Les chais et les cuviers de Margaux

France > Nouvelle-Aquitaine > Margaux-Cantenac

Quelques exemples de chais datant du 18e siècle sont conservés : ils réunissaient probablement dans un même espace cuvier et chais de vieillissement. Celui du château Doumens présente des baies en arc segmentaire et une corniche en quart de rond. Le château Rauzan-Ségla conserve également des chais du 18e siècle présentant très peu d´ouvertures. D´autres bâtiments plus modestes datent peut-être aussi de cette époque : leur appareillage soigné avec moellons et jambes en pierres de taille oriente vers cette datation ou bien vers le début du 19e siècle (chai isolé Cours Pey-Berland, chai à l´arrière de la Maison des vins). On note également deux exemples de chais à barriques installés dans le niveau de soubassement d´une demeure en rez-de-chaussée surélevé (Château Segones et Château Canuet). La plupart des chais datent toutefois de la 2e moitié du 19e siècle. Chais et cuviers peuvent alors être abrités dans des bâtiments distincts mais souvent juxtaposés. Une seule date portée a été recensée, correspondant plutôt à un remaniement (date de 1903 inscrite dans le sol cimenté du chai de Malescot-Saint-Exupéry). En revanche, quatre chais peuvent être attribués à un architecte : celui de Château Margaux à Louis Combes (1802-1811), ceux de La Colonie et de Malescot-Saint-Exupéry à l´architecte Louis-Michel Garros et enfin celui de la Villa des Roses à Ernest Minvielle. Certains chais ont été détruits (maison de vigneron de Jean Verrière), d´autres ont été, semble-t-il, transformés en logement (2 rue Mangin). Les grands domaines viticoles procèdent depuis ces vingt dernières années à de nombreux travaux et aménagements exigés par les innovations technologiques que connaît le monde viticole. De nombreux chais sont ainsi construits (Marquis de Terme, Château Lascombes) et viennent remplacer ou compléter les chais traditionnels. Ceux-ci peuvent alors changer de fonctions et être réaménagés en espaces d´accueil ou de dégustation. Quelques architectes se sont spécialisés dans la construction d´espaces viticoles, comme Bernard Mazières, qui a conçu le chai souterrain de Château Margaux. L´intérieur des chais a été ainsi profondément modifié : les cuves en ciment puis en inox ont remplacé les foudres en bois qui ne sont conservés qu´à Château Margaux.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : 20e siècle

Principale : 21e siècle

On peut distinguer les chais dépendant des grands châteaux viticoles, qui présentent bien souvent une architecture monumentale et soignée, des chais accompagnant les maisons de vigneron plus modestes. Pour ces dernières, cuvier et chais sont bien souvent compris dans l´espace même de la maison (la Ménardière, maison de vigneron aux Gondats) et se résument à la présence d´une ou deux cuves et d´un appentis à l´arrière de la maison pour stocker quelques tonneaux. Dans d´autres cas, les chais sont situés dans le prolongement du logis (Cru Charmant) ou bien disposés autour (26 rue du Général de Gaulle) ou à l´arrière d´une cour (Cru Corneillan). On trouve aussi l´exemple du chai disposé perpendiculairement sur la façade postérieure du logis (avenue Jeanne d´Arc, domaine Montlouis-Gasparoux, domaine de l´Ile Margaux, Château de l´Ile Vincent). Le chai constitue parfois le bâtiment principal éclipsant la partie habitation (Château Baraillot, maison-chai du 5 rue du général Foch). D´autre part, une autre distinction apparaît : les chais dits médocains s´organisent selon deux niveaux, permettant de réceptionner la vendange à l´étage et de remplir ainsi plus facilement les cuves. Les cuviers du château de Malescot (celui jouxtant le château et celui de La Colonie) constituent des modèles du genre. Autres exemples de cuviers à deux niveaux, le cuvier de L´Estonnat, construit à distance du château du même nom, le Baraillot ou encore l´ancien cuvier du Château de l'Ile Vincent. L´autre type de chai est en rez-de-chaussée, comme l´illustre le cuvier de Château Margaux. Dans ce cas, le chai est disposé parallèlement au cuvier et complété par un autre chai pour le vin de seconde année. De manière générale, ces bâtiments présentent peu d´ouvertures pour éviter la lumière et préserver le vin de la chaleur, en revanche de petites baies munies de volets permettaient d´aérer et de tempérer les espaces afin de maîtriser au mieux la température à l´intérieur des bâtiments. Il est parfois difficile d´identifier exactement la fonction de certains bâtiments de dépendance présents dans le bourg, accompagnant les maisons dans des arrière-cours : s´agissant de bâtiments souvent aveugles ou avec très peu d´ouvertures, nous avons estimé qu´il s´agissait certainement de petits chais ou de petits celliers abritant quelques tonneaux pour une consommation personnelle. Certains présentent deux niveaux avec une porte haute centrale : simples lieux de stockage ou bâtiment de vinification, leur fonction n´a pas pu être précisée. En revanche, d´autres se distinguent nettement avec des dimensions particulièrement imposantes, comme celui du château Lagurgue : à deux niveaux, sa vaste façade présente une travée centrale formant pignon accentuant la recherche de symétrie. De même, le bâtiment du Clos des Quatre Vents, dont les dimensions importantes correspondent certainement à la production en grande quantité de vin de palus. Ce bâtiment a peut-être également servi d´étables à vaches. Les chais et cuviers de Durfort-Vivens présentent une architecture soignée avec une recherche au niveau des matériaux (brique, moellons, pierres de taille). Le cuvier qui était organisé selon deux niveaux conserve une charpente en bois renforcée par des tirants et des tendeurs métalliques. Cette technique permettait d´offrir un espace plus vaste sans poteaux porteurs intermédiaires. Autre spécificité de Durfort-Vivens, le chai également à deux niveaux avec un système de rampe permettant de déplacer les barriques plus facilement. Enfin les chais de la Villa des Roses, réalisés par Ernest Minvielle, se distinguent par leur plan original (trois vaisseaux disposés parallèlement à l´arrière d´un corps de bâtiment servant de lieu d´accueil) et le traitement soigné (polychromie des matériaux, toits débordants avec aisseliers).

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