Château Grissac

France > Nouvelle-Aquitaine > Gironde > Prignac-et-Marcamps

Une famille seigneuriale de Grissac est mentionnée dès la début du 14e siècle : selon la Gallia Christiana, en 1307, le chevalier D. Guilhem de Grissac rend hommage à l'archevêque Arnaud IV de Canteloup pour les dimes des paroisses de Saint-André et de Peyrissac. En 1331, Arnaut Guilhem de Grissac reçoit l'autorisation d'Édouard III de construire une maison forte dans la paroisse de Cazelles, sur les premières croupes dominant l'estuaire.

Jehan de Pis est dit écuyer et seigneur de Grissac en 1524. La maison noble de Grissac est mentionnée dans un acte de 1540, détenue en partie par Charles Achard, au nom de son épouse Marie de Pys.

Selon Jacques Gardelles, un château aurait été construit en 1652 pour Louis Montalier, sans que la source n'ait été retrouvée. S'il est vrai que le plan adopté, avec deux pavillons et des tourelles incurvées formant adoucissement dans les angles de la façade nord, évoque celui du prestigieux château de Berny construit entre 1623 et 1635 par l'architecte François Mansart (édifice détruit mais connu par un dessin conservé aux Archives nationales), le château actuel paraît plutôt datable des premières décennies du 18e siècle.

La carte de Masse de 1723 représente le "château de Grissac" selon un plan carré avec quatre tours aux angles et entouré de douves.

Pierre Montalier, seigneur de Grissac, qui reçoit en 1722 donation de l'office de conseiller au parlement de Bordeaux, pourrait être le commanditaire de la reconstruction du château, peut-être au début des années 1730 après son mariage avec Marie Françoise Leblanc. L'existence d'un tronçon de corniche et d'un pilastre d'angle à bossage à l'intérieur de l'aile nord-ouest (voir paliers d'accès aux toitures) indiquerait une modification du programme initial en cours de chantier. En 1738, Pierre Montalier obtient de l'archevêque de Bordeaux l'autorisation de construire une chapelle privée. Après expertise, il est prévu de la construire au sud du jardin : "après avoir examiné les lieux et la situation de la Maison avons choisi et marqué un lieu yzolé séparé du corps de la Maison de trente toises ou environ au bout et au coin de son chardin [sic] au Midi de la Maison, avons fixé le terrain de seise pieds en quarré de sorte que selon la situation de la subsdite chapelle le dos de l'autel sera au Midi, la porte d'entrée au nord et deux vitreaux l'un au levant, l'autre au couchant". Elle est finalement construite et bénite en 1749 (elle devait donc être située dans le pavillon d'angle au sud-ouest du jardin, signalé encore sur le plan cadastral de 1819 comme "bâtiment rural" et aujourd'hui détruit). Quant aux deux tours nord qui seraient, selon une tradition infondée, des vestiges de l'ancien édifice fortifié, elles ne présentent pas les caractéristiques de maçonnerie permettant de les identifier comme des éléments défensifs ; il s'agirait plutôt de constructions d'apparat, voire fonctionnelles en lien avec les activités agri-viticoles du domaine.

Pierre Montalier de Grissac meurt à Prignac-et-Marcamps le 22 novembre 1770.

Le site est indiqué sur la carte de Belleyme, dans la seconde moitié du 18e siècle, avec son allée principale reliant la route de Bourg à Saint-André-de-Cubzac aux rives de la Dordogne et des bois au sud-est parcourus d'allées en éventail.

Les aménagements intérieurs du château ont été remaniés au cours des 18e et 19e siècles (lambris, cheminées).

En 1819, époque à laquelle le plan cadastral est dressé, la propriété appartient toujours à la famille Montalier de Grissac. Le plan montre une grande allée reliant la propriété à la route et au fleuve, formant un axe de symétrie entre les bâtiments, au droit du centre de la demeure. Le corps de logis avec ailes en retour est précédé au nord d'une cour elle-même précédée d'une autre cour avec en avant les deux tours. Au sud, le jardin est doté aux angles de deux pavillons, alors présentés comme "bâtiments ruraux". A la propriété de Grissac, s’ajoute celle des bâtiments et des terres formant Port d'Espau et Brise Vin.

Joseph Montalier de Grissac meurt le 25 août 1820 sans descendant. Ses possessions sont transmises à son frère, Thomas, qui meurt le 14 septembre 1822 léguant ses biens à ses petits-enfants : le comte de Lur Saluces et sa sœur, Louise Alexandrine Jeanne Amédée de Lur Saluces, épouse de M. Anne Auguste Jacques comte de la Myre Mory. Le partage réalisé en 1836 attribue Grissac au comte de Lur Saluces.

De cette époque et de ces partages date peut-être le remaniement des ouvertures sur la façade postérieure notamment, dont semble témoigner la différence de traitement des fenêtres : à gauche, parties hautes des baies condamnées avec ajout de linteaux ornés de canaux ; à droite, arcs segmentaires transformés en plates-bandes. La date 1839 a été repérée, inscrite en partie basse de la façade.

En 1858, Thomas Joseph Henri de Lur Saluces vend le domaine à André Dubois pour 230 000 francs. D'après les matrices cadastrales, la propriété passe vers 1861 à la famille Itey, Marie Dubois étant mariée à M. Itey,

Dans l'édition de 1868 de l'ouvrage Bordeaux et ses vins sont mentionnés le Château de Grissac appartenant à la famille Itey, ainsi que le Château de Saluces détenu par les héritiers Giraud. La production s'élève à une trentaine de tonneaux. Dans l'édition de 1881, le Château de Grissac est mentionné deux fois, appartenant à la famille Itey et à la famille Gaignerot (propriétaire du Château Grand-Jour). Dans l'édition de 1893, seul Itey fils est indiqué comme propriétaire.

Entre la fin du 19e siècle et le début du 20e siècle, d’importants travaux sont opérés, touchant principalement les dépendances situées au nord, aménagées en chais et cuviers modernes permettant de traiter une importante quantité de vin. Ainsi la production annuelle de 30 tonneaux de vin, en 1893, passe à 150 tonneaux de vin rouge et 50 tonneaux de vin blanc, en 1908.

En 1949, la propriété est entre les mains de A. Largeteau.

Périodes

Principale : 2e quart 14e siècle (détruit)

Principale : 3e quart 17e siècle

Principale : milieu 18e siècle

Principale : limite 19e siècle 20e siècle

Secondaire : 2e quart 19e siècle

Dates

1839, porte la date

Les bâtiments se situent au sud-est de la commune, légèrement surélevés au milieu des vignes et dominant la zone de palus qui rejoint les rives de la Dordogne au sud-ouest. L'ensemble est organisé selon un axe nord-est/sud-ouest avec une voie et une allée reliant la route de Bourg à Saint-André-de-Cubzac.

L’entrée du domaine est marquée par les deux tours, aujourd'hui arasées. Construites en moellons sous enduit avec la pierre de taille réservée aux encadrements des baies et aux jambages, elles présentent un bandeau médian sous forme de tore et une imposante corniche à modillons traités à la manière de mâchicoulis. Leurs toitures et les aménagements intérieurs sont détruits.

En poursuivant l'allée, des murs délimitent les espaces consacrés aux dépendances de part et d'autre. Ils sont composés de logements d'ouvriers, des chais et des cuviers. Dans l'un des bâtiments au sud-est est conservé un four à pain.

L'allée débouche sur le jardin de la demeure. Celle-ci est composée d'un corps principal marqué en son centre par trois travées formant ressaut et couronnées d'un fronton triangulaire. Le rez-de-chaussée, accessible par un escalier en pierre évasé, est scandé de pilastres ménageant un entablement, tandis que les baies de l'étage sont encadrées de tables étroites en renfoncement. Ce niveau, plus étroit que le rez-de-chaussée, est encadré d'ailerons à volutes. De part et d'autre de ces travées centrales, une travée en rez-de-chaussée avec lucarne à fronton cintré et volutes supérieures percée dans la toiture brisée, et un pavillon d'angle traité de manière concave avec toiture et lucarne cintrée en pierre, complètent l'ensemble. Enfin, deux ailes massives à étage, en retour, sont sommées de garde-corps d'attique en pierre avec une série de pots à feu en amortissement. Les angles de ces ailes sont soulignés de chaînes à bossage.

La façade sud-est se déploie sur 13 travées, parmi lesquelles, les trois principales formant avant-corps avec fronton triangulaire, trois travées latérales de part et d'autre et les ailes en retour de deux travées chacune. Les fenêtres du rez-de-chaussée sont en arc segmentaire mais ont été obturées en partie supérieure et dotées de linteaux à canaux. L'avant-corps présente les mêmes pilastres, cette fois à bossage, le même entablement et les mêmes tables étroites en renfoncement. Les lucarnes à volutes supérieures et frontons cintrés sont également identiques. L'escalier d'accès au rez-de-chaussée surélevé est traité avec deux volées droites et symétriques. La date 1839 a été repérée, inscrite en partie basse sur l'aile nord-ouest.

Les façades latérales sont composées de trois travées chacune. L'élévation nord-ouest est dotée d'un escalier à double volée. Au-dessus de l'aile nord-ouest émerge une tourelle couverte d'un dôme en pierre avec sphère en amortissement : il s'agit de la tourelle d'escalier en vis donnant accès aux toitures.

La distribution intérieure s'organise sur trois niveaux principaux : un niveau de cave, un rez-de-chaussée et un étage. Un vestibule simple en profondeur donne accès à des pièces lambrissées de part et d'autre, dotées de cheminées., ainsi qu'aux pièces des ailes latérales. L'escalier en pierre, à retour, sans jour, se situe sur le côté du vestibule : il est équipé d'un garde-corps en ferronnerie. Un escalier de service en bois se trouve dans l'aile nord-ouest. Une tourelle d'escalier en pierre mène à un demi-étage aménagé dans l'aile nord-ouest, où des éléments de corniche et de jambes à bossage évoquent un remaniement dans l'exécution du chantier. La tourelle d'escalier aboutit aux toitures.

Au sous-sol, plusieurs caves voûtées abritaient des espaces de stockage ou de service (cuisine ? avec pierre d'évier). Un puits avec margelle en pierre est situé sous l'escalier d'entrée du château (côté nord-est).

Le jardin au sud-ouest est entouré de murs de clôture en partie conservés ; des piliers constituent les vestiges de portails ; les murets étaient dotés de balustres disparues. Les pavillons situés dans les angles, au sud, ont été arasés mais le décrochement de leur emprise est encore lisible.

A l'ouest et au nord-ouest du domaine, au bord du Chemin de Port d'Espau, une ancienne dépendance a été convertie en logement ; un chai, construit en moellon, est accessible depuis la route par une porte percée sur le pignon. Les élévations latérales sont ouvertes de petites fentes de jour et d'une porte cintrée (obturée sur l'élévation sud-ouest).

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : calcaire

    Mise en oeuvre : pierre de taille

Toits
  1. tuile creuse, pierre en couverture
Étages

en rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit à longs pans

  2. Forme de la couverture : dôme circulaire

  3. Forme de la couverture : toit à longs pans brisés

Escaliers
  1. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier droit

    Structure : en maçonnerie

  2. Emplacement : escalier de distribution extérieur

    Forme : escalier symétrique

    Structure : en maçonnerie

Décors/Technique
  1. sculpture

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Gironde , Prignac-et-Marcamps

Milieu d'implantation: isolé

Lieu-dit/quartier: Grissac

Cadastre: 1819 C 509-541, 2015 OD 569, 570

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