Les carrières de Bayon-sur-Gironde

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L'exploitation de la pierre dans le secteur de la Roque de Thau semble remonter à l'Antiquité. Des moellons en calcaire tendre de Bourg ou de la Roque de Thau ont ainsi été utilisés pour la construction du Palais Gallien ou des Piliers de Tutelle à Bordeaux.

Elle est également mentionnée sur les cartes de la 2e moitié du 18e siècle. Ainsi, Magin indique sur sa carte de la Garonne levée entre 1752 et 1755 la "Côte de Roque de Tau où l'on tire une grande quantité de pierres dont tout le déblay se jette à la rivière". Sur la carte du cours de la Garonne de 1755, il est indiqué que "Toute la côte depuis la Roque de Tau en remontant vers Bourg est de rocher escarpé où il y a nombre de belles carrières où ce tire presque toute la pierre pour Bordeaux".

A la fin du 18e siècle, les registres de délibération de la commune témoignent d'une surexploitation des carrières et d'abus : les piliers permettant d'assurer la sécurité et la solidité dans les galeries sont taillés, mettant en péril les ouvriers qui y travaillent. Un "conducteur des carrières" est chargé de contrôler leur état : Michel Viaud a cette charge à la fin du 18e siècle.

Les carrières sont tantôt exploitées à ciel ouvert, tantôt par galeries accessibles par le pied du coteau ou par des puits. L'ensemble du sous-sol de la commune est ainsi creusé, y compris sous l'église.

Une réglementation se met en place pour assurer la sécurité de ces exploitations. La déclaration du 17 mars 1780 interdit ainsi d'ouvrir une carrière ou de la prolonger à moins de 60 m de distance des routes et des murs des constructions ; un arrêté municipal du 1er février 1839 réduit toutefois cette distance à 40m.

La loi du 21 avril 1810 concernant les mines, les minières et les carrières fonde le droit minier en France. Le décret impérial du 3 janvier 1813 contient les dispositions de police relatives à l'exploitation des mines. L'ordonnance du 2 décembre 1844 porte règlement pour l’exploitation des carrières de la Gironde.

A la même époque, J.B. Saincric dépeint les difficiles conditions de travail des ouvriers dans les carrières. Il dénonce notamment l'emploi des enfants, qui par leur petite taille, sont abusivement utilisés pour accéder aux galeries les plus étroites. Le 28 mai 1846, un jugement de police correctionnelle rendu par le tribunal de Blaye condamne le sieur Michel Roy à 100 francs d'amende pour avoir employé au roulage intérieur des pierres extraites de la carrière d'Eyquem, sa fille, Rose Roy, âgée de moins de dix ans, violant ainsi l'article 29 du décret du 3 janvier 1813.

Dans ce cadre, les propriétaires sont amenés à solliciter des autorisations de carrières et à signaler tout incident. En 1844 et 1845, les exploitations de la dame Cailleux et du sieur Grimard mettent en danger "la fontaine de la Reuille, le chemin de la chicane et les habitations". Le rocher de M. Blouin constitue également un danger, signalé dès 1847. En 1858, des éboulements dans les carrières de Benassit et Duranthon entraînent des dégradations au village du Luc (maisons lézardées, chemin détérioré).

Dans les années 1860, les moellons extraits des carrières de Bayon sont en partie destinés aux travaux d'endiguement de la Garonne.

En 1893, une petite partie des carrières est encore exploitée, sous la conduite de Guillaume Roy.

L'exploitation de la pierre a fragilisé le sol de la commune : plusieurs éboulements et effondrements ont entraîné l'arrêt de cette activité et la condamnation des sites. Par arrêté préfectoral du 6 août 2010 et établi en application des articles L 562-1 et suivants et R 562-1 et suivants du code de l’Environnement, le plan de prévention des risques de mouvements de terrain (PPRMT) a été prescrit sur le secteur des communes de Bayon-sur-Gironde, Bourg, Gauriac, Prignac-et-Marcamps, Saint-Seurin-de-Bourg, Tauriac et Villeneuve.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 19e siècle

Principale : Antiquité

Seule une entrée de carrière sous le coteau d'Eyquem a été repérée ; les autres accès sont aujourd'hui condamnés.

Les carrières de Bayon étaient situées principalement à la Reuille, à la Roque Pigeon et à la Roque Plisseau. Elles étaient profondes et les galeries s'étendaient jusqu'à l'église de Bayon, au village des Trois Moulins et du Luc, au village de Rousset, à celui des Androns ; elles étaient également accessibles par des puits.

Deux modes d'exploitation étaient mis en œuvre : des carrières à ciel ouvert, où la roche était débitée par "tombées" (pour le moellon) ou par "banquettes" (pour la pierre de taille), et des carrières souterraines par "cavage à bouche", c'est-à-dire accessibles à flanc de coteau ou bien par des puits creusés depuis le coteau, desservant un réseau de galeries. Des piliers étaient ménagés afin d'assurer la solidité des galeries. Plusieurs étages d'exploitation pouvaient se superposer. Le pic était utilisé pour débiter la pierre, la poudre pouvait également être employée malgré le danger des explosions et des projections. La pierre débitée était extraite par des voies de roulage, empruntées par plusieurs exploitants ou propriétaires.

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