Patrimoine et inventaire de Nouvelle-Aquitaine

Une maison figure à cet endroit sur le plan cadastral de 1832. Elle dépendait alors du château de Saint-Seurin. La construction est d'ailleurs en partie adossée au mur d'enceinte du château, côté allée des Jardins. La tradition locale l'a baptisée "la maison rouge", en raison de son enduit de couleur rouge.

Il pourrait s'agir du site de l'ancien château de Saint-Seurin, avant sa reconstruction sur son lieu actuel à la fin du 15e siècle. Appelé "château brisé", cet ancien logis seigneurial est mentionné comme tel à cet endroit par Claude Masse sur son plan du port et du bourg de Saint-Seurin au début du 18e siècle. Le "château brisé" aurait été mis à la disposition du pasteur Jehan Chasteignier par le seigneur de Saint-Seurin dans les années 1560. En 1701, Pierre Jolly, sieur de Besne, y habite. Le 23 avril 1716, une maison occupant cet emplacement (à l'angle du chemin reliant le château au port et du chemin reliant le port au pigeonnier du château) est vendue par Elie de Beaupoil, écuyer, veuf de Suzanne Jolly, et par Messire Jacques Bernard, écuyer, époux de Marie Jolly, à Alexandre Brétinauld, seigneur de Saint-Seurin. La maison rejoint ainsi le giron du château de Saint-Seurin et de ses barons.

En 1859, le baron Amédée de Saint-Seurin ouvre dans cette maison une école privée de filles. En tant que maire de la commune, le baron fait appeler par la municipalité la congrégation de la Doctrine chrétienne, siégeant à Bordeaux, qui envoie deux puis trois religieuses, dont la directrice, soeur Alodie, enseignante depuis dix ans à Blaye. Selon le cadastre, la maison est reconstruite en 1873. En 1874, qualifiée d'école libre communalisée, l'école privée est tenue par deux religieuses, soeur Marie Antonia et soeur Alodie.

Jusqu'en 1889, c'est-à-dire au-delà de l'ouverture d'une école publique de filles en 1885 et de la loi de laïcisation de l'école publique en 1886, la municipalité verse une contribution à l'école privée de filles. Dans le même temps, les incidents se multiplient entre le curé, l'abbé Chaillaud, le personnel enseignant de l'école publique et la municipalité. En octobre 1885, la population suit le mot d'ordre de boycot de la nouvelle école publique de filles, et l'école privée, un temps suspendue, est refondée par Marguerite Arnaud, en religion soeur Sainte-Gertrude, de la congrégation de la Doctrine chrétienne. En 1902, le conseil municipal, toujours favorable à l'Eglise, maintient son soutien à l'école privée, tenue par quatre religieuses.

Le 17 avril 1903, anticipant la loi de juillet 1904 interdisant l'enseignement congréganiste, les religieuses quittent Saint-Seurin-d'Uzet. La veille, une messe est célébrée dans l'église et un rassemblement à lieu au château sous la houlette de son propriétaire, le colonel de Peyrecave. Quelques jours plus tard, le maire de Saint-Seurin-d'Uzet, Achille Curaudeau et deux conseillers municipaux sont suspendus de leurs fonctions pour ne pas avoir empêché la manifestation. Le 24 mai, deux des religieuses reviennent en habits laïques tenir une école et un asile (école maternelle) clandestins au château, avec le soutien de M. et Mme de Peyrecave. Le 28 mai, le colonel de Peyrecave est condamné à une amende par le juge de paix du canton de Cozes pour "trouble à la tranquilité publique".