Château Latour

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Pauillac

Les éléments historiques sont issus en grande partie de l'ouvrage réalisé sous la direction de Charles Higounet en 1974, à partir des archives conservées au château.

La tour de Saint-Maubert fut probablement élevée au cours du second tiers du 14e siècle : dans le cadre de l'accord conclu le 18 octobre 1331, Pons III, seigneur de Castillon, autorisa Gaucelme de Castillon à construire une forteresse à Saint-Maubert. Les Chroniques de J. Froissart rapportent en tout cas le siège d´une forteresse à cet endroit en 1378. Celle-ci pouvait se trouver à l'emplacement d'un puits aujourd'hui encore conservé au sud des chais. Le domaine a ainsi appartenu aux seigneurs de Castillon puis à la famille d'Albret à partir des années 1380, puis à la famille de Montferrand vers 1456. La seigneurie de La Tour de Saint-Maubert était une co-seigneurie partagée entre plusieurs familles.

Puis, au 16e siècle, une seule et même famille, les Mullet, en devinrent seigneurs : Arnaud de Mullet, président aux Enquêtes du Parlement de Bordeaux puis son fils, Denis de Mullet, qui va accroître le domaine au 17e siècle.

D'après le comte de Beaumont (AD33 9 J 270), le colombier "d'après les documents [?] a dû être construit peut-être avec les débris de l'ancien château entre 1620 et 1630".

Par le mariage de Marie-Thérèse de Clausel avec Alexandre de Ségur, le 5 mars 1695, la Tour passe aux mains de cette famille qui le conserve tout au long du 18e siècle. En 1716, Alexandre de Ségur achète également le domaine de Lafite ; puis en 1718, son fils Nicolas-Alexandre, appelé le "prince des vignes", acquiert les terres de Mouton et de Calon ; seul Margaux échappe à cette impressionnante liste de propriétés.

Un plan du domaine daté 1759 représente la tour-colombier avec au nord-est, à l'emplacement approximatif de l'actuel château, la "maison" entourée d'un jardin ; au sud, un vaste bâtiment de plan carré abrite les "chay et cuvier".

En 1755, à la mort de Nicolas-Alexandre, le domaine de Latour est estimé à 500 000 livres tournois (Lafite, 700 000 livres). A partir de 1763, il est partagé entre ses filles : Charlotte Émilie, comtesse de Coëtlogon ; Marie Antoinette Victoire, comtesse de Miromesnil ; Angélique Louise de Maisoncel ; Marie-Thérèse de Ségur.

A la veille de la Révolution, Latour appartenait à Anne Marie Hue de Miromesnil, mariée à Charles Joseph de La Pallu, et à Anne Hue de Miromesnil mariée à André Bonnin de la Bonninière de Beaumont, filles du comte de Miromesnil, petites-filles de Nicolas-Alexandre de Ségur, et à leur cousin, le comte de Ségur.

Un aveu et dénombrement datés de 1774 indiquent : "autrefois dans ledit tènement un ancien château et fossés démoly depuis longtemps... près des bâtiments (actuels) est une tour servant de colombier avec girouette".

Le 12 messidor an V (30 juin 1797), les 27,06% ayant appartenu au comte de Ségur-Cabanac, émigré, sont adjugés pour 219 724 livres à Jeanne Courregeolles-Teulon, veuve Clamageran, et à Monbalon, médecin bordelais. L'autre part reste dans la famille de Ségur.

Sur l'emplacement actuel du château existaient des bâtiments servant d'habitation aux régisseurs. Le 20 mai 1826, le régisseur Lamothe indique que "la maussade architecture du logis de Latour ne saurait offrir aux regards des passants qu'une habitation de simple paysan". L'illustration de l'ouvrage de Gustave de Galard, vers 1835, montre des bâtiments modestes à proximité de la tour et entourés de vignes : on distingue un hangar surmonté d'une grange construit en bois et quelques maisons en rez-de-chaussée.

En 1839, à l'occasion de l'achat d'une partie de Latour par les négociants Barton, Guestier et Johnston, le cahier des charges fournit une description du domaine : la contenance est évaluée à 66,15 hectares dont 45 hectares de vignes. En 1841, les héritiers Ségur rachètent ces parts ; en mai 1842, ces derniers - MM. de Flers, de Beaumont, de Graville et de Courtivron - forment la Société civile du Vignoble de Latour.

En 1853, le baron de Courtivron (1781-1865), marié à Constance de La Pallu, mentionne la vétusté du "bâtiment d'habitation". Le marquis de Beaumont-Villemanzy (1791-1865), autre descendant et héritier de la famille de Ségur, fait appel en 1859 à l'architecte Duphot ; toutefois, le devis lui semble trop élevé. La priorité devait être donnée à cette époque à la construction d'un "second chai" de conserve, qui était commencé selon les plans du même architecte. Les plans de l'architecte Duphot sont conservés dans les archives du château. Trois projets successifs furent proposés à partir de septembre 1860. Entrainant des dépenses trop élevées, ils sont rejetés par les propriétaires. Duphot présente un nouveau projet en 1862 et les travaux commencèrent dès l'automne. Les travaux de la demeure ainsi que ceux de la maison de l'homme d'affaires étaient achevés à la fin du mois d'août 1864.

Au 19e siècle, la tour fut utilisée comme dortoir pour le personnel du domaine. Les bâtiments de dépendance situés au nord de la demeure correspondent peut-être à ceux construits après l'incendie de 1892 pour augmenter les espaces dévolus au logement du personnel.

En 1963, 75% du domaine sont vendus à deux sociétés anonymes britanniques, la Hallminster Limited et la société Harveys of Bristol. Elles vont engager une vaste modernisation du domaine.

Depuis 1993, le domaine appartient à l'homme d'affaires François Pinault.

Périodes

Principale : 2e quart 14e siècle (détruit)

Principale : 1er quart 17e siècle

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1862, daté par source

Auteurs Auteur : Duphot Théodore Henri, architecte (attribution par source)

La demeure est située à distance et au nord des bâtiments de vinification et de dépendance. Elle est entourée d'un jardin planté d'arbres et clos d'un muret avec une grille. Elle est composée d'un rez-de-chaussée surélevé, d'un étage carré et d'un comble percé d'une lucarne centrale à fronton triangulaire encadrée de deux lucarnes à frontons cintrés.

La façade principale, à l'ouest, est organisée selon cinq travées, la travée centrale étant encadrée de pilastres traités en bossage plat. Un escalier droit en pierre donne accès au rez-de-chaussée surélevé ; les baies présentent des chambranles moulurés et des plates-bandes à clé saillante. La porte principale est surmontée d'un fronton cintré portant un cuir découpé sculpté d'initiales entrelacées. Un bandeau continu mouluré sépare le rez-de-chaussée de l'étage qui est ouvert de fenêtres dotées de garde-corps reposant sur des consoles. Ces fenêtres sont également à plates-bandes avec clé saillante et surmontées d'une corniche. Enfin, une corniche à modillons règne sur l'ensemble de la façade. La façade postérieure orientée vers la Gironde présente un ordonnancement similaire, tandis que les façades latérales au sud et au nord s'organisent selon quatre travées de baies et sont surmontées de toitures avec lucarne centrale en pierre et œils-de-bœuf en zinc.

La toiture est composée d'un pavillon central encadré de deux pavillons brisés dotés de hautes souches de cheminée en pierre de taille.

Au nord, une cour avec des bâtiments de dépendance (logements, garage).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise
Étages

rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage de comble

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Forme de la couverture : toit brisé en pavillon

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : cuir découpé

  2. Representations : raisin

  3. Representations : vigne


Précision sur la représentation :

Le fronton de la porte principale est orné d'un cuir découpé portant les initiales JAC (?) entrelacées, entouré de feuilles de vigne et de raisin.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Pauillac , route de Bordeaux à Saint-Vivien-de-Médoc

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Latour

Cadastre: 1825 H 174, 188, 2012 OE 74, 75

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