le domaine est acquis par M. Goudounnèche, dont l'une des filles, Lucie, épouse le colonel Jean Ferrandi, officier saint-cyrien de l'infanterie coloniale, créateur de l'Union nationale des anciens combattants coloniaux, écrivain, conseiller général de la Seine, conseiller municipal à Paris après une carrière militaire en Afrique. Décédé en 1935, il est enterré dans le cimetière de Gauriac.

Périodes

Principale : 18e siècle

Secondaire : limite 18e siècle 19e siècle

D'après les cartes postales, la demeure domine la falaise en bord de Gironde. Il s'agit d'une maison en rez-de-chaussée avec un avant-corps central à trois pans couronné d'un fronton courbe ouvert d'une baie. La travée centrale dans laquelle s'inscrit la porte en arc segmentaire est traitée en bossage plat continu. Les fenêtres de part et d'autre sont également en arc segmentaire tandis que les autres sont à plate-bande. L'ensemble de la façade est percée de 11 ouvertures. Un bandeau mouluré règne au-dessus puis une corniche : entre les deux, des jours ovales sont percés.

La façade donne sur une terrasse à balustrade permettant l'accès aux jardins avec des escaliers à double volées puis un escalier droit.

Les bâtiments de dépendance se trouvent à l'arrière de la demeure, disposés en L : ils sont dotés d'un porche coiffé d'une toiture en pavillon.

L'accès à la propriété s'effectue par une longue allée bordée d'arbres située au nord-est.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Étages

en rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier symétrique

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Gauriac , 17 route de la Gabare

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Poyanne

Cadastre: 1820 B1 329, 2020 AB 179

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