Ensemble fortifié dit fort et batteries des Saumonards

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Georges-d'Oléron

Les premières batteries des Saumonards sont établies en 1701 comme l'atteste une adjudication passée le 30 mai, entre Buirette, ingénieur du roi, et Moïse Ferry, entrepreneur. Ce ne sont que de simples épaulements, réactivés à chaque menace de guerre avec l'Angleterre. En 1798, on y trouve cinq pièces de 36, huit de 24 et deux mortiers de 12 pouces.

En 1811, dans le cadre du programme général de la réorganisation de la défense des côtes prescrit par Napoléon Ier, la batterie est reconstruite et dotée en guise de réduit d'une tour-modèle 1811 type n° 1. Ce type de tour, qui doit satisfaire à toutes les exigences locales (corps de garde, poudrière, logements et réduit de batterie), est une combinaison des tours de Vauban et des tours exécutées en Egypte en 1798. De la situation qu'occupe la pointe des Saumonards, face à l'extrémité sud de l'île d'Aix, résulte son importance militaire qui constitue un des piliers de la ceinture de protection de la rade, avec les forts Boyard, de la Rade et d'Enet. La tour-réduit reste inachevée en 1815, lorsque, à la chute de l'Empire, les batteries de côte sont désarmées et mises en sommeil. La batterie est conservée dans le projet d'armement, avec trois pièces de 48, quatorze de 24 et cinq mortiers de 32 cm.

Après vint-cinq ans de léthargie, la commission mixte de 1841 procède à une nouvelle réorganisation. Ses propositions, revues en 1845, portent sur vingt pièces de 30, vingt obusiers de 22 cm et cinq mortiers de 32 cm. De 1850 à 1855, l'ouvrage est transformé en ouvrage fermé, appelé fort La Galissonnière, compte tenu de son éloignement de la place du Château-d'Oléron. La tour-modèle lui est intégrée comme caponnière de gorge. Ses feux croisent ceux de fort Boyard et du fort de la Rade de l'île d'Aix pour barrer la passe nord-ouest de la rade d'Aix. Son système de flanquement, assuré par deux caponnières doubles disposées aux angles d'épaule, entre faces et flancs, est original vers 1850, époque où le système bastionné est encore d'usage général et le reste jusqu'en 1874. Ces caponnières sont analogues à celle réalisée en 1848 à la redoute de l'île Madame, relevant de la même direction de La Rochelle.

Consécutivement à l'invention de l'artillerie rayée (1858), la batterie est de nouveau remaniée en 1875 par la commission de défense des côtes, avec l'installation de deux canons de 24 cm modèle 76, deux canons de 16 cm à culasse et quatre obusiers de 22 cm à bouche, rayés et frettés. Des traverses-abris sont construites sur la crête de feu, en protection des tirs de défilement, tandis que le fond des casemates-logements est renforcé contre le tir du large. Les canons de 16 cm modèle 58-60 et les obusiers de 22 cm seront déclassés avant 1900.

De plus, on construit en 1879, à l'extérieur et au nord-ouest, la batterie annexe des Saumonards, dotée de deux canons de 27 cm et deux canons de 24 cm (en 1912 : quatre canons de 27 cm modèle 70). A cette batterie s'ajoutent peu après, en arrière, la batterie de mortiers des Saumonards, armée de quatre mortiers G de 27 cm modèle 1889 de côte système de Bange, et la redoute de Beauregard, petit ouvrage d'infanterie assurant la défense arrière des batteries de côte.

La crise de l'obus torpille provoque la construction, vers 1890-1892, de magasins à poudre en béton spécial à la batterie annexe et à la batterie de mortiers. A la batterie principale, on installe quatre pièces de 95 mm G de côte modèle 1888 à tir rapide contre les torpilleurs et autres unités rapides. Des ouvrages d'infanterie en fortification de campagne sont construits en arrière, tournés vers l'intérieur de l'île, pour protéger le groupe d'ouvrages de côte contre une attaque en revers. Enfin, un projet de remaniement du fort la Galissonnière prévoit d'y installer quatre canons de 305 mm de marine modèle 93-96 sur affûts modèle 1899, mais aucune suite n'est donnée à ce projet

En 1914-1915, les matériels de côte de gros calibre sont enlevés et envoyés à l'intérieur, pour être montés sur affût ferroviaire et constituer l'artillerie lourde sur voie ferrée indispensable aux armées du Nord-Est ; la suprématie navale de l'Entente franco-anglaise permet ce prélèvement. Après 1918, la défense des côtes repasse en totalité à la marine, mais aucun travail n'est effectué sur les batteries de l'île d'Oléron, en raison sans doute de la tombée en désuétude du port de Rochefort. En 1923, lors de la destruction des munitions du fort, une explosion se produit, tuant cinq personnes et causant d'importants dégâts aux bâtiments.

Aucun ouvrage n'est ajouté par les troupes d'occupation durant la Seconde Guerre mondiale, après laquelle le fort devient, à partir de 1927, une colonie de vacances, "Guyenne-en-Mer", confiée au service social des armées. La redoute de Beauregard et la batterie de Mortiers sont, elles, aliénées à des particuliers après, semble-t-il, la destruction sur place du matériel.

Périodes

Principale : 1er quart 18e siècle

Principale : 1er quart 19e siècle

Principale : 2e moitié 19e siècle

Dates

1701, daté par source

1811, daté par source

1875, daté par source

1879, daté par source

Auteurs Auteur : Ferry Moïse

Entrepreneur des batteries des Saumonards à Saint-Georges-d'Oléron, 1701.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Buirette

ingénieur militaire, batteries des Saumonards à St-Georges-d'Oléron, 1701.

, ingénieur militaire (attribution par source)

Le fort se situe sur une partie saillante de la côte est de l'île, appelée la pointe des Saumonards et formée d'un massif sablonneux culminant à 18 mètres, boisé de pins, derrière lequel s'étend, à l'intérieur de l'île et jusqu'au bourg de Saint-Pierre, une vaste zone de marais drainée par le chenal de la Perrotine. Cette pointe se situe en face de l'extrémité sud de l'île d'Aix, encadrant ainsi un bras de mer de 5500 mètres de large qui constitue l'une des entrées de la rade d'Aix ou de Rochefort.

Dans son état actuel, le fort la Galissonnière - ancienne batterie des Saumonards - est un ouvrage fermé, établi en système polygonal simplifié, entouré d'un fossé à escarpe revêtue et contrescarpe à terre coulante. Son plan dessine un pentagone irrégulier très allongé de 230 mètres de front et 75 mètres de profondeur, dont le flanquement est assuré par deux caponnières doubles disposées aux angles d'épaule, entre faces et flancs. Le front de gorge, légèrement brisé en dedans, est coiffé, au milieu, de la tour modèle 1811. A côté s'ouvre la porte de l'ouvrage dont le centre est occupé par une vaste cour, dans laquelle sont situés deux puits à chaque extrémité. L'élément principal est la face nord-est avec crête de parapet à 9 mètres au-dessus de la cour, où subsistent deux emplacements semi-circulaires pour canons et deux autres rectangulaires encadrés par trois traverses-abris, dont une double à gauche. Ces banquette et épaulements sont desservis par deux rampes opposées dos à dos montant de la cour le long du talus intérieur du rempart.

Les casemates-logements sont établies également à la périphérie, adossées à l'escarpe, avec façade bordant la cour. Du côté nord, six casemates rectangulaires de 6 mètres sur 15,60 sont accolées. Les faces nord et ouest sont séparées par la gaine d'accès à la caponnière du nord, encadrée de quatre locaux aveugles formant berceaux d'équilibre. Du côté ouest, deux casemates rectangulaires de 5,50 mètres sur 15 sont accolées. Du côté est est constitué par un corps de bâtiment de six travées, comprenant quatre casemates-logements de 15,6 mètres sur 6, deux casemates aveugles entourées d'une gaine d'isolement affectée au service du magasin à poudre. Le tout est équilibré par deux casemates perpendiculaires formant culées, dans l'angle du front de gorge. Ce corps de bâtiment est longé, au nord, par la gaine d'accès à la caponnière double du sud-est. Sous le front de gorge, de part et d'autre de la tour, se trouvent deux bâtiments constitués chacun par cinq casemates accolées de 5,80 mètres sur 4,70, prolongés jusqu'aux casemates des flancs par une série de voûtes de décharge de même largeur et 3 mètres seulement de profondeur, destinées à renforcer l'escarpe de gorge, mais fermées côté cour et constituant des locaux utilisables (bureaux, magasins, blocs-hygiène). Les grandes casemates-logements sont voûtées en pierre. La façade sur cour, en pierre de taille de calcaire blanc soigneusement appareillée et dressé, est percée au centre d'une porte à plate-bande encadrée de deux fenêtres identiques. Au-dessus de la porte, une grande demi-lune, aujourd'hui murée, complétait l'éclairage. Les casemates des locaux de gorge sont éclairées à travers l'escarpe par des fenêtres en plein cintre, tandis que les locaux situés sous les voûtes de décharge de l'escarpe de gorge sont dotés chacun de trois créneaux de fusillade à ébrasement extérieur en gradins, tirant dans le fossé. Les locaux sont désormais recouverts de toitures à faible pente pour pallier les défauts d'étanchéité des extrados de voûtes. Deux escaliers sur arc rampant, accolés aux locaux de gorge, donnent accès au chemin de ronde de l'escarpe.

Les caponnières sont constituées par des locaux voûtés, en saillie sur l'escarpe du fossé, à génératrices brisées en angle obtus. Elles sont dotées, sur chaque flanc, de trois créneaux de fusillade du type archère surmontant un créneau de pied du type mâchicoulis sur arc à berceau surbaissé. Le front de tête est organisé de la même façon, avec un créneau de pied surmonté de deux créneaux de fusillade par face. Les parois extérieures sont, à la partie supérieure, raccordés en glacis à 45° à la tablette de couronnement, de niveau avec celle du reste de l'ouvrage.

La tour modèle 1811, type 1 pour 60 hommes, est intégrée selon une diagonale au front de gorge de l'ouvrage actuel. A l'origine, l'entrée se trouvait dans la face sud, entre deux embrasures pour obusier ; elle a été retournée dans la face nord pour donner sur la cour centrale du fort, avec pont-levis à contrepoids franchissant un fossé aujourd'hui comblé. L'ancien passage de l'entrée principale a été bouché et remplacé par deux créneaux doubles de fusillade.

La porte d'entrée est un passage ménagé dans l'escarpe de gorge, au sud-est de la tour-réduit. La baie en anse de panier, s'ouvre dans la feuillure en retrait d'une arcature en voûte surbaissée, les deux arcs étant à voussoirs extradossés en escalier et les montants harpés. De part et d'autre, au-dessus de la baie, sont présentes des fentes de passage des chaînes d'un pont-levis à contrepoids variable coulissant dans deux niches ménagées dans les parois du passage (sans doute système Lacoste). Ce pont s'abattait sur un tronçon de fossé prolongeant le fossé de la tour aujourd'hui comblé.

La batterie annexe, située au nord-ouest du fort, est en sable sans fossé, avec magasin à poudre en béton. La batterie de mortiers, à environ 500 mètres au sud-ouest de la précédente, est un simple épaulement, avec magasin à poudre en béton. La redoute de Beauregard, à environ 400 mètres au sud-ouest de la batterie annexe, est bâtie sur un plan en trapèze rectangle de 60 mètres de grande base. Elle est entourée d'un fossé avec escarpe maçonnée et contrescarpe à terre coulante. Elle est flanquée par deux bastionnets crénelés disposés en diagonale aux saillants nord et sud.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  3. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : béton armé

Toits
Couvrements
  1. voûte en berceau plein-cintre
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Georges-d'Oléron

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Saumonards (les)

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