Fortifications du bourg de l'île d'Aix

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Île-d'Aix

Des fortifications sont prévues pour protéger le bourg de l'île d'Aix dans le projet de Ferry et de Vauban relatif à la défense du sud de l'île, qui aboutit à l'implantation d'un fort vers 1690. Une grande esplanade, entre l'Anse des Anglais et l'Anse de la Croix, doit séparer ce dernier du bourg, divisé en îlots par des rues rayonnantes en éventail et doté d'une enceinte bastionnée. Un espace est bien réservé à l'esplanade, l'actuelle place d'Austerlitz, mais seul un terrassement est réalisé sur le front nord en 1704.

L'assaut mené par les Anglais en septembre 1757 entraîne la presque complète démolition du fort et des autres constructions de l'île. Il faut attendre les grands travaux napoléoniens, qui visent à améliorer la protection de l'embouchure de la Charente et celle de la rade, pour que les fortifications du bourg revêtent leur physionomie actuelle. Du côté nord est édifié un rempart doté d'un bastion central, un fossé en eau et deux portes d'entrée avec pont-levis. A l'ouest et à l'est, quatre retranchements sont créés ou améliorés entre 1809 et 1811. Un magasin à poudre est alors édifié près du bastion dit de l'église, et de nombreux bâtiments militaires sont remis en état ou construits dans le bourg.

Dans la seconde moitié du 19e siècle, le bourg est protégé à l'est et à l'ouest par un seul rempart constitué de la réunion des précédents retranchements, les portes à pont-levis sont réaménagées : la porte de l'Embarcadère est reconstruite plus au sud en même temps que le corps de garde qui lui est adjacent, celle du Moulin l'est aussi en 1880, et, à peu près en même temps, celle de la Croix. De plus, des traverses à abri, qui protègent les batteries des tirs de défilement, sont construits en pierre, puis en béton à partir de 1890. La batterie de la Force, sur le front ouest, est ainsi réorganisée en étant dotée de deux pièces de canon de 27 cm et d'abris. Le bastion de ce même front est également muni de plusieurs abris dont le terrassement supérieur forme traverse et flanque deux canons de 27 cm. La défense de la courtine orientale est aussi renforcée par quatre canons de 16 cm installés de chaque côté d'une traverse à abri.

En 1949, les fortifications du bourg sont achetées au service des Domaines de l'Etat par l'association des Amis de l'île-d'Aix présidée par le baron Coudein. Cette association les entretient depuis lors avec l'aide de la mairie.

Périodes

Principale : 4e quart 17e siècle (détruit)

Principale : 1er quart 19e siècle, 2e moitié 19e siècle

Les fortifications du bourg, qui forment un trapèze irrégulier, sont limitées à l'est par la côte, au sud par le fossé en eau du fort de la Rade, des deux autres côtés par un fossé de 10 à 15 mètres de large séparant le village de la côte ouest et des terres au nord. Le côté sud, qui borde le fort, est simplement doté d'un mur d'escarpe taluté, les trois autres sont dotés de solides courtines, en maçonneries et terrassements. Quatre entrées fortifiées sont réparties sur les trois fronts : une à l'est "de l'Embarcadère", une à l'ouest "de la Croix", deux au nord "de l'Eglise" et "du Moulin".

Du côté est, le rempart a une hauteur de 5,50 mètres au-dessus des plus hautes mers, soit une élévation d'environ 8 mètres. Il est construit en moyennes pierres de taille, sans cordon décoratif, et couronné d'un grand appareil taillé en bâtière dont le chanfrein côté mer est allongé pour former parapet plongeant. Au sud de ce retranchement, dit du quai des Vivres, ont été aménagés la cale et le quai d'accostage, isolés par un fossé en eau communiquant, au sud, avec celui du fort de la Rade, et fermé, au nord, par un batardeau à vanne. Le mécanisme du pont-levis "Lacoste" qui permettait d'entrer dans le bourg est en place dans les tableaux des massifs piliers de la porte. Au nord de celle-ci se distingue une tour en éperon, ouverte à la gorge, qui défendait l'entrée située à ses pieds. Le corps de garde en pierre de taille, situé au revers de la courtine à meurtrières, est doté d'une galerie à arcades plein cintre. Ce retranchement se termine au nord par le bastion dit de l'Eglise, contre le mur nord duquel s'appuie le batardeau à vanne, surmonté d'une dame conique, qui contrôle le niveau d'eau du fossé du front de terre. D'après Yannick Comte, le terrassement de ce bastion cache un abri double qui présente, à l'ouest, sa façade couronnée par un bandeau et dotée de deux portes à chambranle à bossettes, dont l'une surmontée d'un évent (abri à munitions). Abritée dans le bastion et enclos de hauts murs se trouve un magasin à poudre, en pierre de taille, recouvert d'un toit d'ardoise. Chacun de ses murs gouttereaux sont accotés par quatre gros contreforts carrés surmontés d'une petite corniche et couverts d'un petit toit en ardoise. Les pignons, à rampants découverts et acrotère sphérique, sont les seuls percés d'ouvertures : une fenêtre rectangulaire à l'ouest, et une porte surmontée d'une fenêtre à l'est. L'intérieur est voûté d'un berceau plein-cintre appareillé.

Le front de terre nord, qui a un développement de 510 mètres entre deux bastions d'angle, dits de l'Eglise et du Moulin, est ponctué au centre par un redan, ou bastion, de 40 mètres de saillie. L'escarpe est généralement en maçonneries de pierre de taille dans sa partie basse et en terrassement pour le reste. La contrescarpe n'est pas, ou plus, maçonnée. Près du bastion de l'Eglise s'ouvre la porte du même nom. Elle est dotée de deux piliers carrés ornés du côté du fossé de pilastres et couronnés d'un amortissement sphérique sur base pyramidale. Une demi-lune, entourée d'eau et dotée d'une porte semblable à celle de l'embarcadère, protège cette entrée. La porte du Moulin, précédée d'un pont identique aux autres, est un simple passage, voûté d'un berceau appareillé surbaissé, percé dans le rempart. A côté, un escalier droit, côté retranchement, donne accès au terre-plein. De part et d'autre de la porte se trouvent deux casemates rectangulaires, en béton recouvert de terre, avec entrée à l'est et voûtées en berceau plein cintre ; celle à droite servait de magasin à poudre, celle à gauche était le poste central du réseau télégraphique.

Le front occidental, de 580 mètres de développement et plus exposé à une attaque ennemie, est doté de davantage d'éléments défensifs. Doté d'un bastion central, il est bordé d'un fossé de 2 mètres de large, isolé du fossé du fort de la Rade au sud et du fossé nord, par des batardeaux à vanne à couvrement en bâtière avec dame conique. La porte, identique à celles de l'Embarcadère et de la demi-lune de l'Eglise, est placée au milieu du flanc courbe sud du bastion central. Un pont avec pile et arche en pierre de taille permet de franchir le fossé. Un corps de garde appareillé est placé derrière le pilier est de cette entrée. De nombreux abris sont disséminés tout le long de ce retranchement. Du côté sud, le bastion central et la courtine forment la batterie de la Force : deux séries de trois traverses sont présentes contre le tir en enfilade et leurs terrassements protègent chacun une casemate rectangulaire. Deux derniers abris, les plus à gauche des deux séries, sont entièrement en béton.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Île-d'Aix

Milieu d'implantation: en village

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