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Présentation de la commune de Chenevelles
France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Chenevelles
Historique
De Canavellis à Chenevelles : les origines du village.
Les plus anciennes traces d'occupation humaine à Chenevelles remontent à la Préhistoire. En effet, des outils en silex taillés ont été retrouvés au hameau de la Garde, au sud-ouest du bourg. Un tumulus, c'est-à-dire une butte de terre recouvrant un tombeau, a aussi été repéré au nord de la commune vers la Caraque. Il aurait été érigé à l’âge du Bronze, soit entre -2200 et -800. Des vestiges plus récents, datant de la période antique, ont été mis au jour au Grand-Coussec. Il s'agissait probablement d'une villa gallo-romaine, qui faisait partie d'un réseau d'habitations rurales découvertes dans l'est du châtelleraudais.
Plusieurs témoignages parlent de ruines éparses, repérées vers la Marzelle, qui s'étendent sur 6 km de long jusqu'à Archigny. D'après la tradition locale, ce sont les vestiges de Normandou, ou Normandon, un village construit par des pillards vikings. Pour certains, il pourrait s'agir de restes de villas gallo-romaines ou d'un ancien hameau abandonné.
Entre le 10e et le 13e siècle, une motte castrale fut construite à Chenevelles, à proximité du hameau de Bois-Vert. Bien que la butte de terre ait été arasée, son existence est attestée par le cadastre de 1833 sous la forme d'une parcelle ronde. De plus, un groupe de terrains situés à proximité se nommait alors "le champ des douves". La motte était située au bord de la route reliant Chenevelles à Leigné-les-Bois, à l'endroit où elle forme un coude. Elle était surmontée d'une fortification, probablement en bois, et servait à défendre les alentours.
Le premier hameau à être mentionné dans les sources textuelles est celui de Chabannes, situé vers la Chapelle-Roux. En effet, il est signalé vers 990 dans le cartulaire de l'abbaye Saint-Cyprien de Poitiers, sous la forme latine Kabannas. Ceci prouve que certains hameaux du village se sont établis à une époque très reculée. La première mention de Chenevelles est plus tardive. Ce nom apparaît en 1123 dans un document qui atteste de l'existence de l'église paroissiale Saint-Rémi à cette époque. Le village s’appelle alors "Canavellis", du latin cannabis et du suffixe -ella, désignant un lieu planté de chanvre. Cette hypothèse étymologique est probable car le chanvre était un type de culture assez commun dans cette partie de la Vienne avant le 19e siècle. Au 12e siècle, l'église Saint-Rémi existait déjà. Le bourg a dû se constituer progressivement autour de l'église au milieu du Moyen Âge.
Pendant la période féodale, et jusqu'à la Révolution, la terre de Chenevelles dépend de la baronnie de Monthoiron et du duché de Châtellerault. Ce territoire comprend plusieurs fiefs, dont les plus importants sont le Soucy, le Haut et le Bas-Poirier, Londière, la Font et la Gabillère. La majorité d'entre eux a appartenu à la famille des d'Argence. Probablement originaires de Saint-Germain-d'Argence, près de Caen, ils sont signalés à Chenevelles à partir de la fin du 16e siècle. Dans l'église Saint-Rémi, ils disposent d'une chapelle seigneuriale, l'actuelle chapelle dédiée à la Vierge, où ils sont enterrés.
En 1630 et 1631, une grande famine emporta plusieurs habitants du village, notamment des jeunes enfants qui mourraient "tant en leur lit que par les chemins". Le prix du blé avait tant augmenté que le pain était devenu une denrée recherchée. Pour subsister, la population produit un pain à base de racines de fougères.
D’après les sources, sept moulins ont existé à Chenevelles. Ils se trouvaient le long de l’Ozon ou de ses affluents à Biart, Brouin, Giron, La Grissière, La Groge, Tournepart et à Bondonneau. Ce dernier est signalé dès 1559, puis il est détruit et reconstruit vers 1817. Avant la Révolution, ces moulins appartenaient probablement à divers seigneurs, abbayes ou prieurés, puisque moudre le grain était un privilège du clergé et de la noblesse. Quant aux paysans, ils devaient s’acquitter d’une taxe pour le faire. Les moulins étaient affermés à des meuniers, qui les exploitaient pour leurs propriétaires nobles ou ecclésiastiques.
Dans le domaine religieux, jusqu'à la fin du 18e siècle, le territoire de Chenevelles est partagé en deux paroisses : Saint-Rémi de Chenevelles, centrée sur le bourg du village, et Saint-Pierre-ès-Liens, centrée sur le hameau de la Chapelle-Roux. Ces deux paroisses souffrent grandement des troubles révolutionnaires car leurs églises respectives sont pillées. En 1790, Chenevelles et La Chapelle-Roux deviennent des communes et la paroisse de la Chapelle-Roux est supprimée. Les deux villages font partie du canton de Monthoiron jusqu’en 1801, puis celui de Pleumartin.
Les transformations du 19e siècle.
Le 18 novembre 1818, la commune de la Chapelle-Roux est réunie à Chenevelles, ce qui donne au village ses limites actuelles.
Dans la seconde moitié du 19e siècle, la vie à Chenevelles s’améliore progressivement grâce à de nouveaux services et à des travaux d’aménagement. Le bourg est doté d’une école, au moins dès les années 1850. Elle se situe en face de l’église, dans un logis du 18e siècle, loué à la municipalité par la famille de Ginibral, châtelains du Soucy à l’époque. En 1875, la commune demande au ministère de l'Instruction publique l’autorisation de construire une école de filles, ce qui lui est accordé. Le conseil municipal doit se prononcer sur le caractère laïque ou religieux de cette école : c’est ce dernier choix qui est fait à l’unanimité. L'école de filles est installée à proximité de l'ancienne école mixte, qui devient de facto l'école des garçons. Pendant près de 30 ans, trois religieuses se chargent de l'éducation des jeunes filles du village. Une école laïque pour fille voit le jour entre la fin du 19e et le début du 20e siècle, dans un bâtiment situé à la lisière du bourg, sur la route d’Archigny.
Bien qu’étant une commune peu peuplée et proche d’une ville au commerce florissant comme Pleumartin, Chenevelles a pu accueillir jusqu’à trois foires annuelles. Elles sont l’occasion pour les cultivateurs et éleveurs des environs de vendre leurs productions. Ces foires sont autorisées à partir de 1878 par le conseil général de la Vienne, suite à une demande de la commune. Elles ont lieu aux mois de février, mai et septembre.
La place centrale du bourg, où se tiennent ces foires, a aussi connu une transformation majeure à cette époque. En effet, avant la fin du 19e siècle, le cimetière se trouve au nord de l'église Saint-Rémi. Or il n'est pas à distance suffisante des habitations environnantes, ce qui pose des problèmes de salubrité pour la municipalité. En 1878, l'attention du conseil municipal se porte alors sur un terrain situé à proximité du bourg, sur la route de Châtellerault. À l’époque, le terrain se trouve à 195 mètres des habitations les plus proches, et la commune souhaite l'acheter pour y déplacer le cimetière. La translation sera réalisée en 1880. Le nouveau cimetière est alors divisé en 4 espaces de tailles diverses, renfermant les concessions perpétuelles, les concessions trentenaires, les concessions temporaires, et enfin les sépultures ordinaires.
Le 19e siècle est aussi une période de désenclavement pour la commune. La compagnie de chemin de fer de Paris à Orléans travaille sur un projet ferroviaire reliant Châtellerault à Tournon-Saint-Martin dans l’Indre. Lorsque le tracé est révélé en 1879, la municipalité de Chenevelles regrette qu’aucune station n’ait été prévue aux environs de la commune, la plus proche étant située au bourg de Pleumartin. Le conseil municipal fait alors circuler une pétition dans la commune pour demander l’établissement d’une gare entre le Bois-Renou et le Fief-Bâtard à Leigné-les-Bois. Elle semble avoir porté ses fruits, car une station fut construite à proximité du Bois-Renou, à seulement quatre kilomètres du bourg de Chenevelles.
Le service postal est aussi amélioré quelques décennies plus tard. En effet, en 1892, une maison du bourg fait l’objet d’une saisie immobilière. Ludovic Martin, maire de Chenevelles à l’époque, achète cette maison dans le but d’y installer un bureau de poste et de télégraphe. Pour ce faire, il la revend à la commune l’année suivante.
Si l'on constate des améliorations notables dans la commune durant la seconde moitié du 19e siècle, c’est aussi une période de forte baisse de la population. Celle-ci s’amorce à partir des années 1850, probablement due à un fort exode rural. Bien que la population du bourg tende à une légère augmentation, celle des écarts diminue plus rapidement. En témoigne la disparition de plusieurs hameaux signalés sur le cadastre de 1833, comme le Haut-Poirier, la Grissière ou le Petit Bois de Chet.
Le bourg rassemble la grande majorité des activités marchandes et artisanales de la commune. Ainsi, en 1881, il est notamment habité par six couturières, six marchands (dont deux marchands de bœufs), cinq charpentiers, cinq maréchaux-ferrants, trois sabotiers, trois cordonniers, deux charrons, deux maçons et deux aubergistes. Un habitant sur huit habite alors dans le bourg. Dans les hameaux, les métiers liés à l’activité agricole, comme cultivateur et journalier, sont de loin les plus représentés. Les hommes ont accès à une plus grande variété de métiers que les femmes, qui sont souvent cantonnées aux activités du textile. En effet, les rares artisanes sont généralement couturières ou lingères.
Chenevelles au 20e siècle.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, face à l’avancée des troupes allemandes, des habitants du village mosellan de Guerstling se réfugient à Chenevelles. L’ancienne école congréganiste de filles accueille alors l’instituteur et les enfants mosellans pour leur donner un local où faire la classe.
Raymond d’Argence, descendant de la famille de seigneurs qui a possédé plusieurs châteaux de Chenevelles, est élu maire de la commune le 30 janvier 1941. Cet ancien aviateur, qui s’est illustré pendant la Première Guerre mondiale, rejoint les réseaux de résistance Hector et Saint-Jacques. Ces affiliations sont hélas découvertes par les nazis, qui l’arrêtent le 9 octobre 1941. Déporté en Allemagne puis en Pologne, il meurt dans le camp de Sonnenberg en 1943. Une rue du bourg porte aujourd’hui son nom, commémorant son aide portée à la Résistance.
Vers le début des années 1960, grâce à une aide financière de l’État, plusieurs familles d’agriculteurs venant des Deux-Sèvres s’établissent à Chenevelles pour y installer leurs exploitations. Ces migrations rurales sont à replacer dans un contexte plus large de transferts de populations paysannes vers le milieu du 20e siècle, orchestrés par l’Association nationale de migration et d’établissement ruraux (ANMER). Il s’agit d’inciter, par le biais de subventions, au déplacement d’agriculteurs venant de régions où les terres étaient rares, vers des zones en manque d’exploitants, afin d’avoir une répartition plus homogène des agriculteurs sur le territoire français. Ces mesures concernent des départements de départ comme la Vendée, la Mayenne et les Deux-Sèvres, et des territoires d’arrivée, notamment la Vienne, la Charente et le Sud-Ouest de la France. À Chenevelles, ces nouveaux arrivants n’ont pas pu enrayer le recul de l’activité agricole dans la commune. En effet, vers 1960, le village compte environ soixante-dix exploitations. Quarante ans plus tard, en 1998, il n’y en a plus que seize.
Vers 1988, la mairie de Chenevelles, autrefois cantonnée à un petit bureau dans l’école de garçons, est transférée à son emplacement actuel. Elle prend dorénavant place dans un ancien café, mitoyen de l’école où elle se situait auparavant. La grange qui en dépend, jadis utilisée comme salle de danse du café, sert aujourd’hui de salle des fêtes.
Description
La commune de Chenevelles est située à environ 12 km à vol d'oiseau au sud-ouest de Châtellerault. Tout comme le reste de l'ancienne communauté de commune des Vals de Gartempe et Creuse, elle a été intégrée à la communauté d'agglomération de Grand Châtellerault le 1er janvier 2017. En 2018, le village comptait 462 habitants répartis sur 29,30 km², pour une densité de 15,8 habitants au km2, ce qui est faible par rapport aux communes environnantes. Chenevelles est bordé par les communes d'Archigny au sud, Monthoiron à l'ouest, Senillé-Saint-Sauveur et Leigné-les-Bois au nord, et Pleumartin à l'est.
Le paysage de Chenevelles et son relief sont grandement influencés par les différents cours d'eau qui coulent dans la commune. Le plus important est l'Ozon (parfois orthographié Auzon), dit "de Chenevelles". Il prend sa source à Archigny, près du hameau de la Rabauderie. Il traverse ensuite Chenevelles d'est en ouest, pour se jeter dans le bras principal de l'Ozon qui passe au sud du bourg de Monthoiron. Il continue ensuite sa course jusqu'à Châtellerault où il vient rejoindre la Vienne. L'Ozon de Chenevelles est lui même alimenté par plusieurs petits cours d'eau qui sillonnent le territoire de Chenevelles du nord vers le sud. Un premier ruisseau, qui prend sa source au hameau du Marchais Durand, vient grossir l'Ozon de Chenevelles au sud du hameau de Badard. Un deuxième, appelé "ruisseau de Giron", qui prend sa source vers la Caraque, rejoint l'Ozon de Chenevelles à proximité de Bondonneau. Enfin, un troisième ruisseau, passant près du château du Soucy, se jette dans l'Ozon au hameau de Brouin.
Dans les zones environnant ces cours d'eau, le relief est plus prononcé qu'ailleurs. C'est particulièrement le cas le long de l'Ozon, qui crée une vallée profonde partageant la commune en deux parties. En s'éloignant des ruisseaux, ce sont plutôt de vastes plaines qui dominent le paysage. La plus importante est probablement celle qui s'étend de la Gabillère à l'ouest, à la Font au nord et à La Chapelle-Roux à l'est.
Les zones boisées sont relativement importantes à Chenevelles et sont le plus souvent concentrées sur les coteaux qui longent l'Ozon, ainsi qu'aux abords du Soucy. De grands bois sont aussi présents à proximité de la Font, au nord et au sud du château. Au sud de la commune, vers le Pinet, se trouvent le bois de Sicolin et les tailles de Fontalou.
La commune compte aussi plusieurs étangs, constitués grâce à des retenues d'eau. Les deux plus grands sont visibles au sud du Marchais Durand et entre le Bas-Poirier et le Soucy.
Au niveau géologique, la pierre calcaire est le matériau le plus abondant dans le sous-sol chenevellois. Il s'agit d'un calcaire très dur, similaire à ceux de Pleumartin ou Leigné-les-Bois, et qui se trouve dans les champs sous forme de petits moellons. Certaines pierres calcaires de la commune présentent une couleur rougeâtre et un aspect veiné. Elles se trouvent à proximité du bois de la Gabillère, où elles ont été extraites pour construire le château et ses dépendances. Elles peuvent être taillées comme le tuffeau mais sont plus dures que celui-ci. Le silex de couleur brune, dit "du Grand Pressigny", est aussi très présent à Chenevelles, notamment dans la partie nord de la commune vers le hameau de la Caraque.
Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'aire d'étude, communal |
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Référence du dossier |
IA86009735 |
Dossier réalisé par |
Maturi Paul
Chercheur associé à la Communauté de Communes des Vals de Gartempe et Creuse (2015-2016), puis à la Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault (2017-2024). |
Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2021 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault |
Citer ce contenu |
Présentation de la commune de Chenevelles, Dossier réalisé par Maturi Paul, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Communauté d'Agglomération de Grand Châtellerault, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/5008dedd-425e-4174-a9b1-6acde9ab23fb |
Titre courant |
Présentation de la commune de Chenevelles |
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