Château de Beaulon

France > Nouvelle-Aquitaine > Charente-Maritime > Saint-Dizant-du-Gua

Le site est occupé depuis au moins le début de notre ère, comme en témoigne la découverte de vestiges sépulcraux gallo-romains dans la cour. La seigneurie de Beaulon, vassale du comté de Cônac, aurait appartenu au 15e siècle à la famille de Vinsons : les armoiries qui figurent encore de nos jours dans la salle d'armes située au sommet de la tour d'escalier, pourraient être celles de cette famille, mais sans certitude. Propriété de Michel de Vallée en 1487, la seigneurie passe peu de temps après à Pierre de Beaulon qui lui donne son nom. Il est probablement l'initiateur de la reconstruction du château qui se déroule sans doute en deux temps : le corps principal a dû être édifié à la fin du 15e siècle ou au début du 16e siècle, en conservant un style gothique flamboyant visible dans la haute toiture, ses pignons pointus ornés de crochets, et surtout la grande lucarne de gauche, aux références médiévales ; la lucarne de droite, d'un style plus classique, pourrait remonter aux années 1550.

À Jacques de Beaulon, seigneur de Candé et Saint-Fort-sur-Gironde, succède en 1543 François de Beaulon, seigneur de Saint-Dizant, conseiller du roi au parlement de Bordeaux, mort en 1574, puis son frère Hélie de Beaulon, mentionné en 1593. C'est à cette époque, et peut-être après un incendie, que la tour d'escalier est construite, remplaçant vraisemblablement un ancien escalier à vis, et en intégrant des éléments de décor de la Renaissance italienne (bustes). Dans les décennies suivantes, plusieurs corps de bâtiments viennent masquer la façade sud du château, de part et d'autre de la tour d'escalier.

Au milieu du 17e siècle, la seigneurie de Saint-Dizant et le château de Beaulon appartiennent à François-Théodore de Nesmond, époux d'Anne de Lamoignon, président à mortier du Parlement de Paris. En 1635, il accroît son pouvoir seigneurial en achetant le droit de haute justice. Beaulon et la seigneurie de Saint-Dizant échoient ensuite à Monseigneur François de Nesmond, mort en 1715, évêque de Bayeux, conseiller du roi et doyen des évêques de France. Il met son château à la disposition de l'évêque de Bordeaux qui en fait sa résidence d'été. En l'absence de l'évêque, le domaine est géré par le procureur fiscal de la seigneurie de Beaulon, soit Antoine Paillet, inhumé en l'église de Saint-Dizant en 1713, puis son fils Etienne (les Paillet demeurent probablement dans la maison située en face du château, 22 rue Saint-Vincent, et qui appartient encore à leurs descendants, les Cothereau, au début du 19e siècle).

En 1712, Beaulon est vendu à Louis-Amable Bigot, conseiller au parlement de Bordeaux. Au cours du 18e siècle, la famille Bigot fait procéder à de nouveaux travaux extérieurs (construction de la porte d'entrée) et intérieurs (aménagement des salons et des cheminées avec leur décor). Une distillerie est mentionnée dès 1720. Le pigeonnier est construit en 1740, date inscrite sur une de ses lucarnes. En 1807, l'unique héritière Bigot, Adélaïde épouse Josias de Brémond d'Ars et lui apporte Beaulon. C'est à lui que le domaine appartient losque le plan cadastral de 1832 est établi. On y reconnaît le château, prolongé vers l'ouest par des dépendances, avec d'autres bâtiments au sud, le pigonnier au nord et, dans l'angle nord-est de la propriété, le long de la route de Terrefume, un long bâtiment dont il ne reste aujourd'hui que le sous-sol voûté, probablement d'époque médiévale.

En 1833, Josias de Brémond d'Ars vend Beaulon à M. Manès. Le domaine passe ensuite à son gendre, Pharamond de La Porte, directeur de l'enregistrement et des domaines, demeurant près de Niort, puis au fils de ce dernier, Amédée de La Porte (1848-1900), député radical-socialiste des Deux-Sèvres en 1877, plusieurs fois ministre dans les années 1880. Après lui, Beaulon est la propriété de son fils, Henri de La Porte (1880-1924), député socialiste des Deux-Sèvres. Vendu en 1942 par les héritiers de La Porte à Me Chevrou, avocat à Niort, le château est racheté en 1965 par M. Christian Thomas, actuel propriétaire.

En 1966, le paysagiste royannais Pierre Bonin réaménage le parc : la cour d'honneur est recréée ainsi que le jardin régulier et le cheminement qui conduit aux "Fontaines bleues". En 1993, le parc est remodelé par le jardinier-paysagiste Gilles Clément. La même année, le parc est isncrit au titre des Sites, avant l'attribution du label "Jardin Remarquable" en 2006, et en plus de l'inscription du château au titre des Monuments Historiques en 1987. Cette même année, la lucarne de style gothique flamboyant, démontée pour des raisons de sécurité, a été replacée et restaurée. D'autres travaux de restauration ont concerné l'ensemble du château entre 1991 et 1996, le pigeonnier en 1995. Aujourd'hui, le domaine développe à nouveau une importante activité vinicole, même si la distillerie a été transférée à Lorignac.

Périodes

Principale : 15e siècle

Principale : 18e siècle

Auteurs Auteur : auteur inconnu,

Les bâtiments et le parc de Beaulon occupent une grande partie ouest du bourg de Saint-Dizant-du-Gua. Jusqu'à la construction de la mairie-école après la Seconde Guerre mondiale, ils n'ont partagé cet espace qu'avec quelques maisons. Le château lui-même est un logis perpendiculaire à la rue. Le corps principal, composé d'un rez-de-chaussée, d'un étage et d'un comble, est couvert d'un toit à longs pans et en ardoise. Il est encadré par deux corps latéraux, plus bas et en appentis, et est flanqué au sud par une tour d'escalier. A l'ouest se trouvait un passage couvert encore visible sur une photographie du début du 20e siècle, mais dont il ne reste qu'une porte charretière en plein cintre, surmontée des vestiges d'une fenêtre à appui mouluré. Des dépendances reliaient ce bâtiment au chai toujours situé à l'ouest.

Les murs pignons du corps principal du château sont découverts et ornés de crochets. La façade nord présente trois travées d'ouvertures et cinq baies au rez-de-chaussée. La travée gauche comprend une grande lucarne de style gothique flamboyant, dotée d'un riche décor de moulures, de colonettes torses et de crochets. Son fronton cintré est couronné d'un gâble et est encadré par des pinacles. Le gâble repose sur des colonnettes torses qui se poursuivent au-dessus de la corniche par deux colonnettes tressées et, au-dessous, par des culs-de-lampe. La travée suivante, décentrée, inclut la porte à encadrement mouluré, surmontée d'un entablement. La travée droite comprend une seconde grande lucarne, de style Renaissance, avec cette fois un fronton triangulaire, des agrafes à triglyphes et deux pilastres à chapiteaux corinthiens.

A l'intérieur du logis, derrière la porte, un vestibule donne accès à une pièce de chaque côté. Dans celle de gauche, une salle à manger, se trouve une cheminée en pierre de taille, de la fin du 17e siècle ou du début du 18e. La pièce de droite est un salon dont les boiseries et la hotte de cheminée semblent dater du 18e siècle. Dans l'angle sud-ouest du château, un salon aujourd'hui utilisé en pièce d'accueil, abrite une autre cheminée du 18e siècle. Elle est ornée d'un trumeau avec un miroir et un tableau, dans un cadre en bois doré richement mouluré, de style rocaille.

Couverte d'un toit longs pans retroussés et à croupes, la tour d'escalier possède une base évasée en pierre de taille. Comprenant trois niveaux, elle abrite un large escalier en pierre rampe-sur-rampe et à mur noyau. Là où la tour d'escalier s'adosse au logis, on observe, au rez-de-chaussée, une ancienne ouverture en arc brisé. A l'est de la tour d'escalier, au rez-de-chaussée, se trouve un four à pain.

Le pigeonnier qui se trouve au nord du château, au milieu de parterres de fleurs et de verdure, est de plan circulaire. Presque identique à celui du château de Romaneau, il est coiffé d'un toit conique en tuile plate. Ce toit est percé de lucarnes à ailerons et à fronton, avec pour l'une d'entre elles un fronton triangulaire mouluré (la date 1740 y est inscrite). A l'intérieur, le pigeonnier a conservé son échelle tournante qui donne accès aux 1500 boulins ou nids à pigeons, ronds en partie supérieure, carrés en partie inférieure.

Au-delà du pigeonnier et du chai commence le parc. Il est d'abord composé d'un verger et d'arbres dont des cyprès, puis de vastes pelouses traversées par deux allées médianes au bord desquelles s'étalent des plantes odoriférantes et des rosiers. Ensuite commence le bois qui renferme les "Fontaines bleues", treize résurgences d'où s'échappent les multiples bras de l'étier de Beaulon. Allées et passerelles permettent de cheminer d'une fontaine à l'autre. Sous le feuillage vert, ces résurgences, poétiquement appelées "Miroir des Fées", "Fontaine de la Main Rouge" ou encore "Fontaines sereines", attirent par leur étrange coloration bleue due à la nature particulière des algues qui s'étalent au fond.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

  2. Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. ardoise
Étages

1 étage carré, étage de comble

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

Décors/Technique
  1. sculpture
Décors/Représentation
  1. Representations : feuillage

  2. Representations : chou

  3. Representations : animal fantastique

  4. Representations : ossement

  5. Representations : coeur

  6. Representations : mascaron

  7. Representations : acanthe

  8. Representations : fleur

  9. Representations : rose

  10. Representations : ruban

  11. Representations : ange

  12. Representations : lierre

  13. Representations : coquille

  14. Representations : armoiries


Précision sur la représentation :

Sur la façade nord du château, la lucarne de gauche porte un riche décor sculpté constitué de feuillages, de choux frisés, de chardons, de raisins et de singes grimaçants. A sa base, une frise est formée de coeurs et d'os enchaînés. L'appui de la fenêtre située au-dessous repose sur deux mascarons. Le perron de la porte est décoré par deux pots en pierre remplis de fleurs et de fruits également sculptés en pierre. La porte est encadrée par deux pilastres ioniques.

A l'intérieur, la cheminée de la pièce à gauche du vestibule porte deux frises sculptées constituées de feuilles d'acanthe retombantes et de fleurs. Dans le salon à droite du vestibule, la hotte de la cheminée est aussi ornée de motifs sculptés : noeud, rubans, fleurs, guirlande de roses. Dans le salon d'accueil au sud-ouest du château, le linteau de la cheminée porte un décor feuillagé. Le trumeau présente un encadrement en bois de style rocaille constitué de coquilles, d'enroulements végétaux et de lierre. Le tableau en camaïeu représente des angelots à la moisson, dont l'un est endormi sur de la paille.

Dans l'escalier, chaque palier s'ouvre par une arcade qui repose sur une colonne canelée dont le chapiteau est orné d'enroulements et d'oves. Dans le même style Renaissance, deux bustes italiens représentant des personnages masculins, dont l'un casqué, sont remployés dans les murs. Au-dessus d'une porte en plein cintre figurent les armes, martelées, de Jacques de Beaulon et de son épouse, propriétaire des lieux dans la première moitié du 16e siècle.

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Charente-Maritime , Saint-Dizant-du-Gua , 25 rue Saint-Vincent

Milieu d'implantation: en village

Lieu-dit/quartier: le Bourg

Cadastre: 1832 A 639 à 645, 2009 AT 289

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