Maisons, fermes : l'habitat à Jouhet

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En 1840, la commune compte dans ses propriétés bâties 93 maisons, un château et une huilerie. En 1871 et en 1886, le récapitulatif des propriétés bâties compte 187 maisons, un château, un moulin, une huilerie et trois tuileries.

Périodes

Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

De nombreuses fermes du 19e siècle

La commune de Jouhet a une vocation agricole très marquée et compte une majorité de fermes : 90 d'entre elles ont fait l'objet d'un dossier individuel dans le cadre de l'étude de la commune. Isolées ou regroupées en hameaux, la plupart d'entre elles figurent sur le plan cadastral de 1840, même si certaines ont été modernisées et reconstruites depuis.

À Jouhet, on retrouve sur une dizaine de granges, construites dans le dernier tiers du 18e siècle et la première moitié du 19e siècle, un détail architectural peu habituel : au-dessus de la porte, un larmier, petite corniche en pierre, permet de protéger le linteau en bois de l'atteinte directe des intempéries. Toutes ces granges figurent sur le cadastre de 1840 et possèdent un plan identique ; il s'agit en majorité de granges-étables dont l'entrée se situe sur un mur pignon. Ces larmiers sont particulièrement fragiles et voués à la destruction lors de la modernisation des exploitations agricoles [voir détail en annexe].

Avec la mise en culture des brandes et l'amélioration des méthodes de culture, plusieurs fermes ou parties de fermes (granges) sont reconstruites dès les années 1830 : les dates inscrites ou les tables d'augmentation et diminution des impositions foncières en attestent.

Ainsi, une grange à la Grange, aujourd'hui détruite, portait la date de 1835. Le logement de la ferme de la Chauvetterie porte la date de 1840.

À la suite de la reconstruction du logis de la Canne dans les années 1850, la ferme qui en dépendait est reconstruite en 1860, date portée sur une charpente avec la signature du charpentier Peignon fils. Alors que les fermes plus anciennes comprenaient plutôt des bâtiments dispersés et séparés les uns des autres (logement, granges-étables, toits pour les porcs, bergerie, four à pain souvent dans un bâtiment indépendant abritant parfois aussi la buanderie, puits...), cette ferme s'organise autour d'une vaste cour, avec le logement au fond et les vastes granges-étables en retour d'équerre.

La plupart des anciens toits à porcs étaient précédés d'une cour enclose d'un muret, permettant d'éviter la divagation des animaux. La « cuisine-cochon », où l'on cuisait les aliments destinés aux porcs, pouvait être séparée du toit à porcs, comme c'est le cas pour une ferme de Rillé.

Des maisons à balet, des inscriptions protectrices

Une dizaine de maisons comportent un escalier de distribution extérieur, généralement un escalier droit plaqué contre la façade et couvert par un auvent ou « balet ». Un évier (« marée ») se trouve le plus souvent sur ce palier. Le logement se situe à l'étage, alors que le rez-de-chaussée comprend une pièce parfois semi-enterrée servant de lieu de stockage (chai) ou de travail (atelier). Une de ces maisons, située dans le bourg, a abrité l'atelier de tissage de la famille Peignelin, dont le nom désigne le métier de peigneur de chanvre ou de laine. En 1832, la mairie louait un local pour y loger le desservant de l'église, mais il manque de confidentialité en raison de la proximité avec le logement du tisserand. Un courrier adressé au préfet nous montre l'imbrication des maisons et de leurs dépendances. « L'extrémité de cette maison appartient du chef de son épouse au sieur Peignelin Joseph tisserand et que même s'il possède tout le dessous d'une des chambres occupées par M. le desservant ce qui est déjà incommode à cause du bruit qu'il peut faire mais la plus grande incommodité provient d'une petite fenêtre qui donne une faible clarté à ce dessous et d'où l'on peut voir et entendre tout ce qui se passe dans la cour du presbytère ce qui devient extrêmement gênant. Il paraît qu'on ne peut légalement forcer le sieur Peignelin à condamner cette fenêtre et d'ailleurs il n'en peut avoir que sur la dite cour à moins de se résigner à une obscurité complète ; sur quoi il aurait proposé de céder ce dessous à la commune moyennant qu'elle lui céderait en contre-échange une étable en écurie attenant au logement et dépendant du nouveau presbytère. »

Certaines maisons ou dépendances agricoles ont été placées sous la protection de Dieu. Ainsi, une maison du Pouilloux porte le monogramme IHS (Iesus Hominis salvator [Jésus sauveur des hommes]) et la date 1769. En raison de la présence d'un escalier extérieur aujourd'hui détruit, il s'agit plutôt d'une maison d'artisan que d'un établissement religieux.

Les dépendances agricoles de trois fermes et une maison du bourg portaient en 1976 des croix blanches peintes à la chaux au-dessus des portes. Cette pratique courante au 19e et au début du 20e siècle, attestée dès le 12e siècle dans le cartulaire de l’abbaye de la Merci-Dieu, visait à protéger la maison, ses habitants et son bétail. Certaines ont disparu suite au cours des rénovations récentes, quelques-unes subsistent. Dans l'une des fermes, la peinture à la chaux sert également à rehausser le contour des fenêtres.

Les logements

Les logements de l'Ancien Régime ont tous été remaniés. Sept manoirs ou maisons conservent encore des linteaux de porte ou de fenêtre ornés d'un arc en accolade, dont certains ne sont manifestement pas à leur place d'origine. Quelques arcs en plein cintre et quelques linteaux portant un blason ont été repérés. Une quinzaine d'édifices ont des baies chanfreinées pouvant se rapporter au 17e ou au 18e siècle.

La majorité de ces logements ont été abandonnés au 19e siècle au profit de logements plus récents. Certains d'entre eux étaient intégrés dans une grange, séparés de celle-ci par une simple cloison. Ils ne comportaient qu'une pièce, avec une pierre d'évier très débordante et une cheminée.

Les travaux d'aménagements des abords du bac puis la mise en service du pont entraînent un changement de tracé des rues, d'abord avec la percée de la rue de la Gartempe, dans l'axe du pont, puis celui de la rue de Saint-Germain. Les deux maisons à l'angle de la rue du Vieux-Pont sont construites vers 1876, chacune avec un pan coupé qui épouse le nouveau tracé de la rue.

À Jouhet cohabitent l'utilisation de la tuile plate et de la tuile creuse, concurrencées aujourd'hui par la tuile mécanique. Seuls quelques logements de la fin du 19e siècle ou du début du 20e siècle sont couverts d'ardoise, parfois remplacée aujourd'hui par une ardoise reconstituée.

Les maisons du dernier quart du 19e siècle et du 1er quart du 20e siècle ont presque toutes une façade ordonnancée en deux ou trois travées, avec un étage et/ou un comble à surcroît.

Une petite maison du Pouilloux, construite probablement au début du 20e siècle (vers 1920/1930?), dont il n'a pas été possible de retracer l'histoire, présente un décor inspiré de l'Art décoratif.

À l'entrée du même hameau, une maison a été construite en 1958 sur les plans de Morin, architecte à Châtellerault, sur le modèle d'une maison repérée par les propriétaires du terrain à Berck-sur-Mer.

Patrimoine de l'eau : puits, mares, étangs

L'adduction en eau potable n'a été réalisée qu'en 1972. La plupart des fermes et maisons possèdent un puits. Plus d'une cinquantaine de puits ont ainsi été repérés, à margelle circulaire ou carré, localisés près de la porte du logement, plus rarement près d'une grange ou dans la cour d'une ferme ; quelques-uns sont isolés en bordure du bourg de Jouhet, pour alimenter les jardins. Rares sont les puits publics ou communs à un ensemble de maisons. Beaucoup conservent leur superstructure métallique. Quelques-uns ont été surmontés d'une pompe.

La commune comprend de nombreux rus et sources, dont plusieurs se réunissent pour former le ruisseau du Chambon et les rus du bourg. La source située près du manoir de la Cadrie, aujourd'hui privée, avait pour particularité d'être pour partie à usage du châtelain, pour partie à usage des habitants des hameaux de la Cadrie et de Pouilloux ; le petit édicule comprend deux ouvertures, restituées il y a quelques années par son propriétaire. Elle alimente un bassin aménagé en lavoir et abreuvoir.D'autres têtes de bassins ont été aménagées pour servir d'abreuvoir et/ou de lavoir, comme dans les bois près de Peugilard, au lieu-dit Prés-de-Barret. Le domaine de la Canne possédait un lavoir privé. Des lavoirs publics étaient aménagés dans le bourg de Jouhet et à Rillé.La commune compte également de nombreux étangs, même si certains ont été remblayés notamment dans la deuxième moitié du 19e siècle, par exemple les étangs de Calabre, aux abords de Sainte-Marie. La ferme a été construite entre cet ancien étang et le « Petit-Etag », qui existe toujours.

La plupart des fermes ou des hameaux possédaient une mare servant notamment à abreuver les animaux.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Revêtement : revêtement

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