Eglise paroissiale Saint-Léonce

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Saint-Léon-sur-Vézère

En 1960, une crue exceptionnelle de la Vézère cause l'écroulement partiel de l'absidiole nord de l'église. Mais cet incident est aussi à l'origine de fouilles de sauvetage, à l'intérieur et à l'extérieur de l'édifice, qui ont permis la mise au jour des vestiges d'une villa gallo-romaine (deux états), d'un mur en opus spicatum d'un premier sanctuaire et de tombes de l'époque mérovingienne. Autrement dit, comme à Montcaret et d'autres sites du Périgord et de la vallée de la Vézère (Sergeac, Tayac...), l'église actuelle a été bâtie sur une villa située au bord d'une rivière.

L'utilisation des lieux à des fins cultuelles et funéraires au cours du haut Moyen Âge est prouvée par la présence des sarcophages trapézoïdaux à couvercle en bâtière dans l’abside et la croisée, accompagnés de monnaies carolingiennes. La partie inférieure du mur sud de la nef actuelle en opus spicatum (cinq lits de pierres plates non liées au mortier) d'un premier sanctuaire et le vocable à saint Léonce (peut-être Léonce II le jeune, archevêque de Bordeaux de 542 à 564) laissent penser à une fondation ancienne de cette première église, peut-être dès le VIe siècle, plus sûrement au VIIIe siècle.

Bâtis à partir de la fin du XIe ou du début du XIIe siècle, le transept, la tour-clocher au-dessus de la croisée et le chevet montrent un bel appareil régulier et un voûtement en arc de cloître sur l’abside et des culs de four sur les absidioles. Outre le type d'appareil et le plan du chevet à chapelles échelonnées, les critères de datation reposent sur les cinq chapiteaux à entrelacs et à palmettes des arcatures aveugles du pourtour de l’abside axiale. A noter que toutes les faces des chapiteaux ne sont pas sculptées. On est allé à l’essentiel, avec un souci d'économie certain. La construction de la nef a dû suivre de peu l'achèvement de la partie orientale, au XIIe siècle : les murs gouttereaux sud et nord révèlent la présence de raccords de liaison avec le transept. Établi contre le mur occidental de la nef et parallèlement à la rivière, un soubassement formé de pierres de très grosses dimensions (appareil cyclopéen) est vraisemblablement lié à la construction de la nef. Cette structure s’apparenterait à un quai ou à un aménagement de rive, sans doute à l’époque médiévale ou moderne.

L'église "Sancti Leontii" est mentionnée dans les textes pour la première fois en 1153 dans une bulle du pape Eugène III énumérant les églises qui dépendent de l'abbaye de Sarlat. L' "ecclesiam sancti Leontii" est à nouveau citée pour la même raison dans une bulle du pape Alexandre III en 1170 (BnF. Mss. Leydet, t. 12, extrait des archives du chapitre de Sarlat). "Sanctus Leontius" l'est ensuite dans un pouillé du XIIIe siècle. L'église est alors le siège d'un petit prieuré, dépendance de l'abbaye de Sarlat. Entre 1266 et 1283, l'abbé et les religieux de Sarlat cèdent à l'évêque de Périgueux Helie Paletisis Ier plusieurs droits sur le prieuré de Saint-Léon pour s'acquitter de rentes qu'ils lui devaient. En 1335, Guillaume de Sendreux (ou Sendreus), religieux de l'ordre de Saint-Benoît et prieur de Saint-Léon, est le premier évêque de Sarlat élu par le corps électoral de la cathédrale de Sarlat.

Les peintures murales de l'église sont datables du milieu ou de la fin du Moyen Âge. Sur la pile sud-est de la croisée, un fragment historié peint présente trois personnages nimbés, qui dateraient de la fin du XIIIe ou du début du XIVe siècle. D’autres peintures sont de la même période : ce sont des fleurettes rouges à cinq pétales et des étoiles à huit branches noires situées autour d’une baie de l’absidiole nord, ancienne baie romane modifiée à l’époque gothique.

Les angles sud-ouest et nord-ouest de la nef attestent d'une mise en défense de l'église au cours de la guerre de Cent Ans (fin XIVe-début XVe siècle) : en partie haute, deux échauguettes en encorbellement sur consoles assuraient la protection de l'église du côté de la Vézère. Celles-ci ont disparu, mais leur destruction a laissé des raccords de maçonnerie, les vestiges des consoles (bûchées) et des empochements de cloisons.

L'une des cloches de la tour a été fondue en 1774 par un fondeur lorrain ambulant (de Levécourt, Haute-Marne), Jean-Baptiste Soyer - cloche non repérée par l'abbé Brugière, qui mentionne d'autres cloches réalisées par le même fondeur, celles d'Archignac, de Saint-Amand-de-Coly et de Saint-Geniès, toutes fondues en 1772 (Brugière, 1907, t. II, p. 553).

En 1873, le conseil de fabrique demande en urgence la réparation de la toiture. En 1897, le projet de consolidation du clocher et de reconstruction de la charpente et de la couverture d’une des chapelles est approuvé par le préfet.

En 1960, une crue exceptionnelle de la Vézère cause l'écroulement partiel de l'absidiole nord de l'église. Mais cet incident est aussi à l'origine de fouilles de sauvetage déjà citées, en 1961 et en 1962, fouilles menées par Hamelin sous la direction de Jean Lauffray, maître de recherches au CNRS. Une vaste campagne de restauration est menée en 1961-1962 sous la direction de l'architecte en chef des Monuments historiques Yves-Marie Froidevaux. Elle permet dès lors de "restituer" les toitures des absidioles, couvertures coniques protégées par de la lauze remplaçant des toits en appentis prolongeant les versants de l'abside centrale. A l'intérieur, un enduit avec des faux joints est supprimé, ce qui a permis la découverte et la consolidation des peintures murales. B. Fonquernie poursuit les travaux de Froidevaux en "restituant" la couverture en lauze du croisillon nord.

Périodes

Principale : 6e siècle, 7e siècle, 8e siècle (incertitude) (détruit)

Principale : limite 11e siècle 12e siècle

Principale : 12e siècle

Secondaire : limite 14e siècle 15e siècle (détruit)

Secondaire : 4e quart 19e siècle

Secondaire : 3e quart 20e siècle

Il ressort du plan (orienté) en croix latine de l’édifice religieux une certaine homogénéité : une nef unique simplement charpentée, un transept saillant ouvrant sur une abside flanquée par deux absidioles en hémicycle. La croisée est surmontée d'une haute tour-clocher à deux étages ouverts sur chaque face, par deux baies isolées en plein-cintre au premier étage, par un triplet de baies en plein-cintre sur colonnettes au deuxième étage. L'ensemble forme à l'est, du côté du chevet, une belle composition pyramidante, complexe mais maîtrisée, de volumes différenciés : l'abside axiale, plus haute et plus saillante que les absidioles de chaque côté, est couverte par un toit placé à la même hauteur - et de même hauteur - que les toits des bras du transept débordant, l'ensemble étant dominé par le volume étiré de la tour-clocher située au centre. Le mur occidental de la nef ayant quasiment les pieds dans la Vézère, l'entrée par le mur gouttereau sud s'imposait.

A l'intérieur, le transept et les parties orientales montrent un bel appareil régulier et un voûtement en arc de cloître sur l’abside et des culs-de-four sur les absidioles. Une coupole sur pendentifs vient couvrir la croisée du transept et supporte la tour. La transition entre la nef et la croisée du transept se fait par un motif "triomphal" : une grande arcade en plein-cintre flanquée de chaque côté par un passage étroit également en plein-cintre mais plus bas ; deux piliers saillants placés entre chacune des arcades scandent cette composition (et contrebutent la tour-clocher).

Les intérieurs de l’église sont disparates, et les peintures murales devaient harmoniser l’ensemble. Les peintures se situent dans le transept et les parties orientales de l’édifice. Sur la voûte de l’abside, on peut observer un Christ en mandorle, entouré du Tétramorphe et d’anges présentant les instruments de la Passion.

Dans l’ébrasement de la baie de l’abside axiale, un Christ en buste dans un médaillon tenu par deux anges, est accompagné de rinceaux rouges tracés à main levée. Ces peintures sont datables de la fin du Moyen Age. Une litre funéraire recouvre les peintures les plus récentes dans le chevet ; elle se prolonge sur les murs du transept et de la nef. D’autres peintures - fleurettes rouges à cinq pétales et étoiles à huit branches noires - sont situées autour d’une baie de l’absidiole nord, ancienne baie romane modifiée à l’époque gothique.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : moellon

  2. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. calcaire en couverture, tuile creuse
Plans

plan en croix latine

Couvrements
  1. coupole en pendentifs cul-de-four lambris de couvrement
Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : toit en pavillon

  3. Forme de la couverture : toit conique

Décors/Technique
  1. peinture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Saint-Léon-sur-Vézère , place de l' église

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: Bourg

Cadastre: 1813 B1 79, 2014 AI 115

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