Ecluse ou pêcherie de la Sotterie, puis ferme, actuellement maison

France > Nouvelle-Aquitaine > Deux-Sèvres > Coulon

Le site de la Sotterie est occupé, sans doute dès le Moyen Age, par une des pêcheries (appelées "écluses") qui parsèment alors le cours de la Sèvre Niortaise. Chaque pêcherie était constituée d'un amoncellement de terre et de végétation placé au milieu du fleuve, laissant passer l'eau de chaque côté pour y positionner des engins de pêche et, aussi, laisser passe la navigation. Chargé de surveiller et d'exploiter l'écluse, un pêcheur ou éclusier habitait sur place. L'écluse de la Sotterie est mentionnée sur les cartes de la région par Claude Masse au début du 18e siècle. L'ingénieur situe là, à l'entrée du méandre de la Vieille Sèvre (actuelle conche de la Sotterie, en amont de l'écluse), cette "écluse ou poissonnière où l'on tend des filets pour pêcher. Ils servent aussi à resserrer le cours et faciliter la navigation".

En 1702, Jacques Magnen et Marie Delachaume, son épouse, achètent à Nicolas Avice, seigneur de la Mothe, "les eaux et pêcherie vulgairement nommé la Sotrie" dans laquelle "il y a une petite maison ou loge". Dès lors, la famille Magnen va exploiter la pêcherie pendant tout le 18e siècle. En 1761, François Magnen (1711-1775), époux de Suzanne Bourolleau, possède ainsi "une maison appelée la Soterie", consistant en chambre basse, grenier par-dessus, cour, grange, écurie, fenil, "fourniou" (fournil) et jardin. Cette maison passe à sa mort à ses fils, Louis et Jacques.

L'écluse ou pêcherie de la Sotterie dépend jusqu'à la Révolution de la commanderie de Sainte-Gemme, à Benet (les eaux de la Sèvre en amont relèvent du seigneur de Coulon, celles en aval de celui d'Irleau). En 1738, Jacques Magnen, marchand pêcheur à la Sotterie, déclare tenir de la commanderie "les eaux et pêcheries assis au cours de l'eau de la rivière de Saivre sous Coullon, vulgairement appelées les eaux de Sainte-Gemme, tenant par le dessus aux eaux et pêcheries de Coullon et par le bas aux cours appelés vulgairement les eaux Chapreaux".

C'est bien en tant que dépendance de la commanderie de Sainte-Gemme que l'écluse de la Sotterie fait l'objet d'un plan particulier, établi en 1781 dans le cadre du plan terrier de la commanderie. Sur ce plan, le nord étant placé en bas, on reconnaît les deux bras de la Sèvre qui environnent l'écluse, soit (en bas du plan) le cours principal ou conche de la Sotterie, qui observe ici un méandre, et (en haut) un petit bras de contournement. L'écluse "ou bouchault de Sainte-Gemme ou de la Sotterie, de la mouvance de Monsieur le Grand Prieur" d'Aquitaine (commandeur de Sainte-Gemme), est établie sur le cours principal (repères 4 et 5). A côté (repère 10) se trouvent les "maison du pêcheur, jardin et motte de la Sotterie de Sainte-Gemme", qui appartiennent alors à Louis et Jacques Magnen, pêcheurs, héritiers de leur père François. Le plan montre en détail la petite habitation, son jardin entouré de fossés et dans lequel se trouvent une barque, une rame, une pigouille et un filet de pêche sans doute mis à sécher. Une autre barque est amarrée juste au devant et à proximité de la pêcherie. En amont, le plan situe une petite ferme appelée la Sotterie de Benet, appartenant au seigneur de Benet. A noter enfin que le plan mentionne (repères 3 et 6) une autre pêcherie, cette fois sur le bras de contournement sud, dépendant du seigneur de Coulon. Cette écluse, appelée "écluse ou bouchault Baudon", appartient à Gabriel Jamois.

Visitant le cours de la Sèvre en juin 1798, l'ingénieur Demetz relève l'existence de l'écluse de la Sotterie, appartenant à Moigné. Il évoque aussi l'Adressoir, ce bras de contournement qui permet d'éviter le méandre formé ici par la conche de la Sotterie ou ancienne Sèvre, et "qui convient beaucoup mieux à la navigation". Il est d'ailleurs privilégié par les bateliers, et Demetz propose donc d'en dégager les bords, envahis par la végétation.

Malgré la politique de l'Etat au début du 19e siècle pour la suppression de ces pêcheries, celle de la Sotterie apparaît encore sur le plan cadastral de Coulon en 1833. L'utilisation de l'Adressoir par les bateliers, plutôt que la conche de la Sotterie sur laquelle est établie l'écluse, a sans doute sauvé celle-ci de la destruction voulue par l'Etat. Le plan cadastral situe là l'écluse et la maison de l'éclusier. Le tout appartient alors à Marie Ravard, veuve de Claude Aimond.

Les bâtiments actuels ont dû être construits à la place vers le milieu du 19e siècle, la pêcherie disparaissant probablement en même temps. A cette époque est créé en aval le barrage éclusé de la Sotterie, tandis que l'Adressoir, curé et élargi, devient le lit principal de la Sèvre, et que l'ancienne conche de la Sotterie est délaissée. Au cours du 20e siècle, vivent là Pierre François Courseau (1862-1926) et son épouse, Marie Tardy (1875-1960), ramasseuse de lait en barque pour le compte de la laiterie d'Irleau dans les années 1920-1930.

Périodes

Principale : Moyen Age, milieu 19e siècle

Cette ancienne ferme est située en retrait par rapport à la voie et au bord d'un cours d'eau, la conche de la Sotterie, qui se jette là dans la Sèvre Niortaise. La ferme dispose d'ailleurs d'un petit port privé au bord de cette conche. Des dépendances en appentis sont placées en arrière du logis qui devait être divisé en deux logements. Sa façade présente au total cinq travées d'ouvertures.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

rez-de-chaussée, comble à surcroît

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Typologie
  1. Ferme à bâtiments jointifs
  2. Dépendances en appentis à l'arrière
  3. Marais mouillés
  4. 5

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Deux-Sèvres , Coulon , 2 impasse de l' Ecluse

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: la Sotterie

Cadastre: 1833 E 741, 2024 AP 27

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