Prieuré de Coleys ou Couleys, actuellement Château Meyney

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Estèphe

D'après les documents d'archives, il semble que les origines du Château Meyney soient liées à deux lieux-dits voisins, Coleys et Meyney.

Le prieuré de Coleys est attesté au 13e siècle, dépendant de l'abbaye cistercienne de Faize (Artigues-de-Lussac), fondée dans le 2e quart du 12e siècle. Les terres relèvent alors de la seigneurie de Lesparre. On trouve les mentions de la "grange" de Coleys et également de la "grave" (peut-être la grève, c'est-à-dire un terrain plat et uni, généralement constitué de sable et de graviers, sis au bord d'un cours d'eau ou de la mer).

Dans les textes plus tardifs, aux 16e et 17e siècles, on distingue le prieuré et la grange Notre-Dame-de-Couleys ou de Coleys, de la maison noble A Meyney.

D'après les Notes historiques de Léonce de Lamothe, Pierre Forton, avocat au Parlement de Bordeaux, seigneur des maisons de Coley et de Meiney lègue ces terres par testament du 26 janvier 1625 (ou 1615 ?) au monastère des Feuillants de Bordeaux. Le testament imposait, semble-t-il, aux Feuillants de bâtir un monastère à Coley et d'y célébrer plusieurs offices. Mais les religieux prétendirent que cette charge n'était pas en rapport avec la valeur du legs, et ils passèrent une transaction le 13 avril 1646 avec Simon Forton, frère du testateur, d'après laquelle ils devaient seulement bâtir, dans un délai de trois années, une chapelle dans l'église de Bordeaux.

La maison noble aurait été construite par Pierre Girouard et Jean Tisson, maçons de Bordeaux, en 1660 pour les Feuillants (AD Gironde, 2E1909A, titres de famille Luetkens). La date 1662 est inscrite au-dessus de la porte du logis. Une pierre sans doute utilisée en remploi dans la maçonnerie de l'aile ouest de la cour (ancien cuvier) porte la date 1665.

En 1730, parmi les revenus et les dépenses des Feuillants de Bordeaux figure Le Meyney à Saint-Estèphe, rapportant 7389 livres (pour 5804 livres de dépenses), revenu le plus important parmi les possessions des Feuillants.

L'inventaire détaillé de la paroisse de Saint-Estèphe dressé en 1737 à la demande de l'archevêque de Bordeaux (mentionné par Bernard Ginestet) indique à l'article 43 : "Il y a une chapelle chez les Pères Feuillants. Personne n'habitte ny à dessus, ny au dessous. Elle est bâtie et ornée avec décence. On y dit la messe, on ignore depuis quand. On n'y administre point les sacrements".

La date portée 1760 est inscrite sur l'aile sud des chais. Les portes à fronton cintré et oculus sur le pignon est de l'aile nord et sur la façade est du logis correspondent aussi plutôt au 18e siècle.

Sur la carte de Belleyme levée en 1767 figure le lieu-dit Meyney.

L'abbé Baurein mentionne Notre-Dame de Couleys, église ou chapelle qui dépendait de l'abbaye de Faise (sic) puis des Feuillants de Bordeaux. Il indique vers 1784 qu' "il n'y a plus qu'un petit Oratoire, où la procession de Saint-Estèphe s'arrête le second jour des Rogations".

Le 14 février 1791, le domaine de Coley-Meney est vendu comme bien national à Charles Luetkens (1744-1801), ancien conseiller du roi et négociant à Bordeaux. Il se compose alors d'une maison, d'une chapelle, d'un cuvier, d'un chai, d'une grange et de 261 journaux et 26 règes (?) de vigne et prairies.

Sur le plan cadastral de 1825, les bâtiments sont organisés autour d'une cour comme aujourd'hui. On peut toutefois remarquer quelques différences correspondant à des remaniements. L'aile sud communiquait, semble-t-il, avec le logis ; aujourd'hui un passage est ménagé entre ces deux bâtiments. L'aile ouest n'était manifestement pas équipée d'un passage couvert : il n'y a d'ailleurs aucun chemin d'accès à l'ouest ; les chemins sont tracés à l'est et au nord aboutissant à un espace ménagé devant le logis ; un passage permettait d'accéder à la cour au nord-est.

Dans l'édition de 1850 de l'ouvrage de Cocks, le domaine de Meyney appartient toujours à la famille Luetkens et produit 150 tonneaux. A partir de 1855, cette famille engage des travaux de construction de maisons sur des parcelles plus à l'ouest au lieu-dit Boribeille.

En 1868, le domaine est passé par alliances matrimoniales entre les mains du comte de Fumel et des héritiers de Du Sault.

Il est racheté en 1919 par Désiré Cordier, puis en 2004 par CA Grands Crus, filiale du Crédit Agricole.

Les bâtiments ont été remaniés et leurs fonctions ont évolué : la partie sud de l'aile ouest abrite le cuvier béton aménagé en 1945 puis remanié en 1990 ; il communique désormais au sud avec deux cuviers inox. La partie nord de l'aile ouest est occupée par le chai. L'aile nord a été réaménagée en 2002. De nouveaux bâtiments ont été ajoutés au nord en 2008.

Périodes

Principale : 3e quart 17e siècle

Principale : 3e quart 18e siècle

Principale : 1er quart 21e siècle

Dates

1662, porte la date

1665, porte la date

1760, porte la date

Les bâtiments s'organisent autour d'une cour fermée. Ils se composent :

-d'un logis en rez-de-chaussée à l'est. La façade est est percée de 6 fenêtres et d'une porte à fronton cintré avec oculus. Ces ouvertures ne sont pas régulièrement disposées. On accède au rez-de-chaussée surélevé par un degré en pierre. Certaines fenêtres présentent un linteau chanfreiné.

Côté cour, à l'ouest, la façade est percée de 3 fenêtres rectangulaires, d'une petite baie cintrée et d'une porte au décor soigné. Encadrée de pilastres se détachant sur un bossage, elle est surmontée d'un entablement à triglyphes et métopes avec un fronton interrompu à volutes rentrantes. Au centre, une table décorative ornée d'une boule porte la date 1662.

-d'une aile au sud qui abritait les chais, comme l'indiquent les petites ouvertures qui scandent régulièrement l'élévation. La maçonnerie de moellons est raidie par des jambes harpées.

-d'une aile à l'ouest percée en son centre d'un passage ouvert par une arcade en plein-cintre, surmonté d'un pigeonnier carré (trous d'envol conservés). Au sud de ce passage se trouvait le cuvier comme le laissent supposer les traces d'anciennes baies de décharge par lesquelles la vendange était réceptionnée. Au nord, on remarque également d'anciennes baies condamnées, notamment une baie de décharge. L'ensemble de cette aile n'est pas rectiligne mais adopte un plan légèrement courbé.

L'élévation ouest de cette aile est enduite et ouverte de baies cintrées encadrées en brique et pierre.

-l'aile nord abritait probablement la partie agricole ; les maçonneries sont dissimulées derrière une végétation qui ne permet pas une description plus précise.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

    Revêtement : enduit

Toits
  1. tuile creuse
Étages

en rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Estèphe

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Meyney

Cadastre: 1825 B1 73, 2015 OB 332 à 335

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