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Les maisons et les fermes de la commune de Saint-Léon-sur-Vézère
France > Nouvelle-Aquitaine > Dordogne > Saint-Léon-sur-Vézère
Historique
Si une occupation pérenne du territoire est attestée dès l’Antiquité, il faut attendre le XIVe siècle pour que des textes rapportent la présence de « mas » (des exploitations rurales d’une certaine importance), à La Rochette (« La Roqueta »), à La Fouillouse (« La Folhosa ») et à Belcayre. Aujourd'hui cependant, peu d'écarts conservent des éléments du moyen âge ; pour ceux-ci, à Sous le Sol et à La Borie, seuls quelques pans de murs en moyen appareil semblent pouvoir être datés de cette période, soit presque rien. En plus de ces cinq lieux-dits, il faut ajoutés plusieurs maisons du bourg de Saint-Léon ainsi que les châteaux de Clérans, La Salle et Chabans, qui conservent des éléments en élévation de cette période et dont le rôle dans l'exploitation des terres et des bois a dû être prégnant pour le territoire. Ce sont en tout 18 sites, maisons du bourg, châteaux et fermes, dans des écarts ou isolés, qui présentent des vestiges du moyen âge ; tous sont concentrés dans la moitié méridionale du territoire communal, en contact ou dans le voisinage de la Vézère, et, plus précisément, le long d'un axe est-ouest, du hameau de Chaban à l'est à Monbazillac à l'ouest en passant par La Borie, La Bugadie et le bourg de Saint-Léon. Malgré leur indéniable intérêt, ces sites, tout comme celui du Conquil, s'avèrent en outre malaisés à replacer dans leur contexte et dans une chronologie, parfois même relative, faute d'études archéologique et historique sérieuses. En somme, en l'état actuel des vestiges et des connaissances, on ne peut pas savoir les types d'exploitations alors en place, la densité de l'occupation, les typologies de ferme ou de maison en usage ; et encore moins dresser un tableau vivant de l'occupation humaine à Saint-Léon-sur-Vézère au moyen âge.
Pour les XVe et XVIe siècles en revanche, période correspondant à la reconstruction de l’après-guerre de Cent Ans, les occurrences sont beaucoup plus nombreuses (45, soit près de 43,68 % des sites sélectionnés ; chiffres qui doivent toutefois être nuancés, car ils tombent à 18 seulement, soit 6,23 %, pour les édifices dont la datation est assurée). La reconstruction de l’après-guerre semble donc avoir été particulièrement intense sur le territoire de Saint-Léon - constat que nous avons déjà fait pour d'autres communes de la vallée de la Vézère (Thonac, Fanlac, Sergeac, etc.). De plus, contrairement à la période précédente, il ne s'agit plus seulement de quelques pans de murs, mais de bâtiments entiers ou partiellement conservés. Bâtis en moellon pour les murs et en pierre de taille pour les parties vives (portes en arc brisé ou cintré, fenêtres à traverse ou croisillon en pierre, jours rectangulaires, tous à ébrasement chanfreiné), ceux-ci sont localisés aussi bien aux hameaux de Monbazillac, l'Argiller, Chaban, au Bonhomme, au Sol, à La Rochette, à La Borie, à La Fouillouse ou encore à La Grambaudie, que dans le bourg de Saint-Léon. La répartition de ces hameaux semble beaucoup plus étendue et de manière plus égale sur tout le territoire qu'au moyen âge. Dans le bourg, les maisons conservées de cette période présentent toutes la particularité d'être dotées d'un premier niveau à usage de stockage surmonté d'un second habitable afin de prémunir les habitants et le mobilier des crues récurrentes de la Vézère.
Toutefois, sans commune mesure, les édifices des XVIIe et XVIIIe siècles sont encore bien mieux représentés (avec 65 occurrences, soit près de 22,5 %) avec, là encore, une répartition des sites sur l'ensemble du territoire, mais aussi avec une plus forte densité des constructions sur l'axe est-ouest déjà établi au moyen âge, de Chaban à Monbazillac. Parmi eux, trois maisons et fermes sont précisément datées de la seconde moitié du XVIIIe siècle par un millésime gravé dans la pierre (1751, 1778 et 1787). L’efflorescence de cette époque est aussi confirmée par la carte de Belleyme (planche n° 23 levée en 1768) qui indique que de nombreux hameaux et fermes isolées actuels étaient déjà en place à ce moment-là. Surtout, la carte indique que la grande majorité d’entre eux, implantés à flanc de coteau, sont environnés de vignes, ce qui est tout particulièrement vrai pour la zone viticole la plus importante : celle située à l'est de la paroisse, sur le coteau exposé au sud et à l'est regroupant "Las Bouygeas" (Les Garennes et les Tuillières), "La Ternie" (Les Granges), Monbazillac ; et encore le Bonhomme et Belcayre, qui dépendaient alors de la paroisse de Thonac. La vocation essentiellement viticole des maisons et fermes de ces hameaux est d’ailleurs parfois confortée par la présence de chais, de celliers ou de cuviers, souvent placés dans un étage de soubassement permettant de racheter le dénivelé du terrain, ainsi que de cabanes de vigneron dont certaines semblent pouvoir être datées du XVIIIe siècle. Les voies de communication, le chemin royal de Montignac à Périgueux (passant dans cette partie orientale de la commune et le bourg de Saint-Léon) et la Vézère (par le port de Saint-Léon), offraient des débouchés à la production locale. Les maisons de ces deux siècles conservent les mêmes caractéristiques générales que celles du siècle précédent (murs en moellon recouverts d’enduit et raidis par des chaînes d’angle et des cadres de baies en pierre de taille), mais les portes et fenêtres sont désormais à linteau délardé ou à plate-bande en arc segmentaire - cette forme est donc un marqueur chronologique essentiel, même s'il ne doit pas être considéré seul. Les couvertures semblent très majoritairement avoir été en lauze, même si très peu de bâtiments (quatre, soit moins de 4 %) les ont conservées. Ce bâti se caractérise dans les hameaux par de petits logis en rez-de-chaussée et comble à surcroît, souvent isolés des dépendances agricoles, mais aussi parfois prolongés par l'une d'elles. La grange-étable est quasi systématiquement présente.
Le XIXe est un siècle de très forte activité architecturale, peut-être suite à la parenthèse imposée par la Révolution et les guerres napoléoniennes, mais phénomène aussi lié au développement et à l'amélioration des voies de communication. Plus précisément, il l'est à partir du deuxième quart du siècle (avec 26,7 % des dates portées contre seulement 6,7 pour le premier quart) et encore plus au quatrième (30 % des dates portées). Au total, ce sont 97 bâtiments repérés (soit un peu plus de 33 %) qui datent de ce siècle - à titre de comparaison, le XVIIIe siècle, bon deuxième, est à seulement 18 % avec 53 bâtiments. Celui-ci est aussi mieux documenté, du fait notamment de l'exploitation des états de section du cadastre ancien, réalisé en 1813 pour la commune, et des matrices cadastrales. Il se signale surtout par l'étoffement de hameaux préexistants par de nombreuses constructions. Tous sont concernés par ce phénomène et certains s'en trouvent transfigurés, tels les écarts des Grézals, de La Rebeyrolle ou de Chaban dont, à lui seul, les maisons de ferme ou les dépendances portent les dates 1816, 1836, 1847 et 1887 pour en attester. D'autres, peu nombreux mais qui comptent car ils témoignent d'une nouvelle expansion des zones exploitées, sont des créations ex-nihilo, tel l'écart des Garennes, ou des fermes isolées telle La Veyssière. Témoin de cette expansion, l'écart de La Rebeyrolle a été gagné sur des terres autrefois impropres à la culture, constituées de prés inondables et de marais situés en bordure de la Vézère, grâce à des travaux d'assainissement. Ce siècle est aussi marqué par des constructions d'une nouvelle ampleur : des maisons de maître (hors le bourg qui en compte trois, la commune en compte cinq, la plus ancienne à Chaban, les autres à l'Argiller, Sous le Roc, et deux à La Rebeyrolle) qui sont toutes ou presque de plan massé isolé, à un étage et comble à surcroît ouvert par des lucarnes, dont la façade est ordonnancée (généralement à trois travées) et présente un discret décor architectural constitué de bandeaux, cordons, larmiers ou corniches à modillons. Il se signale encore par l'abandon de la baie segmentaire et un retour à la baie rectangulaire, mais cette fois-ci à cadre à arêtes vives et avec des percements plus réguliers ; les fenêtres sont munies d’une feuillure pour des volets extérieurs. Ce phénomène de grande activité architecturale doit toutefois être relativisé, car il connaît une décrue significative, passant de 26,7% de dates portées au deuxième quart du siècle à seulement 13,3 % au troisième pour repartir à 30 % au quatrième. Cette brusque décrue, qui peut paraître étonnante de prime abord, car dans le même temps la population de Saint-Léon croît régulièrement (elle passe de 927 en 1851 à 1 102 en 1876), est sans doute liée à l'arrêt brutal des travaux de canalisation de la Vézère en 1825 et donc à une perte de débouchés des produits de la terre. Autre paradoxe du siècle : alors que le dernier quart du siècle est marqué par la crise du phylloxéra (attestée par les textes et photographies anciennes) et par une chute constante de la démographie de Saint-Léon à partir du recensement de 1881, qui marque le début de l'exode rural, la construction de bâtiments neufs et les travaux d'embellissement ne semblent jamais s'être mieux portés qu'à ce moment-là. La physionomie générale du bourg change aussi radicalement, pas seulement en raison des grands travaux engagés par les municipalités qui se succèdent (pont sur la Vézère, dégagement de la rue principale, création du nouveau cimetière et suppression de l'ancien, etc.), mais aussi parce que les habitants investissent désormais le rez-de-chaussée de leur maison jusqu'ici dévolu au stockage des marchandises en transit : les nouvelles maisons du bourg présentent des portes et des fenêtres à ce niveau, tandis que les anciennes sont aménagées, percées de portes et fenêtres, voire doublées en profondeur, comme c'est le cas de toutes les maisons autour de la place de l'église.
Après ce siècle, fastueux s'il en est, le XXe semble être celui d'un lent déclin si l'on en croit le nombre décroissant à la fois de dates portées sur les bâtiments et de la population de Saint-Léon, qui passe d'un acmé à 1 102 habitants en 1876 à seulement 319 en 1962, le minima. L'abandon de la viticulture, l'exode rural, les deux conflits mondiaux en sont les causes les plus évidentes. Les maisons et les fermes de ce siècle sont peut-être aussi peu ou mal représentées dans notre corpus par le fait qu'elles ne se démarquent guère des constructions antérieures et sont donc mal identifiées. Les années 1960 voient cependant la construction de quelques maisons pavillonnaires isolées, principalement dans les environs du bourg. Autrefois fortement tournée vers l'agriculture, la viticulture, la sylviculture et le trafic fluvial sur la Vézère, la commune ne compte désormais que sept entreprises dans l'agriculture, la sylviculture ou la pêche - contre 58 dans le commerce, les transports ou les services.
Détail de l'historique
Périodes |
Principale : Moyen Age (détruit) Principale : 15e siècle Principale : 16e siècle Principale : 17e siècle Principale : 18e siècle Principale : 19e siècle Principale : 20e siècle |
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Description
Les maisons paysannes situées dans les hameaux ou en village sont composées d’unités d'habitation assez modestes, indépendantes ou attenantes en série de constructions, juxtaposées à de petites dépendances agricoles (grange-étable, fournil), parfois adossées au terrain voire étagées sur plusieurs niveaux (La Lourde), partiellement creusées dans la roche (Monbazillac, au Sol, etc.) ou à l'inverse perchées sur une terrasse naturelle (La Borie, Le Roc) maçonnée (La Rebeyrolle). Ces habitations basses, très majoritairement de plain pied (près de 78 %), beaucoup plus rarement placées sur une cave ou un étage de soubassement (près de 22%) pour racheter le dénivelé très marqué dans quelques hameaux, dotées simplement d'un comble non habitable (faisant office de grenier, de séchoir à tabac ou de clédier), comportent habituellement une porte unique, majoritairement excentrée (72 %), et une fenêtre en façade. Elles sont généralement organisées sur une cour commune, ouverte ou limitée par les constructions environnantes. La grange-étable est très souvent à proximité de la maison du fermier. Le matériau de gros-œuvre est le moellon calcaire, enduit (sauf suppressions récentes) ; la pierre de taille est réservée aux chaînages et à l'encadrement des baies. Le plus souvent couvertes de tuiles plates (48,5 %) et de tuiles mécaniques (39 %), elles le sont nettement moins qu'ailleurs dans la vallée de la Vézère par des lauzes, dans une proportion qui est si réduite qu'elle doit être signalée (4 %) : autant que nous avons pu en juger, la lauze devait être autrefois largement majoritaire et ce, jusqu'au début du XIXe siècle. Les dépendances agricoles, diverses, reflètent une polyculture vivrière. Le système de la grange-étable domine largement les équipements habituels de la ferme (près de 60 %), parfois accompagné d'un four à pain, puiller (19 %), d'un four à pain ou d'un fournil (15 %), d'un séchoir à tabac (15,5 %) et d'un puits (14 %).
Les maisons de maître sont, quant à elles, des habitations à étage ou à surcroît, de 3 à très exceptionnellement 4. Un local en rez-de-chaussée, habitation secondaire ou cuisine, forme souvent une adjonction dans le prolongement du corps de logis. Pour quelques-unes, la pierre de taille est employée en façade. Ces maisons se démarquent aussi par la présence discrète d'un décor architectural sculpté. Les toitures, à forte pente, sont généralement à longs pans ou à croupes. Les toitures sont en tuile plate ou mécanique ou encore, plus rarement, en lauze ou en ardoise. D'autres dépendances, remise ou hangar, attenantes ou séparées du logis, complètent habituellement ces ensembles organisés autour de la cour.
Détail de la description
Murs |
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Informations complémentaires
Type de dossier |
Dossier collectif, communal |
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Référence du dossier |
IA24004196 |
Dossier réalisé par |
Pagazani Xavier
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Cadre d'étude |
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Date d'enquête |
2013 |
Copyrights |
(c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Dordogne |
Citer ce contenu |
Les maisons et les fermes de la commune de Saint-Léon-sur-Vézère, Dossier réalisé par Pagazani Xavier, (c) Région Nouvelle-Aquitaine, Inventaire général du patrimoine culturel, (c) Conseil départemental de la Dordogne, https://www.patrimoine-nouvelle-aquitaine.fr/Default/doc/Dossier/d6b35b03-7139-4600-b469-a28f73413f73 |
Titre courant |
Les maisons et les fermes de la commune de Saint-Léon-sur-Vézère |
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Dénomination |
maison ferme |