Moulin, forge et ferme de la Forge

France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Thonac

L'occupation du site comme moulin ou comme forge pourrait remonter au XVIIe siècle (après 1602, car la forge n'est pas mentionnée dans l'inventaire après décès de Jean III de Losse dressé à cette date), du temps où le site appartenait au marquis de Losse, comme le suggèrent certaines caractéristiques de mise en œuvre du moulin (la retenue, la chute en grand appareil de pierre de taille, la porte d'entrée à chanfrein) ou encore l'une des fenêtres, à chanfrein et appui saillant, de la maison de l'ancienne ferme, qui surplombait au sud-ouest la forge et le moulin.

La maison de la ferme a dû connaître une phase de travaux au cours du deuxième quart du XVIIIe siècle, si l'on en croit l'inscription gravée sur le linteau de la porte d'entrée : "26 m(ars ou mai) 1728 M". Le site, appelé "La Farge", est indiqué sur la planche n° 23 de la carte de Belleyme levée en 1768. On ignore toutefois si la forge avait déjà l'ampleur qu'elle a plus tard, en 1813. En effet, le premier plan cadastral levé à cette date, plus précis, figure, en plan-masse, un bâtiment de grandes dimensions (il correspond déjà au bâtiment représenté en plan en 1837-1843). La forge est alors, en 1813, la propriété du comte Henri Garnier de Laboissière, qui détient le château de Losse et toutes ses dépendances. C'est sans doute son prédécesseur qui a donné à la forge cette ampleur, avant 1789. Cependant, en 1813, la ferme, qui comprend une maison, une grange et des parcelles de terres, de vignes et de prés aux alentours, n'est déjà plus rattachée à la forge mais appartient à la veuve de Louis Bussière, qui y réside. Par ailleurs, le moulin, dont certains éléments sont antérieurs, n'est pas représenté.

Dans l'enquête menée en 1811-1812 sur l'état des "usines à fer du Périgord" par le ministre de l'Intérieur au préfet, le maître de la "forge de Losse" indique que la forge avait cessé son activité en 1789 et qu'elle vient d'être rétablie en 1811 ; elle produit 30 à 40 quintaux métriques de fer forgé, à 64 francs le quintal ; 3 ouvriers, forgerons et manœuvres, y travaillent et y sont payés 4 francs 80 pour la façon d'un quintal métrique.

Dans les années suivantes, les difficultés judiciaires que connaît Garnier de Laboissière génèrent un bel ensemble de documents où sont mentionnés les bâtiments. D'abord, le 31 mai 1819, dans un procès-verbal qui préfigure la saisie des biens de Laboissière à Thonac (1824), il est fait mention "d’une forge à fer et moulin à bled tenant à la forge, sur le ruisseau de Bars à Thonac près du bourg." Plus loin dans l'acte (article 13), l'ensemble est encore plus précisément décrit, avec "une forge à fer appellée la forge de Losse", "un moulin à bled tout neuf appellé de la forge" et "la forge" (voir Annexes).

Devenue la propriété de Joseph Mérilhou, la forge et ses bâtiments font l'objet de travaux de réparation importants. La forge est encore décrite assez exactement dans l'avis préfectoral de demande en conservation de la forge de Thonac publié le 16 janvier 1843. Ce document précise en effet que :

- Le propriétaire est alors Joseph Mérilhou, pair de France, conseiller à la Cour de Cassation à Paris. (Celui-ci a acheté le château de Losse et toutes ses dépendances en 1824.)

- L'usine comprend un seul feu d'affinerie et un marteau. Elle consomme annuellement 45 tonnes de fonte brute et 70 tonnes de charbon de bois, pour une production de 30 tonnes de fer en barres. La fonte provient principalement des forges des Eyzies (Les Eyzies-de-Tayac), des Ans (Archignac) et du Paradoux (Saint-André d'Allas).

Quant à la ferme, elle est acquise par Marcellin Delbos, un aubergiste du bourg de Thonac, au cours de cette période ; celui-ci fait raser la grange de la ferme entre 1860 et 1867 (matrice cadastrale).

Les trois bâtiments, la forge, le moulin et la ferme, sont à nouveau réunis en 1867 : ils appartiennent au fils de Joseph Mérilhou, Baptiste, qui se contente de faire démolir le moulin cette année-là et d'agrandir la maison de l'ancienne ferme en 1873 (matrice cadastrale). Le moulin est aujourd'hui en ruine ; la forge a totalement disparu.

Périodes

Principale : 17e siècle (incertitude)

Secondaire : 2e quart 18e siècle

Principale : 2e moitié 18e siècle (détruit)

Secondaire : 1ère moitié 19e siècle (détruit)

Secondaire : 3e quart 19e siècle

Dates

1728, porte la date

1873, daté par source

Bien que l'atelier de forge n'existe plus, les plans conservés de 1837 (AD24, 70 S 131) permettent de comprendre l'organisation des lieux. Un bâtiment approximativement rectangulaire d'une surface de 170 m² environ, implanté parallèlement à la retenue, abritait un four d'affinerie et un martinet. Deux soufflets actionnés par une roue hydraulique verticale à augets alimentaient le four en air. Le martinet était entrainé par le même type de roue, mais à aubes et plus étroite. Un espace de stockage (pour le charbon de bois ?), dénommé "hangar", occupe le fond du bâtiment. L'ensemble était complété à l'est par une "chambre".

Toits
État de conservation
  1. vestiges

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Dordogne , Thonac

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: la Forge

Cadastre: 1813 C 405 et 277 (La forge correspond à la parcelle 405 et la ferme au n° 277. Le moulin n'est pas représenté.), 2014 0C 98, 99 et 104 (La forge, disparue, était sur la parcelle 98 ; le moulin est cadastré mais en ruine.)

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