Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Saint-Palais a longtemps disposé d'un port, atout aujourd'hui à l'état de souvenir. Il semble que ce port était situé près de l'embouchure du ruisseau du Rat (qui s'écoule dans la conche du Bureau), là où s'étend aujourd'hui un parklng, place du Rha, en arrière et en contrebas de l'actuel quartier balnéaire du Bureau.

C'est là que, dès le 16e siècle, les premiers pilotes chargés d'accompagner les navires dans la dangereuse traversée de l'estuaire de la Gironde, auraient fixé leur station. En 1683, on mentionne un navire rattaché au port de Saint-Palais, transportant des marchandises de Bordeaux vers Québec. En 1696, un état des bateaux de l'amirauté de Marennes dénombre à Saint-Palais 18 chaloupes de 2 à 5 tonneaux et 5 barques de 20 à 40 tonneaux. A la même époque, les registres paroissiaux mentionnent 8 charpentiers de navire et leur maître.

Ce port va toutefois très vite péricliter car il subit une lourde menace : celle des dunes de sable qui avancent depuis l'ouest et la conche du Platin, envahissant la conche du Bureau et ses abords. Dès 1727, plusieurs pilotes quittent Saint-Palais pour aller exercer leur mission à partir des ports de Royan et de Saint-Georges-de-Didonne. Pourtant, vers 1768, un ingénieur, M. de Kearney, établit un plan du port de Saint-Palais, avec à la clé un projet d'amélioration. Le plan montre un port presque entièrement envahi par les sables, avec un plan d'eau sur un côté, le tout relié à la conche par un chenal que les sables ont déplacé et rétréci à l'extrême. Les pilotes ne peuvent plus y faire pénétrer leurs bateaux, qu'ils laissent au gré des marées dans la conche, avec impossibilité de les en sortir à marée basse. Kearney propose sur ce même plan de rélargir le chenal et de creuser un bassin en amont. Le rétablissement du port de Saint-Palais fait bel et bien partie d'un état des dépenses à faire pour l'amélioration de la navigation sur la Gironde, adopté le 25 juin 1768.

Les tergiversations de l'administration, et la concurrence de ce projet avec un autre projet d'amélioration du port de Royan, obligent Kearney à revoir ses plans. Très vite, il propose une autre solution : la création d'un port plus en aval, à la pointe ouest de la conche du Bureau, là où existent déjà le bureau de la Ferme (ou des douanes) et une redoute de défense. Les pilotes ont déjà l'habitude d'y mettre leurs bateaux, entre les rochers, pour éviter les effets de la marée. Le lieu est d'ailleurs surnommé "banche des Pilotes". Un autre plan établi vers 1768 par Kearney montre le projet qui consiste à creuser un bassin dans le rocher même, bassin rectangulaire entouré par des buttes de terre, et ouvrant sur la conche par un étroit chenal encadré par deux courtes jetées.

Ce projet, pas plus que le premier, ne sera réalisé, l'administration préférant se concentrer sur le port de Royan. En 1772, après qu'une tempête ait fracassé leurs bateaux, les pilotes de la Gironde quittent définitivement Saint-Palais pour s'établir à Royan et à Saint-Georges-de-Didonne. Encore mentionné sur la carte de Belleyme dans la seconde moitié du 18e siècle, le port de Saint-Palais disparaît ensuite des documents cartographiques.

Reste l'ancienne "banche des Pilotes", au pied de la pointe rocheuse ouest de la conche du Bureau. Le site est aménagé en 1931 : les rochers sont creusés sur quelques mètres, une petite jetée en moellons est édifiée, le tout permettant de mettre à l'abri de modestes barques de pêche ou de promenade, face à la plage et au pied des villas.