Eglise paroissiale Saint-Pierre

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Barzan

L'église a succédé à une autre qui se trouvait, depuis le Moyen Âge sans doute, dans l'angle nord-est du cimetière. Cette église est connue par un plan établi en 1861 par l'arpenteur-géomètre Michel Augier, de Talmont. De plan en croix latine, elle comprend une nef, relativement courte, deux chapelles latérales, à pignon découvert, un chevet à sept pans et une sacristie. La chapelle nord est vouée à la Vierge, la chapelle sud, dédiée à saint Joseph, contient les fonts baptismaux. L'église dans son ensemble est couverte d'une charpente masquée par un tillis. Sur la façade ouest, un clocher mur forme une légère avancée. Terminé par un fronton et une croix, il soutient sans doute la cloche datée de 1608, encore mentionné en 1908 (classée au titre des Monuments Historiques). On pénètre à l'intérieur en descendant quelques marches. Le chœur, délimité par une clôture, contient un maître-autel de type tombeau.

Rattachée au moment du Concordat de 1801 à la paroisse de Talmont, l'église de Barzan en est séparée le 6 juin 1846 pour constituer une paroisse à part entière, avec M. Bourdiol comme curé. L'église connaît des travaux de réfection dès 1838 et des réparations urgentes à la charpente et au tillis en 1840. Ces travaux s'accélèrent après le rétablissement de la paroisse, sous la houlette du curé Bourdiol : la table de communion est refaite, un escalier est placé à la chaire, deux colonnes viennent soutenir la tribune, et Un nouvel autel est inauguré en 1852.

Malgré ces travaux, et alors que la commune se développe grâce à la modernisation du port des Monards, l'église s'avère vite trop petite, en plus d'être vétuste. Le 7 septembre 1859, sur invitation du maire de Barzan et du sous-préfet de Saintes, l’architecte bordelais Gustave Alaux, déjà appelé par la municipalité de Mortagne pour son église quelques années plus tôt, effectue une visite intérieure et extérieure de l’église de Barzan pour établir un devis des travaux jugés indispensables pour sa restauration. Il rend son verdict le 23 septembre : l'église, "dans un état déplorable", "est un édifice informe, malsain, pas solide et dans le plus triste état de vétusté et de dégradation" ; toute réparation serait vaine, et il convient d'envisager la construction une nouvelle église. Le 20 juillet 1860, Gustave Alaux présente un devis pour cette construction, d'un montant de 18000 francs.

Une telle somme effraie la municipalité qui, dès le 22 juillet, demande une contre-expertise à Etienne Picoulet, entrepreneur à Barzan. Peut-être pour s'assurer le chantier de réparation, celui-ci contredit l’expertise de l’architecte Alaux, affirmant que l’église est dans en bon état général ! Il préconise alors de simples aménagements, notamment pour ce qui concerne l'humidité des murs, due à la position de l'église en contrebas du terrain. Dès lors, le conseil municipal rejette la proposition d'Alaux, trop onéreuse. Le 10 octobre, un rapport de l’architecte départemental confirme que la reconstruction n’est pas urgente et que de simples réparations peuvent être engagées. L'opération est alors confiée à B. Londes, architecte à Saintes, qui présente son projet le 11 avril 1861 : remaniement complet de la toiture, recouvrement des pignons en dalles de pierre de taille de Bourg, le revêtement du mur de la chapelle sud également en pierre de taille de Bourg, déblaiement des abords de l’église de manière à diriger l’eau, pavage des caniveaux, crépissage et de l’église, et rejointement, en ciment romain, des murs du clocher, le tout pour 1641 francs. Adjugés à Picoulet le 31 décembre 1861, ces travaux sont achevés en juillet 1862.

Ces réparations ne suffisent pourtant pas. Une souscription est lancée en janvier 1862 pour financer de nouveaux travaux, réalisés en 1863. Le 17 octobre 1864, un nouveau devis de 400 francs est établi par le sieur Roy, ouvrier tailleur de pierres, pour faire repeindre et redorer le maître autel, crépir et blanchir les murs de la chapelle de saint Joseph dont les murs sont dégradés à cause de l’humidité, percer une croisée dans le mur sud de la chapelle pour faire entrer davantage de lumière, établir un plafond en plâtre et en plein cintre sous le vieux tillis, et enfin refaire le pavement. Pierre Raine, entrepreneur de bâtiments, est engagé pour réaliser une partie de ces nouveaux travaux, le 6 décembre 1864. Le 29 décembre 1866, un nouveau devis, de 1314 francs, arrive sur le bureau du maire, cette fois de la part du sieur Couturier, pour démolir le vieux tillis de la nef et le refaire en plâtre et en plein cintre. Dans le même temps, le conseil de fabrique propose d’agrandir l’église en prolongeant la façade de 4 mètres vers l’ouest. Un devis de 1811 francs est établi en ce sens le 7 mai 1867.

Face à tant de dépenses successives et, finalement, inefficace, on se résoud à de nouveau faire appel à Gustave Alaux. Il présente son projet de construction d'une nouvelle église le 19 mai 1869. La dépense s’élèvera à 21500 francs, financée en grande partie par la commune, par un emprunt, et avec un secours de l’Etat. Les contreforts et la façade seront en pierre de Bourg, les voûtes seront en pierre. La vieille église sera démolie et ses matériaux vendus. Retardé par la guerre de 1870, relancé par une souscription, le projet est repris le 8 septembre 1874 par le fils de Gustave Alaux, Michel, lui aussi architecte à Bordeaux. Il propose que les fondations de l'église soient en moelons extraites à Barzan, au moulin de Doré (au sud de Chez-Jourdain) ; les angles seront en pierre de taille de Bourg, de même que les contreforts, les colonnes et les pilastres intérieurs, les arcs doubleaux et les ogives ; la voûte sera remplie en pierre de Bourg, et le carrelage sera fait en carreaux de Gironde blancs et rouges. Le 13 mars 1875, Michel Alaux complète son projet par un clocher-porche similaire à celui de Mortagne. Le premier niveau, le beffroi, la flèche et les voûtes des différents niveaux seront en pierre de taille de Bourg. Selon un devis complémentaire présenté le 13 mars 1876, la dépense pour le clocher s'élèverait à 8500 francs.

En attendant une décision pour le clocher, les travaux de construction de la nouvelle église sont adjugés le 29 décembre 1875 à Faustin Cros, entrepreneur à Cozes. En avril 1878, il obtient aussi finalement la construction du clocher, dont le projet a été révisé (la flèche sera construite en pierre de Thénac, et non en pierre de Bourg). Les sculptures (chapiteaux, culots et clés de voûte de la nef, fleurons, chapiteaux et clé de voûte du clocher) sont commandées dès le 16 mars 1878 à M. Barbot, sculpteur à Royan. Un paratonnerre est fourni par M. Buchin, électricien à Bordeaux. Le 1er juillet 1878, l'architecte Michel Alaux certifie que la construction du clocher est sur le point de s’achever.

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1878, porte la date

Auteurs Auteur : Alaux Michel

Membre d'une dynastie d'architecte, fils de l'architecte Gustave Alaux (qui a réalisé le clocher-porche de Mortagne-sur-Gironde), Michel Alaux est installé à Bordeaux. Président de la Société des architectes du Sud-Ouest, on lui doit entre autres la banque de France de Bordeaux, l'église de Saint-Georges-de-Didonne et l'achèvement de l'église Notre-Dame d'Arcachon.

, architecte (attribution par source, signature)
Auteur : Alaux Gustave, architecte (attribution par source)
Auteur : Barbot Jean-Adrien, sculpteur (attribution par source)

L'église, vouée à saint Pierre, se situe au centre du bourg de Barzan, à l'arrière d'une petite place. De plan en croix latine, elle comprend un clocher-porche, une nef unique à trois travées, deux bras de transept à pignon découvert, correspondant à deux chapelles latérales, et un chevet à trois pans. Ce dernier est soutenu par des contreforts et est percé de cinq baies en arc brisé, chacune surmontée d'un larmier. La sacristie occupe l'angle nord-est de l'église, entre le bras nord du transept et le chevet.

Coiffé d'une flèche octogonale en pierre de taille, le clocher, également en pierre de taille, présente de fortes similitudes avec celui de Mortagne-sur-Gironde (construit, comme lui, par la famille d'architectes Alaux). Il comprend trois niveaux, est soutenu par des contreforts d'angle et est percé de baies en arc brisé. Le troisième niveau est orné d'arcs brisés aveugles dans lesquels s'inscrivent les baies. La flèche est soulignée par une corniche à modillons et est percée de lucarnes à fronton triangulaire. Au sommet de la flèche s'élève une croix en ferronnerie.

La nef est elle aussi percée de baies en arc brisé, trois de chaque côté, chacune ornée à l'extérieur d'un larmer. Les murs sont soutenus à l'extérieur par des contreforts, au niveau des arcs doubleaux qui, à l'intérieur, séparent les travées et soutiennent la voûte en pierre. Chaque travée est voûtée d'ogives qui retombent sur des piliers. Les deux chapelles latérales sont séparées de la travée d'avant-choeur par un arc brisé. Chacune possède une voûte en berceau brisé et est éclairée par une baie en arc brisé. Le choeur est séparé de la croisée du transept par un arc doubleau brisé soutenu par deux colonnes engagées. Le choeur présente une voûte d'ogives à six quartiers, retombant sur des culots.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Plans

plan en croix latine

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. voûte en berceau brisé voûte d'ogives
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
Décors/Représentation
  1. Representations : armoiries


Précision sur la représentation :

Les murs intérieurs de la nef sont décorés d'une bande bleue peinte qui recouvre une frise florale plus ancienne.

Les clés de voûte du porche sous clocher, de la nef et de la croisée du transept portent chacune un décor sculpté et des inscriptions, liés à la construction de l'église en 1878 :

- sous le porche : les attributs de l'architecte (compas, règle...) et l'inscription "M. ALAUX ARCHITECTE 1878" ;

- dans la première travée à partir de l'ouest : une fleur, les noms du maire Goguet, de son adjoint, Beguet, en poste au moment de la construction de l'église, et probablement de donateurs ayant participé au financement : Fouché, Maillard, Jean, Roy, Moreau, Courprie, Giraudet, etc. ;

- dans la seconde travée : des fleurs de lys, le nom du curé en poste au moment de la construction de l'église, P. Lavergne, la date 1878 et les noms d'autres donateurs : Fouché, Tesson, Fournier J., Beguet P. et Lucazeau ;

- dans la troisième travée : les armoiries et la devise de Mgr Thomas, évêque de La Rochelle et Saintes de 1867 à 1883 (devise : "NIL FORTIUS NIL DULCIUS" ;

- dans la croisée du transept : les armoiries du pape Léon XIII et l'inscription "LEON XIII SOUVERAIN PONTIFE 1878".

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Barzan

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 2009 OB 381

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