Demeure puis maisons, auberge et magasin de commerce, actuellement musée dit la Maison du Marais poitevin

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon

L'origine et l'usage de cet ensemble de bâtiments restent incertains. La forme des ouvertures sur la façade nord du bâtiment nord, place de l'Ecu, et la qualité de leur décor, de même que la cheminée au rez-de-chaussée, laissent entrevoir l'existence ici d'une demeure importante, construite au 15e ou début du 16e siècle. Les armoiries observées au sommet de la façade côté quai Louis Tardy, se rapportent d'une part ("d'azur au lion d'or") à Briand Bouton, fils de Péan Bouton, seigneur de la Baugissière, et de Louise de Payré (issue des seigneurs de Payré, un des quatre fiefs se partageant le bourg de Coulon jusqu'au 16e siècle) ; et de son épouse (mariés le 16 août 1484), Françoise Béchet ("d'argent à trois roses de gueule boutonnées d'or, posées 2 en 1"). Leur fille, Jacqueline Bouton, dame de Coulon, épouse de Jean de Vivonne, seigneur d'Oulmes, rend aveu en 1511 au seigneur de Benet pour le fief de Payré.

A la fin du 17e siècle, la demeure appartient à Jean Tristant (1672-1705), sieur des Retaillères, époux de Catherine Dupain, qui y habitent sans doute (en 1697, ils vendent au curé de Coulon la maison de la Trigalle, devenue dès lors le presbytère). En 1709, un aveu rendu par le seigneur de Coulon à celui de Benet, et mentionnant la Maison de la Coutume et ses abords, indique que la propriété qui se trouve à l'est appartient désormais à Jacob Fillon. Celui-ci, marchand tanneur à Niort, protestant, est né vers 1643 à Saint-Maixent, et s'est marié en 1677 au temple de Niort avec Marie Main. L'Armorial du Poitou en 1700 indique ses armoiries : "De sinople à une poupée d'or". Outre ses activités commerciales, il est fermier du prieuré de Coulon et de la métairie de la Grange qui en dépend, dont le bail est renouvelé en 1714 au profit de sa veuve, Marie Main. Le 27 septembre 1723, celle-ci afferme pour trois ans à Jacques Chesette, régent ou maître d'école, une partie de sa maison, donnant sur la place de la Coutume, soit deux chambres basses, un petit jardin devant, situé sur le bord de la Sèvre, et "le grenier qui est dans le vieux bâtiment qui a sa vue sur l'eau et son entrée par l'escalier à main senestre". La dame Fillon se réserve l'usage du pigeonnier de ladite maison, avec l'entrée par la grange.

Le 28 avril 1736, a lieu l'estimation (de la maison de feu Jacob Fillon époux Main, "qui a son aspect sur le port". Elle comprend : "une grande chambre basse ayant sa vue sur le port", "un petit jardin fermé de mur ayant son aspect sur la rivière", "une autre chambre basse à côté de la première, avec vue sur la rivière, exploitée par le nommé Ruffignac", "un petit toit et un grand grenier ayant son aspect sur le port", "une écurie à main gauche de la première chambre", une autre écurie, une cave, un "courouer" et une cour qui joint à une autre maison, "où est un grand portail qui a sa sortie sur la rue", plus deux chambres louées, trois appartements au-dessus, et enfin deux autres chambres. Le tout est estimé à 4000 livres.

A la fin du 18e siècle, comme le montrent les plans établis à cette époque dans le cadre d'un contentieux concernant le seigneur de Coulon et la place de la Coutume, la propriété est désormais divisée (comme aujourd'hui) en trois maisons et servitudes appartenant à Jean Roy (1751-1785), marchand, époux de Marie Catelineau. En 1833, selon le cadastre, l'ensemble est détenu par Louis Roy (1775-1853) (fils des précédents), notaire à Coulon mais demeurant à Frontenay-Rohan-Rohan, et époux de Rose Ecarlat. La propriété passe en 1859 à son frère, Joseph Roy.

Comme le montre le plan cadastral de 1833, le corps de bâtiment nord ouvrait à l'est sur une cour qui a été couverte par la suite. De même, la façade de ce corps de bâtiment à l'ouest, et ses ouvertures, donnant sur la place, ont été en partie modifiées : remplacement de deux baies en arc en plein cintre (17e-18 siècle ?) par une large baie formant l'entrée du musée, percement d'une baie à l'étage et de deux autres au grenier. L'habitation à l'angle sud-ouest de l'ensemble et celle qui la prolonge vers l'est, le long du quai (actuelle boutique du musée) sont probablement des constructions du 18e siècle, si l'on en croit notamment la forme de leurs ouvertures. Celle a l'angle sud-ouest devait abriter un commerce, ouvrant par la porte en arc en plein cintre qui est déjà mentionnée sur un plan des lieux à la fin du 18e siècle. La troisième habitation, dans l'angle sud-est, remaniée à la fin du 20e siècle, correspond probablement à la nouvelle construction de maison enregistrée au cadastre en 1859 pour le compte de Joseph Roy.

Après celui-ci, la propriété passe en 1862 à Jean Ecarlat époux Roy, de Frontenay-Rohan-Rohan, et en 1867 à François Victor Gerbier époux Ecarlat. Sur les plans d'aménagement du port et du quai en 1868, l'ensemble est occupé par M. Arbouin. Il est divisé en deux en 1882, ce que confirme le plan d'alignement sur bourg en 1887 : Joseph Boyer, menuisier puis marchand, épicier et entrepositaire de bière, époux de Madeleine Ravard, possède la maison au sud-ouest et celle qui la prolonge à l'est, ainsi que les bâtiments nord (maisons et écurie), le long de la place de la Coutume ; la cour intérieure a été couverte, transformée en écurie et en hangar qui appartiennent alors, comme la maison au sud-est, à Clément Ravard (1824-1887), négociant et pêcheur, époux de Suzanne Gibaud puis de Pauline Suire, beau-père de Joseph Boyer. Celui-ci rachète le tout en 1889, et poursuit côté quai l'activité de commerce de bière avec son beau-frère, Marcel Ravard (1861-1918). Le commerce de bière et limonade est repris en 1912 par le fils de Joseph Boyer, Elie Boyer. Dans les années 1920, Gédéon Pipet succède à Marcel Ravard à la tête de la "brasserie de la Sèvre". En 1924, il est autorisé à établir entre sa maison et la Sèvre une double canalisation souterraine pour prélever de l'eau dans le fleuve à l'aide d'une pompe, et rejeter les eaux de lavage de ses bouteilles de bière.

Dès les années 1880, la partie donnant sur la place de la Coutume abrite quant à elle une auberge, tenue par M. Mercier-Cailleton puis M. Allely en 1887, et enfin en 1908 par M. Rivet. Clément Ravard la met en location en 1887, peu avant sa mort ; cette maison-auberge, dite "la maison ancienne", comprend deux chambres basses, trois chambres hautes, des greniers, deux caves et une écurie pouvant abriter jusqu'à 20 chevaux, sous un vaste grenier à foin. Enfin, la maison à l'est (92 quai Louis Tardy) est vendue vers 1892 à la Société de panification de Coulon, fondée en 1881 et qui cesse son activité vers 1960.

En 1994, l'ensemble, devenu propriété communale, est rénové de manière à accueillir une nouvelle entité muséale consacrée au Marais poitevin, la Maison des Marais mouillés, puis Maison du Marais poitevin. L'habitation au centre, sur le quai, abrite aussi l'office du tourisme.

Périodes

Principale : 15e siècle, 1er quart 16e siècle, 17e siècle, 18e siècle, 3e quart 19e siècle

Cet ensemble est principalement composé de quatre corps de bâtiments. Au nord et à l'est, s'étire un long corps de bâtiment de plan en L, haut d'un étage et d'un surcroît. Sa façade ouest, sur la place, présente plusieurs travées d'ouvertures (abstraction faite des remaniements de la fin du 20e siècle). Comme le montre une carte postale du début du 20e siècle, on en comptait quatre, avec au rez-de-chaussée des ouvertures en arc en plein cintre. La façade nord du bâtiment, quant à elle, est occupée en partie supérieure par six rangs de boulins à pigeons (80 boulins au total). Ils entourent deux baies auxquelles ils sont probablement postérieurs. La plus grande est une large croisée à un seul croisillon et un meneau, avec ébrasement et coussièges à l'intérieur. Le larmier qui marque son linteau retombe sur deux culots sculptés en forme d'anges présentant chacun des armoiries (à gauche un poisson, à droite une pointe de lance et une sorte de trèfle, avec un cœur au milieu du trèfle). L'appui de la baie est mouluré et orné, lui-aussi, de motifs sculptés : deux éléments de feuillage au centre, un personnage (artiste, acrobate, amuseur ?) à gauche, et un animal (lapin ?) à droite. On observe sur la même façade deux demi-croisées et une baie à encadrement mouluré.

Ce corps de bâtiment enserrait la cour située à l'est, parallèle à la petite rue du Gadrouillet, et qui a été couverte. Cette cour semble avoir été accessible de deux manières. Au nord se trouvait un passage couvert débouchant sur la place de l'Ecu par une grande porte charretière. Son entrée côté cour est matérialisée par une poutre soutenue par un corbeau en pierre. Au sud, on devait accéder au quai depuis la cour par l'intermédiaire du passage couvert, avec deux portes charretières en arc en anse de panier, percées au rez-de-chaussée de l'habitation qui se trouve là (actuelle boutique du musée). Dans la cour se trouvait par ailleurs un puits, encore visible de nos jours. Le rez-de-chaussée de l'aile ouest est occupé par une salle voûtée, dont une des portes d'accès présente un encadrement chanfreiné et un linteau en accolade. Au rez-de-chaussée également, se trouve une cheminée d'époque médiévale dont le linteau, mouluré, est soutenu par des corbeaux et des colonnettes engagées.

Côté quai, à l'angle sud-ouest de l'ensemble, s'élève une habitation à plan en pan coupé, éclairée par plusieurs baies à linteau en arc segmentaire. Son élévation latérale ouest est percée au rez-de-chaussée d'une baie en arc en plein cintre, sans doute la porte d'un ancien commerce. La maison qui la prolonge vers l'est (actuelle boutique du musée) et qui longe le quai, présente en façade trois travées d'ouvertures, avec pleins de travées appareillés. Les baies de l'étage possèdent chacune un linteau en arc segmentaire. La travée latérale à droite comprend la porte charretière qui devait relier le quai et la cour intérieure. Au-dessus, la baie de l'étage est surmontée d'un écusson portant des armoiries en deux parties : une fleur et une demi-fleur à gauche, un lion à droite. La troisième habitation, a l'angle sud-est de l'ensemble, a été remaniée mais son élévation latérale à l'arrière, sur la rue du Gadrouillet, présente encore un porte charretière en arc segmentaire, surmontée d'un petite baie chanfreinée, en arc en plein cintre.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Typologie
  1. Maison attenante
Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Coulon , 7 place de la Coutume

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 1833 D 863, 2024 AI 673

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