Port de Port-des-Barques

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Devant Port-des-Barques, le lit du fleuve présente une fosse utilisée depuis le 17e siècle pour le mouillage des bâtiments de la marine. Les navires construits à Rochefort étaient en effet halés jusqu'à cette fosse, où ils mouillaient en attendant de se rendre dans la rade de l'île d'Aix pour être armés. Situé à l'embouchure de la Charente, ce port est défendu par des batteries retranchées qui croisent leurs feux avec le fort de la Pointe sur la rive opposée. Vers 1700, Claude Masse décrit ce port comme un gros village dont "les habitants sont presque tous matelots qui ont nombre de traversiers avec lesquels ils vont pescher du poisson en mer."

En 1726-1727, Le Masson du Parc dénombre « 11 bateaux pêcheurs que l’on nomme traversiers du port depuis 15 jusqu’à 30 tonneaux […] ils sont faits en forme de navires et n’ont pour faire la pêche que trois hommes ordinairement d’équipage et un garçon. Ces bâtiments qui sont très forts font la pêche toute l’année parce qu’ils résistent mieux aux tempêtes et au mauvais temps ordinaires dans ces mers » et « des plus petits bateaux pour la pêche dans la rivière qu’ils nomment des filadières du nom de leurs rets qu’ils nomment des filades et qui appartiennent ordinairement aux pêcheurs à la différence des bateaux traversiers qui ont des bourgeois propriétaires.»

La présence d'un large estran vaseux empêche le mouillage des bâtiments dans le port. Le Masson du Parc note encore que "les pêcheurs du Port des Barques se servent de leur acon pour porter à bord des traversiers les pêcheurs qui n’y pourraient aborder autrement et à en débarquer leurs poissons et leurs filets. Les bateaux traversiers étant obligés de rester toujours à la mer et mouillés dans la Charente.» L'acon, aussi appelé "pousse-pied", est une embarcation sommaire à fond plat que le pêcheur pousse d'un pied et qui glisse sur la vase. Pour faciliter la liaison entre le lit du fleuve et le port, une sorte de passage, dit grave, est aménagé par la marine, vers 1789, entre le village et la limite des plus basses mers. Ce passage est formé d'enrochements dans la vase.

Une station de pilotage pour le quartier de Rochefort est créée à Port-des-Barques, en même temps qu'à Rochefort, par une ordonnance royale du 31 août 1830. Le recours à des pilotes pour l'entrée dans la Charente se pratiquaient cependant bien avant cette ordonnance. Les pilotes de Port-des-Barques sont chargés de monter les bâtiments venant du large jusqu'à l'avant-garde du port de Rochefort, et de reconduire en mer ceux qui sont amenés à Soubise par les pilotes de Rochefort. En 1851, on compte ainsi 9 pilotes dans la population de Port-des-Barques. Le métier de près de la moitié des hommes du village est alors lié à l'activité de ce petit port commercial maritime, et l'on compte 10 marins, 6 douaniers, 5 pêcheurs, 5 mousses et 2 marchands de poissons. En 1846, il est dit que les bâtiments de la marine, mouillés en rade, s'approvisionnent de vivres frais à Port-des-Barques.

Un premier quai, de 290 mètres de long, est construit entre 1847 et 1851 pour protéger des vagues le rivage et les maisons construites en front de fleuve. En 1861, le dictionnaire universel du commerce et de la navigation mentionne que "les navires longs, qui ne veulent pas remonter [la Charente] et désirent séjourner quelque temps à l'entrée de la rivière, trouvent un très bon mouillage au lieu appelé le Port-des-Barques."

Puis, à l'amont du quai, une jetée en maçonnerie, longue de 345 mètres et large de 2 mètres, est bâtie entre 1863 et 1866 sur l'enrochement de l'ancien passage ou grave, de façon à relier le village et le fleuve à marée basse. Le projet est conçu par l'ingénieur Guillemain. Mathieu Ferry est chargé des travaux par une adjudication en date du 22 avril 1863. Cette jetée en plan incliné, "en pierre de taille, moellon piqué et maçonnerie ordinaire" se raccorde à la côte par un escalier. Elle sert de débarcadère et facilite la communication avec les navires qui stationnent dans la rade. Auparavant, toute communication entre la rade et la terre était coupée six heures à chaque marée. Cette jetée nécessite d'être nettoyée et dévasée journellement au moment de la basse mer. En 1869, l'établissement de feux directionnels en amont du port facilite et sécurise l'entrée des bateaux dans la Charente.

Dans un document de 1877, il est dit que le port peut accueillir 40 navires à la fois. L'année suivante, un autre quai de protection du rivage est élevé sur 100 mètres de long en amont de la jetée. En 1881, cette dernière, en mauvais état sur des fondations médiocres, est jugée trop étroite et insuffisante pour les nombreux embarquements et débarquements des troupes, du matériel d'artillerie et des vivres pour les forts du Peu et de l'île Madame. Elle est reconstruite et élargie par Georges Perrier, adjudicataire de ces nouveaux travaux en septembre 1884, sous la direction de l'ingénieur des ponts et chaussées Crahay de Franchimont. L'ancienne jetée est partiellement démolie et la nouvelle partie est fondée sur du béton. Large de 3 mètres, la nouvelle jetée est faite de maçonnerie de pierre de taille et de moellons, et pavée en granit. Les travaux sont terminés en mai 1885.

Dans les années 1880, des chaloupes à vapeur, qui assurent chaque jour deux services l'hiver et trois l'été entre Rochefort et la mer, s'arrêtent à Port-des-Barques. Ce port est alors le seul de la zone dont la jetée est abordable par les plus basses mers. Cette facilité d'accostage concourt à ce que Port-des-Barques devienne une cité balnéaire. En outre, les gabares, qui assurent le transport des vins, grains, silex ou pierres de taille entre les ports du fleuve et les îles de Ré et d'Oléron, La Rochelle ou les ports de Vendée, mouillent souvent au Port-des-Barques, notamment par mauvais temps.

A côté de son rôle de station de pilotage, le port est essentiellement dédié à la pêche en mer. Toutefois, à partir des années 1860, la culture des huîtres portugaises et des moules de bouchots se développe. Cette pratique occupe notamment une douzaine de femmes qui sont dites "pêcheuses" dans le recensement de 1896. Vers 1885, 44 bateaux sont rattachés au port. Sur la jetée, les usagers utilisent de petites charrettes à bras pour le transport des coquillages amenés au port par bateaux .

La jetée fait l'objet de fréquents travaux de réparation. Elle est notamment surhaussée entre 1924 et 1928 ; les travaux sont confiés par adjudication à Gabriel Gouyaud. Elle est de nouveau restaurée en 1938, puis en 1945. Jusque-là hameau de Saint-Nazaire-sur-Charente, Port-des-Barques devient une commune en 1947.

Vers 1960, la jetée est de nouveau transformée avec l'ajout d'un épais parapet sur son côté ouest entre deux plate-formes bâties du même côté pour le croisement et l'entreposage de brouettes ou de petites charrettes à bras. A partir des années 1970, d'importants atterrissements se forment du côté est de la jetée, qui se trouve désormais bordée sur une grande partie par une sorte de prairie.

Dans les années 1990, un nouveau port est créé à l'est du port historique, à environ 250 m en aval de la fontaine de Lupin. Il est doté d'une capitainerie, d'un mouillage pour les plaisanciers qui disposent d'un ponton et de corps-morts pour l'amarrage, ainsi que d'une vaste cale pour la mise à l'eau.

Périodes

Principale : 4e quart 18e siècle, 2e quart 19e siècle, 2e moitié 19e siècle

Auteurs Auteur : Ferry Mathieu

Entrepreneur ; demeure à Marennes en 1863 lorsqu'il est adjudicataire de la construction de la jetée de Port-des-Barques. travaux près de Saintes vers 1880.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Guillemain Guillaume Antoine Paul

ingénieur ordinaire, travaux de Saint-Savinien, vers 1860-1870. Dévasement du port de Soubise, 1857. conception de la jetée de Port-des-Barques, 1863. Jetée de l'île d'Aix, 1867.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Perrier Georges François

Entrepreneur à Boyardville ; reconstruction de la jetée de Port-des-Barques, 1884.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Crahay de Franchimont

ingénieur des ponts et chaussées, reconstruction de la jetée de Port-des-Barques, 1884.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)

Le port se situe à l'embouchure de la Charente, sur la rive gauche, au nord du village de Port-des-Barques. Depuis sa racine sur la berge, la jetée prenait une direction nord-sud, puis formait un léger coude en s'orientant au nord-est. La partie sud de la jetée, recouverte de sable, n'est aujourd'hui plus visible. Dans la partie médiane, le mur de protection des années 1960, en béton, domine la jetée sur une hauteur d'environ 70 centimètres, il se poursuit autour des deux plate-formes. Du côté est, les atterrissements forment une sorte de prairie au même niveau que la jetée.

Dans la partie nord, au-delà de la seconde plate-forme, la jetée est moins large, puis elle est en pente jusqu'à son extrémité. Ses cinquante derniers mètres au nord sont recouverts de vase ; des ducs d'Albe et une balise signalent sa présence.

On ne voit du mur de protection des constructions riveraines du port en aval de la jetée que la partie haute en pierre de taille de grand appareil posée à joint-vif et emboitée, formant parapet. La partie basse est masquée par un cordon d'enrochement venu consolider sa base du côté du fleuve. Il a été prolongé vers l'ouest par un mur en moellon. Le mur en amont présente les mêmes caractéristiques de construction tout en ayant une largeur moindre ; il a été prolongé par un mur encore moins épais. Des passages pratiqués dans ces murs ont été récemment dotés de dispositifs anti-submersion.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

    (incertitude)

  3. Matériau du gros oeuvre : béton

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Port-des-Barques

Milieu d'implantation: en village

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