Moulin à blé, puis minoterie Chevalier ou minoterie des Monards

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet

La minoterie des Monards a succédé à un moulin à eau, peut-être à marée, qui a pu exister dès le Moyen Age. En 1520, Guillaume de La Mothe-Fouqué, seigneur de Saint-Seurin, l'afferme à Guillaume Turpin pour 48 boisseaux de froment par an. Le moulin est de nouveau mentionné en 1532 dans une transaction passée entre le seigneur de Saint-Seurin et Valentin de la Roche qui détient des droits sur le moulin des Monards. En 1643, le "moulin des Mounards, proche de la mer" est indiqué dans l'aveu rendu à l'évêque de Saintes par le seigneur de Saint-Seurin. Au début du 18e siècle, il figure sur deux plans de la région établis par l'ingénieur Claude Masse. Deux autres moulins à eau existaient en amont : près de la source de Chauvignac et vers l'actuel pont de Rambaud. Tous les trois apparaissent ensuite sur le plan de l'estuaire de la Gironde établi en 1759 par Desmarais.

En 1734, le moulin des Monards est exploité par Louis Bizet, farinier, qui prend en ferme la même année le moulin à eau de Font Garnier. En 1782, le moulin des Monards est vendu par Messire Pierre Jean, vicomte du Mesnil Simon, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint Louis, lieutenant colonel des grenadiers royaux, seigneur de Plassay, l'Epine, la Brousse et autres lieux, à André Chardavoine, marchand, demeurant à Barzan. Le moulin est alors exploité par Jacques Hillaire, farinier.

Le moulin figure ensuite sur le plan cadastral de 1833 (tout comme les moulins à eau de Chauvignac et de Rambaud, en amont). A cette époque, il appartient à Isaac Chardavoine, demeurant à Blaye. La partie ouest des bâtiments (à l'emplacement de l'ancien atelier de fabrication) est qualifiée par le cadastre de "maison", le moulin se trouvant dans la partie est, enjambant la rivière. Une dérivation, prenant naissance juste en amont du moulin, lui sert de décharge, en direction du pont des Monards. Cette décharge apparaît, avec un déversoir et le moulin, sur un plan de réaménagement du port des Monards en 1843. Un autre plan, daté cette fois de 1869, qualifie désormais le moulin d'usine.

Au cours de cette période, l'établissement subit en effet d'importantes transformations. Le cadastre indique que le moulin est reconstruit une première fois dès 1835 par Isaac Chardavoine : comme le montre un plan de l'élévation sud du moulin en 1843, le corps de bâtiment qui enjambe la rivière comprend alors un étage tandis que la maison du meunier, à l'ouest, est en rez-de-chaussée. En 1839, selon M.-A. Gautier, cette "moudrerie" est capable de produire 60 hectolitres de farine par jour. Le moulin est acquis peu après par un certain Latreille (il lui appartient selon le plan du port en 1843) puis par les sieurs Verger et Pitaud.

C'est pour le compte de ces derniers que, selon le cadastre, la maison de meunier, à l'ouest, est démolie en 1847. En 1854, toujours selon le cadastre, ils font reconstruire le moulin, lui donnant probablement son aspect actuel : le moulin lui-même ne comprend plus qu'un rez-de-chaussée, tandis qu'un atelier de fabrication de trois étages vient prendre la place de l'ancienne maison de meunier, à l'ouest. Une machine à vapeur est installée en 1859. Elle est déclarée au cadastre, avec deux paires de meules, en 1863. Une autre augmentation de construction est mentionnée en 1886 (peut-être a-t-on à cette époque surélevé l'atelier de fabrication, dont les niveaux supérieurs sont en brique ?). A la fin du 19e siècle, la prospérité de la minoterie tient en grande partie à sa situation sur le port des Monards et à sa proximité immédiate avec l'estuaire, ce qui lui permet d'importer les grains et aussi le charbon d'Angleterre utile à la machine à vapeur, et en retour d'expédier les farines par les gabares du port. Cette production jouit d'une réputation certaine, et l'usine fait la prospérité du port.

Dans l'Entre-deux-guerres, la minoterie des Monards subit la crise économique et la concurrence des Grands Moulins de Bordeaux, comme la plupart des minoteries de la rive droite de l'estuaire de la Gironde. Après la faillite de son propriétaire, M. Gourgues, la minoterie des Monards est louée en 1934 puis rachetée en 1937 par Roger Chevalier (il possédait auparavant une minoterie à Cognac, détruite par un incendie en 1932). Son fils cadet Jacques lui succèdera. La machinerie est modernisée : à la machine à vapeur succède un moteur à gaz pauvre de type Winterthur, d'une puissance de 60 chevaux, puis un moteur éléctrique. Les élévateurs à godets qui acheminent les grains d'une machine à l'autre, sont remplacés par un système pneumatique. En 1936, on compte 2 broyeurs doubles, 3 convertisseurs doubles, 1 plansichter et 1 bluterie ronde. L'usine peut écraser 160 quintaux de grains par jour, soit 15200 par an en 1934 et 1935. Cette capacité est de 120 quintaux par jour dans les années 1960.

La minoterie Chevalier fonctionne jusqu'en 1970, date à laquelle elle fusionne avec la minoterie Fleuri de Mortagne sous le nom des Moulins de l'Estuaire. A partir de 1980, la propriété est rachetée par M. Robert Hemono qui en entreprend la restauration. La cheminée en brique est abattue dans les années 1990. Dans le cadre de la réfection de la route, le déversoir et la dérivation sont supprimés et l'arrivée de l'eau, sous la route, est couverte. L'extérieur des bâtiments est restauré en 2011. En amont du moulin, la rivière est élargie en un étang.

Périodes

Principale : 2e quart 19e siècle

Principale : milieu 19e siècle

Dates

1835, daté par source

1854, daté par source

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

L'ancienne minoterie des Monards se situe sur le port du même nom, au bord de la route du Littoral. Elle enjambe la rivière de Chauvignac qui se jette ensuite dans le chenal du port puis dans l'estuaire de la Gironde. Une suite de vannes s'échelonne sur la rivière en amont de la minoterie pour en contrôler le débit. Un canal de décharge prend naissance juste en amont de l'étang, via une vanne de décharge, et aboutit à la rivière de Rambaud au pont des Monards. Après l'étang, la rivière de Chauvignac franchit la route sous un passage voûté, puis passe sous le moulin.

Les bâtiments de la minoterie comprennent trois parties, d'est en ouest : l'ancien logement patronnal, remanié, la minoterie elle-même et un autre logement, également remanié et transformé en restaurant. La minoterie est constituée principalement de deux corps de bâtiment alignés : le moulin, à l'est, et l'atelier de fabrication, au centre de l'ensemble. Le moulin comprend un rez-de-chaussée et un étage. Sa façade est construite en pierre de taille et présente un bandeau mouluré et une corniche à denticules, caractéristiques du milieu du 19e siècle, de même que la porte, en arc surbaissé. Ce corps de bâtiment abritait les roues du moulin et l'installation motrice (rouet de fosse, beffroi, meules...) utilisées avant la mise en place de la machinerie présente dans l'atelier de fabrication. Dans le passage d'eau, on devine encore la trace circulaire laissée par une roue. Le plafond de la salle des machines au rez-de-chaussée est soutenu par quatre colonnes en fonte. Les meules se trouvaient à l'étage.

Le corps de bâtiment central de la minoterie, le plus haut, abritait l'atelier de fabrication. Il comprend un rez-de-chaussée et trois étages. Les deux premiers niveaux sont en moellons, les deux niveaux supérieurs en brique. A l'intérieur, si les planchers des premier et second étages ont disparu, on observe encore une partie importante de la machinerie qui était utilisée pour le nettoyage des grains, leur mouture et le conditionnement de la farine avant son expédition. Les grains arrivaient par le quai couvert de déchargement situé à l'arrière du bâtiment. Sur ce quai, un petit bassin en pierre était utilisé pour laver les grains. Ces derniers étaient ensuite stockés dans un silo en bois toujours accolé à l'arrière de l'atelier, bien que récemment déplacé.

Les grains puis la farine étaient traités dans une suite de machines dont la plupart des minoteries des années 1930 étaient équipées. Une grande partie de cet équipement subsiste dans la minoterie des Monards, en particulier au troisième et dernier étage : roue de l'ancien moteur thermique (au rez-de-chaussée) ; système d'actionnement pneumatique ; machines à trier et à nettoyer les grains ; bluterie et plansichter pour la mouture de la farine (le plansichter permet par blutage la séparation des différents finots, semoules et farines ; il est composé de plusieurs caisses elles-mêmes constituées de plusieurs porte-tamis, chacun recevant un tamis d'une ouverture de maille différente) ; armoire à filtrer l'air pour en retirer les poussières en permanence ; remplissage des sacs de farine via trois bouches de conditionnement, etc. Une fois conditionnée, la farine était expédiée par le quai à l'arrière de la minoterie, là où le grain était arrivé (avant que les camions ne remplacent le transport par bateau).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

3 étages carrés

Élévations extérieures

élévation à travées

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon couvert

  2. Partie de toit : croupe

Énergies
  1. Nature : énergie hydraulique

    Origine : produite sur place

  2. Nature : énergie thermique

    Origine : produite sur place

  3. Nature : énergie électrique

    Origine : achetée

État de conservation
  1. établissement industriel désaffecté

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Chenac-Saint-Seurin-d'Uzet , 14 route du Littoral

Milieu d'implantation: en écart

Lieu-dit/quartier: les Monards

Cadastre: 1833 D 1912, 2009 OD 1322, 1323, 1343

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