Fort dit le Fort Foucault
France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Niort
Historique
Le premier fort Foucault a dû êtr construit à la fin du 12e siècle en avant des remparts de Niort et du château, pour en défendre l'accès et contrôler la navigation sur la Sèvre. Permettant de surveiller le port, il constituait aussi un accès à son faubourg et une porte de sortie vers l'ouest. Mentionné pour la première fois en 1271, détruit par plusieurs inondations successives, dont celles de 1657, il n'a alors conservé que la partie inférieure d'une de ses tours, à l'ouest, et quelques vestiges de murs dans l'angle sud de l'îlot.
Le site du fort Foucault apparaît sur le plan de Niort par Claude Masse en 1720 (repère 6) : l'îlot, de forme trapézoïdale, est occupé par un jardin et est entouré par un mur d'enceinte, avec deux tours rondes en direction de l'ouest. Le plan parle de "demi-lune qui couvre la porte de secours du château" de Niort. Aucun bâtiment n'y figure, au contraire du plan de la Sèvre dans la traversée de Niort en 1747 : ce plan mentionne le fort (repère 29) et les deux demi-tours en avant.
Médecin, ancien maire de Niort, auteur d'une première histoire de la ville en 1795, Jean-Louis-Marie Guillemeau (1766-1852) achète l'ancien fort en 1800 comme bien national. Aimant se ressourcer dans ce qu'il appelle "l'île aux oiseaux", il entreprend en 1811 de faire construire une nouvelle demeure à la place de l'ancien fort. Ce logis correspond au corps principal du bâtiment actuel, sur lequel sont portées, sur la façade sud-est, la date 1811 et les initiales de Guillemeau ("JLMG"). Le nouveau logis intègre des éléments plus anciens, notamment la base d'une tour côté ouest. Il est probable aussi que la partie ouest du logis, accolée à cette tour, soit une partie plus ancienne réutilisée en 1811 comme base de la nouvelle construction, ce qui expliquerait la césure visible sur l'élévation nord-ouest du logis, et la présence d'un mur en pierre de taille (ancien mur extérieur ?) à l'intérieur du logis, à l'étage. En 1812, Guillemeau obtient l'autorisation de faire reconstruire le petit pont qui reliait sa propriété à la rive de la Sèvre, côté moulin du Roc, emporté par une inondation en 1771.
La nouvelle demeure de Guillemeau figure sur le plan dit d'alignement de Niort en 1821. La tour accolée au logis côté ouest y apparaît, encore découverte (elle devait alors se limiter à son premier niveau), ainsi que le pont reliant l'îlot à la berge de la Sèvre. La configuration est la même sur le plan cadastral de 1846, si ce n'est qu'entre temps, le logis a été prolongé vers le nord-est par une aile, plus basse, qui existe encore aujourd'hui, et par une dépendance, disparue depuis ; et vers le sud-ouest par une autre aile en simple rez-de-chaussée. Le corps principal du logis et l'aile nord-est apparaissent sur une gravure réalisée vers 1835, puis dans un cartouche annexé à un portrait de Guillemeau vers 1840, conservé à la Médiathèque Pierre-Moinot de Niort. La tour ouest, à gauche de la représentation, n'y apparaît pas : soit qu'elle ait été masquée par la végétation ; soit que ses niveaux supérieurs aient été relevés après la réalisation du tableau.
Après Guillemeau, le Fort Foucault appartient à la veuve d'Alexis Doal de Boyrie, par ailleurs propriétaire du moulin à eau du Château, situé au pied du donjon. En 1875, le Fort Foucault est acheté par Auguste Tolbecque (1830-1919), compositeur, violoncelliste et chef d'orchestre. Il installe son atelier de lutherie et de musique ou "grand salon" dans l'aile sud-ouest du logis. Ecrivain et collectionneur, Il fait orner sa demeure d'un décor riche et varié (boiseries, cheminée...). Il acquiert en 1898 l'impressionnant plafond en céramique réalisé pour l'Exposition universelle de Paris de 1889 par le faïencier Prosper Jouneau (1852-1921). Sa collection et son atelier de luthier sont dispersés en 1922. Une partie du plafond de Jouneau sera achetée en 1984 par le musée Bernard-d'Agesci de Niort.
Le fort Foucault est désormais une résidence d'artistes, propriété de la Ville de Niort depuis 1990.
Description
L'ancien fort Foucault occupe un îlot entre celui de l'actuel parking du Moulin du Milieu, à l'est, et l'ancien Moulin du Roc, sur la rive droite de la Sèvre, à l'ouest, à laquelle il est relié par une passerelle. Cette dernière s'appuie sur un autre petit îlot et conduit à un portail à piliers maçonnés.
L'îlot du fort Foucault est entouré de soubassements maçonnés, sans doute les vestiges d'anciennes fortifications, notamment dans son angle sud. La demeure située au centre de l'îlot est composée d'un corps principal de bâtiment, d'une aile plus basse en retour au nord-est, et d'une autre dans le prolongement du corps principal, au sud-ouest. Le corps principal s'appuie par ailleurs, à l'ouest, sur une tour ronde.
Le corps principal semble composé de deux parties correspondant à deux étapes de construction, et dont la césure est bien visible sur la façade nord-ouest. De ce côté-ci, le décor est très limité. Les ouvertures sont réparties en trois travées. L'élévation intègre de nombreuses pierres taillées ou équarries. La façade principale, au sud-est, est bien plus soignée. Entièrement construite en pierre de taille, elle est marquée par une corniche et des bandeaux d'appui. Elle présente six travées d'ouvertures, terminées au niveau du comble par des oculi.
A droite de cette façade, l'aile en retour au nord-est offre une architecture proche la précédente. Les trois travées d'ouvertures sont inscrites dans un léger avant-corps. Elles comprennent au rez-de-chaussée trois larges baies (une porte centrale et deux fenêtres) avec arc en plein cintre et imposte.
A l'opposé, à gauche du corps principal de bâtiment, vers le sud-ouest, une extension en simple rez-de-chaussée présente un décor d'inspiration néo-gothique (larmier au-dessus des ouvertures). Des éléments sculptés (peut-être issus de la collection de Tolbecque) ont été fixés sur la façade de cette aile.
A l'arrière du corps principal de bâtiment, dans l'angle ouest, la tour ronde est constituée de quatre niveaux. Le premier, probablement d'époque médiévale, se distingue des trois autres niveaux (2e quart du 19e siècle) par son appareillage en pierre de taille. La date 1154 est inscrite en chiffres romains sur le côté ouest ; il s'agit probablement d'une inscription ajoutée au 19e siècle (par Guillemeau ?) pour indiquer une date hypothétique de construction de la tour et du fort. Les deux niveaux intermédiaires de la tour sont percés, au sud, de fenêtres à meneaux. On observe aussi d'anciennes latrines, masquées par l'extension sud-ouest du logis lorsque celle-ci a été construite. Enfin, la tour se termine par une terrasse servant de belvédère, ornée de créneaux, de faux mâchicoulis et de gargouilles en forme de fût de canon.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Couvertures |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : Le logis abrite encore plusieurs éléments de décor issus des anciennes collections d'Auguste Tolbecque. Dans le vestibule d'entrée, côté sud-ouest du logis, des boiseries (16e siècle) entourent un passage. Un arc en plein cintre présente une agrafe ornée d'une tête de putto. De part et d'autre, deux pilastres portent un décor de rinceaux et de végétaux, entourant un médaillon dans lequel est sculpté le buste de profil d'une femme à gauche, d'un homme à droite. Au-dessus de ces boiseries, se trouve un élément du plafond en céramique réalisé en 1889 par Prosper Jouneau, acheté en 1898 par Auguste Tolbecque, et dont un autre élément est désormais conservé au musée Bernard-d'Agesci de Niort. L'élément visible au Fort Foucault est constitué de caissons carrés abritant des fleurons en décor d'applique. Dans l'ancien atelier de lutherie et de musique au rez-de-chaussée de l'aile sud-ouest du logis, pièce fermée par une porte en bois ornée de plissures, se trouve une cheminée en bois de style baroque (fin du 16e siècle ou première moitié du 17e siècle). Des feuilles d'acanthe, des guirlandes de feuilles de chêne et de glands, d'autres guirlandes de fleurs en ornent les jambages, le manteau et la hotte. Dans un cadre octogonal, une peinture sur toile représente la Vierge et sainte Elisabeth portant respectivement sur leurs genoux le Christ et saint Jean-Baptiste enfants. |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA79004479 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée et directeur du Centre vendéen de recherches historiques à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Vallée de la Sèvre Niortaise, Marais poitevin |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2016 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Fort dit le Fort Foucault, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/348f422a-8024-4e5a-8f99-83938897906d |
Titre courant |
Fort dit le Fort Foucault |
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Dénomination |
fort |
Parties constituantes non étudiées |
jardin passerelle portail |
Statut |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Niort , 16 rue du Fort Foucault
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1809 A 62, 1846 C 601 et 602, 2016 BN 735