Église paroissiale Saint-Rémi

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Chenevelles

L'église paroissiale de Chenevelles, dédiée à saint Rémi, fait partie du doyenné de Pleumartin et de l'archiprêtré de Châtellerault. Elle est mentionnée pour la première fois le 5 mai 1122 dans un texte du pape Calixte II confirmant les possessions de la cathédrale de Poitiers.

L'édifice comporte des vestiges romans datables du 12e siècle, notamment dans la partie basse du clocher-porche. Celui-ci est surmonté d'un clocher carré du 15e siècle, portant un décor gothique. L'église présentait aussi un chevet plat, caractéristique de cette période, qui fut remplacé par une abside demi-circulaire au 19e siècle. Dans les registres paroissiaux de Chenevelles, deux chapelles situées dans l'église sont mentionnées : une dédiée à saint Jean, l'autre à la Vierge. C'est dans celle-ci qu'étaient enterrés, pendant l'Ancien Régime, les membres de la famille d'Argence, alors seigneurs du Soucy et de la Font.

Lors de la Révolution, l'église est pillée par des hommes venus de Châtellerault. Le bâtiment est dépouillé de son mobilier liturgique et le curé, qui refuse de prêter serment à la constitution civile du clergé, est obligé de s'exiler. Il est remplacé par un prêtre jureur qui ne reste qu'un an dans la paroisse. L'église reste délabrée durant plusieurs années. En effet, en 1809, les vicaires généraux du diocèse de Poitiers missionnent le desservant d'Archigny pour constater l'état de l'église. Le vent s'engouffre par les verrières, en partie boisées, et la couverture est endommagée à cause d'une tempête survenue l'hiver précédent. L'autel a été conservé mais l'édifice est dépourvu des autres meubles nécessaires à l'exercice du culte. Il n'y a ni chaires, ni pupitres, ni confessionnaux.

En 1845, un orage endommage la toiture, la charpente et un pignon de l'église. En 1858, l'église a encore un besoin urgent de réparations, qui portent sur le pavage, les fenêtres, l'autel, les chapelles et l'extérieur du bâtiment. Cette année-là, l'ancienne église de la Chapelle-Roux est détruite. Une partie des pierres récupérées sur le chantier est vendue par la commune, qui espère restaurer l'église Saint-Rémi grâce au revenu de cette vente.

Ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard qu'un véritable projet de restauration voit le jour. L'église se trouve alors dans de bonnes conditions de solidité structurelle, mais elle doit tout de même faire l'objet de réparations sur plusieurs points : le dallage est toujours très endommagé et "l'ornementation grecque", probablement un décor néoclassique, détonne avec l’architecture romane de l'église et doit être supprimée. L'édifice doit aussi être agrandi pour accueillir les paroissiens dans de meilleures conditions. Le curé de Chenevelles, François Laglaine, s'adresse alors à son confrère l'abbé Pierre Paul Brisacier pour mener la restauration à bien. À la fois prêtre et architecte, il dresse un devis pour des travaux s'élevant à 8 584,47 francs. Il prévoit la pose d'un nouveau dallage, le grattage de l'enduit intérieur, la réparation et la réouverture d'anciennes fenêtres murées, la reconstruction en brique de la voûte de la chapelle Saint-Roch et la construction d'une abside semi-circulaire pour agrandir le chœur vers l'est. De nouvelles verrières sont aussi installées à cette occasion. Le devis est validé par le préfet de la Vienne et par le comité des inspecteurs généraux des travaux diocésains en 1875. Les travaux sont réceptionnés un an plus tard.

En 1877, une violente tempête renverse l'extrémité de la flèche du clocher, qui "n'est retenu[e] que par la tige de la croix et par les liens de fer et les crampons qui la maintiennent encore". Elle menace de céder et de tomber sur le toit de l'église. De plus, le 20 janvier 1880, la voûte de la chapelle Saint-Roch s’effondre en partie. Après examen minutieux de l'édifice, il s'avère que les travaux de restauration de 1876 avaient été mal exécutés, et l'architecte avait omis de le signaler lors de la réception des travaux. Il est donc tenu pour responsable de la chute de la voûte de la chapelle.

Le 5 septembre 1922, le ministre de l'Instruction publique et des Beaux-Arts inscrit le portail et le clocher de l'église au titre des monuments historiques.

Le décor peint de la chapelle de la Vierge est réalisé en 1938 grâce à un don anonyme.

En 2008, un nouveau maître-autel en pierre de Chauvigny est consacré par Mgr Albert Rouet, évêque de Poitiers.

Périodes

Principale : 12e siècle (daté par travaux historiques)

Principale : 15e siècle (daté par travaux historiques)

Principale : 3e quart 19e siècle (daté par source)

Dates

1876, daté par source

Auteurs Auteur : Brisacier Pierre-Paul (abbé)

Architecte à Tours, fondateur des ateliers Sainte-Anne, né le 16 juillet 1831 à Lignières-de-Touraine, décédé le 1er décembre 1923 à Lignières-de-Touraine.

Auteur notamment de :

Saint-Romain-sur-Vienne, prieuré Saint-Romain (1869) ; Leigné-sur-Usseau, église Saint-Hilaire (v. 1876) ; Pleumartin, église Saint-Pierre-ès-Liens de Crémille (1877) et église paroissiale de la Trinité (1877-1883) ; Chey, église Saint-Pierre (1877-1880) ; Lhommaizé, en collaboration avec M. Ardouin, église Saint-Jean-Baptiste (1870-1876)

, architecte (attribution par source)
Auteur : Millet

Restaure l'église Saint-Rémi de Chenevelles en 1876.

, entrepreneur (attribution par source)

L'édifice est situé sur la place du bourg de Chenevelles. Maçonné en pierre calcaire et couvert d'ardoises, il est construit selon un plan en croix latine et muni d'une abside semi-circulaire. Le bâtiment étant construit sur un axe nord-ouest/sud-est, son chevet n'est pas orienté comme la plupart des églises.

Extérieur de l'église :

Le portail, placé sur l'élévation nord-ouest, est couvert d'un arc en plein cintre. Il présente des voussures portant un décor sculpté constitué d'ornements géométriques et des palmettes. De chaque côté, la porte est flanquée de deux colonnettes engagées, dont les chapiteaux sont aussi décorés de palmettes. Ces colonnettes supportent des tailloirs portant un motif de damier. Deux curieuses petites niches couvertes d'arcs en plein cintre, dans lesquelles s'inscrivent des sortes de fenêtres qui ont pu être murées, flanquent le portail en partie haute. Elles pourraient être un peu plus anciennes que lui, car l'arc du portail obstrue une partie des niches. À l'aplomb du portail, une fenêtre romane, de forme oblongue, sert à éclairer l'entrée. Deux grandes colonnes engagées s’élèvent aussi de part et d'autre de l'élévation, jusqu'à la base du clocher.

Le clocher est situé au-dessus de l'entrée principale, ce qui fait de Saint-Rémi une église à clocher-porche. De forme carrée, il est muni de contreforts d'angles. Il est ajouré sur chaque élévation par de grandes baies couvertes d'arcs en plein cintre, surmontés de larmiers épousant leur forme. Seule la baie de l'élévation nord-ouest est couverte d'une accolade sculptée. En partie haute du clocher, un garde-corps partiellement ajouré présente des trilobes et des quadrilobes sculptés, inscrits dans des triangles et des losanges. Le clocher est couronné par une flèche octogonale en maçonnerie, surmontée d'une croix en métal. Quatre lucarnes aveugles à frontons sont accolées à la flèche, à l'aplomb des angles du clocher. Outre la flèche octogonale, le clocher-porche est aussi couvert de deux versants en pierres calcaire, de part et d'autre du clocher.

L'élévation nord-est présente une ouverture romane oblongue sur le clocher, couverte d'un arc en plein cintre et décorée de motif en dents de scie. Deux autres fenêtres de cette façade, munies d'un ébrasement profond, semblent médiévales. Une est couverte d'un arc en plein cintre et l'autre d'un arc brisé. Les deux autres fenêtres de cette élévation ont probablement été percées en 1876, lors de la restauration de l'église. Elles se distinguent des autres baies par leur ébrasement très peu marqué. L'escalier en vis qui permet d'accéder au clocher est situé dans une tour carrée demi-hors-œuvre, visible sur cette élévation.

La quasi-totalité de l'élévation sud-ouest est masquée par l'ancien presbytère, accolé à l'église. Dans la cage d'escalier du logement, une ancienne baie romane, aujourd'hui murée, est encore visible. Elle conserve quelques traces de polychromie ainsi qu'un décor sculpté de motifs en dents de scie.

Le chevet est constitué d'une abside semi-circulaire, construite en 1876. Elle remplace un chevet plat du 15e siècle, encore visible sous la forme d'un pignon découvert. L'abside est ajourée par trois baies couvertes d'arcs en plein cintre et renforcée par deux contreforts.

Intérieur de l'église :

La nef unique comprend cinq travées couvertes en berceau brisé, tout comme les deux chapelles latérales, formant les bras du transept. Quant au chœur, il est voûté en cul-de-four. La quasi-totalité des maçonneries intérieures sont recouvertes d'un enduit de fausses pierres apparentes.

La première travée est celle située sous le clocher. Proches des murs latéraux, deux grilles métalliques délimitent des espaces dédiés aux fonts baptismaux, sur la gauche, et au monument aux morts, sur la droite.

Le bras nord du transept est une chapelle dédiée à saint Roch. Sur son élévation nord-est, elle est munie d'une baie couverte d'un arc en plein cintre et flanquée de deux colonnettes. Elle date de 1876, comme toutes les ouvertures de l'église qui présentent les mêmes caractéristiques. L'autel est situé dans la partie sud-est de la chapelle. Construit en pierre de taille, il présente des contours galbés.

Le bras sud du transept est une chapelle dédiée à la Vierge. Elle présente un enfeu médiéval, restauré au 19e siècle, constitué d'une niche couverte d'un arc en berceau très légèrement brisé. Toute la chapelle présente un décor peint datant de la fin des années 1930. L'autel est similaire à celui de la chapelle Saint-Roch, à la différence qu'il présente ici un décor peint.

Le chœur et l'abside présentent une frise portant un motif en dents de scie. Les deux espaces sont délimités par un arc doubleau et deux paires de colonnes engagées dans les murs latéraux. Ces colonnes portent des chapiteaux constitués d'ornements végétaux.

La sacristie est située entre le chœur et le bras nord du transept. Elle est accessible depuis le chœur par une porte couverte d'un linteau droit sur coussinets.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise, calcaire en couverture
Plans

plan en croix latine

Étages

1 vaisseau

Couvrements
  1. voûte en berceau brisé en briquecul-de-four
Couvertures
  1. Type de couverture : flèche en maçonnerie

    Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon découvert

Escaliers
  1. Emplacement : escalier demi-hors-oeuvre

    Forme : escalier en vis sans jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
Décors/Représentation
  1. Representations : oiseau

  2. Representations : pélican

  3. Representations : pomme de pin

  4. Representations : tête humaine

  5. Representations : calice

  6. Representations : ornement végétal

  7. Representations : fleur de lys

  8. Representations : écu

  9. Representations : monogramme

  10. Representations : fleur

  11. Representations : dent de scie

  12. Representations : ornement géométrique


Précision sur la représentation :

À l'intérieur de l'église, le décor sculpté est concentré sur les chapiteaux des colonnes et sur une frise décorée d'un motif en dents de scie, sur le pourtour du chœur et de l'abside.

Le décor peint est visible dans la chapelle de la Vierge.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Chenevelles

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Le bourg

Cadastre: 1833 G 83, 2017 AB 92

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