Mairie-école

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Campagne

Avant la construction de la mairie-école, un instituteur enseignait aux élèves de la commune dans une maison louée à cet effet dans le bourg. Le premier emplacement n’a pu être identifié, mais à partir de 1853, la commune loue, pour servir de maison d’école mixte, la maison de Paul Lescaud (parcelle D 389, qui est la maison du XVIIIe siècle située dans la petite rue ou D 399 selon quand la D 399 a été construite). Peu de noms d’instituteurs nous sont parvenus, mais peut être cité M. Zélis-Pierre Ducasse en activité en 1849. A partir de 1853 s’inaugure une période sans instituteur, à laquelle la commune tente de remédier en demandant en 1856 que l’instruction des élèves soit prise en charge par les religieuses. Le conseil municipal approuve régulièrement, à partir de 1853, l’achat de mobilier et de matériel pour l’école (tables, bancs, tableaux, cartes, collection d’images pour l’histoire sainte, ardoises). En 1860, il passe commande de portraits de l’empereur Napoléon III et de l’impératrice Eugénie pour orner la salle de classe.

En 1870, l’école mixte de Campagne est remplacée par une école de garçons et une école de filles séparées, en accord avec la loi votée à cette date instituant que les communes de plus de 500 habitants ont droit à des écoles séparées. L’école des garçons déménage alors, investissant la maison de la Croix "au Poteau" appartenant au marquis de Campagne, louée pour 180 francs par an. Les bâtiments attenants à la maison, côté route de Siorac, accueillaient les salles de classe. L'école reste entièrement mixte jusqu'en 1906, date à laquelle il est décidé de réunir les filles et garçons âgés de moins de sept ans dans une même classe.

Dès 1879 se pose la question de la construction d’une maison d’école dont la commune serait propriétaire. L’exiguïté des salles louées et l’incertitude du renouvèlement de la location convainquent le conseil municipal, d’abord récalcitrant, d’envisager la construction d’un édifice spécifique.

Les démarches débutent en 1880. La principale difficulté fut de trouver l’emplacement adéquat et de parvenir à l’acheter avec l’accord de son propriétaire. Différents emplacements furent envisagés. L'idée d'une maison d'école dans le bourg est rapidement abandonnée, car l'établissement d'un bâtiment suffisamment grand induisait la démolition d'édifices, rendant le prix du projet inabordable. Le conseil municipal s’intéressa tout d’abord à un terrain d’environ 13 ares situé sur la route allant du Bugue à Campagne, "entre la ferme du Touroudel et la maison occupée par les sœurs". Sont ensuite étudiés l’immeuble "Maury" et un immeuble situé au bourg appartenant au marquis de Campagne "où existe déjà un bâtiment considérable qui a été édifié à destination d’une école, d’après les instructions administratives" (probablement l’actuelle maison cadastrée D 426). Des plans et devis sont dressés par M. Nalet, architecte. Ces démarches n’aboutissant pas, le conseil municipal demande en 1881 à M. Cros-Puymartin, architecte à Périgueux, d’étudier la faisabilité du projet sur un terrain appartenant à Mme Chédeville. Le terrain est acheté conditionnellement par la mairie, mais la vente est finalement annulée. Sont ensuite envisagés les terrains bordant la route départementale allant du Bugue à Campagne, situés entre la ferme du Touroudel et le bourg (D 391, D 392, D 393, D 395, D 396 et D 399), appartenant au marquis de Campagne. Ils sont finalement rejetés en raison de leur proximité avec le cimetière.

Le 3 avril 1881, le conseil municipal décide d’établir une salle de mairie dans le groupe scolaire à construire. Il ne semblait pas avant cela y avoir de mairie spécifique à Campagne. Ainsi, une délibération municipale du 9 février 1845 relate que le conseil municipal avait envisagé d’installer une salle de mairie dans le nouveau presbytère. Une pièce de la maison de la Croix louée par la commune pour servir d'école pour garçons était réservée pour la mairie.

M. Cros-Puymartin propose le 17 juillet 1881 un projet de construction du groupe scolaire et de la maire qui est approuvé par le conseil municipal d’abord puis par le Ministre de l’Instruction publique le 8 octobre 1881. Le coût total, achat du terrain et travaux, est estimé à 45 000 francs, somme subventionnée en grande partie par l’Etat.

L’approbation du projet et du devis n’engendre pas tout de suite le début des travaux, le terrain n’ayant toujours pas été trouvé. Une partie de la parcelle D 399, au nord du bourg sur la route vers les Eyzies-de-Tayac, est proposée. Son propriétaire, le marquis de Campagne, refuse catégoriquement et propose une autre partie de la même parcelle, située le long de la route allant du Bugue à Campagne, à côté de la ferme du Touroudel, à condition que la commune lui donne les droits sur le chemin du bourg à l’ancien bac. Refusant cette condition, le conseil municipal décide d’exproprier le marquis. Le décès de ce dernier en 1882 relance les négociations avec sa veuve et ses héritiers. La marquise propose d’autres emplacements, la maison de la croix située dans le vallon de Souillac ou le terrain autour. Le conseil municipal fait une dernière proposition d’achat d’une parcelle de 26 ares située à l’est de la route allant du Bugue à Campagne, alors en friche (B 426). Les héritiers du marquis de Campagne acceptent finalement en 1883 la proposition.

La mairie-école de Campagne est construite en 1884 par l'architecte A. Cros-Puymartin et l'entrepreneur A. Delfour, sous la mandature de Bernard Escot, pour une somme totale de 45 000 francs. La construction ne s'est pas fait sans difficultés, comme en témoigne les conflits et procès entre l'architecte et l'entrepreneur. Des tensions sont également apparus entre la commune et l'architecte, son successeur se plaignant près de dix ans après la fin du chantier de n'avoir pas encore été entièrement payé.

Des travaux d'aménagements supplémentaires non prévus initialement se révèlent rapidement nécessaires. Sont ainsi réalisées des rampes d'accès en 1885, après que de fortes averses aient rendu les chemins impraticables. Dès 1888, la contamination des eaux du puits situé entre les cours d’école par les latrines impose des aménagements pour alimenter les écoles en eau. La marquise de Campagne fait alors construire un puits au-dessus de la concession d’eau de l’école en 1889. Des tensions ont émergé autour de celui-ci vers 1908 entre la marquise et la commune, la marquise envisageant de le combler après l’ouverture d’un second puits en contre-bas en 1898. Elle l’a finalement remis en état et a accepté qu'il soit entièrement dédié à l’école. D’autres travaux d’amenée d’eau dans les cours des écoles pour filles et garçons sont réalisés en 1911.

Le bâtiment en lui-même nécessite aussi rapidement des travaux peu après la fin de sa construction. Les tirants métalliques visibles en façade témoignent de problèmes et fragilités structurelles, que révèlent également les délibérations municipales de la fin du siècle. Dès 1897, des travaux d’évacuation des eaux s’imposent et des dalles sont installées. En effet, les toitures du préau avaient été faites de sorte que l’eau ne s’évacuait pas et s’infiltrait dans les murs des habitations des instituteurs. De nouvelles tables-bancs sont également commandées. En 1900, c’est cette fois-ci le plancher de la salle de mairie qui doit être refait, s’étant effondré après que les bois vermoulus le soutenant aient cédé. En 1904, l’Inspecteur des écoles décrit la salle d’école des garçons dans un état très dégradé : plafond tombé, murs lézardés et plinthes démolies. Les peintures extérieures et intérieures, ainsi que les boiseries sont refaites en 1906. En 1909, constat est fait que le faîtage du bâtiment menace de s'écrouler et est à refaire, que les lambourdes du plancher de la salle des garçons ont fléchi et sont sur le point de céder et que les murs nécessitent une réfection et un blanchiment. De grosses réparations sont alors effectuées par Malaurie (maçon), Leyssale (menuisier) et Lasserre (peintre-plâtrier). En 1960, la mairie-école doit de nouveau faire l’objet de travaux, réalisés par Yves Méchaussier, maçon habitant au Muscle. Une réfection de la toiture et d’une cheminée est entreprise, de même qu’un décrépissage et la pose de nouveaux crépis et badigeons. Les fenêtres semblent également avoir été reprises. A la fin de l'année, un autre maçon, Emile Serre, intervient sur une autre partie de la toiture. D’autres travaux de réparation et d’entretien semblent avoir été faits par la suite, notamment en 1971-1972.

Périodes

Principale : 4e quart 19e siècle

Dates

1884, porte la date

Auteurs Auteur : Cros-Puymartin A, architecte (signature)
Auteur : Delfour A., entrepreneur (signature)

Située à proximité du bourg, la mairie-école est placée en hauteur le long de la route départementale menant du Bugue au bourg de Campagne. Grand bâtiment de plan rectangulaire allongé d'un peu plus de 50 mètres de long s'étirant sur un axe sud-ouest/nord-est, il comprend un corps principal en rez-de-chaussée (env. 30 x 7,8 m.) flanqué à chaque extrémité d'un haut pavillon (env. 9 x 11 m.) ; en outre, il présente un avant-corps central large de trois travées surmonté d'un attique à édicule couronné d'un petit fronton triangulaire ; enfin, il comprend deux ailes (env. 12 x 23 m.) en retour d'équerre sur l'arrière, à l'alignement des pavillons d'extrémité. Chaque bâtiment avait sa fonction : le corps central était (est) la mairie ; les deux côtés étaient dévolus aux salles d'école, les "filles" à gauche du corps central, les "garçons" à droite ; les deux hauts pavillons étaient pour l'institutrice (celui de gauche) et l'instituteur (celui de droite).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile mécanique
Plans

plan régulier en U

Étages

en rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Campagne

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 2021 B 93

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