Château Tayac

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Bayon-sur-Gironde

Edouard Guillon mentionne dans son ouvrage les origines médiévales de Tayac, sans que ces éléments aient pu être vérifiés : il évoque une forteresse du 14e siècle sur les bords de l'estuaire ; au 15e siècle, elle en possession de la famille de Dreux : en 1503, Regnier de Dreux était qualifié de "seigneur de la Maison Noble de Tayac". Un terrier de l'an 1562 est également mentionné : "ce terrier, composé de 143 feuilles de parchemin, artistiquement écrit, contient le dénombrement des biens de Tayac, qui étaient considérables. Il est relié avec soin et conservé aux archives du département".

Ce qui est certain, c'est l'acquisition en 1598 par François de Fournel, écuyer et baron de Grateloup et de Foucarville, de la maison noble de Tayac appartenant alors à Anthoine Benoist, écuyer, seigneur de Tayac et Saugeron. Elle consiste alors en "maison, granges, chays, offices et autres bastimens, mestairies, moulin, domaynes, vignes des "gogues", prédz, bois de haulte fustaye, coudrées et autres taillis, ensemble la pièce de terre quy est sur la roque appellée la pièce de la Roque".

Au début du 17e siècle, Raphaël de Fournel, conseiller au parlement de Bordeaux, est dit baron de Tayac et de Grateloup. Son fils, également prénommé Raphaël, reprend le titre de baron de Tayac, tandis que son second fils Jean Jacques est baron de Puyseguin. Le fils de Raphaël, Ardouin, se marie le 29 décembre 1687 avec Marguerite Baillet : il est seigneur de Tayac et d'Abzac. Leur fils Guillaume Augustin est baptisé dans l'église de Bayon le 14 novembre 1699.

Un dénombrement de la terre de Tayac est fourni le 9 février 1685. Il existait probablement dès cette époque un château avec son colombier, en partie conservé.

L'une des cloches de l'église, bénite en 1780, portait les noms de "messire Desaigues de Sales ancien cape d'infanterie Baron de Labardemont [Laubardemont] seigneur de Sales, Tayac & autres lieux" et de "Marie Gabrielle de Fourneau [Fournel] son épouse" (inscription relevée par Charles Marionneau en 1850).

En 1812, à la suite du décès de Jean-Baptiste Cailleux, le domaine lui appartenant est vendu. Il se compose alors "d'un bien de campagne en bon état de culture, maison de maître, basse-cour, écuries, remises, chais, logement du paysan et du bouvier, ayant un chemin qui conduit à un peyrat, dépendant, ainsi que le chemin du domaine, où il y a une maison pour le matelot, un chai pour le vin, grenier au-dessus, nouvellement bâti".

Des bâtiments figurent à cet emplacement, au lieu-dit Tayac, sur le plan cadastral de 1820. Le domaine appartient alors à la famille Marceau ou Marseau, à la tête de l'un des deux premiers crus de la contrée, produisant de 60 à 70 tonneaux. Le "port de Tayac" se trouvait un peu plus au sud, à Saint-Seurin-de-Bourg ; deux chemins en permettaient l'accès. Un abri était ménagé dans la rive, semble-t-il maçonné, et un peyrat facilitait l'accostage des embarcations. Une maison et un bâtiment rural y sont construits. En 1875, la maison est démolie. Il ne reste aujourd'hui aucune trace de ce port.

D'après Edouard Guillon, "le manoir de Tayac a été remplacé par une maison bourgeoise construite au commencement de ce siècle par M. Marsaud, père du propriétaire actuel ; elle fut terminée vers 1829 ; n'a d'extraordinaire que sa position magnifique, et se compose d'un corps-de-logis à deux étages dans lequel est encastré un vieux mur de l'ancien château. C'est tout ce qu'il en reste : le terrain a été nivelé et les douves remplacées par des cours, des servitudes, des chais, des parterres et des arbres qui répandent de tous côtés un ombrage délicieux..."

En 1850, Tayac appartient toujours à la famille Marceau (ou Marseau ou Marsaud), avec une production de 100 tonneaux, la plus importante de la commune. Le château est illustré dans l'édition de 1874 de l'ouvrage de Cocks et Féret. On y voit une demeure à étage avec toit à croupes dominant l'estuaire, qui correspond à la demeuré édifiée au début du 19e siècle. Il est par ailleurs indiqué que "le sous-sol pierreux de ce domaine est exploité sur une grande échelle, et produit des pierres plus ou moins dures, de 1ère qualité".

En 1871, Marie Blanche Philomène Eudoxie Marsaud (1847-1900) épouse le négociant Ferdinand Dessandier (1836-1895) (contrat de mariage du 03.08.1871 passé par devant Me Isidore Antoine Thierrée, notaire à Bordeaux).

D'après les augmentations et diminutions des matrices cadastrales, Ferdinand Dessandier fait construire l'actuel château en 1892. La construction de deux maisons est également indiquée en 1890 (parcelle B18). La construction de trois maisons en 1889 est aussi mentionnée pour la parcelle B20.

Dans l'édition de 1893 de l'ouvrage de Cocks et Féret, il est précisé : "Le Château-Tayac a une ancienne origine. Élevé et agrandi avec un goût exquis, un luxe sévère, un confort parfait, qui font le plus grand honneur à son propriétaire, il est aujourd'hui une des plus belles et des plus agréables résidences du département". Le domaine comprend 40 hectares, avec une production de 150 tonneaux qui semble avoir résisté au phylloxéra.

Les initiales MD (Marsaud/Dessandier) sont sculptées sur le fronton chantourné du château côté estuaire. On remarque le traitement différent des deux façades du château : la façade côté estuaire a peut-être été en partie conservée et rhabillée d'un porche et d'un imposant fronton sculpté. Les encadrements des baies moulurés et à crossettes ne correspondent pas aux fenêtres à meneau et traverse des autres façades.

Les chais et cuviers datent sans doute de la fin du 19e siècle, époque à laquelle la production de Tayac atteint 150 tonneaux.

En 1920, le domaine est racheté par Edmond Boyer (1881-1951), député de Maine-et-Loire en 1924. Il était entrepreneur de travaux publics et c'est probablement à lui que l'on doit la construction des dépendances agricoles.

La route départementale est aménagée en 1965-1966, épargnant la terrasse du château et les jardins.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Le château se situe à la limite avec la commune voisine de Saint-Seurin-de-Bourg, dominant l'estuaire de la Gironde et le Bec d'Ambès.

Il est accessible au nord-est par un portail formé de deux arches couronnées d'un entablement et de pots en amortissement et par une longue allée encadrée de palmiers.

De plan rectangulaire, le château présente une façade sur cour marquée en son centre d'un avant-corps à trois pans, percé de la porte principale encadrée de deux colonnes à chapiteaux composites avec fronton interrompu à volutes rentrantes. Le châssis de porte traité en fonte est orné des initiales MD, que l'on retrouve également en agrafe sculptée au-dessus de la triple baie de l'étage à traverses et double meneaux. De part et d'autre de l'avant-corps, trois travées d'ouvertures sont composées au rez-de-chaussée de porte et fenêtres avec un encadrement en pierre de taille à bossage en table. Les portes sont ornées deux agrafes sculptées, l'une avec un portrait d'homme, l'autre un portrait de femme, probablement les propriétaires qui ont fait construire le château, Ferdinand Dessandier et Eudoxie Marsaud. A l'étage, les fenêtres présentent également un encadrement à bossage un-sur-deux, une traverse et un demi meneau, des allèges à balustres, un linteau sculpté avec masques et têtes de dauphins, surmonté d'une corniche à denticules avec consoles sculptées.

La toiture brisée en ardoise est dotée de lucarnes à traverse et demi meneau, encadrées de volutes et sommées alternativement de frontons cintrés et triangulaires, sculptés de coquilles et de denticules.

Côté jardin, la façade donnant sur l'estuaire est composée de 8 travées, les deux travées centrales étant marquées par un porche formant terrasse à balustrade et surmontées d'un fronton monumental chantourné. Le porche est composé de colonnes cannelées à bagues avec chapiteaux ioniques ; ils répondent à des pilastres sculptés sur la façade, encadrant les deux portes-fenêtres d'accès. Les baies du rez-de-chaussée présentent un encadrement mouluré à crossettes avec agrafes sculptées. A l'étage, les fenêtres sont également traitées avec un encadrement mouluré à crossettes et surmontées d'une table sculptée et d'une corniche soutenue par deux consoles sculptées.

La toiture brisée en ardoise est soulignée d'une balustrade et dotée de lucarnes à frontons cintrés. Le fronton monumental présente dans sa partie supérieure un écu sculpté aux initiales MD des propriétaires se détachant sur un cuir découpé.

Les façades latérales larges de trois travées sont traitées de la même manière que la façade nord-est (fenêtres et lucarnes à traverse et demi meneau, masques sculptés, frontons cintrés ou triangulaires). Une aile basse couronnée d'un balustrade est greffée sur la façade latérale nord-ouest.

La distribution et la décoration intérieures sont conservées : le vestibule avec décor en stuc imitation marbre, l'escalier et la galerie en bois desservant l'étage, les boiseries, les plafonds peints, le salon principal avec plafond peint d'oiseaux et de fleurs et lambris avec soieries. L'avant-corps présente des verrières ornées aux initiales MD avec deux gentilshommes tenant des hallebardes.

Les bâtiments de dépendance viticoles sont disposés au nord-ouest du château : ils se composent de 4 vaisseaux disposés parallèlement, abritant un cuvier avec cuves en béton (de marque André DEMEURAN cimentier Bourg-sur-Gironde) et des chais. Il s'agissait d'un cuvier de type médocain, à étage, qui a été remanié.

Au sud-est, les bâtiments agricoles sont composés d'un bâtiment en trois parties associant des logements à l'étage, des écuries et des hangars agricoles au rez-de-chaussée.

Les jardins sont délimités au sud-ouest par une balustrade dominant la route départementale et l'estuaire. Un puits est situé en contrebas, au pied de la terrasse au sud.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise
Étages

1 étage carré, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans brisés

    Partie de toit : croupe brisée

  2. Forme de la couverture : toit brisé en pavillon

Escaliers
  1. Emplacement : escalier intérieur

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en charpente

Typologie
  1. cuvier médocain
Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Bayon-sur-Gironde , R. D. 669E1

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Tayac

Cadastre: 1820 B1 18 (Voir également le plan cadastral de 1821 de la commune voisine de Saint-Seurin-de-Bourg : parcelle 767 (dépendances), 763 (colombier), port de Tayac (parcelles 756 à 760).), 2015 B 521 (Les dépendances agricoles (parcelle 773) et le colombier (parcelle 780) sont situés dans la commune voisine de Saint-Seurin-de-Bourg.)

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