Pont suspendu de Tonnay-Charente

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Un premier pont, sans doute en bois, est attesté entre Tonnay-Charente et Saint-Hippolyte en 1242. Il semble démoli et reconstruit plusieurs fois, et le bac reste toujours le principal moyen de franchissement, voire le seul dès le milieu du XVe siècle.

Plusieurs projets sont étudiés à partir de 1831 pour la construction d'un pont destiné à remplacer le passage de bac sur la route royale Bordeaux - Saint-Malo, qui n'entraverait aucunement le trafic fluvial. L'ingénieur Lazare Dor propose les plans d'un pont suspendu dès 1831, mais ce n'est que le 24 août 1838 qu'une ordonnance royale autorise son édification, en même temps que celle d'un autre pont suspendu à établir à la Cabane-Carrée à Rochefort. Ce deuxième projet est abandonné et une seconde adjudication est autorisée pour le seul pont de Tonnay-Charente. Le 4 décembre 1839, le projet est adjugé au Bordelais Pierre Debans, qui crée une société anonyme pour la construction et la perception du péage de ce pont durant 77 ans.

Le pont est construit en 1841-1842 sous le contrôle de l'ingénieur Masquelez et de l'entreprise bordelaise des quatre frères Escarraguel, tous ingénieurs civils. Il permet le passage des bateaux de 20 mètres de tirant d'air et de 6,50 mètres de tirant d'eau. Il reprend le type de pont suspendu construit par les frères Seguin à partir de 1825. Sa construction entraîne le percement, dans le centre de la ville, d'une nouvelle voie dans le prolongement de l'ancienne voie médiévale, redressée à cette occasion, formant l'actuelle rue Alsace-Lorraine.

En vue du rachat de la concession par le gouvernement à la suite de l'adoption de la loi du 30 juillet 1880, le tablier du pont, soumis à l'épreuve en 1883, rompt. Un nouveau tablier suspendu, conçu par l'ingénieur Ferdinand Arnodin - concepteur plus tard du pont transbordeur du Martrou -, est établi en 1884. La travée à tablier de bois de 206 mètres, portée par des pylônes métalliques appuyés sur des piles de maçonnerie composées de trois arches superposées, est ainsi remplacée par un système plus solide. Des câbles amovibles et des haubans de rigidité en fils d'acier tordu sont installés ; le système des câbles à torsion alternative est une invention de Ferdinand Arnodin. Le nouvel ouvrage est inauguré le 18 mai 1885.

Puis, le pont est renforcé, en 1934-1935, par l'entreprise Fives-Lille pour permettre le passage de véhicules plus lourds : les entretoises du tablier son refaites en acier mi-dur, plus résistant à la corrosion ; les fondations des deux culées et des deux piles sont renforcées ; du béton vient colmater des fissures des piles. Les travaux se font sans l'interruption du trafic : des pylônes présentant deux croix de Saint-André superposées sont installés provisoirement pour servir d'appui à un câble provisoire. Puis, de nouveaux pylônes présentant deux croix de Saint-André accolées sont mis en place en même temps que de nouveaux câbles en aciers spéciaux.

En 1965, en raison du développement du trafic routier, le pont est déclassé lorsque le pont de Saint-Clément est mis en service à Cabariot. Il devient alors propriété de la commune. Classé au titre des monuments historiques en 1988, il est restauré cette année-là, puis entre 2000 et 2009.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle, 4e quart 19e siècle

Dates

1842, daté par source

1884, daté par source

1935, daté par source

Auteurs Auteur : Dor Lazare Joseph Aimé

ingénieur des Ponts et Chaussées ; au service des ports maritimes de commerce de la Charente-Inférieure et à celui du canal de Niort à La Rochelle, à partir de 1815.

, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Masquelez Louis Joseph

ingénieur des Ponts et Chaussées ; employé au dessèchement des marais de Rochefort à partir de 1815 (au moins jusqu'en 1835).

, ingénieur (attribution par source)
Auteur : Escarraguel Frères

Entreprise bordelaise des frères Louis Isnel (1808-1873), Dominique (1810-1882), Louis Grégoire (1815-1863) et Jacques (1816-1871) Escarraguel. Les documents du pont de Vicq mentionnent " le sieur Escarraguel, ingénieur civil, 70 cours de Tourny à Bordeaux ".

Pont suspendu sur la Gartempe à Vicq-sur-Gartempe (1838) ; pont suspendu sur la Vienne à Availles-Limouzine (Vienne) en 1839 ; pont suspendu sur la Charente à Tonnay-Charente (1842) ; pont de la Trache sur la Charente à Saint-Brice (Charente) en 1843.

, ingénieur civil (attribution par source)

Ce pont qui traverse la Charente, sur 80 mètres, au niveau du centre de la ville de Tonnay-Charente est de dimensions considérables, puisque sa longueur fait plus de 600 mètres au total, pour une hauteur de 25 mètres environ. Il a la particularité de s'appuyer d'un côté sur une falaise et retomber, de l'autre, dans un marais. De part et d'autre du lit du fleuve, une pile en pierre sert d'appui à la partie suspendue.

L'accès aux travées suspendues se fait depuis la rive gauche par une culée à 51 arches en arc brisé et, de la rive droite, par une culée de deux arcades seulement. De ce côté, la voie d'accès a été aménagée dans la partie ouest du château de Tonnay-Charente. Les petits pavillons servant au péage et au gardiennage à cette entrée du pont sont en pierre de taille. De plan rectangulaire, ils s'élèvent sur trois niveaux, le niveau supérieur correspondant à celui du pont. Ici, des pilastres flanquent les angles de la façade couronnée par une corniche et un muret acrotère qui masque la toiture de zinc. Ce niveau renferme une pièce éclairée par deux fenêtres et dotée d'une cheminée.

Les culées à arcades et les deux piles intermédiaires sont en pierre de taille, tandis que les deux pylônes-portiques et le tablier sont en acier. La mise en oeuvre des pierres clavées des arcs en tiers point des culées et des piles est extrêmement soignée. Le tablier métallique, recouvert d'un platelage de bois, est porté par des portiques contreventés et soutenu par des câbles en torsion alternée. Un garde-corps métallique court le long.

Les 51 travées de la culée sud sont voûtées d'arêtes sur des arcs brisés portés par des piles, établies sur un soubassement en gradins. Légèrement trapézoïales, elles sont plus large à leur base qu'au niveau du tailloir, formé d'une assise en saillie, portant la naissance des arcs. Au-dessus, la pente de la chaussée supportée est d'environ 6 %. Cette voie, désormais bitumée, est bordée de murets garde-corps en pierre de taille.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : métal

    Mise en oeuvre : pan de fer

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Tonnay-Charente

Milieu d'implantation: en village

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