Couvent des Jacobins

France > Nouvelle-Aquitaine > Landes > Saint-Sever

Le couvent médiéval

D'après un document du cartulaire de l'abbaye, trois frères dominicains auraient été envoyés à Saint-Sever en 1280, pour envisager la création d'un couvent de frères prêcheurs dans la ville. Le couvent est enregistré au Chapitre de Gascogne deux ans plus tard mais sa construction ne parait commencer qu'après l'accord passé avec les Bénédictins de la ville : le couvent se place hors les murs, les frères Prêcheurs n'ont pas le droit de conférer les sacrements. En 1287, il leur est tout de même donné l'autorisation, par l'entremise d’Aliénor d'Angleterre, fille d’Édouard Ier, d'enterrer leurs morts dans le cloître du couvent, ce qui signifie que les fondations du cloître médiéval sont déjà définies.

Plusieurs éléments architecturaux peuvent correspondre au premier édifice. Dans l'aile est, les fragments de la chaire du lecteur ainsi que l'entrée de l'ancienne salle capitulaire semblent dater des alentours de 1300. Le profil et le base des colonnettes ainsi que les chapiteaux sculptés se rattachent à cette période. Le dortoir se serait alors situé à l'étage, comme semblent en témoigner d'anciennes ouvertures étroites en plein cintre. L'église serait également construite vers 1300. Les mêmes profils et base de colonnettes sont identifiables aux portails ouest extérieur et sud-ouest dans le cloître. La rose percée au-dessus du portail ouest présente un réseau cohérent avec la première construction.

Le chantier et les aménagements se poursuivent durant la première moitié du 14e siècle grâce à des donations, notamment par le cardinal Guillaume Pierre de Godin. L'église parait avoir été agrandie au nord avec l'adjonction d'un bas-côté ouvert dans la nef par quatre grandes arcades dont le chanfrein de l'arc se termine par un congé, caractéristique de la période. Des arcades aveugles plus étroites animant le mur sud reprennent cette structure.

Du 14e au 16e siècles, plusieurs évènements ont entrainé la destruction partielle du couvent. En 1372, un tremblement de terre touche la ville. Bien qu'aucune source ne mentionne les dégâts au couvent, ceux causés au monastère des bénédictins laissent supposer de nombreuses altérations. En 1442, les troupes de Charles VII attaquent la ville par le faubourg de la Guillerie, où se situe le couvent. Les troupes de Montgomery en 1569, finirent de saccager les bâtiments conventuels et leur mobilier. Une enquête ordonnée par le roi le 18 janvier 1572 fait état du couvent des frères Prêcheurs "ruiné et démoli entièrement si ce n'est une partie de la couverture de la grande nef de l'église".

Les reconstructions du 17e siècle

La majorité des bâtiments conventuels est reconstruite dans la seconde moitié du 17e siècle. Les fonds levés par Antonin Cloche à Rome entre 1686 et 1723 permirent au prieur de la communauté de réaliser un certain nombre de travaux. L'utilisation de la pierre et de la brique dans un esprit languedocien témoigne de cette campagne. Les décors sculptés de la cour du cloître, l'escalier en pierre rampe-sur-rampe ainsi que la fausse voûte qui le surmonte datent de la même campagne. L'ouverture donnant sur la cage d'escalier, amputant l'ancien accès à la salle capitulaire, est aménagé à la même période. Le portail donnant sur la rue du Général-Lamarque est comparable à un autre portail aujourd'hui disparu qui se trouvait rue du Tribunal et portait la date de 1709. Ainsi, cet encadrement de porte serait réalisé à la fin de cette campagne, vers 1710. La porte sud menant à un jardin est déjà mentionnée dans les lettres échangées entre Antonin Cloche et le prieur et le second étage de l'aile nord du cloître est alors une loggia ouverte, comme en témoignent les traces prises en maçonnerie.

La période post-révolutionnaire

En 1791, le couvent des frères Prêcheurs est réquisitionné et Alexis Basquiat, député et maire de Saint-Sever, s'en porte adjudicataire. Le couvent devient un magasin de fourrage. Un devis des ouvrages dressé en l'an 4 par l'architecte communal Saillard rend compte des travaux amorcés pour la transformation de l'édifice en école centrale. La chapelle est alors divisée en deux espaces, la partie est étant pourvue d'un étage. Des traces de corbeaux soutenant le plancher sont toujours visibles sur les murs. Une fausse voûte lambrissée en anse de panier est construite sous la charpente médiévale. Les ailes est, sud et ouest sont divisées en logement et salles de classe. Les fenêtres supérieures de l'aile nord côté cloître jusqu'alors en plein cintre avec encadrements de brique deviennent des baies rectangulaires encadrées d'un châssis de bois.

Affecté au collège municipal, l'édifice est réaménagé avec de nouveaux cloisonnements en 1867 par l'architecte départemental Alexandre Ozanne. De 1895 à 1970, le couvent est transformé en école d'agriculture. La porte ouest est ouverte en 1925. L'occupation allemande durant la Seconde Guerre mondiale entraina des modifications. Deux ouvertures en rez-de-chaussée des ailes ouest et nord furent percées et les murets entre les piliers du cloître furent détruits. Lors de la fermeture de l'école d'agriculture, un projet de réaménagement du couvent en bains douches, marché couvert et salle des fêtes est proposé. C'est dans l'optique de transformer l'église en salle des fêtes que les baies gothiques supérieures et les arcades inférieures sont murées mais le projet sera finalement abandonné. Le musée municipal occupe depuis 1974 une partie des bâtiments conventuels.

Périodes

Principale : 1ère moitié 14e siècle

Principale : 2e moitié 17e siècle

Secondaire : 1er quart 19e siècle

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Secondaire : 2e quart 20e siècle

Auteurs Auteur : Ozanne Alexandre

Né à Bonneboscq (Calvados) le 21 novembre 1828, mort à Dax le 18 novembre 1888 et inhumé au cimetière Saint-Pierre de cette ville. Ingénieur civil, architecte départemental des Landes de 1859 à 1879. Fils de Célestin Ozanne (1797-1870) et de Florentine Prévost (1805-1881) ; marié en premières noces, le 28 avril 1857 à Bordeaux, avec Jeanne Mathilde Brousse († Bordeaux, 17 juillet 1858) ; marié en secondes noces, le 25 février 1862 à Dax, avec Anne Clary Mène (Dax, 12 avril 1831 - Dax, 11 mars 1924), fille de Pierre Paul Mène (1792-1866), notaire, et de Marie Amélie Bonnecaze (1797-1877). Il eut du premier lit une fille, Mathilde Isabelle Jeanne (1858-1929), Mme Eugène Levassor, du second lit deux autres filles, Marie Amélie Célestine (1863-1942), épouse en 1890 d'Eugène Louis Joseph Deschamps, sous-commissaire de la Marine, et Joséphine Anne Marguerite (1864-1954).

, architecte départemental (attribution par source)
Auteur : Saillard Sylvestre

Architecte communal de Saint-Sever à la fin de l'Ancien Régime, pendant la période révolutionnaire et sous l'Empire, "conducteur des ponts et chaussées" à son décès ; rebâtit en 1777 le clocher de l'église Saint-Laurent de Mugron, transforme le couvent des Jacobins de Saint-Sever en l'an IV et celui des Ursulines en 1807-1813, restaure le clocher de l'église d'Eyres-Moncube (travaux exécutés en 1813 après son décès). Fils de Jean Saillard et de Catherine Baquiès ; mort à Saint-Sever le 8 octobre 1811 à l'âge de 67 ans ; marié à Catherine Dupouy, il en eut un fils, Jean-Baptiste Saillard, "armurier" et "entrepreneur de travaux publics", marié à Saint-Sever, le 13 avril 1808, à Marguerite Daudigeos (morte le 25 juin 1852), fille de Jean-Baptiste Daudigeos et de Catherine Piets, dont : Bernard Nestor Saillard (Saint-Sever, 24 février 1813 - Saint-Sever, 26 août 1873), ébéniste, père de Marie-Claire (épouse en 1881 de l'architecte Pierre Vincent Lauga).

, architecte communal (attribution par source)

Le couvent des Jacobins est composé de plusieurs bâtiments organisés autour d'un cloître quadrangulaire irrégulier. Chaque galerie du cloître, voûtée d'arêtes, est ouverte par cinq arcades en plein cintre reposant sur des pilastres. L'étage souligné par un bandeau mouluré est percé de fenêtres séparées par des pilastres de brique.

L'église d'un seul vaisseau se situe dans l'aile nord. Les murs sont construits en moellon et brique. Les baies sur les murs latéraux, sur le chevet droit et la rose à l'ouest ont un encadrement et un réseau en pierre de taille. Six arcades aveugles animent le mur sud. Quatre arcades aujourd'hui murées sont visibles dans le mur nord. Plusieurs portes sont percées en rez-de-chaussée, sur les murs nord, sud et ouest. L'aile est, divisée en plusieurs pièces, donne sur le cloître. Les anciennes cuisines sont aménagées dans une annexe adossée à l'angle sud-est du cloître. Elles communiquent avec une vaste pièce correspondant à l'ancien réfectoire et à la salle capitulaire. Les murs sont en brique. Les ouvertures sont rectangulaires et en pierre de taille, à l'exception de celle de la travée centrale en anse de panier et en brique. La chaire du lecteur est accessible depuis un escalier droit en pierre.

La cage du grand escalier est attenante à l'église. Les volées et la rampe décorée de tables rentrantes sont en pierre. L'escalier dessert le premier étage de l'aile est, couvert d'une fausse voûte lambrissée à trois pans. Un corridor central dessert des pièces de part et d'autre. L'escalier communique également avec la partie supérieure nord du cloître formant un espace unique. Les ailes sud et ouest sont divisées en petites pièces en enfilade. Elles sont traversées en rez-de-chaussée de larges porches bétonnés. Des menuiseries de bois (encadrement, meneaux) sont visibles sur les fenêtres supérieures de l'aile sud.

Le portail donnant sur la rue du Général-Lamarque est en pierre de taille à bossage. Il est surmonté d'un fronton triangulaire.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

  2. Mise en oeuvre : moellon

  3. Matériau du gros oeuvre : brique

  4. Revêtement : enduit partiel

Toits
  1. tuile creuse, tuile mécanique
Étages

1 étage carré, 1 vaisseau

Couvrements
  1. voûte d'arêtes
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

    Partie de toit : pignon découvert

Escaliers
  1. Emplacement : escalier dans-oeuvre

    Forme : escalier tournant à retours sans jour

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture
  2. peinture
Décors/Représentation
  1. Representations : ornement végétal


Précision sur la représentation :

Le portail ouest de l'église est composé d'une voussure à 6 rouleaux moulurés prenant appui sur des piédroits surmontés de chapiteaux gorgerins feuillagés. La base des piédroits est moulurée. Le tympan aveugle est décoré d'un linteau en arc surbaissé sculpté d'une frise à ornement végétal. Des niches concaves sont ménagées en partie supérieure.

Le portail sud-ouest de l'église donnant dans le cloître est composé d'une voussure à 3 rouleaux moulurés couvert d'un rouleau d'archivolte prenant appui sur des corbeaux triangulaires.

Le portail à trois portes menant à la salle capitulaire est pourvu d'arcs brisés. Une voussure s'appuyant sur des chapiteaux sculptés ornait chaque arc. L'ensemble est aujourd'hui lacunaire.

La chaire du lecteur actuellement fragmentaire, reprend les mêmes formes que le portail ouest. Une voussure prenait appui sur des chapiteaux gorgerins sculptés surmontant des piédroits dont la base est moulurée. Des éléments figurés sont identifiables, notamment une sirène et un visage féminin.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Landes , Saint-Sever , rue du Général-Lamarque

Milieu d'implantation: en ville

Cadastre: 1809 K 212 (Edifice public), 1844 K 146 à 150 (Edifice public), 2015 AY 98 à 101

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