Ensemble de l'autel de la Vierge (ancien maître-autel)

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Audignon

L'histoire de cet ensemble mobilier est documentée par un livre de fabrique du XVIIIe siècle, autrefois conservé au presbytère d'Audignon et non localisé aujourd'hui. Les passages concernant l'exécution du retable, ainsi qu'une police pour la dorure du meuble (sur un feuillet détaché), furent transcrits lors d'une enquête de pré-inventaire en 1969.

En 1724, la fabrique de Notre-Dame, sous l'impulsion du curé Mathieu de Marsan (1693-1724), décida la construction d'un nouveau maître-autel, destiné à se substituer au vieux retable gothique - à moins que celui-ci n'ait déjà été dissimulé à cette date. Contrat fut passé "pour la construction du retable et tabernacle du maître-autel" avec "Chadel, maître esculpteur" à Saint-Sever. Deux sculpteurs de ce nom, les frères Antoine et Claude Chadel, travaillant sans doute ensemble, sont documentés à cette époque à Saint-Sever ; Claude étant mort dès le 24 septembre 1719, il s'agit ici d'Antoine, décédé à Saint-Sever le 28 mars 1726. Le meuble, exécuté dans l'année 1724 et payé 1400 livres, fut transporté de Saint-Sever à Audignon en 1725 par "les bouviers du Hartané Lartigolle". Le 23 avril 1726, une police fut signée entre le marguillier Jean Lalanne et le doreur Jean Dutour, de Saint-Sever, par laquelle ce dernier s'engageait, pour une somme de 1200 livres, à "dorer le retable et tabernacle avec six chandeliers et cadre du devant d'autel", ainsi que le tabernacle et le cadre de l'autel de sainte Catherine, en l'espace de dix-huit mois. La description très détaillée des différents travaux correspond presque en tout point à l'ensemble actuellement conservé (la peinture au naturel du plumage des oiseaux et des grappes de raisin des colonnes torses n'a apparemment pas été appliquée). En mai 1756, l'évêque d'Aire Sarret de Gaujac trouve un retable "fort beau et bien doré". L'ensemble est complété en 1761 par un "marchepied" en chêne parqueté, ouvrage du menuisier saint-severin Jean-Baptiste Gigun : il pourrait s'agir du degré d'autel actuellement conservé.

Le retable, par sa structure et plusieurs de ses éléments décoratifs, est proche d'autres réalisations locales, comme les retables de Saint-Étienne-d'Orthe (Giraut et Royer, 1713-1714, réf. IM40000383), de Sarbazan (Pierre Floché, 1713-1715, réf. IM40002686) ou de Bahus-Juzan à Montsoué (Garat, 1735), dans le même canton de Saint-Sever. Il présente toutefois une qualité d'exécution plus faible : assemblages peu soignés, éléments décoratifs rapportés et non sculptés dans la masse, canon court et peu élégant des figures. Les rondes-bosses, en particulier, relèvent davantage du travail d'un tailleur de bois expérimenté que d'un véritable sculpteur : elles ne furent donc probablement pas confiées à un praticien spécialiste, comme il était souvent d'usage, mais exécutées par Chadel lui-même.

La mise en place de l'ensemble entraîna la mutilation du retable-refend du XVe siècle, dont les corniches et reliefs furent arasés afin de pouvoir y plaquer plus aisément le nouveau meuble. La découverte fortuite du monument gothique en avril 1962 et son retentissement justifièrent la dépose de l'autel de Chadel le 3 août suivant, puis son remontage à l'extrémité occidentale du collatéral sud le 18 décembre 1964. La hauteur sous voûte, insuffisante, obligea à supprimer le soubassement du retable (d'un mètre de haut), qui fut alors entreposé dans une annexe mais a disparu depuis lors. Cette suppression malheureuse entraîna le déplacement du tabernacle d'origine, désormais d'une monumentalité excessive par rapport au retable (dont il aurait dissimulé le tableau d'autel) : il est actuellement posé sur l'autel de saint Michel dans le bas-côté nord. Le petit tabernacle qui le remplace ne date que du début du XIXe siècle et provient de ce même autel de saint Michel. Le devant d'autel en cuir gaufré, l'un des très rares conservés dans les Landes avec celui de Retjons (canton de Roquefort, réf. IM40002741), a été restauré par l'atelier parisien Malesset en 1969.

Périodes

Principale : 1er quart 18e siècle

Secondaire : 2e quart 18e siècle

Secondaire : 3e quart 18e siècle

Dates

1724, daté par source

1726, daté par source

1761, daté par source

Auteurs Auteur : Chadel Antoine

Maître-sculpteur à Saint-Sever (Chalosse), mort dans cette ville le 28 mars 1726 et inhumé dans l'église du couvent des Jacobins ; frère de Claude Chadel (mort le 24 septembre 1719), aussi sculpteur et sans doute son associé au sein de l'atelier familial. Antoine Chadel épousa en l'église du Ginx à Cachen, le 30 janvier 1714, Claire Tardivailh (fautivement orthographié "Tartival", "Tortival" et "Tortibal" à Saint-Sever), peut-être originaire de Castelvieilh (Hautes-Pyrénées), où une famille Tardivailh est connue depuis le XVIIe siècle. Claire Tardivailh semble avoir également été sculpteur (l'acte de baptême de son deuxième fils en 1717 mentionne "Antoine Chadel et Claire Tartival père et mère scul[p]teurs"). Le couple eut au moins quatre enfants : François Chadel, né à Saint-Sever le 28 janvier 1715 (filleul de François Barbet, curé du Ginx à Cachen [qui avait marié ses parents], et de Marie Anne Segur) ; Claude Chadel, né à Saint-Sever le 23 juin 1717 (filleul de son oncle Claude et de sa tante Marie Chadel, épouse du serrurier Gaspard Rhodier) ; Antoine Chadel, vitrier et négociant (né à Saint-Sever le 23 septembre 1720 et marié le 28 février 1745 à Thérèse Villo [Saint-Sever, 29 avril 1718 - ?], fille d'un tailleur), qui fut parrainé à son baptême par Jeanne Dabadie (veuve de son oncle Claude Chadel) et par Antoine Baché, "garçon sculpteur", sans doute un assistant de son père (AD Landes, 1 MIEC 282/5) ; Jeanne Chadel, née à Saint-Sever le 21 juillet 1723, filleule de son oncle par alliance Gaspard Rhodier et de Jeanne Griot.

, sculpteur (attribution par source)
Auteur : Dutour Jean

Doreur à Saint-Sever (Landes) au début du XVIIIe siècle.

, doreur (attribution par source)
Auteur : Gigun Jean-Baptiste

Jean-Baptiste Lebe-Gigun ou Jugun, maître menuisier à Saint-Sever (Chalosse) dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. Habitant la maison Gigun au quartier de la Guillerie, il fit son testament à Saint-Sever en 1791 (comm. de l'abbé Dominique Bop). D'un premier mariage contracté à Saint-Sever, le 8 janvier 1754, avec Marie Ursule Chevalier (le menuisier Jean Bonnemaison fut témoin), naquit un fils, Jean-Baptiste "Jugun", né le 9 mars 1756, filleul de Jean Daudigeos, maître boutonnier, et de Josèphe Lafosse (AD Landes, 1 MIEC 282/6). D'une seconde union avec Françoise Lacaze naquit une fille, Jeanne Rose (Saint-Sever, 30 août 1757 - Saint-Sever, 7 juillet 1817), restée célibataire. Le menuisier est nommé "Jean Lebe menuisier" dans l'acte de mariage de 1754, "Jean Lèbe Jugun menuisier" dans celui du baptême de son fils en 1756, "Jean Baptiste Lèbe menuisier" au baptême de Jeanne Rose en 1757, "Jean-Baptiste Gigun" dans l'acte de décès de sa fille en 1817. Il parraina en outre, le 6 avril 1758, Catherine Josèphe Lebe, fille de "Jean Lebe menuisier" (sans doute un frère de Jean-Baptiste) et de Marie Lagère (il signe "Lebe" tout court l'acte de baptême).

, menuisier (attribution par source)
Personnalite : Marsan Mathieu de

Curé d'Audignon en Chalosse de 1693 à sa mort, le 7 octobre 1724 à Saint-Sever. Il fut inhumé "chez les dominicains" (couvent des Jacobins).

, commanditaire (attribution par source)
Personnalite : Lalanne Christophe de

Curé d'Audignon en Chalosse de 1724 à 1728. Il signe pour la première fois les registres paroissiaux le 19 février 1725, puis délègue ce soin, à de rares exceptions près, à ses vicaires successifs (Ladoüe, Mauringlane et Barhenne) jusqu'à la fin de son ministère (AD Landes, E dépôt 17 / GG 2).

, commanditaire (attribution par source)
Lieux d'exécution

lieu d'exécution

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Audignon

Milieu d'implantation: en village

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