Présentation de la commune d'Angles-sur-l'Anglin

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Angles-sur-l'Anglin

Les premières traces d'implantations humaines remontent à la Préhistoire. Découvert en 1927, le site du Roc-aux-Sorciers présente un abris datant du Magdalénien (il y a environ 15 000 ans) unique en Europe. La frise sculptée, mise au jour dans les années 1950, montre une série d'animaux sauvages, comme des bouquetins et des bisons, qui peuplaient le territoire de la commune il y a plusieurs millénaires. Des mégalithes ont aussi été retrouvés sur le territoire communal, comme le dolmen des Liboureaux, qui s'est effondré sur lui-même. Un document d'archives du début du 19e siècle fait aussi mention d'une « pierre dressée » située à la confluence de l'Anglin et de la Gartempe. Elle a aujourd'hui disparue.

Le village d'Angles-sur-l'Anglin apparaît pour la première fois dans les textes en 1025, avec la mention du castellum Ingla. Le nom évolua ensuite en Englia, Anglia, Angles, plus finalement Angles-sur-l'Anglin en 1892. Ce toponyme découlerait vraisemblablement de l'occitan Anglar signifiant « rocher abrupt » ou « rebord de falaise ».

Les premières habitations du bourg sont venues se nicher sur la rive droite de l'Anglin, sur le plateau calcaire. Entre le château fort et l'église paroissiale Saint-Martin, les habitants bénéficient d'une protection à la fois militaire et spirituelle. Le site est lui même très facile à défendre puisque les falaises forment un rempart naturel. Le bourg est tout de même ceint de remparts percées des portes Blanchoise (rue Blanchoise), Gimon (entre le château et Boisdichon) et Saint-Lazare (route de Vicq).

Au Moyen Âge, l'administration d'Angles résulte d'un enchevêtrement de liens de dépendances dûs à la position frontalière du village entre les provinces du Poitou, de Touraine et du Berry: elle dépend donc de la généralité de Bourges, de l'élection du Blanc, et de la sénéchaussée de Poitiers, la châtellenie dépendant des évêques de Poitiers. Plusieurs communes limitrophes dépendent aussi de l’archiprêtré d'Angles : Vicq-sur-Gartempe, Saint-Pierre et Saint-Phesle de Maillé, La Bussière et Néons-sur-Creuse.

La carte de Cassini, dressée au 18e siècle, signale les fiefs des Grands Breux, le château des Certeaux, alors que le manoir de Chavanne n'est pas représenté en tant qu'habitation noble.

Le village est occupé par les troupes anglaises lors de la guerre de Cent Ans. Bertrand Duguesclin, fidèle au roi de France, pille le bourg mais prend le château sans combats. Les guerres de religion furent plus dévastatrices : dans la deuxième moitié du 16e siècle, l'abbaye Sainte-Croix est en partie détruite et le château passe plusieurs fois entre les mains des Huguenots avant d'être définitivement rendu à l'évêque de Poitiers par le roi Henri IV.

En effet, jusqu'à la Révolution, Angles-sur-l'Anglin est administré par les évêques de Poitiers. Ces seigneurs assurent la protection des habitants, qui en échange ont des devoirs à l'égard de leurs protecteurs. Ces liens de féodalité, qui se développent à partir du 10e siècle, ont laissé leur marque dans le paysage bâti anglois. Par exemple, les paysans et habitants du bourg avaient pour obligation formelle d'utiliser le moulin seigneurial en lui payant une redevance. À Angles, les moulins de la commune appartenaient chacun à un propriétaire puissant : le moulin du bourg était affilié à l'abbaye Sainte-Croix, le moulin de Remerle à la forteresse médiévale du bourg et le moulin du pré aux château des Certeaux. Le four du seigneur était situé dans la rue actuelle du Four Banal et, comme pour les moulins, les Anglois avaient pour obligation de l'utiliser pour faire cuire leur pain.

Le seigneur pouvait aussi imposer un droit de péage sur les passages de rivières. Un pont médiéval se trouvait par exemple au niveau du pont actuel. Il fut emporté par une crue en 1741 et remplacé par un bac quelques années plus tard. On pouvait traverser moyennant paiement au passeur. Un passage à gué se trouvait à proximité du moulin de Remerle et était emprunté par les charrettes et les carrosses, trop larges pour utiliser le pont médiéval du bourg.

Les marchés hebdomadaires et les foires de la Saint-Mathieu et de la Saint-Christophe sont aussi l'occasion pour le seigneur de percevoir des droits de placement des marchands sous les halles, située sur la place principale du bourg, et sur les étals du champs de foire.

À la Révolution, la commune d'Angles-sur-l'Anglin est crée par la fusion des paroisses de Saint-Martin et de Saint-Croix. La population augmente pour atteindre un maximum de 1718 habitants en 1836. À cette époque, le bourg concentre des activités artisanales variées, qui permettent l'enrichissement des habitants et l'émergence d'une bourgeoisie aisée. Dans le bourg et dans la ville basse, le recensement de 1846 signale 33 voituriers, 25 maçons, 19 charpentiers, 14 tisserands, 12 menuisiers et 6 boulangers, entre autres activités professionnelles. Les journées des habitants des hameaux restent quasi exclusivement consacrées aux travaux agricoles, avec des activités de « journaliers », «laboureurs » et « cultivateurs » souvent cité dans les recensements.

Plusieurs aménagements sont mis en place dans le bourg pour augmenter le confort de vie des habitants. Des maisons d'écoles sont par exemple créées : en 1825, la fabrique cède plusieurs bâtiments dans la rue de l’Église aux sœurs de la Croix de Saint-André à condition que celles-ci y établissent une école pour filles. Après le départ des religieuses, l'école fut réutilisée par la mairie pour y installer sa première école publique pour filles en 1907. En 1839, la mairie d'Angles-sur-l'Anglin choisi de créer une école publique pour garçons dans une maison louée rue Blancoise. Elle est finalement racheté par la municipalité en 1895. À cette date, la commune compte plus de 110 enfants en âge de fréquenter l'école, entre 5 à 13 ans. Elle est signalée comme insalubre en 1926, date à laquelle les enfants sont atteints par une épidémie de rougeole. On sait aussi qu'il existait une école congréganiste pour garçons dirigée par les frères de Saint-Gabriel.

En 1840, la municipalité prévoit de remplacer le bac par un nouveau pont. Terminé en 1844, il est composé de trois arches reposant sur des massifs en béton ancrés dans le sol. Il est à son tour remplacé par le pont actuel en 1878.

Dans les années 1880, la municipalité investit dans des béliers hydrauliques. Installés par l'entreprise sarthoise Ernest Bollée. ils font remonter l'eau de l'Anglin dans six bornes-fontaines situées dans le bourg, ce qui évite désormais à la population d'aller puiser leur eau à la rivière. La prise d'eau est établie quarante mètres en amont du moulin du bourg. En 1903, c'est au tour des villages de Douce et de Boisdichon de se doter chacune de leur puits pour alimenter leur habitations en eau. Au début du 20e siècle, un système de pompe Dragor sera installé sur la place du bourg.

La production de vin représente une part importante de l'activité agricole de la commune. En 1826, le nombre de parcelles cultivées en vigne représentent environ 20% du nombre total de parcelles. Le cadastre napoléonien signale d'ailleurs des noms de hameaux qui rappellent l'importance des exploitations viticoles : les « vignes au moine », « les vignes ansées » ou « les vignes de Remerle ». Le sol calcaire de la commune est particulièrement propice à ce type de culture, et le vin anglois était réputé pour sa qualité. Cependant, dans les années 1870, le phylloxéra, épidémie provenant d'un petit insecte venu des États-Unis, va détruire la majorité des exploitations viticoles. De nombreux paysans vont alors être forcés de se reconvertir. Le déclin de la population va aussi grandement s'accélérer dans les décennies suivantes.

L'élevage, en particulier ovin, est une autre activité présente dans le territoire communal. Les terres incultes de la commune étaient utilisées pour faire paître le bétail. L'élevage de chèvre est aussi répandu dans les fermes. Elles assurent la production de fromages réputés dans la région.

La technique des jours se développe à Angles-sur-l'Anglin au milieu du 19e siècle. Au départ, elle emploie en grande majorité de jeunes filles qui travaillent dans des « ouvroirs ». Le plus ancien est ouvert par la famille Berthomier sur la place Aimé Octobre en 1852. La confection des jours sera adoptée dans les communes alentour, notamment à Vicq-sur-Gartempe, à Saint-Pierre-de-Maillé et à Pleumartin. Cette production connaît un grand retentissent et les jours se retrouvent bientôt vendus dans les grands magasins parisiens. La technique est aussi bien employée pour du linge de maison que pour des vêtements, en particulier pour les devants de chemises. L'entre-deux-guerres fut un moment d'essor important pour l'activité des « ajoureuses ». C'est d'ailleurs à cette époque que le terme apparaît ; on lui préférait celui de « lingère » auparavant. L'activité connaît un déclin important à partir des années 1960, dû en particulier à la concurrence du travail de lingerie industrialisé.

Angles-sur-l'Anglin ne possède pas d'activité industrielle à grande échelle. Seules deux entreprises vont assurer une production importante au niveau communal : la minoterie du moulin du bourg et l'abattoir Gonneau aux Robins. Il devient abattoir communal après la location du matériel et des locaux par la municipalité en 1946.

Au début du 20e siècle, le village acquiert une certaine renommée grâce à son patrimoine monumental et ses paysages. Les touristes et les curistes en visite à la Roche-Posay viennent alors découvrir la commune. Ils logent dans des hôtels, comme celui du Lion d'Or à proximité de la place du bourg. Aujourd'hui se sont les gîtes ruraux, parfois installés dans d'anciennes fermes ou des manoirs réhabilités, qui accueillent les touristes. Les résidences secondaires comptent aussi pour près de la moitié des maisons de la commune (46 %). Elles restent vacantes la plus grande partie de l'année mais se remplissent lors de la saison touristique, pendant l'été.

Malgré un déclin démographique causé par un important exode rural, la commune va entreprendre des travaux de grandes envergures pour la construction de son école. En 1947, un rapport alerte la municipalité sur l'état de délabrement avancé et l'insalubrité de l'école des filles, véritable « foyer de tuberculose ». Les parents d'élèves, rassemblé dans un « Groupement des familles d'Angles-sur-l'Anglin » vont signer une pétition pour la création d'un groupe scolaire. La mairie achète donc un terrain à M. Guérineau au lieu-dit Les Combes. C'est là que l'architecte Maurice Richer de Châtellerault fait construire la nouvelle école qui comprend quatre classes ( deux pour les garçons et deux pour les filles), ainsi qu'un logement pour les directeurs.

Deux autres bâtiments publics ont été construits: la salle des fêtes, dite Salle des Combes, édifiée en 1995, et le Centre d'Interprétation du Roc-aux-Sorciers, construit en mars 2008, qui abrite une reproduction de la frise sculptée découverte à Angles-sur-l'Anglin.

À l'inverse des communes limitrophes, la commune ne va pas connaître un accroissement de la construction privée dans les années 1950 et 1960. En 2012, 67 % des logements de la commune ont été construits avant 1946, pour seulement 25 % entre 1946 et 1990.

La commune d'Angles-sur-l'Anglin est située au sud-est des Vals de Gartempe et Creuse. Traversée par l'Anglin, elle est limitrophe des communes de Vicq-sur-Gartempe, Saint-Pierre-de-Mailé, mais aussi Lurais et Néons-sur-Creuse, situées dans le département de l'Indre. D'une superficie de 14,8 km2, elle est l'une des plus petites communes des Vals de Gartempe et Creuse, mais aussi l'une des plus riches au niveau patrimonial.

La commune présente un grand intérêt au niveau paysager. La vallée creusée par l'Anglin est rythmée par de grandes falaises calcaires qui s'élèvent à chacun des méandres de la rivière. Ces falaises, les plus hautes du département de la Vienne – abritent parfois des espèces protégées de chauves-souris qui trouvent refuge dans les grottes. Au pied de ces « rochers », de petites plaines alluviales forment de minces bandes de terres, qui ont parfois accueilli des habitations, notamment au pied des falaises du château. La rivière est sujette aux crues et il n'est pas rare qu'elle sorte de son lit.

Les zones de boisements sont encore répandues au sud du bourg et près de la limite communale avec Saint-Pierre-de-Maillé. Le bois des Côteaux, entre les Certeaux et Boisdichon, ainsi que le bois de la Vallée, restent encore peuplés d'une faune variée. La ripisylve des bords de l'Anglin a prit de l'ampleur depuis le 20e siècle, avec le recul de l'activité agricole. La plupart de ses sites naturels sont aujourd'hui protégées par des classements en ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Écologique, Faunistique et Floristique) et en zone Natura 2000 le long de l'Anglin.

Le reste de la commune est caractérisé par son paysage de brandes, où les haies et les arbustes s'alignent sur des murs en pierres sèches pour démarquer l'emplacement des parcelles cultivées. Ce paysage de bocage, particulièrement bien conservé à Boisdichon, est parcouru par de nombreux chemins, que les Anglois empruntaient pour se rendre aux champs. Les champs ouverts existent mais ils sont plus rares que dans les communes limitrophes.

Le sous-sol de la commune est très riche en pierres calcaires de constitutions et duretés variables. Les teintes varient du blanc, le plus répandu, au jaune ocre. On peut parfois observer des calcaires coquilliers, ainsi nommés car ils conservent des petits fragments de coquillages du Jurassique, époque géologique durant laquelle une partie du Poitou était immergée. Certains blocs calcaires présentent même des cérithes, de longs coquillages coniques en forme de spirale.

Comptée à 1325 habitants en 1793, la population d'Angles-sur-l'Anglin croît régulièrement jusqu'en 1836, où elle atteint son maximum de 1718 habitants. Elle est ensuite en baisse constante jusqu'en 1999 où elle atteint un minimum de 365 habitants (à peine plus d'un cinquième de la population maximale). Elle semble se stabiliser pour atteindre 377 habitants en 2012. Les pertes liées à la Première Guerre mondiale sont très accentuées par rapport à la mortalité strictement liée au conflit, la population passant de 1010 habitants en 1911 à 920 en 1921, soit une perte de 90 habitants. Cette structure de la population est très comparable à celle des communes voisines de Saint-Pierre-de-Maillé, Vicq-sur-Gartempe et La Bussière.

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