Gare

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > Lussac-les-Châteaux

D'abord concédée à la Compagnie du chemin de fer Grand-Central de France, qui fit faillite, la voie ferrée de Poitiers à Limoges est dévolue par convention signée le 11 avril 1857 et approuvée par décret le 19 juin 1857, avec le ministre des Travaux publics à la Compagnie du chemin de fer de Paris à Orléans (PO). La concession comprend en option une ligne « de Poitiers à Limoges, le dit chemin se reliant à la ligne de Châteauroux à Limoges à ou près le point de raccordement de cette dernière ligne avec le chemin de Montluçon à Limoges ». La voie est confirmée par une loi et un décret datés 11 juin 1859.

La concession de la section est confirmée par décret du 5 juin 1861 et déclarée d'utilité publique le 22 juin suivant et est valable jusqu'au 5 juin 1869. La ligne à construire représente, dans le département de la Vienne, une longueur de 67,20025 km.

Les communes de Lussac et de Chauvigny exposent l'intérêt de faire passer la voie chez eux. Ainsi, en 1861, la commune de Lussac-les-Châteaux souligne l'importance d'une gare pour le commerce des " bestiaux renommés, céréales de toutes espèces, chaux de qualité supérieure employée en très grande quantité dans le Limousin, marnes de toute sorte et en quantités inépuisables, carrières très abondantes pour la pierre de taille et dont la réputation est incontestable [...], meulières très recherchées et exploitées sur une grande échelle et dont les produits s'écoulent dans le Limousin à des prix très élevés, eu égard à la grande difficulté du transport : fabriques de cuirs très renommées avec un commerce fort actif de tan, en importation et exportations sur Poitiers et Limoges, minoteries de la plus haute valeur et dont les produits s'exportent sur tous les points ". La gare pourrait également faciliter les exportations du bassin houiller d'Ahun, dans la Creuse, avec un projet d'installation d'usine métallurgique à Montmorillon.

L'emplacement de la gare de Lussac est fixé par décision ministérielle du 23 décembre 1865 entre le chemin de grande communication n° 33 de Chauvigny à Lussac-les-Châteaux et la ville, suivant les plans de R. Déglin, ingénieur en chef des ponts et chaussées et du réseau central de la compagnie d'Orléans.

En mars 1866, la commune de Lussac demande l'implantation de la gare à l'est du village. Elle proteste contre le projet de suppression de la rue du château et le tracé des passages prévus dans la traversée du bourg [voir annexe]. Après diverses concertations, le ministre des travaux publics répond en décembre 1866 que l'emplacement ouest est meilleur.

Le ministre synthétise ainsi les échanges (23 décembre 1866) :

" La Compagnie expose, à l'appui de son projet, qu'avant de s'arrêter à l'emplacement mis à l'enquête, elle en a fait étudier deux autres : celui de la Verderie, qu'elle a abandonné comme trop éloigné de la ville, et celui de la Giroite, auquel elle a cru devoir renoncer parce que la station y aurait été établie sur le bord d'un étang malsain et que la construction aurait entraîné, en outre, l'exécution d'importants travaux de terrassement.

A l'enquête, une discussion très vive s'est engagées au sujet du choix à faire entre ces trois emplacements. Celui de la Giroite a réuni de nombreuses adhésions. Le conseil municipal de Lussac s'est partagé ; mais la commission d'enquête s'est prononcée, à la majorité, pour le projet de la compagnie en se fondant, d'une part, sur ce que les intérêts des parties est et ouest de Lussac paraissent égaux et, d'autre part, suivant la déclaration de la compagnie, l'emplacement de la Giroite n'offrirait ni la même commodité, ni la même sécurité que celui qu'elle a adopté.

MM. les ingénieurs du service du contrôle reconnaissaient, de leur côté, que le projet de la compagnie donne à l'intérêt général une complète satisfaction.

Ils font observer seulement que, d'après ce projet, la station ne serait rattachée à la ville de Lussac que par un chemin à pentes de cinq centièmes aboutissant lui-même à une rue étroite dans laquelle deux voitures peuvent à peine se croiser. Ils ajoutent qu'on pourrait d'ailleurs remédier à ces imperfections en réduisant les pentes à trente-cinq centièmes, par un prolongement sur cent mètres de longueur du chemin latéral, ou en reliant l'extrémité de cette rectification à la route impériale n° 147 par une nouvelle voie de cent cinquante mètres environ de longueur, dirigée vers l'embranchement des routes impériales n° 147 et départementale n° 6 ".

La voie ferrée de Poitiers à Limoges a été inaugurée le 23 décembre 1867.

En 1870, la commune demande l'agrandissement de la gare ; la compagnie estime qu'elle est assez grande pour les 14.700 voyageurs enregistrés en 1869, soit 6 ou 7 voyageurs par train. Ce décompte est atténué par l'ingénieur ordinaire Delafons, qui expose qu'il y a des pics de fréquentation deux fois par semaine pour les jours de marché à Poitiers (20 passagers au train n° 332), une fois par mois pour la foire de Lussac (45 passagers au train n° 335 et 55 au train n° 336) et les jours de foire à Montmorillon (60 voyageurs au train n° 23), mais que l'agrandissement du bâtiment ne se justifie pas.

Le plan de la gare joint au rapport permet d'avoir la répartition des espaces avec à l'est une salle d'attente qui pourrait être aménagée dans la partie à l'est des fenêtres avec une bascule, une étagère des imprimés, un casier des étiquettes, la table-bureau du facteur aiguilleur et un bureau fermé pour le facteur enregistrant. La cage de l'escalier tournant menant à l'étage se trouve devant la fenêtre de la travée ouest. Elle jouxte la lampisterie côté cour et le bureau des billet avec un " plancher en planches de sapin refendues " côté voies.

L'agrandissement de la gare est décidé par décision ministérielle du 28 mars 1890, afin de pouvoir réceptionner les trains de la ligne de Civray au Blanc, par Lussac et Montmorillon. L'arrivée indépendante de cette voie en gare de Lussac et le doublement de la voie jusqu'à Montmorillon, initialement prévus, ont été abandonnés le 29 juin 1889. Les travaux concerneront donc :

- la construction d'une bretelle de raccordement depuis le passage de la voie royale jusqu'à l'entrée de la gare de Lussac ;

- la construction d'une nouvelle travée de voyageurs à la gare et d'une marquise devant ce bâtiment ;

- la construction d'un bâtiment isolé servant de pour les machines en transit ;

- la pose d'une voie supplémentaire de marchandises pour offrir un garage utile de 380 m ;

- la pose d'une voie de transbordement à droite de la halle aux marchandises et la modification du quai découvert ;

- le prolongement de la transversale pour mettre en relation les voies de marchandises au moyen de plaques tournantes ;

- l'établissement d'une alimentation complète.

Le budget du projet modifié est porté à 187 557 francs (contre 984 000 francs pour le projet initial).

En 1898, la commune demande l'agrandissement du quai aux bestiaux en raison de son encombrement, notamment les jours de foire (1780 porcs un mardi de février 1898).

Une nouvelle voie de marchandise est créée en 1914, avec divers travaux (voir annexe).

En 1928 (suite au décret du 23 mars 1928), la gare est dotée d'un éclairage public électrique. Le budget total est de 18800 francs, financé par la commune, qui contracte un emprunt couvert par une surtaxe locale sur le prix des billets. Le dossier d'instruction nous renseigne sur la fréquentation de la gare en 1926 : la gare de Lussac-les-Châteaux a vendu 9212 billets simples, 7533 billets aller-retour, 2879 billets d'enregistrement de bagages, 92 billets de chiens, 7499 expéditions de marchandises à grande vitesse (messagerie, denrées, finances, valeurs et objets d'art), 28307 tonnes de marchandises à petite vitesse, 2023 gros animaux vivants (bœufs, vaches, taureaux, chevaux, mulets, ânes, poulains, cerfs) et 7076 petits animaux vivants (veaux, porcs, moutons, brebis, chevreuils, agneaux, chèvres).

Périodes

Principale : 3e quart 19e siècle

Dates

1867, daté par source

Auteurs Auteur : Déglin R.

Ingénieur en chef des ponts et chaussées et du réseau central de la Compagnie d'Orléans au milieu des années 1860.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)

Dans un courrier de décembre 1865, le ministre des travaux publics précise au préfet de la Vienne que " la station de Lussac-les-Châteaux, à onze kilomètres environ de celle de Lhommaizé, serait établie entre le chemin de grande communication n° 33, de Chauvigny à Lussac-les-Châteaux, et la ville de Lussac.

Le bâtiment des voyageurs serait construit à 250 mètres des premières maisons de cette ville ; la halle et le quai aux marchandises seraient à droite de la voie.

L'entrée des cours s'ouvrirait directement sur une voie latérale s'étendant sur toute la longueur de la station ".

La gare de Lussac-les-Châteaux est une gare de quatrième classe. Le cahier des charges de la compagnie prévoit pour ces gares : " une surface totale de 129 mètres avec 54 m pour les deux salles d'attente de 64 m " ; " les trottoirs, établis des deux côtés du chemin de fer, auraient partout une longueur de 100 mètres. Des abris de voyageurs sont intégrés à toute les stations, sauf pour celle de Thiat ". " Des halles à marchandises et des quais couverts sont projetées à toutes les stations. Les cours aménagées devant les bâtiments de voyageurs et devant les halles de marchandises paraissent spacieuses ". Un WC (" lieux ") est prévu.

La gare est composée d'un bâtiment pour les voyageurs, à un étage et deux travées, avec deux bâtiments adossés en rez-de-chaussée ; le premier à l'ouest avec une fenêtre (= le bâtiment ajouté pour l'arrivée de la ligne de Civray au Blanc) et le second à l'est avec deux fenêtres, avec comble à surcroît souligné par un bandeau de niveau. Ces trois bâtiments sont couverts de toits à longs pans en ardoise ; les portes et les fenêtres sont couvertes en arc segmentaire ; les fenêtres de l'étage ont des appuis saillants reposant sur des consoles. Sur la façade sud (cour des voyageurs), seule la fenêtre gauche de l'étage a conservé son garde-corps en ferronnerie. Les fenêtres du comble sur les pignons des bâtiments adossés ont des appuis saillants moulurés qui reposent juste au-dessus des cartouches portant l'inscription " Lussac-les-Châteaux ".

Le décor est sobre limité aux bandeaux, à des chapiteaux aux angles, aux appuis de fenêtre et des jours éclairant le comble du bâtiment de voyageurs. Les aisseliers qui supportent la toiture largement débordante des pignons du bâtiment principal sont moulurés et perforés d'un motif en étoile.

La cour des voyageurs était fermée par une barrière en béton ajouré partiellement conservée.

Le grand hangar de marchandises se trouve à l'ouest du bâtiment de voyageurs. Sa toiture sud est très débordante, permettant de couvrir les véhicules lors de leur déchargement. Les arcs segmentaires qui couvrent les portes sont en brique avec clef en pierre calcaire. Les chaînages d'angle sont en pierre de taille jusqu'au niveau de la retombée de la toiture et en brique au-dessus. Les piédroits des portes sont en calcaire, ceux des fenêtres jumelées au surcroît sur les pignons sont en brique. Sur un plan de 1891, elle était prolongée à l'ouest par un quai de marchandises et à l'est par un quai des calèches.

Sur les quais de voyageurs, l'abri a été refait.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise
Plans

plan symétrique

Étages

1 étage carré, comble à surcroît

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , Lussac-les-Châteaux

Milieu d'implantation: isolé

Cadastre: 2017 AC 410

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