Prieuré, aujourd'hui église Saint-Jean-Baptiste, Saint-Etienne de Bourg-Charente

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La paroisse Saint-Jean fait partie au Moyen Âge du diocèse de Saintes. Entre 1083 et 1110, l'église de Bourg est donnée par l'évêque de Saintes Ramnulfe à l'abbaye bénédictine Saint-Martin de Savigny-en-Bresse qui y fonde le prieuré Saint-Étienne. La paroisse est unie au prieuré. Le petit appareil allongé du mur ouest du bras nord du transept pourrait provenir de ce premier édifice.

Une nouvelle église est construite au cours de la première moitié du 12e siècle : les constructeurs s'inspirent vraisemblablement de la cathédrale Saint-Pierre à Angoulême (réalisée dans les années 1110-1140) et couvrent l'édifice de coupoles.

L'église est commune au prieuré et à la paroisse et porte le double vocable Saint-Étienne et Saint-Jean. Le prieuré semble modeste ; en 1282, il compte trois moines profes. À la fin du 13e siècle, la nef reçoit un décor peint dont il reste, sur le mur nord, une scène de l'Annonciation.

La guerre de Cent Ans et les guerres de Religion ne semblent pas avoir affecté l'église romane. Cette dernière reçoit quelques restaurations au 17e siècle, puis au 19e siècle (1811, 1862, 1879) au cours duquel le clocher est reconstruit. En 1874-1875, elle est dotée d'un nouveau mobilier liturgique (trois autels en pierre et marbre et des fonts baptismaux réalisés par Arnold frères à Saintes) ; des verrières sont exécutées par les Ateliers Lobin à Tours.

En 1860, un nouveau baptistère est construit dans les dépendances de l'ancien prieuré.

L'église est classée au titre des monuments historiques en 1913. Des photographies de 1919 conservées à la médiathèque de l'architecture et du patrimoine (Charenton-le-Pont) attestent de la ruine du clocher et de la couverture de l'absidiole nord. En 1928, l'église est restaurée.

Une nouvelle campagne de travaux est conduite par l'architecte des monuments historiques Y.-M. Froidevaux dans les années 1968-1972. Le clocher est doté d'abats-sons, la partie haute de la tour d'escalier extérieure est refaite, la sacristie demi-circulaire adossée au chevet est supprimée, le chœur est réaménagé (réfection du dallage, pose d'un nouvel autel et d'une porte de tabernacle en émaux dans le mur d'abside, derrière l'autel). Le chœur reçoit également de nouveaux vitraux.

De 2002 à 2013, l'église bénéficie à nouveau de plusieurs campagnes de travaux : restauration du clocher, restauration et nettoyage des extérieur et des intérieurs de l'église, réfection des toits, drainage de la nef.

Périodes

Principale : 12e siècle

Secondaire : 17e siècle

Secondaire : 19e siècle

Secondaire : 20e siècle

L'église Saint-Jean-Baptiste est édifiée sur la rive gauche de la Charente, sur une hauteur qui domine le fleuve.

Elle est construite selon un plan en croix latine : nef unique, transept à chapelle orientée, chœur avec une courte travée droite terminée en abside. L'édifice ne semble pas avoir été altéré de manière conséquente depuis sa construction.

L'église présente, à l'extérieur et à l'intérieur, un parement en pierre de taille calcaire homogène à l'exception du pignon découvert de la façade, construit en moellons, et du mur ouest du bras nord du transept où le petit appareil allongé domine. P. Dubourg-Noves émet l'hypothèse que ce petit appareil pourrait provenir de l'église antérieure. Un clocher carré surmonte la croisée du transept. La toiture est couverte en tuiles creuses.

Bien que modeste par ses dimensions, l'église témoigne d'une mise en œuvre de qualité, où les constructeurs ont habilement travaillé la plasticité du mur en jouant sur les arcades, les contreforts-colonnes...

La façade est un des éléments qui a bénéficié d'un riche décor architectural. Couronné par un pignon découvert, le frontispice est divisé en trois registres. Un portail, encadré de deux arcades aveugles, ouvre au centre du rez-de-chaussée. Il est couvert d'une profonde voussure en plein cintre qui compte quatre rouleaux dépourvus de décor et une archivolte ornée de pointes de diamant. Les arcs retombent sur les colonnes des piédroits fortement ébrasés. Les chapiteaux de ces colonnes sont simplement bagués, les tailloirs moulurés portant des dents de scie. Les bases sont également moulurées. Les deux arcades aveugles présentent les mêmes caractéristiques décoratives : archivolte ornée de pointes de diamant, chapiteaux bagués des colonnettes, tailloirs moulurés ornés de dents de scie. L'arcade nord conserve un départ de bandeau prolongeant le tailloir.

Une corniche à modillons sculptés sépare le rez-de-chaussé de l'étage intermédiaire. Les sujets des modillons sont très érodés voire fracturés. On devine les motifs habituels : acrobate, atlante, têtes humaines, tonnelet (?)... Le chanfrein de la corniche est agrémenté de feuillages en partie restaurés au 19e siècle.

Le niveau intermédiaire est rythmé par quatorze étroites arcades aveugles réparties à nombre égal de part et d'autre de la baie en plein cintre qui surmonte le portail ; la fenêtre s'inscrit dans une arcade plus large et plus haute que les arcades aveugles, ce qui souligne l'axe de la façade.

La partie haute des colonnettes s'évase en forme de chapiteau avec une astragale. Certaines colonnettes, notamment à droite, sont ornées en partie haute de deux ou trois filets.

De hauts tailloirs, ornés de deux rangs superposés de chevrons, de losanges et de dents de scie, surmontent ces 'chapiteaux" et reçoivent les arcs qui portent également des chevrons, des plis en accordéon, des losanges ou des fleurs à quatre ou cinq pétales.

Une deuxième corniche ornée de chevrons sépare les deuxième et troisième niveaux. Ce dernier présente six arcades aveugles retombant sur des colonnettes engagées doubles. Les arcs sont surmontés d'une archivolte sculptée. Les chapiteaux sont décorés de feuillages : feuilles plates, volutes et autres motifs végétaux.

Les tailloirs se prolongent en bandeau à l'intérieur des arcades. Les uns et les autres portent des rubans perlés tressés, des chevrons, des fleurs à quatre pétales.

Les murs gouttereaux de la nef se démarquent de la façade par leur sobriété architecturale. Ils sont épaulés par deux larges contreforts à ressaut ; le premier forme l'angle avec la façade, le second délimite les deux travées de la nef.

Ces travées sont chacune ajourée d'une baie couverte en plein cintre. Les chapiteaux des colonnettes qui flanquent les sont ornés de trois filets, comme ceux du rez-de-chaussée de la façade. Les tailloirs prolongés en imposte sont ornés d'un sobre damier. Les corniches sont portées par des modillons sans décor qui ont presque tous été refaits à l'exception de quatre modillons romans qui portent comme motif une fleur, un atlante, un petit tonneau et une tête humaine.

Un transept saillant, doté au nord et au sud d'une absidiole orientale, sépare la nef du chœur. Les deux bras sont terminés par des murs à pignon découvert. Au nord, le mur est épaulé par deux contreforts plats. La baie qui l'éclaire est couverte en plein cintre ; les colonnettes qui garnissaient le ressaut ont disparu. Le mur est sobrement animé par le bandeau qui court à hauteur d'imposte jusqu'aux contreforts. La corniche du mur ouest du bras nord conserve neuf modillons romans ; ces derniers sont ornés de têtes humaines, de têtes animales, de végétaux et de volutes gravées ou non de motifs géométriques. Au sud, cinq modillons de la corniche du mur est sont également romans : ils portent les figures de deux musiciens (harpe et vièle), un buste humain, une tête animale et un lapin debout sur son arrière-train ; trois modillons du mur ouest du croisillon portent un acrobate, une tête humaine et un tonnelet.

À la croisée du transept s'élève un clocher de plan carré qui comprend deux niveaux. Pour y accéder, une tour polygonale hors-œuvre abritant un escalier en vis a été

édifiée à l'angle du bras sud du transept et du chœur.

Le chevet, relativement développé, est l'autre partie de l'église embellie par un décor architectural. Abritant le sanctuaire, il est orné d'un décor d'arcades distribuées sur trois niveaux et scandée par six contreforts-colonnes.

Le rez-de-chaussée des six travées en plein cintre est occupé par une arcade en plein cintre. Au niveau intermédiaire, l'arcade est alternativement aveugle et ajourée d'une baie également en plein cintre ; les chapiteaux des colonnettes des arcades et des baies sont majoritairement sculptés (feuillages, animaux...). Le dernier registre est orné d'arcades aveugles distribuées quatre par quatre dans les travées. Une corniche couronne l'ensemble. Huit modillons romans ont été conservés, les seize autres ayant été refaits sans décor.

La sculpture est plus variée sur le chevet qu'en façade. Elle est essentiellement distribuée au second niveau, sur les chapiteaux des colonnes. Les corbeilles sont ornées de souples feuillages entrelacés ou soulignant les arêtes ; une collerette de feuilles inclinées souligne la base de certaines corbeilles (chapiteaux droits de l'arcade sud-est par exemple). Le chapiteau gauche de la baie d'axe, bagué, est agrémenté dans la partie supérieure de feuillage. Son vis-à-vis, à droite, porte des quadrupèdes à tête humaine ; le chapiteau de l'arcade, très érodé, portait peut-être également un motif animalier.

Les petits rouleaux sculptés entre les arcs des baies et des arcades du second niveau portent également un décor (dents de scie et chevrons).

Au troisième registre, plusieurs chapiteaux des colonnettes sont sobrement ornés de quelques feuillages en volute sur les arêtes ou de filets.

Tous les modillons de la corniche devaient être sculptés. Les huit qui subsistent portent des sujets couramment distribués sur ces éléments : hommes assis, joueur de

harpe, personnage à deux têtes, têtes humaines, lions retourné, animal.

Le portail occidental est l'accès principal de l'église.

La nef comprend deux travées de plan carré, chacune couverte d'une coupole circulaire de 6,50 mètres de diamètre. Les deux travées sont éclairées par des

baies en plein cintre encadrées de fines colonnettes. Ces dernières sont dépourvues de chapiteaux mais la partie haute de chaque fût est orné de trois filets et surmonté d'un tailloir. Une troisième baie, identique aux quatre autres, est percée dans le mur ouest.

Une porte aménagée dans le mur sud de la deuxième travée permettait la communication avec le prieuré.

Les coupoles reposent sur des pendentifs qui permettent de passer du plan carré des travées au plan circulaire des coupoles. Elles sont portées par des arcs doubleaux brisés à deux rouleaux et des arcs formerets également brisés. Doubleaux et formerets retombent sur des pilastres sur dosseret au droit desquels, à l'extérieur, ont été construits les contreforts. Les impostes des pilastres portent essentiellement un décor de feuillage.

Sur le mur nord de la seconde travée de la nef subsiste une Adoration des mages avec une représentation des donateurs, datée de la fin du 13e siècle.

Une coupole sur pendentifs couvre également la croisée du transept, ce qui contribue à unifier l'espace intérieur de l'église. Pour adapter la coupole circulaire au plan barlong de la croisée, trois assises de pierre surmontent

les grands arcs nord et sud. Elles portent la calotte qui, à l'est et à l'ouest, reposent directement sur les grands arcs.

Les bras du transept sont couverts de voûtes en berceau brisés. le départ des berceau étant plus bas que la base de la coupole de la croisée, la différence de hauteur est rachetée par un arc à deux rouleaux qui assure la transition entre la croisée et les croisillons.

Les croisillons du transept sont directement éclairés par une baie aménagée dans le mur pignon et par une étroite fenêtre percée dans le mur ouest.

Au nord, l'absidiole orientale, légèrement décentrée vers la droite, est moins profonde que celle du bras sud ; elle est couverte d'une voûte en cul de four et l'ouverture sur le transept est encadrée de deux

fines colonnes. Les murs est et ouest sont doublés par une arcade en plein cintre.

Dans le bras sud, une porte rectangulaire a également été ouverte dans le mur ouest. L'absidiole est centrée et ouvre sur le transept par une arcade retombant sur de fines colonnes dont les chapiteaux ; elle est éclairée par une baie en plein cintre.

Au-delà du transept, l'église est prolongée à l'est par un chœur en hémicycle. Une courte partie droite couverte d'une voûte en berceau précède l'abside couverte d'un cul de four en en cul de four. Une corniche saillante marque la naissance de la voûte.

Le chœur est éclairé par trois fenêtres en plein cintre qui

alternent avec des arcades en plein cintre aveugles ; l'appui des baies, très pentu, facilite la diffusion de la lumière. Fenêtres et arcades sont flanquées de colonnettes à chapiteaux. Ornés de végétaux, d'animaux ceux-ci s'apparentent aux chapiteaux extérieurs du chœur. Les tailloirs sont réunis par un bandeau.

Une porte aménagée dans l'élévation sud communique avec l'escalier en vis qui dessert le clocher et les combles de l'édifice.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse
Plans

plan en croix latine

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. voûte en berceau coupole en pendentifs voûte en berceau brisé
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe ronde

  2. Partie de toit : pignon découvert

  3. Forme de la couverture : toit en pavillon

Escaliers
  1. Emplacement : escalier hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

Décors/Technique
  1. vitrail
  2. peinture
  3. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : ornement géométrique

  2. Representations : ornement végétal

  3. Representations : ornement animal

  4. Representations : ornement figuré

  5. Representations : scène de la vie chrétienne


Précision sur la représentation :

Le décor sculpté est principalement distribué sur la façade et sur le chevet. Sur la façade, les modillons de la corniche qui sépare les deux premiers niveaux sont très érodés. Quelques motifs sont encore lisibles : un acrobate, un homme assis, un masque humain, un tonnelet et un motif végétal. Un riche décor géométrique (chevrons, dents de scie, losanges, rubans plissés) agrémente l'arcature aveugle du second niveau. Le chevet, animé par trois registres d'arcades superposées, présente plusieurs éléments sculptés. Les chapiteaux des arcades du second niveau sont principalement ornés de feuillage, à l'exception des deux chapiteaux droits de la baie d'axe qui portent des animaux. Douze modillons de la corniche conservent une ornementation sculptée : têtes humaines, hommes assis, musicien, lion retourné. Des modillons sculptés ont également été conservés sur le mur est du bras sud du transept (animaux, joueur de harpe et acrobate ?) et du mur ouest du bras nord du transept (têtes humaines et têtes animales). Intérieurement, l'église est très sobre. Sur le mur nord de la seconde travée de la nef subsiste une peinture murale du 13e siècle représentant une Adoration des Mages.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente , Bourg-Charente

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Les Maillochaux

Cadastre: 1813 B5 2008, 2011 AK 180

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