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Historique
Les Récollets étaient une branche de l'ordre des Frères Mineurs ou Franciscains, séparée du tronc originel en 1532. Ils s'établirent dans la Marche au début du 17e siècle, notamment au Dorat et à Guéret. Ils avaient pour mission de contribuer à l'éducation des peuples - et en particulier des nouveaux convertis à la foi catholique. Aubusson, très malmenée par les guerres de religion, constitua donc une terre d'élection pour leur communauté, qui s'y installa en 1614.
Selon l'historien Cyprien Pérathon (1886), l'église et le couvent des Récollets furent construits durant le premier quart du 17e siècle sur la rive gauche de la Creuse, "par le secours des aumônes et libéralités de plusieurs personnes pieuses de la dite ville et des environs". L'église fut consacrée le 5 septembre 1651 par Jean de Mallevaud, évêque d'Olonne, délégué par l'évêque de Limoges. Elle fut dédiée à Notre-Dame-de-Recouvrance.
Après leur installation à Aubusson, les pères Récollets furent très présents dans la lutte contre les calvinistes : lorsque les habitants de confession catholique de la ville demandèrent que le temple protestant soit transporté en dehors de l'enceinte de la cité, ils portèrent cette réclamation à Paris et contribuèrent à obtenir l'arrêt de 1663, qui ordonna son transfert à cinq cent toises d'Aubusson.
En 1673, Jean Rogier, marchand de tapisseries, en sa qualité de syndic des Révérends Pères, fit exécuter différents travaux au couvent des Récollets (sans qu'il soit permis d'en préciser la nature exacte), par Pierre Giraud, maître maçon du village de Baboneix.
En 1706, le couvent des Récollets commença néanmoins à tomber en ruines : les pères obtinrent alors le secours du duc de La Feuillade pour le faire restaurer. Cette nouvelle campagne de remise en état s'acheva en 1709.
Le nombre des Récollets diminua sensiblement tout au long du 18e siècle : en 1779, ils n'étaient plus que sept (quatre pères et trois frères).
En 1790, au moment de la suppression des établissements religieux (loi du 13 février), le monastère devint propriété de la commune. L'église des pères servit alors de caserne. En 1794, elle fut transformée en atelier de fabrication du salpêtre. Le tribunal civil tint quelque temps ses audiences dans l'ancienne salle du réfectoire des religieux, qui servit plus tard de magasin de grains, puis de salle de spectacle.
Après la création de l'Ecole Centrale d'Aubusson, en 1795, les bâtiments du couvent des Récollets lui furent affectés. Mais compte tenu de leur vétusté et des réparations à y opérer, ils ne furent pas immédiatement occupés et l'Ecole s'installa temporairement, en 1796, chez les Sœurs de la Croix, rue Franche. En 1797, les Récollets accueillirent finalement le cabinet d'histoire naturelle de l'école et son jardin botanique.
Après la fermeture de l'Ecole Centrale en 1804, le couvent fut laissé à l'abandon et retourna à sa lente dégradation. Dès 1803, le mobilier de son église désaffectée commença à être dispersé : c'est ainsi qu'un autel à colonnettes corinthiennes fut transporté dans l'église Sainte-Croix, où il vint prendre place dans la chapelle axiale de Notre-Dame-des-Victoires. Une tapisserie représentant la Vision de Constantin et des panneaux peints sur la vie de saint François d'Assise rejoignirent aussi l'église paroissiale à cette occasion. En 1811, le couvent des Récollets ressuscita à son ancienne splendeur pour un très court instant : on y donna des fêtes pour la naissance du roi de Rome, qui furent marquées par de splendides illuminations.
En 1813, un projet conservé aux Archives Nationales montre que l'on chercha d'abord à reconstruire les ruines du couvent des Récollets pour y établir un tribunal et une prison.
Mais le monastère étant dans un état de délabrement trop avancé pour accueillir ces deux structures, il fut finalement démoli en 1815.
A son emplacement furent bâtis, sur ce qui devint la place Villeneuve en 1823 (actuelle place Maurice Dayras), l'ancien palais de justice d'Aubusson (voir notice IA23000515), puis l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs (voir notice IA23000463).
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : 1er quart 17e siècle Secondaire : 3e quart 17e siècle Secondaire : 1er quart 18e siècle Secondaire : 4e quart 18e siècle |
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Dates |
1673, daté par source 1706, daté par source 1794, daté par source |
Description
Une vue cavalière d'Aubusson datée d'avant 1685 représente les bâtiments détruits du couvent des Récollets, sur la rive gauche de la Creuse. Le monastère se composait d'une église, orientée Nord-Sud, dont la porte s'ouvrait sur le pont qui reliait la ville au faubourg Saint-Jean-de-la-Cour. Son clocher présentait deux niveaux d'élévation. Le couvent, attenant à l'église, était formé de trois corps de bâtiments disposés en U autour d'un cloître.
Le cadastre napoléonien (1812) montre les bâtiments du couvent des Récollets, alors propriété de la commune et mentionnés, dans la matrice, comme "presque en ruines". Au sud s'étendait un jardin.
Il ne subsiste plus aucun vestige du couvent des Récollets. Toutefois, son emprise au sol reste lisible dans le parcellaire : elle se matérialise par un grand mur de soutènement, qui borde le jardin de l'Ecole Nationale des Arts Décoratifs, au sud, à sa limite avec la rue William Dumazet.
Dans le mur de croupe ouest de l'hôtel Sallandrouze de Lamornaix (voir notice IA23000598), donnant sur la place Dayras, subsistent quelques curieux vestiges. Ce mur présente en effet une baie obturée à linteau droit, encadrée par des chaînages harpés en pierre de taille et par deux niches, ainsi qu'un bandeau d'appui mouluré et un soubassement percé d'une baie à arc surbaissé, aujourd'hui semi-enterrée. Selon les sources historiques, ces éléments proviendraient peut-être de l'ancienne porte du couvent des Récollets, qui se trouvait en face de la manufacture de tapis à l'emplacement de laquelle fut édifié l'hôtel. Ils auraient été remontés dans ce mur à une date indéterminée, vraisemblablement au cours du 19e siècle.
Détail de la description
Toits |
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État de conservation |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier d'oeuvre architecture |
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Référence du dossier |
IA23000489 |
Dossier réalisé par |
Philippe Emmanuelle
Chercheur Inventaire, SRI Limousin de 2009-2012 |
Cadre d'étude |
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Aire d'étude |
Aubusson |
Phase |
étudié |
Date d'enquête |
2008 |
Copyrights |
(c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Ville d'Aubusson |
Citer ce contenu |
Couvent des Récollets (détruit), Dossier réalisé par Philippe Emmanuelle, (c) Région Limousin, service de l'Inventaire et du Patrimoine culturel, (c) Ville d'Aubusson, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/889bded8-6c6f-46fa-9098-39ab8e1a7fe8 |
Titre courant |
Couvent des Récollets (détruit) |
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Dénomination |
couvent |
Genre du destinataire |
de récollets |
Destination |
école |
Parties constituantes non étudiées |
cloître |
Localisation
Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Creuse , Aubusson , place Maurice-Dayras
Milieu d'implantation: en ville
Cadastre: 1812 D 1035, 1036