Site d'écluse de Losse

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Thonac

Le recueil de plans des ouvrages d'art de la Vézère réalisé par l'ingénieur et topographe du roi François Ferry en 1696 fait suite aux lourds investissements et travaux menés depuis 1682 pour rendre navigable la Vézère. C'est le plus ancien document mentionnant l'existence du site d'écluse. Dans ce recueil, Ferry représente le "pas du château de Losse" (planche G) relevé en 1696, "ouvrage fait", c'est-à-dire qu'il a fait l'objet de travaux récents et achevés - d'ailleurs, ceux-ci l'ont peut-être été sous la conduite de Ferry lui-même. Le "pas" (ou pertuis, passelis, passage, écluse) que figure Ferry est implanté sur une digue qui barre le cours de la Vézère pour diriger l'eau vers un moulin situé en aval, au sud, le moulin banal de Losse. La retenue d'eau artificiellement formée servait aussi de "peychère" ou "pécherie", dont les droits appartenaient bien entendu au seigneur du lieu. Un lavis figurant une légère dépression de terrain au droit du pas suggère également la présence d'un "port", c'est-à-dire d'un débarcadère, pour les marchandises tirées des bateaux, situé sur la rive gauche de la Vézère, soit sur la rive opposée au château et au moulin ; ce port est attesté plus tard.

Sans doute en partie emporté par une crue de la Vézère, le "pas du château de Losse" fait l'objet de nouveaux travaux dans les années 1740. Initiés par l'intendant de Guyenne Claude Bouchet, ceux-ci donnent lieu à une adjudication remportée le 27 mars 1741 par Bertrand Amiguet, entrepreneur des ouvrages du roi, sous la supervision de Claude Vimar, ingénieur des ponts et chaussées. Terminés en 1744-1745 après qu'une nouvelle crue ait emporté la digue au cours des travaux, ils reprennent largement la configuration du "pas" établi dès la fin du XVIIe siècle avec, toutefois, une digue renforcée en pierre de taille et un débarcadère du "port" en "sol de pierre sèche" analogue à celui préexistant près du moulin. Au cours des décennies suivantes, les flottes des différentes sociétés échelonnées sur la Vézère débarquent et embarquent leurs marchandises, surtout du merrain, "à la pêcherie de Losse".

Suite aux destructions survenues au cours de la Révolution française, un projet de réparation du passelis est dessiné en 1813 par Habrie (conducteur des Ponts et Chaussées), sur la base de l'étude réalisée en 1786-1788 par l'inspecteur général des ponts et chaussées Nicolas-Thomas Brémontier, plus en amont de l'ancien "pas". Barrage, vannes et écluse à sas ont été construits entre 1825 et 1843 sur la base des plans dessinés en 1824 par Philippe Henry Conrad, ingénieur en chef pour la navigation de la Vézère à partir de 1822. Les travaux n'ont jamais été totalement achevés suite à la faillite de la Compagnie des canaux de la Corrèze et de la Vézère. Alors propriété de la concession Mévil, l'écluse est remise au domaine en 1897. Après l'arrêt du trafic batelier sur la Vézère (radiée des rivières navigables en 1926), le site tombe en ruine. Crues et prélèvement des pierre de taille précipitent sa disparition. Des parties maçonnées ne subsistent aujourd'hui que quelques assises.

Périodes

Principale : 4e quart 17e siècle

Principale : 2e quart 18e siècle

Principale : 2e quart 19e siècle

Auteurs Auteur : Conrad Philippe Henry

Entré à l'école nationale des Ponts et Chaussées en 1803. Alors en poste à Nîmes, il est chargé par Louis Becquey du projet de la navigation de la Corrèze et de la Vézère à partir de 1822. Il démissionne le 21 novembre 1830.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Ferry François

Ingénieur né à Paris en 1649 et décédé à La Rochelle le 12 septembre 1701. Ingénieur ordinaire (v. 1669). Ingénieur en premier en Aunis (v. 1680). ). Ingénieur général des provinces du Poitou, de Saintonge, d'Aunis, de Guyenne et du Béarn (1690). [Blanchard 2, 281]

,
Auteur : Amiguet Bertrand

Entrepreneur des ouvrages du roi, sur le Lot (Saint-Vite, Lot-et-Garonne), sur la Vézère et sur l'Isle.

, entrepreneur (attribution par source)
Auteur : Vimar Claude

ingénieur puis ingénieur en chef des ponts et chaussées de la généralité de Bordeaux.

, ingénieur des Ponts et Chaussées (attribution par source)
Auteur : Boucher Claude

Intendant de la généralité de Bordeaux de 1720 à juillet 1743.

, auteur commanditaire (attribution par source)

Du site, il ne reste aujourd'hui que les vestiges des maçonneries des vannes du barrage qui jouxtait l'écluse de Losse. Celle-ci était implantée le long de la rive gauche de la Vézère, légèrement en amont du château situé sur la rive opposée. C'était une écluse à sas composée de deux bajoyers droits parallèles de 44 mètres de long au total, construits en pierre de taille, autrefois équipés, en aval et en amont, de portes busquées. l'ensemble délimitait un bassin de dimensions inférieures au gabarit Freycinet (1879).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Thonac

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Losse

Cadastre: 2014 ZA non cadastré (L'écluse était construite le long de la parcelle actuelle n°31, section ZA.)

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