Port de commerce de Tonnay-Charente

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Le port se situe sur la rive droite de la Charente, au pied du coteau calcaire sur lequel s'est implantée Tonnay-Charente. A cet endroit, la profondeur du lit du fleuve a permis l'aménagement d'un port mi-fluvial, mi-maritime, les hautes marées y atteignant 5,50 mètres.

Le port était sans doute déjà associé au bourg castral, cité dès 1047 et dit "burgus" dans le Cartulaire de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély vers 1092. Il semble que le port de Tonnay-Charente supplante peu à peu celui de Taillebourg au cours du Moyen Age. Il s'agit de l'un des ports sauniers du fleuve, puisque le quart de sel y est perçu : le sel en provenance des marais salants ne pouvait être débarqué qu'en payant un impôt correspondant au quart de son prix de vente.

A la fin du Moyen Age, le port de Tonnay-Charente fait partie des ports assumant une fonction d'entrepôts pour le port de La Rochelle ; leur principale activité, le commerce du vin et du sel, se trouve aux mains des négociants rochelais. Au port de Tonnay-Charente, des magasins destinés à recevoir les productions viticoles sont ainsi détenus par des marchands rochelais. A ce point de rupture de charge, les marchandises, en provenance des port fluviaux en amont, sont transvasés dans des gabares et caboteurs pour être menées au port maritime de La Rochelle.

C'est ici que sont dressés les premiers plans d'un port militaire vers 1664, dont quelques travaux sont effectués avant que le choix ne se porte finalement sur Rochefort. Quelques vaisseaux sont encore mis en chantier en 1665-1666, mais la création de l'arsenal met un terme à cette activité à Tonnay-Charente, qui est dès lors considéré comme une annexe du port de Rochefort. Les installations sont très rudimentaires et les bateaux accostent le long des berges protégées par des pieux et des clayonnages.

Du 17e jusqu'au début du 19e siècle, les limites du port sont formées, en amont, par la porte de la ville haute rive droite et le chenal au-dessous de la grève du passage d'eau rive gauche, et, en aval, par la grève du sel du côté droit et celle du chenal des barques du côté gauche. Dans les années 1750, 10 barques (bateaux pontés équipés pour la mer) sont inscrites dans ce port.

Des travaux de consolidation des berges sont entrepris en 1804, en 1826, puis de 1828 à 1836. Des travaux adjugés au sieur Taillebois, en mai 1828, pour l'amélioration du port comprennent la construction de plusieurs cales de radoub et de chargement. Dans les années 1830, le port peut recevoir des bâtiments de 600 tonneaux. La berge à l'extrémité ouest de la rive droite sert aux délestages et est également occupé par un chantier naval. La construction d'un pont suspendu, inauguré en 1842, permet de ne pas gêner les mouvements du port ; les navires marchands passent aisément sous son tablier en baissant leurs petites voiles de perroquet (voile carrée qui surmonte les huniers). En 1843, une longueur de 140 mètres de quais inclinés en maçonnerie est réalisée. Un projet complet d'amélioration du port se traduit, en 1848, par la construction de nouveaux quais inclinés sur 260 mètres de longueur. Puis à la suite, en 1858, un quai vertical sur voûtes de 5 mètres d'ouverture est bâti sur 250 mètres de long. Il est prolongé, en 1866, sur 152 mètres par un quai de même type dont les voûtes ont 3 mètres d'ouverture.

Dans les années 1870, le port est constitué de 800 mètres de quais, qui sont inclinés pour la moitié située en amont, et verticaux sur voûtes pour l'autre moitié. Les quais inclinés, munis d'une cale double au droit du pont et d'une cale simple en aval, sont surtout utilisés pour les bateaux de navigation intérieure. Les navires de mer accostent devant les quais verticaux auxquels ils sont reliés par des passerelles volantes.

Toutes les marchandises chargées et déchargées au port sont soumises à des droits perçus par l'administration des douanes. Entre les années 1830 et 1930, le corps de garde et la caserne de la douane se trouve dans un bâtiment situé à l'angle du quai et de la rue de l'Eglise. Jusqu'en 1860, les expéditions d'eau-de-vie de cognac se font en fûts mais, par le suite, la vente en bouteilles et en caisses prend de l'importance pour devenir, dès les années 1880, prépondérante.

Pour l'établissement de la voie ferrée Cognac - Rochefort à partir de 1864, la Compagnie des Charentes demande l'autorisation de bâtir un appontement en bois pour transvaser directement dans des wagonnets ses matériaux de construction qui arrivent par bateau. Cet appontement, situé non loin de la gare établie à l'extrémité ouest du port, sert par la suite pour le déchargement de toutes sortes de marchandises. Il remplace un ponton "réservé aux baigneurs, un peu en amont de la limite aval du port."

En 1877, le voeu émis par le conseil municipal auprès du Conseil général pour l'établissement d'un bassin à flot pour les bateaux à fort tonnage auprès de la gare du chemin de fer n'est pas réalisé.

A la fin des années 1880, pour répondre à des besoins commerciaux plus importants, la limite du port est reculée en aval au moment de la fondation de la Société des produits chimiques agricoles (rachetée plus tard par Saint-Gobain) ; une voie est alors aménagée à l'emplacement de l'ancien chemin de halage dans cette nouvelle partie du port. Le port s'étend alors sur environ 1400 mètres de longueur au total. Il peut recevoir 60 grands navires de commerce. Dans les années 1890, un deuxième appontement en bois est construit par les Chemins de fer de l'Etat à proximité du premier ; six grues à vapeur sont en service pour les deux appontements, qui permettent le déchargement des bateaux à toute heure de marée.

En 1900, près de 40 bateaux, d'un tonnage de 1 000 à 1 200 tonneaux et de 6 à 6,50 mètres de tirant d'eau, peuvent se ranger le long des quais, et accoster sur deux grands appontements en bois destinés spécialement aux steamers chargés de houille et de minerai. Ce port sert alors essentiellement pour l'importation de charbons anglais - une usine d'agglomérés de houille s'installe près du port en 1899 - et l'exportation des eaux-de-vie locales - plusieurs maisons pratiquent ce commerce.

La Première Guerre mondiale a pour conséquence de diminuer les échanges avec l'Angleterre : les sept services réguliers mensuels passent à trois. En 1915, un rapport précise qu'une "navigation spéciale se pratique avec 40 gabares environ qui descendent la rivière portant des chargements d'eaux-de-vie provenant de Saintes et de Cognac ou de munitions de Ruelle et la remontent avec du bois et surtout du charbon." A Tonnay-Charente, les gabares sont déchargées de leurs fûts ou de leurs caisses de cognac qui sont embarqués sur des bateaux pour l'export. Le port est alors fréquenté annuellement par une moyenne de 180 bateaux à vapeur. Un troisième appontement en bois est bâti pendant la guerre pour les chemins de fer de l'Etat. Un plan dressé en 1917 montre les trois appontements situés à proximité de la gare de chemin de fer.

Il n'existe pas de hangar public, mais des négociants possèdent des magasins qu'ils mettent à la disposition des usagers. En 1927, les importations se composent de 40 à 50 % de combustibles, de 25 à 30 % de phosphates et pyrites, le reste étant des matériaux de construction et des marchandises diverses. Les exportations se composent pour 50 à 70 % d'eaux-de-vie de cognac, puis de cendres de pyrites.

Six appontements en béton semblent construits dans les années 1920-1930 : trois correspondent au quai de la Libération où débouchent les rues de l'Eglise et Ethier-Boyer et sont toujours présents, les trois autres du côté de la gare de chemin de fer ont été reliés entre eux par la suite et forment désormais un front d'accostage continu. Bien en aval du port, et également dans les années 1930, un appontement en béton, long de 66 mètres et qui appartient à l'usine chimique Saint-Gobain, se trouve aussi relié à la gare. Six grues assurent le chargement et le déchargement des bateaux.

Dans les années 1990, l'activité du port de Tonnay-Charente, qui occupe désormais seulement la partie occidentale du port d'origine, diminue de plus de moitié ; il représente, en 1998, 3 % du trafic régional, contre 12 % pour Rochefort et 85 % pour La Rochelle. Comme celui de Rochefort, avec lequel il fonctionne en binôme, il est géré par la Chambre de commerce et d'industrie de Rochefort et de Saintonge.

Périodes

Principale : 2e moitié 17e siècle, 18e siècle, 19e siècle, 20e siècle

Le port de Tonnay-Charente a un développement de près d'un kilomètre ; la largeur du fleuve est d'environ 80 mètres à cet endroit. Il a la particularité d'être un port de rivière soumis aux régimes des marées. Il peut recevoir des bateaux d'une longueur maximale de 120 m et de 6,50 m de tirant d'eau, auxquels s'offrent deux postes à quai et un poste avec silo privé de 20 000 tonnes de capacité en 8 cellules avec portique de chargement.

Les quais sont inclinés dans la partie est, depuis l'amont du pont jusqu'au Quai de la Libération. Depuis cet endroit jusqu'à la rue de l'Eglise, ils sont droits sur voûtes en pierre de taille en plein-cintre. Au-delà, il sont droits sur voûtes en pierre de taille et à arc segmentaire jusqu'au front d'accostage en béton de l'extrémité ouest. Tous ces quais sont pavés. La partie orientale est dotée de deux cales, celle de l'amont possède deux rampes d'accès, alors que l'autre n'en a qu'une. Le gril de carénage, qui était situé à l'extrémité est des quais, n'est aujourd'hui plus visible. Trois pontons en béton armé, toujours en place, permettaient aux bateaux d'accoster sur le quai de la Libération. En amont de ces structures, un ponton fixé sur ducs-d'Albe accueille les bateaux de plaisance. Actuellement, la partie commerciale du port se cantonne au front d'accostage en béton, à l'extrémité ouest.

Face aux quais, la bouche d'un chenal offre aux cargos un espace suffisant pour leur permettre d'éviter.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Matériau du gros oeuvre : béton

    Mise en oeuvre : béton armé

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Tonnay-Charente

Milieu d'implantation: en ville

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