Chenal du lazaret ou jalle du Breuil et marais de Lafite ou du Breuil

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Saint-Estèphe

Le chenal de Saint-Vincent est mentionné sur les cartes de Masse dès 1709 puis sur les cartes de l'embouchure de la Garonne (1759) et de Belleyme (1767). Il est désigné sous le nom de chenal de Saint-Vincent aboutissant au port de Saint-Vincent sur les bords de l'estuaire. Son cours sinueux débute au niveau du château du Breuil (Vertheuil), a été canalisé sur un tronçon entre les croupes de vigne de Cos et de Lafite, puis reprend un tracé irrégulier jusqu'à l'estuaire. Il est nettement encadré de deux autres "jalles" ou ruisseaux, un au nord qui alimente le moulin de Grand Puy et un au sud. Ces trois axes qui traversent le territoire d'ouest en est sont reliés entre eux par des fossés en eau qui permettaient d'assainir cette zone marécageuse. Pour améliorer le fonctionnement des jalles, une écluse est indiquée afin d'empêcher la remontée des eaux dans les terres à marée haute.

L'abbé Baurein mentionne vers 1784 que la paroisse est bornée vers le midi "par le chenal de Saint-Vincent, qui conduit à la rivière les eaux du marais de Lafite, et qui fait la séparation de la Paroisse de Saint-Estèphe d’avec celle de Pauillac. Il y a néanmoins un pont pratiqué sur ce chenal, qui facilite la communication de ces deux Paroisses".

Dans un document daté 1791, Nicolas Pierre de Pichard, propriétaire du château Lafite, rend compte aux administrateurs du département de la Gironde de l'état insalubre de cette zone recouverte par les eaux, la plus grande partie de l'année. Il souligne le manque d'entretien des jalles qui ne sont pas récurées et empêchent l'écoulement des eaux. Les terres sont incultes alors qu'elles pourraient être avantageusement utilisées pour le pâturage du bétail.

En 1801, l'existence de deux ponts permettant de traverser cette zone est mentionnée : ils sont tous deux en mauvais état ; la "levée de Lafitte ou chemin public qui sépare la commune de Pauillac de celle de St Estèphe" est inondée chaque hiver.

La loi du 16 septembre 1807 relative au dessèchement des marais suscite les réactions des propriétaires du marais de Lafite, du Breuil et de German, constitués en syndicat. Par une pétition datée 1808, ils réclament au préfet des travaux d'assainissement.

En 1816, ils préconisent de rectifier le cours aval du chenal du centre et de celui du nord. L'installation du lazaret de Trompeloup dans les années 1820 condamne l'utilisation du port Saint-Vincent à l'embouchure du chenal : celui-ci est désormais réquisitionné pour le fonctionnement du lazaret, ce qui pénalise grandement les propriétaires locaux. C'est un argument supplémentaire pour rectifier le cours du chenal et aménager un nouveau port.

En 1832-1833, ces travaux sont réalisés avec la construction de portes à flots (voir projets de l'ingénieur des Ponts et Chaussées, A. Deschamps) pour réguler les eaux du chenal, dans la nouvelle portion ouverte au nord de Trompeloup, qui relie directement le chenal de Lafite à l'estuaire.

En 1837, les travaux d'assèchement des marais sont considérés comme achevés.

En 1838, une vanne est aménagée au niveau du pont de la route (voir plan de J.B. Pierre) ; il est nécessaire de laisser passer les embarcations qui remontent le chenal, et notamment le bac qui permet le curage du chenal.

Dès 1842, certains propriétaires se plaignent de payer des taxes pour des travaux qui ne leur ont pas été particulièrement bénéfiques. Effectivement, ce sont les terres les plus proches de l'estuaire qui ont été valorisées, devenant fertiles et rentables pour leurs propriétaires ; en revanche, les terrains situés en amont vers le château du Breuil n'ont pas connu de telles améliorations, étant trop éloignés de l'estuaire et ne bénéficiant pas des limons fertiles déposés par les eaux estuariennes. En 1843-1844, ces inégalités conduisent à la division des marais en 5 classes distinctes selon l'intérêt retiré des travaux de dessèchement (voir plan des marais).

Dans la 2e moitié du 19e siècle, le problème d'entretien du chenal est permanent ; l'écoulement des eaux est difficile et les curages doivent être de plus en plus fréquents. Dans les rapports et délibérations du conseil général de la Gironde, les demandes d'amélioration pour les marais de Lafite, German et du Breuil sont récurrentes à partir de 1859. En 1878, il est indiqué que "l'amélioration de ces marais a été enfin définitivement résolue et s'opère maintenant". Le pont est rectifié en 1879 mais le débit reste insuffisant pour permettre aux eaux provenant des pluies de l'hiver de s'écouler. La construction semble par ailleurs défectueuse et la route est inondée chaque hiver. A la séance du 10 septembre 1887, la rectification de cette route départementale est soumise à autorisation pour permettre l'écoulement des eaux du marais et les communications entre les communes intéressées.

Sur l'Atlas du Département de la Gironde publié en 1888, la "jalle du Breuil" apparait avec un tracé bien rectiligne.

Le cours du chenal de Trompeloup qui longe au sud le site occupé par le lazaret a été canalisé au cours du 20e siècle pour contourner les installations du dépôt pétrolier de Pauillac.

Périodes

Principale : 18e siècle

Principale : 2e moitié 19e siècle

Principale : 2e moitié 20e siècle

Le chenal du lazaret constitue la limite sud de la commune de Saint-Estèphe, la séparant de Pauillac. Il est le prolongement de la jalle dite du Breuil qui draine les marais de Lafite ou du Breuil. Il rejoint ensuite l'estuaire, dévié en partie pour contourner le dépôt pétrolier de Pauillac.

Un pont permet à la route départementale 2 de le franchir.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Saint-Estèphe

Milieu d'implantation: isolé

Cadastre: 2015 (non cadastré), 1825 C1, C2

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