Kiosque, ancienne buvette thermale et ancien bassin des eaux minérales

France > Nouvelle-Aquitaine > Vienne > La Roche-Posay

La découverte de la source et ses bienfaits :

Certains documents, appuyés par des fouilles archéologiques supposent une présence romaine à La Roche-Posay. La question se pose alors de la connaissance et de l’utilisation de ces eaux par les romains. Le Père Camille de La Croix, archéologue reconnu du 19e siècle, l’a affirmé dans ses travaux, malgré le fait qu’aucun vestige de construction romaine n’ait été retrouvé aux alentours de la source. Selon un autre récit datant du 14e siècle, lors de ses campagnes, Du Guesclin serait venu à La Roche-Posay afin de s’y reposer. Selon la tradition orale, il y aurait découvert une source qui guérit les plaies et maladies de peau de ses soldats. Cependant, des témoignages écrits nous apportent des éléments plus véridiques sur ces eaux. Denis Genéroux, notaire à Parthenay écrit en août 1573 qu’il est venu à La Roche-Posay pour se laver et qu’après avoir bu de l’eau, sa migraine et sa gale disparurent. La même année, Michel le Riche, avocat à Saint-Maixent, vante les mérites de ces sources proches de Poitiers. Toujours en 1573, Nicolas Bonfons, libraire-imprimeur à Paris, relate dans son journal comment les qualités thérapeutiques des eaux furent détectées par un chirurgien.

Ces différents témoins nous informent qu’au 16e siècle, La Roche-Posay était donc connue pour ses eaux aux vertus bienfaisantes. De plus, le fait que ces différents témoins se soient rendus dans la station suppose que ces eaux étaient déjà populaires auparavant, au moins dans la région.

Premières analyses des eaux :

En 1615, la renommée de La Roche-Posay est telle que Pierre Milon, premier médecin d’Henri IV et de Louis XIII, s’y déplace pour étudier et analyser les eaux. Il observe trois fontaines semblables composées de soufre, de fer et de nitre mais en quantité différente. Il parle alors d’une « grande et ancienne fontaine », d’une « assez grande fontaine » et d’une fontaine « petite et froide ». En 1670, M.Duclos, médecin et membre de l’Académie des Sciences, décèle suite à de nouvelles analyses, la présence de sel uni à un peu de terre grise dans ces eaux. Vers 1736, M.Martin, médecin à Châtelleraut, réétudie les eaux. Il détecte du nitre et du soufre dans trois bassins dont deux contiennent aussi du fer, cela en quantité différente. Un quatrième bassin sert de dégorgeoir aux trois autres.

Avant ces analyses, il est fort probable que ces sources aient été utilisées en leur état naturel ou sommairement arrangées mais qu’avec leur succès grandissant elles aient été aménagées pour une utilisation plus aisée. Certains documents d’archives évoquent le « lavoir des fontaines » qui aurait été divisé en quatre bassins, dont trois pour les sources et un quatrième pour le puisage de l’eau des bains publics de La Roche-Posay. Il est encore difficile de dater précisément cette construction maçonnée qui adapta les sources naturelles à une utilisation thermale, mais il est possible de la situer au début du 17e siècle.

Des bienfaits qui se confirment :

Au début du 19e siècle, une étude des eaux thermales est entreprise par le docteur Joslé, ancien médecin des Armées et médecin de l’hôpital et des prisons de Poitiers. Il remet notamment en cause les précédentes analyses et établit de nouvelles conclusions sur les eaux de La Roche-Posay. Il parle alors d’une source d’eau unique qui s’échappe en deux petits jets pour arriver dans un bassin lui-même divisé en quatre petits bassins par un mur en forme de croix. Selon ses multiples tests les eaux sont composées des éléments suivants : sulfate calcaire, carbonate calcaire, magnésie calcaire, soufre, gaz hydrogène, muriate de soude. Cependant, ces eaux ne comportent ni de fer comme l’on montré les précédentes analyses, ni d’acide. Il conclut son étude sur les nombreux bienfaits de ces eaux, leurs moyens d’utilisation et les améliorations à apporter pour développer leur renommée.

Le docteur Joslé publie ses résultats en 1805 dans Essai Analytique sur les Eaux minérales, sulfureuse froides de La Roche-Posay. Cet écrit est validé en 1806 par l’Inspecteur des Eaux qui le fait connaître à Napoléon 1er. En 1810, l’Empereur nommera le docteur Joslé, médecin des Eaux.

Selon certains récits, vers 1807, Napoléon 1er aurait fait construire pour ses soldats un petit hôpital militaire auprès des sources, mais ce fait n’a pas encore été avéré par des documents d’archives. Conformément aux documents de l’époque, aucun bâtiment pouvant accueillir des malades n’existe à proximité des fontaines. Le bassin en croix constitue l’unique lieu d’usage des eaux en direct. En effet, à l’époque, les baigneurs se soignent dans des hôtels ou pensions privés où l’eau thermale est apportée via des tonneaux en bois. Ces derniers, étaient remplis grâce à une pompe présente dans le bassin. Malheureusement, le bassin est ancien, en mauvaise état et il n’est pas protégé. En effet, des corps étrangers viennent troubler les eaux et lors des fortes pluies les écoulements se mélangent à la source. C’est pourquoi, vers 1810, le bassin est réparé et le lieu réaménagé. Une clôture octogonale composée d’un mur d’enceinte en pierre surmonté d’une balustrade en bois est construite. La clôture possède une porte accessible par un escalier en pierre de taille. Les fossés d’enceinte et d’écoulement sont creusés. Plus tard, la balustrade en bois sera remplacée par un système de grille en fer plus élégant. Ce système permet de restreindre l’accès du bassin au personnel soignant, tout en permettant une distribution de l’eau aux buveurs à travers les grilles et ceci grâce à de longue louche en bois.

Dès lors, le lieu des fontaines, autrement nommé pavillon des sources, prend son essor et le nombre de buveurs augmente à La Roche-Posay. La municipalité, soucieuse de leur bien-être, fera construire avant 1816 un salon auprès des fontaines pour les jours de pluie ou de grande chaleur. Ce salon n’est autre que le petit bâtiment rectangulaire en pierre calcaire, encore présent aujourd’hui, sur le terrain de l’ancien Établissement thermal.

À partir de 1817, une réflexion est menée afin de mieux accueillir les malades. Il sera alors décidé de construire à proximité du pavillon des sources, un établissement de bains destiné à recevoir des militaires : l’hospice thermal militaire de La Roche-Posay. Le premier projet de 1820, jugé trop modeste, sera revu en 1822 pour un établissement plus ambitieux qui sera terminé en 1825. Le bâtiment a la particularité d’être compris dans une enceinte qui permet de séparer les malades des buveurs venant au pavillon des sources et au salon. Malheureusement, l’hospice thermal militaire n’est pas un succès, et l’État le vend en 1840 à la commune de La Roche-Posay. Dans les années 1860, une société propose d’affermer l’hospice, le pavillon des sources, le salon et le jardin afin de créer un Établissement thermal de bains d’eaux minérales avec parcs et promenades pour les curistes. Cependant, par manque de documents d’archive, il est compliqué de connaître l’usage ainsi que les propriétaires du bâtiment jusqu’au début du 20e siècle.

La buvette thermale :

En 1903, une nouvelle société achète le terrain et les bâtiments. L’objectif de cette dernière est d’apporter à la station ce dont elle manque cruellement : un établissement thermal de qualité. Ce nouvel Établissement thermal et son parc, construit à partir et sur l’emplacement de l’hospice thermal, est inauguré en 1905. Le pavillon des sources n’échappe pas à cette vague de modernité et est entièrement réaménagé en 1908. Sur son emplacement, est construit un kiosque en bois abritant une grande fontaine accompagnée d'une vasque et surmontée d'un vase. Sous le kiosque, à la place du bassin, trois pompes alimentaient les trois robinets de la fontaine : un pour chaque eau thermale : Saint-Savin, Saint-Cyprien et Dugesclin. Autrefois identifiées par un numéro, ces trois eaux thermales ont été nommées ainsi en 1897, suite à leur présentation lors de l’exposition universelle de 1889. Le kiosque et sa fontaine sont plus couramment appelés « la buvette », un véritable lieu de vie où les curistes venaient boire l’eau thermale avec leur gobelet. Plus tard, on appliqua à la buvette un règlement : l’eau était vendue au verre, à la bouteille ou en fonction d’un abonnement. L’Établissement thermal ferma vers 1935 mais la buvette resta en service jusqu’à la fin du 20e siècle.

Depuis sa construction, le kiosque a subi différentes modifications et notamment sa fontaine qui aujourd’hui ne distribue plus d’eau thermale. Le kiosque, a donc perdu sa fonction de buvette. Il représente pourtant la naissance du thermalisme à La Roche-Posay et en cela fait partie intégrante de l’histoire de la commune.

Périodes

Principale : 1er quart 20e siècle

Dates

1908, daté par source

Le kiosque, construit en bois, est indépendant et situé en retrait par rapport à la voie. Il se situe à proximité de l’ancien Établissement thermal, sur la même parcelle.

Il présente un plan octogonal centré et s'organise sur un niveau en rez-de-chaussée. À l'origine, le kiosque était surélevé par rapport au sol et il possédait un sous-sol qui permettait, par un escalier extérieur, d'accéder au puits des sources. Aujourd'hui, le niveau du sol a été remonté au même niveau que le kiosque, ce dernier n'est donc plus surélevé.

Le toit à huit pans est couvert en ardoise et possède un épi de faîtage en zinc. La bordure de rive est décorée avec des petites formes de losange et de rond en alternance.

La structure est ouverte de tous les côtés avec une partie basse ajourée en bois présentant aujourd’hui un motif de croix, celle d’origine présentait un motif géométrique plus complexe. Aujourd'hui, des bancs intérieurs sont fixés à cette partie basse, mais à l'origine, y étaient fixées des étagères pour ranger les gobelets des curistes. La partie haute de l’ouverture est décorée avec des poutres de bois formants des arcs en plein cintre reliés par une pièce de bois pendante et sculptée, ces arcs sont surmontés de panneaux en lattes de bois. Les aisseliers soutenant la toiture s'appuient sur ces panneaux.

Sous le kiosque et en son centre se trouve une petite fontaine en pierre et mosaïque, aujourd'hui l'eau de la fontaine n'est plus de l'eau thermale. À l’origine, se trouvait une grande fontaine formant colonne accompagnée d'une vasque et surmontée d'un vase, la fontaine avait trois robinets : un pour chaque eau thermale (Saint-Savin, Saint-Cyprien et Dugesclin). Le sol du kiosque n'est plus en parquet comme à l'origine mais en mosaïque.

Murs
  1. Matériau du gros oeuvre : bois

Toits
  1. ardoise
Plans

plan centré

Étages

rez-de-chaussée

Couvertures
  1. Forme de la couverture : toit polygonal

Typologie
  1. en retrait

Localisation

Adresse: Nouvelle-Aquitaine , Vienne , La Roche-Posay , avenue du Docteur Benjamin Bord

Milieu d'implantation: en ville

Lieu-dit/quartier: Les Eaux Minérales

Cadastre: 2014 AR 392

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