Château de Barbe

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Villeneuve

Une première résidence seigneuriale existe probablement sur le site dès le Moyen Âge, détenue en 1578 par Gauvain Barbe, contrairement à l'affirmation d'Édouard Guillon selon lequel elle serait possédée dès le milieu du 16e siècle par Forton Duvergier, jurat de Bordeaux en 1587 et en 1598, et député par la ville aux états de Blois. Il semble en réalité que la maison noble ne soit passée dans la famille Duvergier qu'à la suite du mariage de Jeanne de Calmeil, dame de Barbe, avec Fronton II Duvergier, reçu conseiller au Parlement en 1619. Parmi ses successeurs, qualifiés de marquis de Barbe, François Duvergier fait bâtir au début du 18e siècle l'oratoire dit "Étoile des Mers" aux abords de l'estuaire. Le port et le château de Barbe sont figurés sur la carte de Claude Masse de 1724.

La propriété est vendue en 1774 à Guy Ménoire de Beaujau, vicomte et président de la cour des Aides et Finances de Guyenne, qui fait démolir l'ancien édifice - il n'en subsistent que les douves - et construire le château actuel dans le dernier quart du 18e siècle. Les travaux de gros-œuvre sont probablement en cours d’achèvement en 1780, puisqu'à cette date le commanditaire somme le serrurier Prévôt de "faire et déposer en place" une grande rampe d'escalier. Cette nouvelle demeure, souvent attribuée à l'architecte Victor Louis en raison de son caractère néo-classique, est en réalité due à l'architecte et ingénieur bordelais Guillemain. Guy Ménoire fait également construire une chapelle domestique, consacrée en 1780, où serait inhumée son épouse. En 1814, la propriété appartient au comte Léon de Brivazac. Sur le plan cadastral de 1819, la demeure forme un plan en U, accompagnée au nord des dépendances viticoles et agricoles organisées autour de deux cours. L'illustration publiée dans l'ouvrage de Gustave de Galard en 1835 montre la façade postérieure du logis prolongée de l'aile est. Dans celle publiée dans l'édition de 1874 de l'ouvrage Bordeaux et ses vins, la façade postérieure donne sur un parc arboré.

Le domaine et le vignoble de Barbe, qui restent en possession de la famille de Brivazac au cours du 19e siècle, connaissent une grande renommée à la fin du siècle. Selon l'édition de 1893 de Bordeaux et ses vins, la propriété atteint alors 133 hectares, dont 90 plantés en vignes, et produit 250 tonneaux. Le château représente le 1er cru bourgeois de la commune et l'un des six premiers crus bourgeois du Bourgeais. Selon le supplément à l'édition de 1898 du même ouvrage, le domaine apparaît en 1901 au nom du comte de Beauregard : il s'agit de Charles Savary de Beauregard, époux d'Isabelle de Brivazac. Le cuvier est réorganisé en 1929, ainsi que l'indique une date inscrite sur une cuve en ciment. L'édition de 1949 signale que le domaine est exploité dans la cadre d'une société civile, administrée par Savary de Beauregard.

Comme le montrent deux vues aériennes datant probablement des années 1970, la basse-cour non fermée était composée d'un pigeonnier, d'une laiterie, d'une étable et d'une écurie. Ces bâtiments ont été soit détruits, soit transformés au cours des années 2000 : le pigeonnier, la laiterie et la porcherie ont en effet disparu tandis que l'étable et l'écurie ont été remaniées et transformées en garages et hangars agricoles. Des vergers et potagers entouraient également les bâtiments agricoles et viticoles à l'est (remplacés par des vignes) et au nord. De surcroit, selon une source orale, l'espace de stockage situé dans le prolongement du logis à l'est abritait le chai à barriques. Un pavillon-porche est enfin construit à l'ouest, afin de délimiter et de fermer l'ancienne basse-cour.

Le château de Barbe, acquis par la famille Richard à la fin du 20e siècle, accueille aujourd'hui mariages et réceptions et le vignoble produit environ de 300 à 400 tonneaux l'année.

Périodes

Principale : Moyen Age (détruit)

Principale : 4e quart 18e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Dates

1929, porte la date

Auteurs Auteur : Guillemain

Maître architecte et ingénieur bordelais en activité à la fin du 18e siècle, également connu sous la graphie Guilhemain.

, architecte (attribution par source)

Implanté sur les coteaux dominant l'estuaire, le domaine de Barbe, d'une superficie de 62 hectares, est composé d'un grand corps de logis, de bâtiments viticoles et agricoles, d'une chapelle, l'ensemble entouré d'un parc et de vignes. Deux allées principales, au sud et à l'ouest, permettent d'accéder au domaine, délimité côté route par un mur de clôture avec portail en ferronnerie. A son voisinage, un logement correspond probablement à la maison des gardiens.

De style classique, le château, qui se démarque des autres constructions par sa couverture à croupes en ardoise, est une vaste demeure à étage bâtie en pierre de taille, scandée de onze travées. La façade nord ouvre sur une cour encadrée de dépendances en retour d'équerre tandis que la façade sud donne sur un parc arboré offrant des vues vers l'estuaire. D'une grande sobriété, le bâtiment est simplement souligné par un bandeau médian et une corniche moulurée. Contrairement à la façade sur cour, les trois travées centrales de la façade sur le parc sont en léger ressaut et précédées d'un perron. La porte d'entrée est sommée d'une corniche et encadrée de deux colonnes engagées surmontés de chapiteaux ioniques.

Le corps de logis double en profondeur est encadré de deux ailes identiques en retrait d'alignement, de quatre travées en rez-de-chaussée avec comble à surcroit. L'entrée principale au nord ouvre sur un vestibule en forme de rotonde donnant accès à un vaste salon et à l'escalier d'honneur menant à l'étage. La rotonde est portée par sept colonnes tronconiques d'ordre toscan ; cinq colonnes sur sept sont semi-engagées. Une niche est ménagée dans le mur est. De part et d'autre du vestibule, un couloir longitudinal dessert les différents salons et salles. Les pièces qui communiquent également en enfilade sont dotées de cheminées et garnies de lambris. Le salon central au sud du vestibule et le grand salon qui lui est attenant à l'ouest sont les plus décorés.

L'escalier principal donne accès à l'étage des chambres, depuis un salon circulaire. Ces dernières abritent chacune une cheminée. Aux extrémités de cet étage se trouve une porte qui dessert le comble à surcroît des ailes encadrant le corps de logis, également desservi par l'escalier de service à l'est.

Une ancienne orangerie, ouvrant par une porte centrale en arc plein-cintre, prolonge l'élévation sud du château, attenante à la chapelle domestique située à l'extrémité sud-est. Couverte d'un toit à croupes, elle présente une façade de cinq travées, dont les trois centrales forment un ressaut. Les fenêtres du premier niveau sont rectangulaires, les baies hautes sont circulaires (celle de droite est aveugle). L'intérieur est composé d'une tribune à l'ouest et de l'autel à l'est, en pierre de taille et marbre, surmonté d'une composition monumentale. Des colonnes à chapiteaux ioniques se répètent dans l'ensemble de la chapelle. Dans le sol et au centre se trouve le caveau où seraient notamment inhumés le comte de Brivazac et son épouse.

Les bâtiments de dépendance au nord-est forment une cour rectangulaire, entourée du logement dit maison des régisseurs et des bâtiments dédiés à la viticulture. Le logement, dont la façade est orientée vers l'ouest, est aujourd'hui transformé en bureaux et salle de dégustation. En rez-de-chaussée, il est traversé d'un porche central desservant la cour, surmonté d'une horloge, elle-même sommée d'une cloche. L'horloge porte l'inscription "J. Laurendeau". Les bâtiments viticoles présentent des ouvertures en arc segmentaire. L'aile nord, dont les anciennes baies de décharge restent perceptibles dans la maçonnerie, abrite les cuves en ciment et inox, l'aile sud un espace de stockage et l'aile est un ancien chai. Au nord des dépendances viticoles sont réparties des bâtiments d'exploitation autour d'une seconde cour, composés de hangars et de remises. L'entrée à l'ouest s'effectue par un porche.

Au nord de la cour, d'anciennes douves maçonnées constitueraient les seuls vestiges de l'ancien château. Un peu plus à l'est, en contrebas, se trouvent une fontaine voûtée en plein-cintre et un lavoir non couvert. Une terrasse maçonnée au sud-ouest, longée par la route, offre un belvédère vers l'estuaire.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. ardoise, tuile creuse
Étages

sous-sol, 1 étage carré, comble à surcroît

Élévations extérieures

élévation ordonnancée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : croupe

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

  3. Forme de la couverture : appentis

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours avec jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. peinture
  2. décor stuqué
  3. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : ordre ionique

  2. Representations : guirlande

  3. Representations : déesse

  4. Representations : Vierge à l'Enfant

    Symboles : colombe du Saint-Esprit


Précision sur la représentation :

Premier salon donnant sur le vestibule : deux toiles peintes représentant des scènes galante et pastorale. Grand salon : décor sur les lambris d'ornements floraux, guirlandes, représentations allégoriques diverses... Salon sud-est, décor en bas-relief (plâtre ?) sur la cheminée : Diane et cerf, personnages féminins.

Chapelle : l'autel porte, sur un piédestal décoré d'un symbole eucharistique, une statue en ronde-bosse de la Vierge à l'Enfant, surmontée d'une colombe en gloire en haut-relief. Portes de chaque côté de l'autel surmontées d'un médaillon et d'une guirlande, encadrées par deux colonnes à chapiteaux ioniques portant un entablement soutenant les statues de saint Jean l'Évangéliste et saint Joseph.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Villeneuve

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Château de Barbe

Cadastre: 1819 B 17, 2011 A1 262

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