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Les maisons de la commune de Saint-Sever
France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Saint-Sever
Historique
Les témoignages d'architecture domestique les plus anciens repérés dans la commune semblent dater de la fin du 15e siècle ou du début du 16e siècle. A l'exception de l'hôtel Bourrouilhan conservé dans son ensemble, les autres traces se résument à quelques murs maçonnés percés de fenêtres à moulures prismatiques ou à quelques pans de bois avec fenêtre à châssis et allège sculptés. Ces vestiges sont localisées au centre-ville.
Une phase de reconstruction paraît avoir lieu suite aux guerres de Religion, dans le courant du 17e siècle. Ce sont encore des ouvertures qui constituent les principaux vestiges de cette période. Quelques fenêtres étroites à larmier saillant et des encadrements de portes de style classique ou en anse de panier avec impostes et agrafe sont disséminées dans la ville. Plusieurs cheminées pourraient aussi dater de cette période.
Le 18e siècle apparaît comme une période importante de construction. Le linteau en arc segmentaire délardé pour les ouvertures, caractéristique de la période, apparaît dans la première moitié du siècle. L'arc segmentaire reste en usage au milieu du siècle, bien que le délardement soit abandonné. On note un goût pour la régularité des façades parfois soulignées par des bandeaux horizontaux et verticaux. Ces maisons s'adaptent à un parcellaire plus ancien dans le quartier commerçant de la ville (parcelles étroites et en lanière), ou témoignent d'une recomposition du parcellaire avec de larges façades, jusqu'à cinq travées. Le retour de la baie rectangulaire semble s'effectuer dans le quatrième quart du 18e siècle.
Les maisons du 19e siècle sont les plus représentées et accompagnent les importants chantiers urbains menés après la Révolution. La première moitié du 19e siècle est documentée par les plans d'alignement conservés. Le maintien de la baie rectangulaire est effectif. Alors que les maçons du 18e siècle emploient majoritairement de la pierre jaune coquillière pour les encadrements, ceux du 19e siècle privilégient un calcaire gris. La corniche, jusqu'alors moulurée en doucine, présente des formes plus rectilignes.
Le mouvement de la construction de maisons dans la seconde moitié du 19e siècle peut être mieux appréhendé grâce à l'analyse des matrices cadastrales. Les constructions ou reconstructions connaissent leur apogée dans les années 1860-1880. Le recours à la brique, pour les encadrements ou les décors de façade, se perpétue jusque dans les années 1920. Cette période est aussi caractérisée par le retour de l'arc segmentaire. Généralement, les constructions nouvelles qui s'établissent en dehors du centre urbain ne sont pas mitoyennes. Elles comportent un étage, les travées oscillent entre trois et cinq avec une porte centrale au rez-de-chaussée. Le décor en façade, jusqu'à présent quasi absent, devient fréquent - bien que souvent limité à des chaînes à bossage et à des corniches à modillons.
L'architecture domestique du 20e siècle est surtout représentée par l'établissement de secteurs pavillonnaires à partir des années 1950.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : limite 15e siècle 16e siècle Principale : 17e siècle Principale : 18e siècle Principale : 19e siècle Principale : 20e siècle |
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Description
301 maisons dont 11 hôtels, 5 demeures et 9 villas ont été repérées dans l'ensemble de la commune. La très grande majorité des édifices (75%) sont construits en matériaux mêlés recouverts d'enduit avec la pierre de taille laissée visible aux encadrements. 5 bâtiments seulement sont entièrement construits en pierre de taille et 3 ont des façades à pans de bois apparents.
L'analyse des formes urbaines à permis d'établir la corrélation entre le parcellaire et l'organisation du bâti. Le centre-ville est constitué particulièrement de maisons étroites sur des parcelles en lanière, alors que dans les anciens faubourgs sont établies des maisons plus larges et moins hautes.
5 types de maisons ont été définis en fonction de la disposition sur la parcelle et de la distribution générale, 2 types d'hôtels et 3 types de villas.
Détail de la description
Murs |
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Informations complémentaires
Analyse des maisons de la commune de Saint-Sever
Les observations sur les maisons de Saint-Sever portent sur l'ensemble de la commune mais la majorité se situe dans la section A du plan cadastral actuel, correspondant à l'emprise urbaine. Une lettre du duc d’Antin au contrôleur des finances, datée du 18e siècle, dénombre 110 maisons dans l’enceinte de la ville. Les matrices cadastrales dénombrent 841 maisons sur l’ensemble de la commune en 1834. 302 maisons ont été repérées dans le cadre de l'inventaire du patrimoine de la ville.
Les matériaux : construire la maison
Le monopole de l'enduit
La majorité des maisons est recouverte d'enduit.
Lorsque ils sont visibles, les matériaux de construction sous enduit sont composés majoritairement de galets de l'Adour et de moellons.
Malgré l'omniprésence de l'enduit, la pierre de taille est visible aux encadrements de fenêtres et de portes dans 75% des cas. La brique et la pierre combinées dans les encadrements reste une mise en œuvre minoritaire (4%). Elle fut pourtant un mode de construction quasi-exclusif (95%) entre 1870 et 1920, pour des maisons situées principalement dans les faubourgs de la ville où la construction est particulièrement dynamique à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle.
Le bois : un matériau du passé ?
Les fenêtres les plus anciennes repérées dans la ville sont en bois. Le châssis et l'allège sont sculptés. Quelques maisons conservent des cloisonnements à pans de bois avec un hourdis de torchis encore présent. Généralement, les pans de bois reposent sur des rez-de-chaussée maçonnés en matériaux mêlés et ne concernent que les étages. L’utilisation du bois comme matériau de gros-œuvre ne se présente que sur deux maisons (re)construites à la période moderne. Ce mode de construction est donc très largement minoritaire aujourd'hui, bien que des cartes postales anciennes montrent encore des maisons à colombage au début du 20e siècle, aujourd'hui disparues.
Le bois d’œuvre est en revanche toujours très présent pour les galeries généralement localisée à l'arrière des maisons, longeant la cour ou le jardin en fond de parcelle. 21 galeries datées entre les 16e et 20e siècles ont été repérées en ville. Si le soubassement est généralement maçonné, l'étage de galerie ouvert est en charpente composée de poteaux renforcés d'aisseliers.
La toiture : corniche et génoise comme marqueur social
Les toits des maisons sont principalement en tuiles creuses, bien que plus les maisons sont excentrées et plus la tuile mécanique devient majoritaire. 4 maisons ont un toit en ardoise et 4 ont des tuiles plates.
86% du bâti saint-séverin présente une corniche ou une génoise.
La prépondérance de la génoise est effective dans l'ensemble de la commune et ne concerne pas uniquement le centre ville. Certains secteurs urbains contredisent pourtant ce pourcentage. C'est en particulier le cas des rues où sont concentrés les anciens hôtels particuliers : la rue du Général-Durrieu (55% de corniche contre 40% de génoise) et la place du Tour du Sol (40% de corniche contre 30% de génoise). D'autres secteurs, tel que la rue de Pontix, anciennement rue d'artisans, confortent les données globales avec 82% de génoise. Il semble donc que le choix de la génoise ou de la corniche de pierre constitue un marqueur social pour les habitants.
Les façades : de la sobriété extérieure aux richesses intérieures
Étages et travées
Les édifices à un étage sont les majoritaires (55%). Les édifices à deux étages représentent 40 % des maisons. Celles qui se développent en rez-de-chaussée sont très peu nombreuses (3%) tout comme celles à trois étages (2%), qui sont exclusivement représentées par les hôtels particuliers.
En rapportant le nombre d'étages à la largeur, on constate que logiquement les maisons aux parcelles étroites se développent en hauteur alors qu'à partir de 3 travées, les maisons n'ont majoritairement qu'un étage carré.
Les parcelles étroites se situant surtout dans le cœur de ville, on constate une différence de hauteur entre le cœur commerçant de la ville (2 travées et 2 étages carrés) et les faubourgs (plus de 3 travées et 1 étage). Ce même principe prévaut pour les maisons excentrées, quand la contrainte parcellaire est moins forte ou inexistante.
L'animation des façades
Les façades des maisons sont en général plutôt sobres.
Quelques éléments de décor animant la façade se retrouvent cependant sur plusieurs maisons de la ville. Ainsi l’usage de la lucarne passante qui interrompt la génoise a été identifié sur 10 maisons de la ville. Un encadrement de porte encadré de pilastres et surmonté d’un larmier se rencontre sur 31 maisons. Ce décor est présent de la fin du 18e siècle jusqu’aux années 1950.
Mise à part cette modénature discrète, 5 maisons développent un décor plus abondant en façade : 2 sont moulés (l’un avec des mascarons et l’autre avec une allégorie de la chasse) et 3 sculptés dans la pierre (un avec des mascarons et deux avec des frises ornementales).
La polychromie apportée par l'emploi de la brique en modénature apparait dans les années 1860. Ce matériau est utilisé pour les bandeaux et les encadrements.
Le décor pittoresque ou régionaliste, par le recours aux faux pans de bois, aux avants-toits débordant, aux aisseliers..., est visible sur 6 maisons. Il concerne des villas ou des constructions des années 1930 influencées par le goût pour les architectures balnéaires.
Ferronnerie et balcons
Quelques maisons (32) ont un balcon ou balconnet donnant sur la rue.
Les maisons ayant un balcon régnant au premier étage et des balconnets au second datent du 18e siècle. Elles sont placées à des endroits de la ville à forte visibilité, qui suppose une mise en scène du bâti : place du Tour du Sol, rue du Général-Lamarque.
La majorité des balcons (22) sont placés au-devant de la fenêtre du premier étage et surplombent la porte d'entrée. La présence du balcon renforce ainsi l’ordonnancement de la façade de part et d'autre de la travée centrale. Cette disposition est fréquente au 19e siècle. Le balcon peut être soutenu par des consoles ou par des colonnes. Les gardes-corps en ferronnerie ou en fonte, sont composés principalement de volutes.
Les décors intérieurs : des trésors méconnus
Les décors intérieurs les plus abondants concernent particulièrement les hôtels particuliers de la ville. Les décors qui ont été repérés datent du 19e siècle, alors que les grandes familles s'enrichissent grâce au réseau de métairies. Le bois et le stuc paraissent avoir été privilégiés pour les ornements intérieurs.
Le décor de stuc est particulièrement apprécié sur les hottes de cheminée et pour les dessus de porte. Des tables moulurées dans lesquelles se développe un décor figuré n'a été rencontré que dans deux intérieurs.
Les boiseries sont ornées de formes chantournés caractéristiques du 18e siècle ou de fines modénatures à la mode du 19e siècle. Ces boiseries sont de natures variées : lambris d'appui, lambris de revêtement, alcôves, "boisures".
Un hôtel et une demeure ont conservé des papiers peints du début du 19e siècle. Ils revêtaient, à l'origine toutes les pièces de réception.
La typologie des édifices
Les maisons
Les maisons de type 1, 2, 3 et 4 sont présentes en centre ville. Ce sont certainement les types les plus anciens repérés qui s'adaptent à un parcellaire en lanière et étroit hérité des époques anciennes.
Le type 1 est composé de maisons étroites (3 travées maximum), mitoyennes et occupant la totalité de la parcelle. La porte latérale ouvre sur un couloir qui dessert les pièces d’habitation. L'escalier est situé en milieu de bâti. A l'habitation peut être adjointe une boutique en rez-de-chaussée (type 1A), ou le rez-de-chaussée peut être occupé par des pièces d'habitation (type 1B).
Les maisons du type 2 sont également mitoyennes et sur une parcelle étroite ne dépassant pas 3 travées. Contrairement au type 1, la maison est composée de plusieurs bâtiments séparés par des cours intermédiaires. La porte latérale ouvre sur un couloir qui mène à une cour où se place l'escalier (sauf pour une maison de ce type).
Le type 3 correspond aux maisons d'angle, mitoyennes sur un côté, et prises dans un maillage urbain serré (3 travées maximum). La maison occupe l'ensemble de la parcelle. La porte est placée sur la façade latérale. Elle donne sur une cage d'escalier desservant les étages de part et d'autre.
Les maisons du type 4 se rapprochent des types 1 et 2 : parcelle étroite, en lanière. Mais le rez-de-chaussée est entièrement occupé par la boutique. L'escalier, situé au fond du bâti est donc accessible par la boutique. Les pièces d'habitation sont situées aux étages, en avant de l'escalier.
Les maisons du type 5 sont les plus répandues (41%). Bien que présentes dans le centre ville, leur nombre augmente à l'approche des faubourgs, pour devenir le type exclusif. S'il paraît avoir été présent dès l'Ancien Régime, il connaît son apogée au 19e siècle.
La maison peut être mitoyenne ou non. Sa parcelle est large, généralement de 5 travées. La porte centrale donne sur un vestibule ouvrant sur l'escalier au centre du bâti. L'escalier peut être perpendiculaire au vestibule (5A) ou situé directement dans le vestibule (5B). Les pièces se situent de part et d'autre de l'escalier.
Les hôtels particuliers et demeures
12 hôtels particuliers ont été repérés. Le plus ancien date du début du 16e siècle. Les autres, certainement édifiés entre les 16e et 18e siècles, ont connu des modifications au cours du 19e siècle. A cette même période sont construites de grandes demeures en ville et dans les environs. Elles sont au nombre de 4. Leur typologie s'inspirant des hôtels particuliers, elles sont analysées avec eux.
Les hôtels de type A sont de plan en L. L'aile principal est en fond de cour, accessible par un portail. L'aile en retour présente deux travées donnant sur rue. L'escalier peut se trouver dans l'aile en retour ou dans l'aile en fond cour. Les pièces sont distribuées autour de la cage d'escalier. Les espaces de services sont situés dans l'aile en fond de cour et les pièces maîtresses dans l'aile en retour. Ces hôtels sont certainement ceux ayant gardé une physionomie plus ancienne, inspirée des formes de l'Ancien Régime.
Les hôtels de type B1 sont alignés sur la rue. Ils se développent sur l'avant de la parcelle avec un jardin à l'arrière. Une porte cochère est percée en rez-de-chaussée. L'escalier est au revers de la façade principale. Les pièces domestiques se trouvent à l'arrière du bâtiment et les pièces de réception sont placées sur rue, bien qu'elles puissent parfois être traversantes.
Le type B2 est dévolu aux demeures. Celles-ci sont organisées selon le type B1 mais se trouvent en milieu de parcelle et sont de plan quadrangulaire.
Les villas
Les villas sont aujourd'hui prises dans le tissu urbain. Elles furent pourtant en dehors de la ville lors de leur édification au début du 20e siècle.
La villa "chalet" ou type C est représentée par 4 cas. De plan rectangulaire simple, ces villas ont leur façade principale établie sous le pignon. La toiture est composée de deux pans symétriques débordants. L'agencement des ouvertures est symétrique et reflète la distribution intérieure qui s'organise autour d'un couloir central qui assure la desserte des pièces et mène à l'escalier au centre de la maison.
3 villas sont des villas "castel" relevant du type D. Elles empruntent des détails à l'architecture castrale. Les toitures à forts décrochements soulignent les différents volumes. Bien que la façade soit dissymétrique, l'organisation interne est régulière. La porte d'entrée ouvre sur la cage d'escalier autour de laquelle se développent les pièces d'habitation.
2 villas saint-séverines sont proches du type « cottage » ou type E. Leur plan en L engendre un décrochement qui rend la façade principale dissymétrique. Les choix des matériaux et du décor extérieur créent des effets de couleur et donc un dynamisme visuel. La porte d'entrée est située dans l'angle du L ; elle ouvre sur un escalier autour duquel sont organisés les espaces de vie.
Type de dossier |
Dossier collectif, communal |
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Référence du dossier |
IA40001723 |
Dossier réalisé par |
Ferey Marie
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Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2015 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Commune de Saint-Sever |
Citer ce contenu |
Les maisons de la commune de Saint-Sever, Dossier réalisé par Ferey Marie, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Commune de Saint-Sever, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/2ca4a00b-d3fb-4a0f-9d06-b3a2607e6e19 |
Titre courant |
Les maisons de la commune de Saint-Sever |
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Dénomination |
maison |