Presbytère, puis bureau de poste, actuellement siège du Parc naturel régional du Marais poitevin

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon

De la maison de la Trigalle au presbytère

Jusque dans la seconde moitié du 17e siècle, les curés de Coulon logent dans la maison du prieuré située place de l'Eglise, juste devant l'entrée ouest de l'église. Ce bâtiment étant vétuste, le curé Jean Blancheteau achète vers 1665 une maison, appelée la Trigalle, située au sud de l'église et de l'autre côté de la rue. Il s'agissait auparavant d'une auberge à laquelle pendait l'enseigne de trois coqs chantant (trois galii en latin, d'où le nom "Trigalle"). Le 23 novembre 1697, son successeur, le curé Jean Chenier, en fonctions depuis 1692, achète cette maison au neveu et héritier du curé Blancheteau, Jean Trisant, sieur des Retaillères, et son épouse, Catherine Dupain (demeurant sans doute place de la Coutume, actuelle Maison du Marais poitevin), auxquels il la louait jusqu'à présent. Il est précisé que la maison "a son passage dans une allée qui conduit du derrière de ladite maison à la rivière de Saivre. A cette époque en effet, et jusqu'au début du 19e siècle, la Sèvre passe plus au nord qu'aujourd'hui et, au bout de cette allée (aujourd'hui l'impasse parallèle à la rue de l'Eglise), se trouve un port dès lors appelé port de la Cure.

Le 26 février 1723, le curé Jean Chenier lègue par testament cette maison à ses successeurs. Elle consiste en "une grande chambre basse, une cuisine, une autre petite chambre basse, une chambre haute, une étude à côté, grenier par-dessus", une cour, une écurie, une grange, un cellier et feniou. Le testament concerne aussi un marais appelé la Trigale, situé sur la rive gauche de la Sèvre. Ce don est rappelé par une plaque en cuivre placée dans l'église. En 1742, le curé Louis Chenier fait reconstruire une grande partie de la maison, dont les deux corps de bâtiments sur la rue sont réunis sous une seule charpente et toiture, pour 4000 livres, des travaux financés à ses frais. Vers 1780, un plan du bourg de Coulon situe le presbytère (repère 25) dont les bâtiments s'alignent le long de la place de l'Eglise. La reconstruction opérée en 1742 a eu pour conséquence que les bâtiments obstruent désormais la ruelle qui mènent à la Sèvre et qui aboutissait à l'origine à la place (repères E et D).

Saisie comme bien national contre le curé de Coulon, la maison presbytérale est estimée le 10 décembre 1790, avec le marais de la Trigale qui en dépend. Contrairement à l'ancienne maison du prieuré, le presbytère n'est cependant pas vendu, la commune se le réservant pour son propre usage. Y logent Louis Guérit, boulanger, marchand de vin et maître d'école, puis Jean-Joseph Mestadier, ancien vicaire, évêque constitutionnel de Saint-Maixent sous la Révolution, puis curé de Coulon à partir de 1795-1796, notaire et également instituteur à partir de 1801, jusqu'à sa mort en 1803. Cette année-là, André Garnier, curé avant la Révolution, retrouve ses fonctions et son logement dans l'ancienne cure. Différentes réparations y sont réalisées entre 1819 et 1840. Le presbytère apparaît sur le plan cadastral de 1833. Il est alors composé de trois ailes de plan en U, tourné vers le sud, l'une des ailes étant alignée sur la place de l'Eglise, l'autre placée le long de la rue de l'Eglise, la troisième à la place du bâtiment actuel.

La reconstruction du presbytère au milieu du 19e siècle

En 1846, le curé Pierre Etienne Fourgeaud se plaint de l'état du bâtiment, "une grande et vieille maison qui tombe en ruines". Le 8 novembre, le conseil municipal examine la question et le projet de construire un nouveau presbytère à côté du cimetière, sur un emplacement jouxtant celui-ci au sud, appelé le bois d'Amourette (3 rue Gabriel Auchier). En détruisant l'ancien presbytère, on pourrait construire à la place une nouvelle école, tandis que le jardin de la cure, situé de l'autre côté de la rue, sur la partie ouest de la place de l'église, avec son puits, pourrait servir à agrandir le champ de foire. Le 27 juin 1847, le conseil municipal renonce finalement à transférer le presbytère au nord du bourg (l'école y est, quant à elle, bien construite), tout en confirmant vouloir englober le jardin de la cure dans le champ de foire.

Après le départ du curé Fourgeaud et l'arrivée de son successeur, Pierre Faidy, en mai 1848, la question du presbytère revient sur le devant de la scène. Le 3 janvier 1849 est établi un état du bâtiment. Il se compose d'un rez-de-chaussée, d'un premier étage et de greniers, plus une cave, une écurie avec fenil et diverses servitudes telles que buanderie, remise, cour et jardin. Le rez-de-chaussée comprend la porte d’entrée et un corridor, à droite une salle puis la cour, à gauche un petit salon puis l’escalier et ensuite la cuisine. A l’étage, on relève deux corridors, quatre chambres, un escalier montant au grenier. Dans la petite cour qui s'étend au sud, et où un portail ouvre "du côté du chemin" (rue de l'Eglise), une porte donne au sud sur un "couloir" (aujourd'hui une ruelle) qui conduisait autrefois en direction du sud vers le port de la Cure situé là lorsque la Sèvre passait plus au nord.

Face au mauvais état de ces bâtiments, et après avoir résolu la question du financement de l'opération, on décide finalement de reconstruire le presbytère. Les 15 et 20 avril 1850, Jean Logeay, entrepreneur à Magné, en présente le projet, d'un montant de 3850 francs. Le rez-de-chaussée comprendra une cave voûtée, en pierre, déjà existante, un salon de compagnie, un vestibule avec la porte d'entrée et un escalier en chêne, et une salle à manger. Le premier étage sera divisé en cinq chambres, trois cabinets et un corridor. On prévoit aussi un second étage et un grenier. Une écurie aura son entrée au levant, rue de l'Eglise, longeant le jardin. Les communs, sur le côté sud de la cour-jardin, comprendront également une buanderie, des latrines et un serre-bois. Le nouveau presbytère sera construit autant que possible avec les matériaux de l'ancien, démoli.

Malgré une modification du projet (on se contentera d'un seul étage et d'un grenier), les travaux sont adjugés le 7 décembre 1851 à Théodore Bonnaud, menuisier à Coulon, et commencent sans doute en 1852. Pourtant, dans l'impossibilité de les mener à leur terme, Bonnaud délègue cette mission le 2 juin 1853 à Pierre Lucas, cultivateur à la ferme de Malécot, à Coulon. Les travaux sont réceptionnés le 12 juin 1854. Dans le cadre de cette opération, l'ancien jardin de la cure, qui occupait la partie ouest de la place de l'Eglise actuelle, est distrait du presbytère pour agrandir la place et le champ de foire. Le puits qui s'y trouvait est réaménagé en fontaine publique.

A partir de 1907, suivant la loi de séparation des Eglises et de l'Etat, la commune loue le presbytère au curé, mais en 1912, le curé quitte les lieux, transformés en 1913 en bureau de poste. En 1969, les anciens communs au sud de la cour-jardin sont démolis et la cour est englobée dans l'espace public, rebaptisé place Hélène Colin-Lefrancq, du nom de l'artiste-peintre. Des sarcophages médiévaux, témoins de l'ancien cimetière qui entourait l'église, sont mis au jour à l'occasion de ces travaux, puis lors de nouveaux aménagements réalisés en 1999 (ossements des 7e et 8e siècles). Depuis 2000, le site accueille le siège du Parc naturel régional du Marais poitevin (auparavant situé dans l'ancien presbytère de La Ronde). Les bureaux du Parc ont intégré, au sud, une aile de communs qui dépendait auparavant de la demeure Roy, devenue mairie.

Périodes

Principale : milieu 19e siècle

Dates

1852, daté par source

Auteurs Auteur : Logeay Jean

Entrepreneur à Magné (Deux-Sèvres) au milieu du 19e siècle.

, entrepreneur, architecte (attribution par source)

L'ancien presbytère est un long corps de bâtiment couvert d'un toit avec une seule croupe, côté nord, et haut d'un étage et d'un surcroît. Il est prolongé vers le sud par d'anciens communs reconvertis en bureaux. Un jardin occupait la petite place qui s'étend à l'est. Il était bordé au sud par d'autres communs (écurie, buanderie...). La façade du bâtiment, très sobre, est couronnée par une corniche. Elle présente cinq travées d'ouvertures, avec encadrements et appuis saillants. La porte possède un linteau à claveaux réguliers, sous une corniche.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

1 étage carré, étage en surcroît

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Coulon , 2 rue de l' Eglise

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 1833 D 840, 2024 AI 550

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