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Église Saint-Séverin
France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet
Historique
La première église de Saint-Seurin-d'Uzet, vouée à saint Martin, était située, comme le bourg, sur la hauteur à l'est cu château, au lieu-dit actuel "le Vieux Bourg". Jusqu'au 12e siècle, elle relevait de l'évêque de Saintes. En 1174, l'évêque Adhémar en fait don au prieur de Mortagne qui garde jusqu'à la Révolution un droit de regard sur la nomination du curé de Saint-Seurin-d'Uzet. En 1534, Guy de La Mothe-Fouqué, co-seigneur de Saint-Seurin, donne vingt écus d'or à la fabrique pour faire paver l'église, dans laquelle il souhaite être enterré.
A la fin du 17e siècle, le déplacement du bourg vers le site du port finit par entraîner le transfert de l'église. Sa démolition commence en 1689. Il semble que des pierres aient été remployées dans les murs de fortification du château (il apparaît moins probable que des chapiteaux en aient été réutilisés dans l'église du port, dont les chapiteaux semblent tous remonter au 19e siècle). Ce transfert et la construction de la nouvelle église sur le port sont toutefois progressifs, et le culte continue à être célébré dans l'ancienne église pendant plusieurs années. En 1701, les habitants assemblés délèguent un certain Pierre Bon pour faire tout ce qui sera nécessaire pour la reconstruction de l'église. En 1703, le prieur de Saint-Seurin expose le danger encourru par les fidèles dans les ruines de l'ancienne église, par ailleurs trop éloignée de la demeure du seigneur. La décision définitive de transférer l'église sur le port est alors prise.
La nouvelle église est définitivement construite sur le port à partir de 1707. Le 25 juin de cette même année, le baron de Saint-Seurin, Henri Brétinauld, est inhumé dans l'ancienne église. En 1708, Etienne Marchay, praticien, accusé d'avoir tué son frère Alexis, sieur de Bel-Air, est condamné à payer une amende destinée à terminer la nouvelle église. Cette dernière, achevée en 1721 seulement, est toutefois inaugurée dès le 1er juin 1710 par Fleurimon, archiprêtre de Saint-Fort, et par Michel Allary, prieur-curé de Saint-Seurin. La première inhumation dans le nouveau cimetière a lieu le 14 mai 1710 (pour René Moufflet). L'ancienne église et le vieux bourg sont désormais désertés. Claude Masse en situe les vestiges sur son plan de Saint-Seurin-d'Uzet au début du 18e siècle. A la Révolution, il n'en reste que des pierres et des souvenirs.
Un état de la nouvelle église du port est établi en 1749. L'abbé Daniel Moreau, prieur-curé de Saint-Seurin-d'Uzet, y est inhumé le 2 avril 1768. En 1782, l'intendant de La Rochelle charge l'architecte Charles-Etienne Grandvoinet d'établir un devis pour des réparations. En 1794, l'église, désaffectée et renommée "temple de la Raison", sert de lieu d'assemblée des habitants. Les objets de culte en métal précieux sont réquisitionnés pour être fondus.
Lorsque le Concordat de 1801 réorganise le culte en France, l'église est érigée en simple dépendance de l'église de Chenac. Le curé de Chenac vient alors y célébrer la messe de temps à autres. En 1805, le conseil municipal renonce à voter des crédits pour effectuer des réparations à l'église. Elle est pourtant dans un tel état de délabrement que pour la réparer, il faudrait une somme de 3000 francs, que l'on préfère affecter à la réparation des chemins.
Très vite, le rattachement de l'église de Saint-Seurin-d'Uzet à celle de Chenac fait polémique. En 1807, le préfet doit intervenir pour que les objets de culte qui se trouvent encore dans l'église de Saint-Seurin soient transférés à Chenac. En 1809, le conseil municipal de Saint-Seurin demande au gouvernement l'érection de l'église en succursale, étant donné que le mauvais état des chemins et leur inondation en hiver rendent difficiles les déplacements vers Chenac. Ce voeu est réitéré en 1821. En 1825 et 1826, des réparations d'un montant de 5000 francs sont effectuées à l'église grâce à une souscription. Dès le 17 octobre 1825, l'église réparée est bénite. Les pressions pour l'érection en église succursale se poursuivent Le 14 mai 1826, une ordonnance royale se contente d'accorder le titre de chapelle vicariale, dépendant toujours de Chenac.
L'église apparaît sur le plan cadastral de 1832 puis sur un plan du projet d'aménagement du port de Saint-Seurin en 1836. Elle y figure entourée par le cimetière et un clos de mur, à quelques mètres à peine de la limite de la marée haute. Ni la sacristie ni la chapelle ouest n'existent encore. A la même époque, des travaux d'embellissements sont réalisés. En 1831, le baron de Saint-Seurin fait l´avance pour l´achat de plusieurs ornements, dont une chaire à prêcher. L´église est couverte d´une charpente nue, avec un tillis en bois au-dessus du choeur seulement. Un retable est réalisé par le sculpteur Louvet en 1837.
Dans les années 1840, la polémique au sujet de la résidence du curé et de la participation financière des deux communes à ses frais de logement, agite de nouveau Saint-Seurin-d'Uzet et Chenac. La question est d'autant plus sensible qu'en 1843, l'église et le presbytère de Chenac étant en trop mauvais état, le curé décide d'aller vivre à Saint-Seurin. L'église de Saint-Seurin est finalement érigée en succursale par ordonnance royale du 18 août 1845.
Quelques années plus tard, l'église s'avère trop petite pour accueillir tous les fidèles. Elle est par ailleurs sous la menace perpétuelle des inondations, malgré l'aménagement récent du quai. Dès 1855, une nouvelle sacristie est construite au sud (à son emplacement actuel) par M. Lucas, maçon. Auparavant, elle se limitait à un réduit entre le maître autel et le mur du chevet. Le 3 mai 1857, le conseil municipal de Saint-Seurin-d'Uzet décide d'agrandir l'église de manière plus drastique. Le maire, le baron Amédée Brétinauld de Saint-Seurin, établit lui-même les premiers plans mais ils sont rejetés par la préfecture. Le projet est alors confié à l´architecte Victor Fontorbe, de Saintes. Il s´agit de reconstruire la façade et une grande partie de la nef, allongée vers la rue, de surélever les murs de l´ancienne partie, et de refaire la toiture. Le projet de Fontorbe indique que les murs seront revêtus en pierre de taille des carrières de Bourg (Gironde). Les fenêtres, la porte, la rosace et les colonnes seront en pierre des carrières de Thénac et seront "d´ordre roman". La corniche qui ornera l´intérieur de l'église sera en pierre de Thénac, celle à l´extérieur sera en pierre de Bourg. Chaque fenêtre aura intérieurement deux colonnes et extérieurement un bourelet. Les colonnes seront surmontées de chapiteaux bruts destinés à être sculptés. L´entrée du choeur, vis-à-vis de la sainte table, sera encadrée par deux colonnes d´ordre roman. Le mur de la façade sera revêtu intérieurement et extérieurement de pierre des carrières de Bourg. La porte d´entrée sera encadrée par trois colonnes de chaque côté, avec bases et chapiteaux. Au-dessus se trouveront trois archivoltes. Les vitraux seront en verre blanc.
Pour financer ces travaux, dont le coût s'élève à 10000 francs, le maire, Amédée Brétinauld de Saint-Seurin s´engage à verser 2400 francs et l´Etat accorde un secours de 2000 francs. Une quête effectuée de porte en porte par le curé Moquay et par le baron de Saint-Seurin, Henri Brétinaud et son fils, Amédée, rapporte en outre 4598 francs. Le 14 novembre 1858, les travaux sont adjugés à Pierre Raine, maçon à Barzan. Ils durent toute l´année 1859. Des dépenses supplémentaires sont acceptées pour orner l´intérieur de l´église de colonnes de style roman. Surtout, le chantier est retardé par un tassement de la nouvelle construction, malgré des fondations en béton. Le mur sud cède sous le poids du réhaussement et il doit être relevé en entier. Un secours supplémentaire de 1000 francs est accordé par l´Etat en juin 1860. En 1866, le baron Amédée de Saint-Seurin fait ajouter une chapelle à l'ouest, voûtée en pierre, dédiée à la Vierge, avec le droit de s´y placer, lui et sa famille, pendant les offices. Le 30 juin 1889, deux cents ans après le début du transfert depuis le Vieux Bourg, l'église est consacrée au Sacré-Coeur de Jésus.
L'église a d'abord été voûtée en plâtre. En effet, en février 1910, une tempête emporte une partie du toit et de cette voûte. Celle-ci est reconstruite avec un budget très serré. La voûte en bois, moins onéreuse qu'une voûte en plâtre, remonte probablement à cette époque, de même que la couverture en tuile mécanique. Le 7 décembre 1913, jour de la fête des cultivateurs, l'évêque de La Rochelle vient à Saint-Seurin-d'Uzet bénir la statue de saint Michel et aussi la tribune, élevée grâce à une souscription afin de résoudre les problèmes de place dans l'église. D'importants travaux de consolidation sont décidés en 1956, et le niveau du sol est remonté pour freiner les inondations. La voûte en bois est refaite en 1987 par l'entreprise Jolly et fils, de Brie-sous-Mortagne. Comme cela s'est produit à de multiples reprises depuis le 18e siècle, l'église est inondée lors des tempêtes de 1999 et 2010, ce qui endommage gravement une partie de son mobilier.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 1er quart 18e siècle Principale : 3e quart 19e siècle |
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Dates |
1707, daté par source 1859, daté par source |
Auteurs |
Auteur :
Fontorbe Victor, architecte (attribution par source) Auteur : Arnold Camille, sculpteur (attribution par analyse stylistique) |
Description
L'église se situe sur le port, sur sa rive droite. Elle présente la particuliarité de ne pas être orientée : le chevet se trouve en effet au sud-ouest. L'église comprend une nef unique et un chevet en hémicycle. La sacristie, au sud, et la chapelle, au nord, qui lui sont accolées, affectent la même forme demi-circulaire. La nef est couverte en tuile mécanique, tandis que le chevet, la sacristie et la chapelle le sont en tuile plate. Le toit de la nef et du chevet est souligné par une corniche à modillons. Les murs de la nef et du chevet présentent une différence d'appareil, issue de la reprise de 1859 : la partie basse, la plus ancienne (probablement du 18e siècle) présente en effet un appareil moins régulier que la partie haute. Les murs de la nef, du chevet, de la sacristie et de la chapelle sont percés de baies en plein cintre, chacune ornée d'une mouluration et, pour la nef et le chevet, d'un larmier en pointes de diamant.
La façade nord-est, à pignon, est encadrée par deux contreforts et sommée d'un clocher-mur ou campanile à fronton triangulaire, lui-même surmonté d'une croix grecque. Cette façade participe pleinement au style néo-roman de l'église. Le premier niveau est percé d'un portail à quatre rouleaux. Au-dessus se trouve une arcature à neuf cintres, reposant sur une corniche à dix-neuf modillons sculptés. Une autre arcature, à trois cintres seulement, couronne l'ensemble.
A l''intérieur de l'église, la voûte en bois de la nef et du chevet est scandée de doubleaux. Elle est soulignée par une corniche, muette pour la nef, en damier pour le chevet (à l'image de celle observée dans l'église de Chenac). La nef est rythmée par huit colonnes engagées avec chapiteaux sculptés. Une arcature à cinq cintres, retombant sur quatre colonnettes engagées à chapiteaux sculptés, décore le chevet. L'arc central est aveugle.
Détail de la description
Murs |
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Toits |
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Plans |
plan allongé |
Étages |
1 vaisseau |
Couvrements |
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Couvertures |
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Décors/Technique |
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Décors/Représentation |
Précision sur la représentation : A l'extérieur, le décor sculpté de la nef et du chevet se limite aux pointes de diamant des larmiers au-dessus des baies. L'essentiel du décor se concentre sur la façade nord-est. Il a pu être réalisé par l'atelier du sculpteur Camille Arnold, comme pour l'église de Chenac. Au premier niveau, le portail possède riche ornementation sculptée sur ses rouleaux, constituée de pointes de diamant et de frises végétales. Le motif en pointes de diamant se retrouve sur l'entablement entre les rouleaux et les chapiteaux. Ces derniers présentent des motifs très variés, d'inspiration romane : oiseaux, entrelacs, motifs végétaux, animaux fantastiques. A la retombée de l'archivolte, on remarque à gauche une grenouille, et à droite un escargot, motifs saintongeais ajoutés au vocabulaire roman traditionnel. Les coussinets qui encadrent la porte et supportent le tympan, présentent des têtes d'anges. Sur le tympan, le Christ bénissant est entouré des quatre évangélistes, chacun accompagné de son animal symbolique (le liion de saint Marc, l'aigle de saint Jean, le taureau de saint Luc). Au-dessus du portail, les dix-neuf modillons de la corniche présentent chacun un motif sculpté différent : des animaux, réels ou fantastiques, des têtes humaines, des signes du zodiaque (voir le détail en annexe). La base du campanile est encadrée par deux têtes humaines sculptées. Le campanile est par ailleurs orné de colonnettes à chapiteaux à décor feuillagé. A l'intérieur de l'église, les chapiteaux de la nef et du choeur portent un décor sculpté généralement constitué de feuillages et d'enroulements végétaux. Certains se distinguent toutefois par un motif spécifique : oiseaux buvant dans un calice, aigles, serpents, dragons, têtes humaines, agneau mystique. Les arcs du choeur sont formés de frises végétales ou géométriques. La première colonne contre le mur est de la nef en entrant ne descend pas jusqu'au sol mais repose sur un culot sur lequel est sculpté un ange portant les armoiries pontificales. D'autres armoiries figurent au sommet de l'arc qui marque l'entrée de la chapelle ouest. Il s'agit des armes de la famille Brétinauld de Saint-Seurin (de sable à trois hures de sangliers d'argent, 2 et 1). |
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA17045336 |
Dossier réalisé par |
Suire Yannis
Conservateur en chef du patrimoine au Département de la Vendée à partir de 2017. |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Estuaire de la Gironde (rive droite) |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2012 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel |
Citer ce contenu |
Église Saint-Séverin, Dossier réalisé par Suire Yannis, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/470d4b5d-2f8e-4937-8f27-0833cf603414 |
Titre courant |
Église Saint-Séverin |
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Dénomination |
église |
Statut |
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Intérêt |
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Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet , rue du Caviar
Milieu d'implantation: en village
Lieu-dit/quartier: Saint-Seurin-d'Uzet